Agnostique

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Aldous Huxley. 1869

De agnôstos (grec) « inconnu, inconnaissable »

Le grand Robert de la langue française : (Agnosticisme) Doctrine qui considère que l’absolu est inaccessible à notre connaissance, ou écarte les spéculations métaphysiques comme inutiles.

Vocabulaire technique et critique de la philosophie A. Lalande : Terme créé par Huxley en 1869 ; Il désigne actuellement, soit l’habitude qui consiste à considérer toute métaphysique comme futile, soit l’ensemble des doctrines philosophiques d’ailleurs très différentes entre elles à d’autres égards, qui admettent l’existence d’un ordre de réalité inconnaissable par nature

Trésor de la Langue Française : Qui professe l’agnosticisme  par impossibilité ou refus  de croire sans possibilité de vérification P. ext., lang. moins soutenue. Parfois synon. (contesté) de athée ou de libre-penseur.

Encyclopédie de la philosophie, Pochothèque : Terme créé par le biologiste Thomas Huxley en 1869, pour désigner l’attitude de celui qui s’abstient de ce prononcer, sur des principes absolus, en particulier sur des problèmes irrésolubles, d’un point de vue scientifique. En ce sens il est synonyme de scepticisme radical. On utilise toutefois davantage ce terme pour désigner cette attitude face à la religion et à l’existence de Dieu ; le fond des choses étant considéré inconnaissable pur l’esprit humain. (Il est agnostique mais pas athée)

Encyclopédie Universalis : Terme créé en 1869 par un disciple de Darwin, T. H. Huxley (1825-1895), il devrait signifier le contraire de Gnosticisme, c’est-à-dire le refus d’une connaissance de type supérieur (procédés d’explication supra rationnels). En Fait, « agnosticisme » a eu à l’origine un sens précis, exclusion de toute métaphysique, de toute ontologie. Son usage actuel ne laisse pas d’être ambigu ; il désigne soit des doctrines  qui, sans récuser un ordre de réalité accessible aux sens et à la raison, estiment qu’aucun moyen de  le ne nous est offert (ce sens étant celui de Littré), soit les doctrines qui tiennent que l’inconnaissable, échappant à tout jugement, échappe au jugement d’existence : il n’y a pas lieu de réserver l’existence de ce qui ne peut être objet de science

Dans la pratique, agnosticisme, est synonyme de scepticisme en matière philosophique ou religieuse. Terme vague mais commode, équivoque mais caractéristique, il résume l’effort du XIXème siècle pour délimiter les domaines où opère la connaissance positive et pour discréditer ceux où elle n’opère pas.

Dictionnaire historique de la langue française ; Le Robert, (Alain Rey) : Le mot qualifie une personne qui considère que l’absolu, et donc toute opinion religieuse certaine est inaccessible à l’homme.

Synonyme : Incroyant. Sceptique.

Contraire : Croyant.

Par analogie : Athée. Au-delà. Déiste. Dieu. Doute. Foi. Hypothèse. Libertin. Libre penseur. Incrédulité. Mécréant. Preuve. Relativisme. Religion. Vérité.

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« Il était agnostique, comme on dit dans le monde, pour ne point employer le terme odieux du libre penseur ». (A. France, La Révolte des anges)

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« Je ne cois que ce que je vois », ou je voudrais voir pour croire. »  

Cet aphorisme irait assez bien aux agnostiques, je ne crois que ce que l’on peut me démontrer sans le moindre doute ; ce qui ne veut pas dire que les agnostiques refusent de croire. Les agnostiques ne sont-ils pas en ce sens proches des sceptiques : ne pouvant connaître assez pour croire, je ne me prononce pas. C’est le ni pour, ni contre, c’est « la suspension de jugement » . (Luis)

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« Quant aux dieux je ne suis pas en mesure de savoir ni en quelle manière ils sont, ni en quelle manière ils ne sont pas… ». (Protagoras)

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 « … Je suis devenu tout à fait agnostique. – Tu veux dire que tu es athée, en somme? fit Milfred d’un air informé. Angus tira une cigarette de sa poche.
– C’est beaucoup plus nuancé, dit-il en faisant claquer un briquet d’argent. Je ne nie rien. D’un autre côté, je n’affirme rien. Tu saisis
? »   (J. Green, Chaque homme dans sa nuit.1960)

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« Le premier pas ves la philosophie, c’est l’incrédulité » (Diderot)

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« L’agnostique reste en deçà d’une certaine vérité qui demeure seulement pour lui informulable parce que les conditions auxquelles la pensée humaine est soumise l’empêchent de briser jamais le cercle des phénomènes. (G. Marcel. Journal métaphysique, 1914-1923)

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« Nous ne savons pas, voilà tout ce qu’on peut dire pour ce qui est au-delà du fini. Nous ne savons rien, nous n’affirmons rien ; nous espérons »  (Ernest Renan. 1892)

« Non, Monseigneur. je vous ai dit tout à l’heure que j’étais catholique, mais de baptême seulement aujourd’hui. En réalité, je suis ce que les positivistes appellent un agnostique. »
– Qu’entendez-vous exactement par ce terme? » demanda le prélat.
–  Que nous ne pouvons connaître ni les causes, ni les substances, mais seulement les phénomènes
. »   (P. Bourget, Nos actes nous suivent, 1926)

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« Chacun croit en  ce qu’il croit » (Miguel de Unamuno)

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« Le libertin n’a ni croyance, ni incroyance » (Geoffroy Vallée. Philosophe Du courant des Libertins)

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« Le critère d’une croyance n’est pas conformité avec le « fait », puisque nous ne pouvons jamais atteindre le fait en question ; son critère est sa possibilité de favoriser la vie et à réaliser nos désirs ».  (Essais sceptiques. Bertrand Russel.1928. Editions Rieder. 1943)

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« L’homme a créé les dieux, l’inverse reste à prouver » (Serge Gainsbourg)

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« Camarade, ne crois à rien ; n’accepte rien sans preuve. N’a jamais rien prouvé le sang des martyrs. Il n’est pas religion si folle qui n’ai eu les siens et qui n’ai suscité des convictions ardentes .C’est au nom de la foi qu’on meurt, et c’est au nom de la fois qu’on tue. L’appétit de savoir naît du doute. Cesse de croire et instruis- toi. L’on ne cherche jamais d’imposer qu’à défaut de preuves. Ne t’en laisse pas accroire. Ne te laisse pas imposer » (Les nourritures terrestres. André Gide)

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« Si Dieu existe qu’il le prouve, et s’il n’existe pas qu’il ait le courage de l’avouer ».(Pierre Dac)

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« Aucune de nos croyance n’est tout à fait vraie. Toutes ont au moins une ombre d’imprécision et d’erreur. On connaît bien les méthodes qui accroissent le degré de la vérité de nos croyances ; elles consistent à écouter tous les partis, à essayer d’établir tous les faits dignes d’être relevés, et à contrôler nos penchants individuels par la discussion avec des personnes qui ont des penchants opposés, et à cultiver l’habitude de rejeter toute hypothèse qui s’est montrée inadéquate ».  Essais Sceptiques. Bertrand Russel. 1928. § XII. Editions Reider.1943)

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