Action

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Grand Robert de la langue française : Fait produit par un, des effets, de modifier les objets (choses, personnes) par son existence sa présence, son fonctionnement. Agir sur.

Trésor de la Langue Française : Ensemble de manifestations, plus ou moins coordonnées, de l’activité d’un groupe, en particulier dans divers domaines de la vie publique (politique, syndicale, religieuse)

Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale (PUF) : … En général on se sert de l’idée intuitive d’action pour classer les verbes plutôt que des propriétés des verbes pour définir l’action. Ces classifications coïncident, en partie parce qu’elles proposent  toutes des moyens d’opposer les états ou les dispositions (connaître, dormir, croire, souffrir, etc.) aux actions proprement dites (bâtir, détruire, rire, flatter,etc.) et des actions de subdivision des actions elles-mêmes, selon qu’elles sont liées ou non à la réalisation d’un objectif.

Encyclopédie de la philosophie, pochothèque : L’analyse de l’action humaine conduit à se poser enfin le problème du rapport entre le moyen et la fin. Toute acte suppose la position d’une fin généralement représentée comme bonne ou moins pour le sujet agissant ou agent, et le choix délibéré des moyens mis en œuvre pour l’atteindre. 

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : C’est un effet de la volonté. Ni une volonté sans effet n’est action, ni un effet sans volonté

Une action supposant toujours un sujet, avec son corps et son histoire, notre volonté est pourtant déterminée avant d’être déterminante. C’est pourquoi nulle action n’est libre, absolument parlant, mais seulement libérée plus ou moins des contraintes et de déterminations extérieures…

Dictionnaire historique de la langue française. (Alain Rey)  : Action se dit généralement de tout ce qu’on fait, commun ou extraordinaire. Acte ne se dit de ce qu’on a fait de remarquable. Cette action est bonne ou mauvaise ; c’est un acte héroïque. C’est une bonne action que de soulager les malheureux;

C’est un acte généreux que de se retrancher du nécessaire pour eux. Le sage se propose sans doute ses actions à une fin honnête. Le prince doit marquer tous les jours de sa vie par des actes de grandeur. On dit aussi une action vertueuse, & un acte de vertu. Un petit accessoire de sens physique  ou historique, dit M. l’Abbé Girard, distingue encore ces mots  (action/acte) : celui de l’action a plus de rapport avec la puissance qui agit & celui d’acte en a davantage a l’effet produit, ce qui rend l’un propre à devenir attribut de l’autre. Ainsi on pourroit dire : conservez la présence d’esprit dans vos actions, & faites qu’elles soient toutes des actes d’équité

Le petit Larousse illustré: Fait d’agir, de manifester sa volonté en accomplissant quelque chose (par opposition à la pensée)

Synonymes : Activité. Agissement. Engagement. Entreprise. Fait.  Intervention. Manœuvre.

Contraire : Apathie. Inertie. Inaction.

Par analogie : Acte. Action collective. Action désintéressée. Ardeur. Auteur. B. A. (Bonne action). Conduite. Coopérer. Coup de main. Coup de tête. Démarche. Eouvre. Energie. Enthousiasme. Entreprendre. Entreprise. Exécuter. Exploit. Fait. Fonction. Foucade. Geste. Intrigue. Initiative. Intervenir. Jeu. Manœuvre. Participer. Pétulance. Ouvrage. Réaction. Réalisation. Se débrouiller. S’employer. Se remuer. Tâche. Zèle.   

Expressions: Disposition à agir. Faire ses preuves. Homme d’action. Liberté d’action. Mettre la main à la pâte. Mettre du sien. Payer de sa personne. se donner du mal. Voler de ses propres ailes.

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« Il n’y a pas de véritable action sans volonté d’action » (J. J. Rousseau)

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« Les volontés faibles se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes » (Gustave le Bon)

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« Au commence ment était l’action » (Goethe. Faust) qu’il substitue au « verbe » (Ce qui) peut désigner soit le caractère éternel et primitif du devenir; par opposition à l’idée d’une cause transcendante, soit l’antériorité du non intellectuel, sur l’intellectuel»  (Dictionnaire A. Lalande)

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 «  L’inaction des bons n’est pas moins nuisible que l’action néfaste des méchants » (Martin  Luther King)

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« Le vray miroir de nos discours est le cours de nos vies » (Montaigne ; Liv. I. § XXVI)

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    La philosophie n’est plus, si jamais elle le fut, le flambeau qui éclaire les hommes, elle n’est qu’une lueur, aujourd’hui faible lueur, mais heureusement tenace et que nous contribuons modestement à l’entretenir, en un lieu, en un temps, ce qui n’est pas évident. Tout ceci ne nous empêche pas, individuellement, de mener, suivant nos convictions, des combats, des engagements pour tenter d’apporter notre appui, pour aider, pour essayer de lutter contre tout ce qui ne nous paraît pas, être : progrès, humanité… Seule l’action dévoile notre conception de vie, et dans ces domaines cités, toute réflexion qui ne mène pas à l’action est vaine.  (Luis)

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« On peut poser en principe  que pour l’homme qui ne triche pas, ce qu’il croit doit régler son action »  (Albert Camus. Le mythe de Sisyphe)

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« S’il n’a pas plus accomplir de grandes choses, il est mort des avoir entreprises ».(Cervantès. Don Quichotte)

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L’action peut être un réflexe de survie, elle peut obéir à une des composantes de la personnalité, comme l’égoïsme (le ça freudien). C’est le cas de l’action/omission  qui valide le fait « qu’il est généralement moins mauvais de s’abstenir d’empêcher le mal, que de l’accomplir d’une façon active » tel cette homme qui veut en noyer un autre et avant qu’il n’ait agit l’autre glisse, tombe dans l’eau ; le premier voit le second se noyer, il n’agit pas, de ce fait il n’accompli pas le mal.

Croyances et non croyances vont influencer, modifier nos actions. Et, il ne s’agit pas que de croyances religieuses ; par exemple on peut penser que notre esprit doit s’adapter au monde tel qu’il est, tel qu’il nous est montré, ou, l’on peut désirer que le monde aille vers la représentation que l’on  s’en fait, que souhaite notre esprit.

Lorsqu’ avant de passer à l’action nous faisons réflexion, nos jugements se font, évaluent en fonction de normes, des règles, morales et sociales, qui fixent les limites et le choix de nos actions. On entend quelque fois dire « on ne progresse que par transgression », soit ne pas se fier à sa seule réflexion, en fonction des critères à respecter, mais, oser passer outre !

Nier que l’action est déterminée par la réflexion, serait nier que nous sommes responsables de nos actes, se retrancher derrière la prédétermination, je n’y peux rien c’est ma nature !

Si nous étions des êtres véritablement doués de raison, toutes nos actions précédées de réflexions devraient être parfaitement abouties quand à la finalité tant pratique que morale. Mais toute la bonne volonté que nous mettons effectivement en action ne peut faire que la réflexion définisse dans sa finalité, l’action.  (Luis)

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Conseil tenu par les rats.  (Livre II, fable II)

…………………

Ne faut-il que délibérer,

La Cour en conseiller foisonne ;

Est-il besoin d’exécuter,

L’on ne trouve plus personne.

Jean de La Fontaine

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 « Mais, voyez-vous, plus je vais, et plus je crois que l’intelligence n’a sa véritable valeur que lorsqu’elle vise un but extérieur à elle, lorsqu’elle cherche à s’appliquer pratiquement. L’intelligence doit vivifier l’action; sans elle, l’action est vaine. Mais, sans l’action, comme l’intelligence est stérile! C’est la lumière qui brûle à côté du phare et se consume pour rien. »  (R. Martin du Gard)

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 « Alors que Clytemnestre est en train de tuer son mari Agamemnon, les vieillards (les sages de la cité) se concertent : «  Quand ils entendent le roi crier sous les coups de hache de Clytemnestre, ils essaient de se concerter pour pouvoir lui porter secours ; mais il y a autant d’avis que de consultants…Les gestes héroïques ne sont plus de leur âge»   (Agamemnon. Tragédie d’Eschyle)

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 « L’état du monde peut, à tout instant, se résumer aux conséquences des actes de ceux qui y vécurent, et nous ne sommes rien d’autre, en fin de compte, que celles de nos propres actes »  (Jacques Attali. Diderot ou le bonheur de penser. Pluriel/Fayard 203)

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Action/réflexion: Conte.

Un jeune roi accédant au trône convoque les savants du royaume.

–         On m’a enseigner (leur dit-il) qu’en étudiant les vies des peuples, en tirant l’expérience du passé on peut régner en faisant le moins d’erreur possible. C’est pourquoi je veux étudier les annales des peuples, je vous ordonne de composer une histoire universelle et de ne rien négliger.

Les savants se mirent aussitôt à l’œuvre. Au bout de trente ans ils se présentèrent devant le roi suivis d’une caravane de douze chameaux, portant chacun cinq cents volumes (Soit 6000 volumes)

–           Sire voici l’histoire universelle des hommes et toutes les vicissitudes des empires

Le roi répondit

  • Messieurs, je vous suis fort obligés du mal que vous vous êtes donnés. Mais je suis fort occupé par les affaires de gouvernement. J’ai passé, ce que les poètes nomment le milieu du chemin de la vie, et je ne puis espérer d’avoir le temps de lire une si longue histoire. Veuillez m’en faire un abrégé mieux proportionné à la brièveté de l’existence humaine.

Les académiciens travaillèrent alors vingt ans de plus. Puis revinrent vers le roi accompagnés de trois chameaux portant chacun 500 volumes (Soit 1500 volumes)

  • Sire dit le doyen déjà affaibli par l’âge, voici notre ouvrage. . nous croyons ne rien avoir omis d’essentiel.
  • Je suis maintenant vieux, (leur dit le roi) les longues lectures ne sont plus à ma portée, abrégez encore, et ne tardez point.

Au bout de dix ans, on revit le doyen des savants, marchand avec des béquilles accompagné d’un âne qui portait un gros livre sur son dos

  • Hâtez-vous lui dit un garde, le roi est mourant.
  • Lorsqu’il fut au chevet du roi, ce dernier lui dit :
  • Je mourrais donc, sans savoir l’histoire des hommes.
  • Sire, répondit le doyen, (presque aussi mourant que le roi), je vais vous la résumer en trois mots : ils naquirent – Ils souffrirent – ils moururent !

(Extrait et résumé d’un texte figurant dans « La vie littéraire ». Article « Monsieur Thiers » d’Anatole France)

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« Ce sont nos actions qu’on pèse pas nos discours »  (Diderot. Lettre à Sophie Volland. 9 septembre 1762)

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 « Parfois, on que quelques minutes devant soi. Ou même une fraction de seconde. Une voiture se déroute et menace de nous percuter. Un passager vient de tomber à l’eau du pont d’un bateau. Une passante se fait arracher son sac. Qu’est-ce qui fait qu’on réagit bien, à quoi ça se joue ? A quelle impulsion cas réflexe  doit-on de pouvoir se réjouir, à posteriori,  d’avoir eu la meilleure attitude possible d’un point de vue éthique »  (Article, l’éthique dans le feu de l’action. Philosophie magazine n° 146. Février 2021)

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 » Il est vain de prétendre que les hommes devraient se satisfaire de la tranquilité, il leur faut de l’action, et ils en inventeront s’ils ne peuvent en trouver » (John Irwing. L’oeuvre de Dieu, la part du diable. Seuil. 1986)

« ….. 5° Enfin les actions d’autrui, dont on est le seul sujet passif, peuvent être le sujet d’une action morale en tant que par sa propre faute, on a donné lieu de les commettre : ainsi une femme qui a été violée passe pour coupable, en partie lorsqu’elle s’est exposée imprudemment à aller dans des lieux où elle pouvoit prévoir qu’elle couroit risque d’être forcée » (Article. Action/Morale. Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. 1751/1772)

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« Un but ne vaut que comme prétexte à agir ; engager une action n’a pas pour vocation d’atteindre la fin mais de se sentit vivant en l’accomplissant » écrit Marianne Chaillan, dans « Où donc est le bonheur ? »

Cela reprend ce que Cicéron nous a donné, avec  la métaphore du tireur à l’arc. Métaphore qui nous dit que celui qui tire à l’arc vise le cœur de la cible, et que même s’il n’atteint pas le cœur de la cible, il met tous les moyens en œuvre pour y parvenir. Il règle sa respiration, il se positionne bien face à la cible, il bande son arc, se concentre….Ceci nous rappelle que la pleine réussite n’est pas seul critère de jugement, et que le désir, la volonté, crée  la fierté, l’estime de soi, au-delà de la réussite ou non. Viser la cible prendre le risque de na pas toucher « la mouche » c’est oser, c’est oser la vie. Je peux regretter quelque ne pas avoir atteint le cœur de la cible, mais j’aurais plus de regret de ne pas avoir essayé. (Luis)

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« Edward Lorenz posait cette question : « Un battement d’aile de papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? » Il aurait pu se demander si, un battement d’aile de ce papillon pouvait empêcher une tornade ? » (Amanda Sthers. Lettre d’amour sans le dire. Poche 2020) Cela nous met en évidence que nous jugeons souvent des actions qu’en regard de leurs conséquences.

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