Apparence

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Femme se coiffant Gustave Courbet

Le Grand Robert de la langue française: Aspect de ce que l’on voit d’une personne, manière dont elle se présente. L’aspect superficiel, extérieur d’une chose, considéré comme distinct de sa réalité.

Trésor de la Langue Française : Manière dont quelqu’un ou quelque chose se manifeste aux sens, – Aspect avantageux – Aspect seulement superficiel, souvent trompeur d’une chose par rapport à sa réalité.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Tout ce qui se donne à voir ou à sentir par l’un quelconque de nos sens, voire, plus généralement, par notre conscience elle-même….Kant distingue l’apparence, du phénomène. L’apparence c’est ce qui, dans l’expérience ou dans la pensée, relève de l’illusion. L’apparence est une erreur de jugement, sur ce que les sens ou l’entendement proposent. Le phénomène lui n’a rien d’une erreur.

Synonyme : Air. Aspect extérieur. Dehors. Façade. Faux semblant. Figure. Mine. Physionomie. Physique. Visibilité.

Contraire : Essence. Fond. Matière. Réalité. Substance. Vérité.

Par analogie : Affectation. Allure. Apparat. Apparence physique. Artifice. Clinquant. Déguisement. Fard. Faux self. Frime. Enveloppe. Habit. Identité. Illusion. Image. Jugement.  Look. Masque. Mode. Ostensible. Personnage. Resembler. Saillant. Smart. Selfies. Semblant. Simulacre. Superficiel. Tournure. Trompe-l’œil. Trompeur. Vernis. Visage. Visible.

Expressions: Avoir de la classe. Faire bonne figure. Faire semblant. Les apparences sont trompeuses. L’habit ne fait pas le moine. Sauver les apparences. Voile de l’apparence. Sauter aux yeux. Tape à l’oeil.

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 « Tu parles de beauté faite d’apparences ou d’artifices, mais dans la nature toute beauté est un leurre. Si telle fleur déploie ses pétales et exhale son parfum, c’est pour attirer les insectes qu’elle dévore. Si le papillon a les ailes bigarrées, c’est pour se camoufler ou se distinguer sexuellement. Si le paon fait la roue, c’est pour appâter la femelle !  (Dominique Cheng. Cinq méditations sur la beauté)

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Le cheval s’étant voulu venger du cerf. (Livre IV, fable XIII)

« Les grands pour la  plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit.
Le renard au contraire à fond les examine »
La Fontaine.

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Montaigne nous disait qu’il faut « distinguer la peau de la chemise « 

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«  Les mots sont des apparences. Je ne crois pas que les apparences suffisent à  exprimer des sentiments »  (Théâtre. Plus vraie que nature)

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    La société nous dit Rousseau ne permet pas que l’homme naturel qui est en nous puisse exister réellement. C’est là un des points que l’on retrouve souvent chez lui, il dénonce ce qu’il nomme « le voile de l’apparence » et il écrit, dans le deuxième discours: « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu’on était en effet » Puis dans une lettre il prolonge ce propos : « Sitôt que je fus en état d’observer les hommes, je les regardais faire, et je les écoutais parler ; puis, voyant que leurs actions ne ressemblaient point à leurs discours, je cherchais la raison de cette dissemblance, et je trouvai qu’être et paraître étaient pour eux deux choses aussi différentes qu’agir…. »   (Lettre à Christophe de Beaumont)

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«  L’apparence ne cache pas l’essence, elle la révèle… » nous dit Jean-Paul Sartre dans « l’être et le néant », autrement dit et si l’on s’en tenait à cette seule phrase, seule notre apparence révèle ce que nous sommes. Cela me semble  philosophiquement contestable, car entre ce que je donne à percevoir de moi, et ce que je suis réellement, il peut y avoir une distance; distance  des conventions sociales par exemple, ou toute autre distance. (Luis)

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L’apparence a toujours revêtu une grande importance    De plus en plus nous voulons plaire, même les plus âgés qui pour cela passent par des soins, des soins chirurgies dites réparatrices, n’est-ce pas la peur de se sentir rejeté du groupe.
Que je me cache ou non sous une apparence, je ne suis pas, je ne serai jamais un livre ouvert. Sans faire sien le propos de Iago (personnage d’Othello » « je ne suis pas ce que je suis » , on n’est pas que l’image de soi.
L’apparence, tour à tour, cache l’Être, et le fait apparaître.
Des jugements sur l’apparence sont le plus souvent des jugements qui catégorisent. En ce sens ce texte de Sartre est controversé. Que sait de la vie d’un garçon de café, et comment le juge et le catégorise un intello bourgeois ?                                                                                       «  …Le garçon de café joue à être garçon de café… il joue avec sa condition pour la réaliser. Cette obligation ne diffère de celle qui s’impose à tous les commerçants : leur condition est toute cérémonie, le public réclame d’eux qu’ils la réalisent comme une cérémonie, il y a la danse de l’épicier, du tailleur, du commissaire-priseur, par quoi ils s’efforce de persuader à leur clientèle qu’ils ne sont rien d’autre qu’un épicier, qu’un commissaire-priseur, qu’un tailleur. Un épicier qui rêve est offensant pour l’acheteur, parce qu’il n’est plus tout à fait un épicier. La politesse exige qu’il se contienne dans sa fonction d’épicier…Voilà bien les précautions pour enfermer l’homme dans ce qu’il est… »  (Jean-Paul Sartre. L’être et le néant)  

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« Mais quand on est du monde, il faut bien que l’on rende
Quelques dehors civil, que l’usage demande »
(Le misanthrope. Acte I. Scène  I.63/80)

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L’habit ne fait pas le moine. Controverse rhétorique
Hypothèse : « Le singe est toujours un singe fut-il vêtu de peau. Or, nous pouvons constater  à quel point notre monde est plein de ces singes, de ces pauvres malheureux qui tentent de travestir ce qu’ils sont. Comment leur en vouloir ? le monde est ainsi fait, les pauvres veulent s’habiller comme les riches, histoire de mieux se fondre dans la masse des dominants. Et, plus surprenant, le comble du chic chez les riches, consiste à s’habiller comme un clodo de la porte de la Chapelle. Alors on achète des chaussures en faux cuir chez les chinois, et des jeans troués chez Chanel… ».   Antithèse : «  Si l’habit ne fait pas le moine, comment devient-on moine ? D’ailleurs quand il rendre dans les ordres, ne dit-on pas qu’il prend l’habit ? Si l’habit ne faisait pas le moine, cela voudrait dire qu’il faut naître noire….L’habit fait totalement le moine, mais il  lui ouvre les portes du monastère… »   (Réplique du film, Le brio)

«  Vous croyez quoi ? qu’on n’est pas jugé sur son apparence, que la manière dont on se présente au monde n’a pas d’importance ? Le costume c’est l’aliénation d’un grand tout, c’est l’ennemi de la réflexion et du langage. Vous avez raison, ne vous démarquez surtout  pas, restez bien dans le troupeau, la panurgisme vous empêche » (Réplique du film, Le brio)  

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 Introduction au débat :  « Être et apparaître »

Paraître est : (je retiendrai, dans le sens de la question), suivant une définition du Grand Robert de la langue française : « Être vu sous certains aspects avec les signes extérieurs d’une certaine manière d’être ou d’agir » ; ce que j’appellerai, aussi,  « le moi visuel » où une identité définie par les autres.
Donc cet Être, a une apparence, et nous n’échappons pas à notre apparence.  Une apparence physique, apparence dans le comportement, dans les différentes façons d’être, façons de se montrer aux autres, jusqu’à l’apparence vestimentaire (on ne pouvait pas échapper à cet aspect).   L’apparence, a toujours revêtu une grande importance, même : « Si l’habit ne fait le moine ».
Ainsi, comme notre jugement sur nous est, des plus subjectifs, nous considérons avec intérêt le jugement des autres, et là, nous voulons mettre toutes les chances de notre côté. L’image de nous que nous renvoie les autres impacte notre estime de soi. Nous avons le besoin d’être appréciés, voire d’être aimés des autres ; on peut reprendre la formule de Voltaire à l’envers, soit : l’amour des autres envers nous, suscite l’amour de nous-mêmes. 
 L’apparence est la première information dans la découverte de l’autre. L’apparence détermine toujours, ou, très souvent, une première opinion.
Nous appréhendons d’abord à partir de notre regard. Toutes nos idées nous viennent de nos sens. « …et les hommes jugent généralement plus avec les yeux.. », nous dit Machiavel, et « chacun voit ce que tu parais, peu sentent ce que tu es, parce que le vulgaire est pris ce qui paraît ».
On est (en deux mots) avant de paraître, mais il se peut qu’on ne soit on pas toujours ce qu’on parait être, et voilà la dissimulation, la ruse, les faux semblants, même avec des déguisements de soi grossiers, on peut pas toujours chasser le naturel : Aunque  de seda se viste la mona, mona se queda »  (Même habillée de soie, la guenon, reste une guenon). Il arrive aussi que celui, qui pour paraître rentre dans un personnage, se prenne à son propre jeux, situation plus déplorable que risible, comme « l’âne qui portait l’effigie de la déesse Isis et qui s’enorgueillait des hommages qu’on lui rendait ».
Mais pour certaines personnes l’apparence passe avant tout,
Et là,  que ne fait-on pour l’apparence ? « nous voulons vivre dans l’idée des autres »,  disait déjà Pascal. Tant de gens qui vivent, en se demandant ce que les gens pensent d’eux, alors que ces mêmes gens ont le plus souvent, bien d’autres choses à penser. Ah ! mégalo, quand tu  nous tiens !
 Mais pour ne pas témoigner qu’à charge contre le paraître,  peut-être  peut-on  aussi envisager que le paraître, ce déguisement d’Être, serait pour se protéger, pour être moins vulnérable ? Un paraître pour cacher l’Être,  non plus simplement, « voile d’apparence » mais « voile de pudeur », de protection, parce qu’on ose afficher sa personnalité, pour ne pas s’exposer.  Alors :
1° Pour être nous-mêmes,  ne devons-nous rien sacrifier au paraître ?
2° Quels compromis entre l’Être et le paraître sommes-nous prêts à faire ?
3° Est-ce que vouloir paraître ce qu’on n’est pas, ne découle pas, d’un mal être ?
4° Est-ce que l’apparence révèle l’essence ?
5° Et puis tout de même la question de savoir : Est-ce que l’habit fait, ou ne fait pas le moine. (Luis)

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« A partir des années 1980, ces aspirations individuelles intégrées paisiblement par un ordre collectif flexible et d’autant plus incontournable donnent naissance  à un nouveau type social, le « bobo », contraction  d’un oxymore, « bourgeois/bohême ». Ce descendant spirituel du soixante-huitard poursuit jusqu’au bout l’évolution de ce dernier vers l’adaptation à la société telle qu’elle est cependant sans renier explicitement ses idéaux, ni estimer le moins du monde qu’il les a trahis et qu’il aurait dû et pu vivre autrement. Il illustre à lui seul la ruse de la raison moderne : le bobo se définit par ses tendances bohêmes, son goût de la liberté et son discours contestataire, alors que vu de l’extérieur, il est parfaitement adapté à un modèle social qui repose sur lui et ses semblables, et surtout qu’il ne perçoit même plus la contradiction… » (Le roseau pensant. Thierry Wanegffelen)

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 Il semble que l’image de nous, celle que nous renvoyons aux autres ait pris plus d’importance au cours des ces dernières décennies.
On assiste à des addictions de publication de photo de soi : moi au restaurant, moi et mon assiette aussitôt publié sur face book. Toujours sur ce même réseau social, des gens qui changent régulièrement leur photo d’accueil qu’on nomme aussi « profil », cela peut devenir « face book, mon beau miroir ». De même les selfies, ces « ego portraits » montrent les gens comme de véritables acteurs de leurs vies, de leur univers. Dans les critiques des selfies on trouve : « moi, le héros de ma vie », « voyez, j’y étais ! », ou le smart phone qui a remplacé le lac de Narcisse.
Mais l’exposition du moi, peut aller bien plus loin, ainsi une société aux Etats-Unis (Celeb 4 a day) vous propose pour la modeste sommes de 3000 dollars de faire de vous la célébrité d’un jour : un agent de publicité, accompagné de six paparazzi d’occasion vient vous chercher avec une limousine, vous mitraillent. Du fait les passants font des photos. On vous emmène dans un grand restaurant où vous reçu comme une célébrité, toujours avec les photographes. Le lendemain vous recevez « l’exemplaire » d’un pseudo-magazine «  people, entièrement consacré à vous et dont vous faites la couverture.
Le chiffre d’affaire de cette société est en plein essor.
Cette difficulté à Être, être une personnalité, sa personnalité, dans notre époque devenu individualiste, a trouvé son exutoire, le coaching. Tu ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas comment apparaître aux autres, on va te faire un programme. Mais quel est cet être au final ? Mais cela peut être vu, comme plus qu’une création d’une identité personnelle, comme un outil pour faire émerger l’essence de son Être, ou, la maïeutique de l’Être.

Mais nous voulons, nous ressentons le besoin d’être « comme les autres » . Ainisi nous suivons les modes vestimentaires, « Parce qu’on veut être des gens biens , des gens très comme il faut  » dit la chanson de Jean-Jacques Goldman.
  Et, si parfois les apparences sont trompeuses, les apparences n’en restent pas moins, une des structures de la société, on connaît l’expression : «  il faut sauver les apparences ». Celui qui fait totalement fi des apparences est vite rejeté par la société, d’une certaine façon, le fait qu’il ne respecte pas les codes met la société en danger. C’est un sujet qui ramène à mai 68 où des personnes refusant le « système » et ses apparences ont décidé de créer des communautés, où le paraître n’avait plus lieu.
Et je voudrais pour ne pas être qu’accusateur du paraître,  peut-être que parfois cette image qu’on donne à voir de soi, peut cacher un  « moi » qui doute terriblement de lui, un « moi » trop fragile, qui s’abrite derrière une apparence pour se protéger, ce qu’on nomme aussi en psychologie : le faux self.
Et enfin, lorsque je pense à celui ou celle, qui par pureté, par candeur, voire un peu par naïveté ne se cache pas derrière un personnage, et bien j’ai un petit coup de cœur pour ce naïf,  car  c’est l’Être vrai qui se montre.  (Luis)

  L’habit ne fait pas le moine serait une déformation d’une expression latine de Plutarque : « la barbe ne fait pas le philosophe »  Il y a aussi une origine à caractère ironique qui dirait que les moines malgré leur habit n’hésite pas à ripailler, à courir la gueuse, mais que néanmoins l’habit vous ouvrait la porte du monastère. Ce qui tout de même nous dit déjà que l’apparence peut nous aider à ce que s’ouvrent des portes.
Et donc, je revient sur l’habit du moine. Comment saurais-je que j’ai affaire à un moine s’il est en tee-shirt et blue jean, odonc, l’habit fait, l’éta de moine.
La tenue militaire fait le soldat
La robe fait le magistrat
La crosse et la mitre font l’év^êue
Qui imagine le pape en jogging,
Ou un toréador dans l’arène en bermuda ; l’habit de lumière fait le toréador.
Car la fonction, – révélée par l’habit-  à ce niveau  – participe à l’Être.

    A partir du paraître nous portons des jugements a priori, on juge toujours un peu sur la mine, et le premier jugement peut laisser longtemps sa marque. (Voire même, pourquoi pas être le bon)
Donc l’apparence qu’on pourrait comparer un peu à l’habit du moine, peut refléter le type d’individu. Dans les années 1970 si vous étiez, genre : la pipe à la bouche – la barbe et la dodoche, vous étiez écolo soixante-huitard un peu hippie sur les bords. Si aujourd’hui vous garer votre 4X4 avenue Montaigne et que vous arborez une Rolex au poignet, on vous situe très vite.
Maintenant, Entre être et paraître, je choisis « être soi ». Ou, deviens ce qui te paraît être une personne morale, une personne que tu puisses d’abord respecter. Que tu puisses te réaliser, sans te renier, sans être asservi. « Sois fidèle à toi-même, […..]et il s’en suivra que tu ne seras faux à personne » (Shakespeare. Hamlet)
Alors, on peut être soi, sans avoir besoin de paraître autre que ce que nous sommes. Des personnes de très grand savoir, des personnes de qualité, sont parfois d’une simplicité qui nous émerveille, j’ai eu la chance d’en rencontrer.  (Luis)

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Nous pouvons agir sur notre être, comme sur notre paraître et les deux ne s’opposent pas
Le paraître m’oblige, le paraître participe à ma sociabilité. Ne pouvant faire société sans tordre quelques uns de mes travers, je suis bien obligé de les corrigés, ainsi je m’améliore.
Je ne peux pas côtoyer, et vivre avec les autres, en étant en tout points comme Alceste, qui pour être vrai,  refuse toute concession aux conventions.
Donc, dans ce cas de figure le paraître participe à ma rendre plus fréquentable, le paraître participe à me faire plus humain.
Avec l’expérience nous détectons assez vite ceux qui ne sont que dans le paraître. Nous apprenons suivant l’expression de Montaigne à « distinguer la peau de la chemise » Lorsque nous détectons la fausseté de l’être nous somme sur nos gardes, nous ne savons plus sur quel pied danser, dans les personnages doubles et perfides tel Iago, dans Othello qui dit « I am not what I am »   (Luis)

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« Les grands pour la plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre
L’âne n’en sait juger  que parce qu’il voit.
Le renard au contraire, à fond les examine,
les tourne en tous sens, et quand il s’aperçoit
Que leur n’est qu’une bonne mine… »
Le renard et le buste.
Jean de la Fontaine

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  Plus que jamais notre société fait la promotion du paraître ; La publicité, des magazines, en dehors de nous « infliger des désirs qui nous affligent », nous diffuse comme un virus, celui de copier les modes vestimentaires des personnes d’un monde dit « people ». Porter tous les mêmes vêtements, parois des copies, avec les mêmes logos, c’est pour certains, « être », alors que ce n’est que « le paraître ». Que de subjectivité dans le paraître. Que ne fait-on pas pour l’apparence ? (Luis)

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« L’humilité est une valeur oubliée du monde contemporain, théâtre du paraître. Les magazines ne cessent de donner des conseils pour « s’affirmer », « être belle », paraître à défaut d’être. Cette obsession de l’image favorable que l’on doit donner de soi est telle que l’on ne se pose même plus la question  de l’infondé du paraître, mais seulement celle du comment paraître […..] (Extrai de : Plaidoyer pour l’altruisme. Matthieu Ricard)  

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 « Tous avec un beau vernis de paroles, tâche en vain de donner le change sur leur vrai but ; aucun ne s’y trompe, et pas un n’est dupe des autres, quoique tous parlent comme lui. Tous cherchent leur bonheur dans l’apparence, nul ne se soucie de la réalité. Tous mettent leur être dans le paraître : tous, esclaves et dupes de l’amour-propre, ne vivent point pour vivre mais pour faire croire qu’ils ont vécu »   (Rousseau juge Jean-Jacques)
Pour Rousseau, nul ne peut paraître tel qu’il, ce sont les autres qui falsifient sa vraie personnalité, c’est ce qu’il nommera le maléfice du voile qui se fixe entre l’être et le paître. Rousseau nous dit l’homme pour faire société fut obligé de se montrer sous les meilleurs traits possibles, quitte à paraître ce qu’il n’était pas, il écrit : «  … l’esprit, la beauté, la force ou l’adresse, le mérite ou le talent, ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir, ou les affecter »  (Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes)

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« La personnalité est la dynamique des relations entre le sujet et les autres. Dans le sujet, Le se constitue par rapport à l’idée que les autres se font de lui. La formation du Moi comprend différents éléments ; l’image que se fait le sujet dans sa manière d’apparaître aux autres, l’image qui ressort du jugement sur ce mode d’apparaître, et les sentiments d’orgueil ou de dépréciation de soi qu’il en résulte ». (Charles Horton Cooley. 1864/1929. USA)

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