Abstrus
« Emprunté du latin , Abstrudus, participe passé de Abstrudere (cacher profondémént).
Le Grand Robert de la langue française : Qui est difficile à comprendre, à pénétrer.
Vocabulaire technique et critique de la philosophie. A. Lalande : Eloigné du cours ordinaire de la pensée, en particulier du jeu naturel de l’imagination, et par suite difficile à comprendre.
Ce mot a souvent un sens péjoratif : fausse profondeur, complication inutile, confusion…
Dictionnaire de français Littré (Abstrus/Abstrait) Une chose abstruse est une chose qu’on ne peut comprendre que par suite de raisonnements, et qu’à force d’efforts ; une chose abstraite n’est malaisée à comprendre qu’à cause de la généralité qui y est inhérente. Une chose abstruse est toujours difficile ; une chose abstraite peut être rasée pour un esprit habitué aux spéculations philosophiques.
Dictionnaire historique de la langue française : Abstrus, use : adj. Du latin, abstrasus, participe, passé d’absurdio, et, par ce mot, de ab, et, de, trudo.
Ce mot que ne donne aucun dictionnaire avant 1564, désigne en raison des ces deux éléments étymologiques : ce qui est enfoncé, éloigné, par conséquent difficile à absorber et à atteindre, et figurément difficile à comprendre. Il n’est utilisé qu’au figuré, et se prend ordinairement de mauvaise part.
- Par extension, et dans le langage familier, se dit quelque fois de personnes. Ce philosophe m’a paru très abstrus ;
- S’emploie aussi quelque fois substantivement : il affecte d’être profond, et il tombe dans l’abstrus.
Synonyme : Abscons. Abstrait. Confus. Difficile. Embrouillé. Incompréhensible. Impénétrable. Inintelligible. Obscur .Nébuleux. Sibyllin.
Contraire : Clair. Concret. Elémentaire. Evident. Lumineux. Obvie. Manifeste. Patent
Par analogie : Baragouin .Cabalistique. Embrouillamini. Charabia. Compliqué. Galimatias. Gloubi-Boulga. Enigmatique. Esotérique. Indéfini. Mystérieux. Propos ambigu. Sabir. Sophisme. Inextricable. Secret.
Gide parlera de l’amphigouri sublime.
Sens péjoratif : Un philosophe abstrus
L’abstrus serait parfois pénétrable, alors que l’abscons est volontairement (ou non) impénétrable.
Ce qui ferait de l’abscons le degré supérieur de l’incompréhension.
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« Ce n’est jamais impunément … qu’on fait miroiter aux yeux du peule des formules abstruses dont on se réserve le sens » (Ernest Renan. Histoire des origines du christianisme. 1881)
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« Les grands esprits.., par longue et religieuse investigation, pénètrent une plus profonde et abstruse lumière…
Je ne trouve auculne qualité si aysée a contrefaire que la dévotion, si on n’y conforme les mœurs et la vie : son essence est abstruse et occulte, les apparences faciles et pompeuses » (Montaigne. Essais. I. § 6 – III)
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Le plus petit sonnet de Mallarmé n’est pas plus difficile à comprendre que, pour le spectateur non prévenu, non apprivoisé par avance, l’enchevêtrement de cet amphigouri sublime » (Gide. Voyage au Congo)
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- -« Je n’entends pas trop bien le grec, dit le géant.
– Ni moi non plus dit la mite philosophique.
– Pourquoi donc, reprit le Sirien, citez-vous un certain Aristote en grec ?
– C’’est, répliqua le savant, qu’il faut bien citer ce qu’on ne comprend point du tout dans la langue qu’on entend le moins » (Voltaire. Micromégas, l’ingénu)