Âme

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Psychée. Personnification de l’âme. Wolf von Hayer.
(1806-1873). Neue Pinakothek. Munich

Grand Robert de la Langue Française : Principe spirituel de l’homme, conçu (notamment par le christianisme) comme séparable du corps, immortel et jugé par Dieu.

Vocabulaire technique et critique de la philosophie. A. Lalande : (a) Le principe de la vie, de la pensée ou de toutes les deux à la fois, en tant qu’il est considéré comme une réalité distincte du corps, par lequel il manifeste son activité.

(b) Principe d’inspiration morale « avoir de l’âme »

« C’est le souffle divin qui fait tout l’homme : aimer en apprend plus sur les mystères de l’âme que la métaphysique la plus subtile » (Madame de Staël)

Trésor de la langue française: Vendre, donner son âme au diable, au démon. Au Moyen-âge. Conclure avec le diable un pacte selon lequel il accorde certains privilèges pendant la vie terrestre (science, jeunesse, puissance surnaturelle…) en échange de la possession et de la damnation éternelle de l’âme :

Encyclopédie de la philosophie, Pochothèque : Terme d’origine latine (du latin, anima qui a la même racine que le gr.ànemos, « vent », « souffle » et le même sens que le latin spiritus, « respiration »), qui désigne principalement l’activité consciente de l’homme, et de façon plus large, le principe de vie de tout être vivant ou animé.

Dictionnaire Philosophique. André Comte-Sponville : Un animal peut sentir et ressentir (avoir une âme) sans être capable pour autant de penser ou de raisonner abstraitement  (sans être esprit)

Petit Larousse Illustré : Principe de vie et de pensée qui anime le corps de l’homme. Principe conçu comme être spirituel séparable du corps, immortel destiné à être jugé   (Voir article)

Dictionnaire philosophique de Voltaire : Ce serait une belle chose que de voir son âme. « Connais-toi, toi même » est un excellent précepte, mais il n’appartient qu’à Dieu, de le mettre en pratique. Quel autre que lui pourrais connaître son essence ?

Nous appelons âme, ce qui anime ; Nous n’en savons davantage, grâce aux bons soins de notre intelligence. Les trois quarts du genre humain ne va pas plus loin & ne s’embarrassent pas de l’être pensant ; l’autre quart cherche, personne n’a  trouvé, ni ne trouvera.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : (1765) : On entend par ame un principe doué de connoissance & de sentiment. Il se présente ici plusieurs questions à discter : 1° quelle est son origine : 2° quelle est sa nature : 3° quelle est sa destinée : 4° quels sont les êtres en qui elle réside. (Voir l’article),

Dictionnaire historique de la Langue Française. Le Robert. (Alain Rey) : Issu du latin anima qui a produit en romain puis en ancien français les for mes anima (Xème s.) aneme (XIème S.), anme désanalisé en ame (XIème s.. Le mot latin signifie « souffle, air » ; il est apparenté au grec anemos « air ». Le latin a très tôt distingué le principe mâle, supérieur, l’animus traduisant le grec thumos et s’opposant à corpus (Le corps) et un principe femelle, l’anima qui traduit le grec psukhé , (psyché) au sens de « principe de la vie »….

Synonymes : Conscience. Esprit. Être. Personne. Pneuma. Psyché. Souffle.

Contraire : Corps.

Par analogie : Belle âme. Coeur. État d’âme. Force d’âme (courage). Glande pinéale. Intellect. Ka.  Souffle vital.

Expressions : Avoir charge d’âme. En son âme et conscience. Du vague à l’âme. La mort dans l’âme. Pas âme qui vive. Rendre l’âme.  Se donner corps et âme. Vendre  son âme au diable. Une âme damnée. Une âme en peine. un état d’âme.

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Dans la théorie platonicienne l’âme est le pilote qui commande ce bateau qu’est le corps.

Pour Descartes, l’âme était cachée dans une petite glande du cerveau, (pas dans le cœur, pas dans le corps : dualisme), située dans la  glande pinéale (Epiphyse) là, était suivant son expression, « le siège de l’âme »

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« Humainement parlant, il s’agit de savoir ce que c’est que l’âme.

  1. Le mot âme est un de ces mots que chacun prononce sans l’entendre ; nous n’entendons que  les choses dont nous avons une idée ; nous n’avons point d’idée d’âme, d’esprit ; donc nous ne l’entendons pas.
  2.  Il nous a donc plu d’appeler âme cette faculté de penser et de sentir, comme nous appelons vu, la faculté de voir, volonté, la faculté de vouloir, etc… »  (Voltaire. Dictionnaire philosophique Âme, XI)

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On trouve la notion d’âme dans la philosophie grecque la première fois chez les pythagoriciens : « Ces deux notions d’âme et de culpabilité sont d’ailleurs proprement liées et se  superposent l’une à l’autre ? L’âme est un support de culpabilité …. » (Histoire de la philosophie occidentale. Jean-François Revel. 1968)

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« Dans la Genèse, l’âme étant libre refusa d’entrer dans le corps d’Adam. Alors, Dieu appela les anges et leur demanda de  charmer l’âme en jouant de la musique. Celle-ci accepta d’entrer dans le corps d’Adam que parce qu’elle était ivre d’amour »  (Cheikh Khaled Bentounes)

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« Sans la Grèce berceau des arts et des erreurs, et où l’on poussa si loin la grandeur et la sottise de l’esprit humain, on raisonnait comme chez nous sur l’âme humaine ».

« Mille docteurs scholastiques sont venus ensuite : le docteur angélique, le docteur séraphique, le docteur chérubique, qui tous ont été bien sûrs de connaître l’âme clairement » Voltaire. Lettres philosophiques. Lettre XIII)

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« L’âme a trois puissances ou facultés, celle de végéter, celle de sentir, celle de juger. L’âme en exerce une dans les plantes, deux dans les animaux, dans l’homme elles s’exercent toutes les trois ; elle a le conseil et le jugement avec la végétabilité et la sensibilité ; c’est ce qu’on appelle la rationalité ou la raison »  (Abélard. Dialectique. M. de Rémusat, T 1)

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«  Qu’est-ce, l’âme, si c’est une magnifique fiction, celle inversée de Dieu peut-être, une idée que l’homme se fait de lui-même, de n’être pas uniquement matière » (Cynthia Fleury. Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment))

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« Je n’ai rien vu dans les philosophes qui ont parlé de l’âme humaine, que des aveugles pleins de témérité et de babil qui s’efforcent de persuader qu’ils ont une vue d’aigle à d’autres aveugles curieux et sots qui les croient sur parole et qui s’imaginent  bientôt eux-mêmes voir aussi quelque chose ». (Voltaire. Lettres philosophiques.)

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« Il y avait une fois un homme qui vendit son âme au diable, et grâce à ses enchantements il gagna en retour le cœur d’une jeune fille. Et maintenant, gagné par la pureté de son amour, il crut que par cet amour il serait sauvé et briserait le piège, mais il comprit combien le diable était plus fort… »  (J. Gracq, Un Beau ténébreux, 1945)

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« Je me sens si peu en paix avec moi-même tout désaccordé. Hier, aux heures chaudes de l’après-midi, je me suis surpris errant comme une âme en peine dans les couloirs de l’hôtel, incapable de trouver le lieu de mon repos » (J. Gracq Un Beau ténébreux, 1945)

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« Comme ils appelaient dans les animaux le principe vital et moteur, une âme, un esprit; et comme ils raisonnaient sans cesse par comparaison, surtout par celle de l’être humain, ils donnèrent au principe moteur de tout l’univers le nom d’âme, d’intelligence, d’esprit; et Dieu fut l’esprit vital qui, répandu dans tous les êtres, anima le vaste corps du monde ». (De Volney, Les Ruines, 1791)

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« Des Égyptiens qui instruisirent Pythagore jusqu’à Leibnitz, et de l’Inde aux Gaules, l’âme universelle fut reconnue par les Zenon, les Orphée, les Zoroastre, les Marc-Aurèle, par les mages et les druides. Nombre d’hypothèses qui semblent opposées entre elles, n’en sont que des interprétations différentes; (…) le dieu de Newton, toute action, sentiment, intelligence, et le dieu des chrétiens, par-tout présent et par-tout actif, ne sont que l’âme universelle. On ne peut expliquer que par-là les âmes humaines, et le principe général qui anime les êtres organisés » (É. De Senancour, Rêveries, 1799)

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« L’âme », comme réalité spéciale, n’existe pas; ce n’est qu’un mot qui désigne l’ensemble des reflets, dans le domaine de nos images conscientes, des instincts innombrables de notre corps » … (R. Ruyer, Esquisse d’une philosophie de la structure, 1930)

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« Nous donnons le nom d’âme à ce qui est toujours autre chose sans être jamais chose; l’âme résume ce je-ne-sais-quoi d’impalpable, ce reste ou résidu invisible que le mécanisme des esprits forts peut bien négliger, mais qui manquera toujours pour expliquer totalement la vie et la pensée ».  (V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957)

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« Je veux dire : ce n’est pas une pièce de musée… vos meubles, on ne dit pas : voilà des merveilles… non … mais cette pièce a une âme. Toute cette maison a une âme  (Vercors, Le Silence de la mer, 1942)

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« Tous les biologistes (…) se rattachent à l’une ou à l’autre de ces deux thèses. Depuis l’Antiquité, elles s’affrontent, « l’une cherchant à réduire les phénomènes de la vie aux lois de la chimie, de la physique et de la mécanique, l’autre voulant au contraire les distinguer et les placer sous la dépendance d’un principe particulier, d’une puissance spéciale, quel que soit le nom qu’on lui donne, d’âme, d’archée, de psyché, de médiateur plastique, d’esprit recteur, de force vitale, ou de propriétés vitales » (Claude Bernard).J. Rostand, La Vie et ses problèmes, 1939)

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« Aussi le concept de l’âme n’est-il pas seulement inadmissible, ainsi que le fait voir « la critique de la raison pure » en tant qu’hypostase transcendantale, parce que cette notion de « substance simple »  établi à priori une unité indivisible de la connaissance et de la volonté, dont la séparation est précisément le premier pas vers la vérité. Ce concept ne devra donc plus figurer dans la philosophie, il faut l’abandonner aux médecins et aux physiologistes allemands qui, après avoir déposé le scalpel et la spatule, entreprennent de philosopher sur des concepts qu’on leur a inculqué lors de leur première communion. Qu’ils essaient de faire fortune avec ce bagage en Angleterre. Les physiologistes et anatomistes français ont échappé, jusqu’à ces derniers temps, à ce reproche […] (Le monde comme volonté et comme représentation. A. Schopenhauer. Puf. 1943)

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