Apprendre

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Docteur Trioson donnant une leçon de géographie
à son fils. Girodet. Musée Girodet. Montrgis.

Le Grand Robert de la langue française: Acquérir la connaissance de. Être rendu capable de connaître, de savoir. Se mettre en mesure de connaître. Devenir capable de : par l’expérience, par le travail de l’esprit  

Être informé, avisé, mis au courant. Faire connaître à quelqu’un. Indiquer.

Trésor de la Langue Française : Acquérir la connaissance d’une chose par l’exercice de  l’intelligence, de la mémoire, des mécanismes gestuels appropriés, etc.

Dictionnaire de français Littré: Retenir par sa mémoire – Contracter une disposition, une Habitue.

Dictionnaire historique de la langue française. (Alain Rey) : …. Le verbe signifie dès l’ancien français «  saisir par l’esprit » et « acquérir pour soi des connaissances »… Il se dit aussi vers 1140 pour « donner à autrui des connaissances » : apprendre à qqn , aussi apprendre qqn à … vers 1190., ainsi que instruire qqnLe sens subjectif du verbe  construit avec « à » correspond à « contracter une habitude » et devenir capable de qqch par expérience. Quant aux opérations intellectuelles d’acquisition des connaissances, elles sont assez précisément senties  pour un emploi absolu du « désir d’apprendre » ….

Synonyme : Annoncer. Découvrir. Initier. Instruire. Inculquer. Eclairer. Enseigner. Faire connaître. Former. Montrer. .

Contraires : Ignorer. Désapprendre. Oublier. Taire.

Par analogie : Acquérir par expérience. Apprenti. Apprentissage. Approfondir. Avertir. Bachoter. Bucher.  Connaissance. Démontrer. Endoctrine. Enseigner.  Etudier. Expliquer. Informer  Ingurgiter. Mal appris.  Potasser. Réviser. Reconnaître. Réviser. Savoir. S’apercevoir.

Expressions Apprendre par coeur. Devenir capable de. Le savoir sous la main (Internet). Mettre au courant.

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« Si tengo que morir, poco me importa aprender. Si no puedo aprender, poco me importa vivir »

« Si je dois mourir, peut m’importe d’apprendre. Si je ne peux pas apprendre, peur m’importe de vivre ». (Antonio Machado)

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« On commence à vieillir quand on cesse d’apprendre » Confucius)

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« J’ai parcouru les allées de la bibliothèque…peuplées exclusivement de vieux messieurs très doctes …je suis toujours fascinée par l’abnégation avec laquelle nous autres humains sommes capables de consacrer une grande énergie à la quête de rien, et au brassage de pensées inutiles et absurdes » (L’élégance du hérisson. Muriel Barbery)

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« L’apprentissage et le plaisir sont les secrets d’une vie bien remplie. Apprendre sans plaisir rend sec, prendre du plaisir sans rien apprendre rend stupide » (L’esprit d’ouverture. Richard David Precht)

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« L’étudiant avisé écoute volontiers chacun ; il lit tout, et ne dédaigne ni un livre, ni une personne, ni une doctrine. Il cherche indifféremment chez tous ce qu’il voit lui manquer, et ne considère pas l’étendue de son savoir, mais celle de son ignorance […. Tu l’emporteras en sagesse sur chacun si de chacun tu acceptes d’apprendre : ceux qui reçoivent de tous sont plus riches que tous » (Extrait du Didascalicon d’Hugues de Saint-Victor)

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«  Puissé-je devenir vieux en apprenant toujours » Solon)

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« …on se gâte le cerveau à lire et à étudier constamment ; ajoutons que le système de nos propres pensées et de nos connaissances n’a plus ni continuité ni harmonie. Puisque nous le brisons nous-mêmes à tout instant pour faire place à un tout autre courant d’idées. Quand j’écarte mes propres idées pour faire place à celles d’un livre, il m’arrive ce que Shakespeare reprochait aux touristes de son temps, de vendre leurs propres terres pour aller voir celle des autres. Cependant cette manie de la lecture chez la plupart des savants, est une façon de fuir leur propre vide ; c’est l’absence d’idées dans leur propre tête, qui y attire si puissamment celles des autres….Aussi est-il dangereux de lire un ouvrage sur un objet, avant d’y avoir réfléchi soi-même. Car avec ce nouvel onglet se glisse dans l’esprit le point de vue particulier de l’auteur, et la façon dont- il l’a envisagé ; d’autant plus que l’apathie nous conseille de nous épargner la peine de pensée, pour prendre des idées toute faites, et nous en servir »  (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf 1942. Tome 2)

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« Je n’ai jamais rencontré d’homme si ignorant qu’il n’eut quelque chose à m’apprendre » (Galilée)

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Strepsiade, personnage de la pièce « les nuées » d’Aristophane, visite l’école nommée « le pensoir » où il est reçu par Socrate. Il est surpris de voir des hommes penchés vers la terre, et s’adresse à l’un des disciples.

Srepsiade – Mais au fait qu’ont-ils à regarder la terre ?

Le disciple – Ils scrutent el que tu les vois, le monde souterrain…, ceux-là scrutent les ténèbres.

Strepsiade – Mais qu’ont donc leurs derrières à regarder le ciel ?

Le disciple – Ils font de l’astronomie pour leur propre compte….

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« La révolution numérique n’est plus un slogan. Chaque jour, nous naviguons un peu plus, délaissons l’imprimé pour l’écran, stockons nos connaissances, vérifions sur Internet ce que nous dit un interlocuteur…. ou un enseignant. Comment apprendre, lire, nous souvenir, transmettre, emportés dans ce flux que nous maîtrisons encore mal. Le danger de perdre la concentration et la mémoire, de négliger l’étude, de ne plus pouvoir enseigner, est réel. Mais le basculement de Gutenberg à Google porte aussi en lui l’espoir d’un esprit enfon libre- puisque les machines s’occupent de l’intendance – de se consacrer à l’essentiel : la pensée créatrice. Comme en son temps l’imprimerie, il n’est pas impossible qu’Internet laisse éclore un nouvel humanisme ». (Art. Philosophie Magazine N° 62. Pourquoi nous n’apprenons plus comme avant)

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Nuestras horas son minutos

cuando esperamos saber,

y siglos cuando sabemos

Lo que se puede aprender.

Nos heures sont des minutes

Lorsque nous voulons savoir

Et des siècles lorsque nous savons

Ce qui peut s’apprendre

Antonio Machado

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Le savoir « sous la main » s’élargit, et notre capacité de mémorisation s’amenuise. Lorsque je fais une recherche sur Internet, l’algorithme décharge nombre de mes réflexions, il travaille pour moi, mes neurones se reposent. Je ne lis plus, je consulte. Il tourne les pages pour moi, à la limite il pense pour moi. Mon PC, devient « la tête bien pleine ». « Le savoir », écrit Marcel Gauchet, « cesse d’être constitutif à soi ». Alors, à quoi désormais me sert d’apprendre ? Et à quand la puce neuronale, l’implant d’une wiki bibliothèque d’Alexandrie chez chaque individu ?  (Luis)

A l’ère numérique se pose cette question de la nécessité d’apprendre « Désormais habitués» écrit Michel Eltchaninoff «  à externaliser notre mémoire  sur des disques dures – jusqu’aux numéros de téléphone ou dates d’anniversaire de nos proches – ne sommes-nous pas condamnés à une amnésie mortifère » 

« On doit apprendre à voir, on doit avoir à penser, on doit apprendre à parler et à écrire : le but en ces trois choses est une culture noble – Apprendre à voir – habituer l’œil au calme, à la patience, au laisser-venir-à-soi : différer le jugement, apprendre à faire le tour du cas particulier et à le saisir de tous les côtés. Telle est la première préparation à la vie de l’esprit : ne pas réagir d’ensemble à une excitation… »      (Nietzsche. Crépuscule des idoles)

 « …toute la suite des hommes pendant les cours de tant de siècles est comme un seul homme qui vit toujours et qui apprend continuellement »   (Blaise Pascal. Préface pour un traité  du vide)                                                  

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