Avenir

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Jeune femme admirant son enfant. William-Adolphe Bouguereau. 1871. ThebMetropolitan Museum of Art. New York.

Grand Robert de la langue française : Temps à venir. Ce qui se produit, arrive dans le temps, après le moment où l’on parle ou après le moment de référence.

Dictionnaire historique de la langue française. (Alain Rey) : Advenir (1427), puis avenir (1647)  désigne la période de temps qui n’est pas accomplie, et s’oppose au passé et au présent, en concurrence avec « futur ».

Synonyme : Carrière. Demain. Destin. Futur. Prochainement. Sort. Tantôt.

Contraires : Hier. Passé. Présent.

Par analogie:  Astrologie. Augures. Bientôt. Descendants. Désormais. Dorénavant. Enfants. Ensuite. Générations futurs. Incessament. Lendemain. Postérité. Perspectives. Prédire. Siècles futurs. Sous peu. Tout à l’heure. Ultérieurement.

« L’avenir n’existe pas : seule existe la conscience présente que nous pouvons avoir, ici et maintenant, de son absence actuelle et de sa venue attendue….Tout est donc subjectif, rien ne nous attend, c’est nous qui nous attendons à quelque chose… ». (A. C Sponville. Dict. Philo)

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« Prendre part à l’élaboration de notre destin, et faire nous-mêmes notre histoire ».(Luc Ferry)

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« Je m’intéresse beaucoup à l’avenir, c’est là où j’ai décidé d’aller vivre » (Woody Allen)

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 « Le présent est gros de l’avenir, et de tout l’avenir en ce sens que toutes les phases subséquentes sont implicitement déterminées par la phase actuelle…, mais on ne pourra pas dire sans restriction  que le présent est de même gros du passé, car il y a eu dans le passé des phases dont l’état actuel n’offre plus de traces, et auxquelles l’intelligence la plus puissante ne saurait remonter… » (Essai sur les fondements de nos connaissances. A. Cournot)

« Il est dans notre nature même de produire l’avenir » (François Jacob)

« L’ avenir. Tous les êtres finis mourront : seule certitude. Toute connaissance de l’avenir n’est que probable, et, il n’est, en aucun cas, possible de passer du probable au certain. De plus la connaissance probable ne concerne que le proche avenir […]. L’avenir lointain est fermé à la connaissance ». (Marcel Conche. A quoi sert le savoir ? PUF)

« L’avenir ce n’est pas ce qui va arriver. L’avenir c’est ce que nous allons faire » (Gaston Bachelard)

    Des philosophies que nous avons déjà abordé comme l’épicurisme, par exemple nous disent que nous ne devons pas vivre, ni dans le passé, ni dans le futur, ce qu’on retrouve aussi dans certaine religions comme le bouddhisme, où il faut « être, et vivre dans l’instant présent », ou des dogmes qui nous disent que les choses sont et seront comme elles doivent être, ou que, l’avenir est déjà écrit Soit, mais toutes ces philosophies, et même les plus récentes n’étaient pas confrontées à cet enjeu majeur. Nous savons que nous ne pouvons pas demander que l’on vive comme au temps d’Epicure, ou même comme il y a cent ans, il nous faut gérer nos progrès.

 Et nous n’avons que peut de références, nous sommes devant un problème de notre époque qui nous obligent à trouver nous-mêmes les réponses ; « question  de vie » ou  «  question de mort ». « Si nous n’agissons pas à temps, » nous dit Hannah Arendt « les générations n’auront pas le temps d’agir du tout, elles seront prisonnières d’évolutions devenues incontrôlables. Demain c’est peut-être trop tard, […..] nous augmentons notre responsabilité vis-à-vis des générations futures ; il ne s’agit pas seulement, comme par le passé, d’un legs. Il y a absence d’étique du futur, pour quelque chose qui nous est confié, qui est extrêmement fragile : la cité, la vie, la planète ». Alors, si j’ai le sentiment de partager quelque chose plus grand que moi, qui fait l’humanité, et dont je tire, mon humanité, je suis obligé de me sentir concerné, je ne peux pas « faire la politique de l’autruche » ! L’avenir qui n’est pas mon avenir, me concerne.

 Le bonheur universel doit transcender les générations, l’individu doit dépasser sa propre quête du bien-être, le bonheur. « Le nouvel impératif catégorique est notre responsabilité pour la survie de cette Terre » (Anne Fagot Largaut).  Nous devons être solidaires au-delà de notre temps de vie, il nous appartient de choisir l’avenir de notre avenir.

Quand je vois ces immenses blocs de glace de la banquise qui tombent dans la mer, ou des pans entiers de banquise qui dérivent, eh bien ! j’ai une impression désagréable, comme le mauvais pressentiment de milliers et de milliers de morts, le pressentiment que cela peut se  produire avant la fin de ce siècle. Mais ! me dira t –on, vous n’êtes pas vraiment concerné vu votre âge, vous ne serez plus là pour en pâtir. Oui, sauf  que je ne peux pas détacher ma vie, mon temps d’existence, de ce sentiment d’appartenance à un grand tout, l’expression de la continuité. Autrement dit, je me sens redevable envers ceux qui furent avant moi, je me sens responsables pour ceux qui seront après moi. (Luis)

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« Le passé est un œuf cassé. L’avenir est œuf couvé » Paul Eluard

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« La ingratitud del hombre y la desnudada realidad…el ingrato olvida que la mayor parte de que tiene no esta obra suya, sino que le vinos regalados de otros, los cuales se esforzarón en crearlo u obtenerlo. Ahora bién al olvidarlo desconce radilcamente la verdadera condición de eso que tiene ; cree que es un don espontáneo de la naturalea indestructible. Esto le hace errar al fondo el manejo de esas ventajas e irlas perdiendo más o memos ». (Ortega y Gasset)

(Traduction) « L’ingratitude de l’homme est la réalité toute nue […] l’ingrat oublie que la plus grande partie qu’il a, n’est pas son œuvre, sinon que d’autres nous l’ont offert, lesquels firent des efforts pour les créer, pour les obtenir. Et aujourd’hui il renie radicalement la véritable condition qu’il ce qu’il détient, il croit que c’est un don spontané et indestructible de la nature. Cela le mène à fond dans l’erreur, de par la manipulation de ces avantages il est entrain de les perdre, plus ou moins »  (José Ortéga y Gasset. Philosophe español. 1883/1955)

Ce thème n’est pas sans rapport avec un récent débat sur le thème « Qu’allons-nous transmettre ? »

« Si j’ai une dette avec la génération passée, je dois la rembourser à la génération suivante» (Bernard Rapp)

On peut se demander à quel moment l’homme a commencé à se poser cette question, à s’inquiéter pour l’avenir ? Dans « Le voyage de Bougainville » de Diderot, le vieux Tahitien accuse Bougainville de vouloir modifier l’avenir des peuples des îles. Nous ne voulons pas, dit-il de vos inutiles lumières : « Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras […], ne nous entête ni de besoins factices, ni de vertus chimériques. » Car la vie de ces peuples était une vie tranquille sans inquiétude de l’avenir, on vivait « dans l’instant présent », on apprenait à vivre comme les parents, on apprenait les mêmes coutumes pour le bien vivre ensemble. Cela nous montre que la modernité a initié ce souci, compte tenu des risques pour les périodes à venir ? Comment devant le meilleur et le pire des techno-sciences, des manipulations génétiques, entre autres, ne pas nourrir quelque inquiétude ? Il faut voir les risques en face ; c’est une question de vie ou de mort, celle d’une espèce, la nôtre.

Ces grands problèmes et particulièrement ce qui concerne l’environnement, font l’objet d’études, de parutions, depuis une quarantaine d’années. Nous avons les moyens scientifiques, fiables  qui peuvent prévoir, et le réchauffement de la planète avec les modifications, et risques climatologiques, les conséquences qui se traduiront en migrations climatiques, nous savons prévoir l’augmentation des populations avec les besoins en nourritures de bases. Nous avons aussi des personnes qui nient la validité de ces observations. (Luis)

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Le droit chemin.

A chaque kilomètre

chaque année,

des vieillards au front borné,

indiquent aux enfants, la route,

d’un geste de ciment armé.

Jacques Prévert.

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L’avenir est venu trop tôt

Enfoncé dans un vieux chapeau

Le vieux monde nous colle à la peau.

Vladimir Maïakovski

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L’auteure met dans la bouche des « vieilles » (Roman) des réflexions que nous entendons chaque jour, même chez des personnes plus jeunes : à savoir que le flot discontinu d’informations, d’un scoop qui chasse l’autre, des guerres vécues en directs, cela finit par avoir sur certaines personnes un effet de banalisation des drames. (Page 64/65)  « Sur l’écran des Chinois castagnent des Tibétains. A toute vitesse un char chinois roule sur des blessés…tout est souillé de sang. Puis des Américains castagnent des Irakiens…si on veut la paix, il faut préparer la guerre.

Paulette se tourne vers madame Rousse

  • Mais c’est horrible ce qu’on entend !
  • -Vous savez, c’est tous les jours comme ça, on n’y fait plus attention.
  • Mais si vous n’y faites plus attention, pourquoi vous regardez ?
  • Ça tient compagnie ! ça fait une présence ! Et puis on voit où va le monde..
  • Il va droit dans le mur le monde…
  • Et alors ? Ce ne sera pas pour nous ! Nous, on a fini notre vie, quasiment on a eu le meilleur. Après nous le déluge ! moi, je m’en fiche de ce qu’on va laisser à nos enfants et nos petits enfants…Qu’ils se débrouillent !
  •  Mais c’est horrible ce que vous dîtes !

Ma chère Paulette vous êtes d’un naïf. Vous croyez vraiment que parmi tous ceux qui vous entourent il y  en a un seul pour se préoccuper de l’avenir de la planète ? Nous les vieux, nous allons mourir et c’est notre seule hantise. Alors, comment voulez-vous que nous ayons l’esprit à penser comment ce sera après nous ! Après nous, vrai, on s’en fout comme de l’an quarante » (Ce texte revient plusieurs fois)

Alors, est-ce égoïsme ? pragmatisme ? indifférence ? Comment juger. Peut-être que des personnes qui ne sont plus actifs devant le laxisme de ceux qui en capacité d’agir pour ce monde, finissent par cette forme de cynisme, indifférents à l’avenir du monde. Luis)

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