Beauté/beau

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Apollon. Musée du Louvre;

Grand Robert de la langue française : (Beau) Qui fait naître un sentiment d’admiration, souvent mêlé de plaisir, par des qualités d’équilibre,  de proportion qui assure, dans une norme sociale donnée, un effet d’appréciation esthétique positive.

Vocabulaire technique et critique de la philosophie Lalande : Ce qui plait universellement et sans concept. On désigne aussi ce qui provoque chez les hommes un certain sentiment (sui generis) l’émotion esthétique.

Plus spécialement : ce qui correspond à certaine normes d’équilibre, de plastique, de proportions harmoniques, de perfection en son genre, et autres qualités similaires.

Trésor de la Langue Française : [La beauté comme valeur universelle] Caractère de ce qui est beau, de ce qui plaît universellement. La beauté n’est jamais, ça me semble, qu’une promesse de bonheur (Stendhal ; Rome, Naples, et Florence)). 1° La métaphysique idéaliste, chez les Allemands comme chez les Grecs, a pour origine le culte de la beauté par excellence, que notre âme seule peut concevoir et reconnoître : c’est un souvenir du ciel, notre ancienne patrie que cette beauté merveilleuse (Madame de Staël. De l’Allemagne)

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : (Est beau) tout ce qui est agréable à voir, à entendre ou à comprendre, non à cause de quelque autre chose qu’on désire ou qu’on attend, mais en soi-même, , et indépendamment de quelque utilité ou intérêt que ce soit.

Il n’y pas de beauté objective ou absolue. Il n’y a que le plaisir de percevoir et la joie d’admirer.

Dictionnaire de l’académie française : La juste proportion des parties du corps avec l’agréable mélange des couleurs. Il se dit proprement de personnes, & particulièrement du visage. Rare beauté, beauté parfaite

Dictionnaire universel de Furetière (1690) : Qui plait à la veuë. Un beau visage, une belle femme, un beau garçon, une belle taille….

On le dit de ce qui touche agrablement l’oreille, ou le toucher ; Une belle voix, un beau temps, la belle saison ;

On le dit aussi de ce qui est de prix, ou d’excellent en son genre. Voilà un beau tableau, un beau livre…

Synonyme : Absolu. Admirable. Adorable. Agréable. Aimable. Angélique. Bath. Brillant. Céleste. Charmant. Chic. Chouette. Délicieux. Distingué. Eclatant. Eblouissant. Enchanteur. Exquis. Extra. Féerique. Formidable. Gracieux. Grandiose. Harmonieux. Magnifique. Mirifique. Plaisant. Séduisant. Radieux. Resplendissant. Super. Sublime.

Contraires : Affreux. Disgracieux. Hideux. Inesthétique. Laid. Moche.  Repoussant. Vilain.

Par analogie : Adonis. Attraits. Aphrodite. Appâts. Apollon. Bath. Beau temps. Beaux arts. Belle. Bellâtre. Canon. Charme. Chouette. Déesse. Divinité. Élégant. Esthétique. Grâce. Idole. Joli. Séduisant. Sculptural. Somptueux. Venus. Vieux beau

Expressions: Belle comme le jour. Belle comme un ange. La beauté du diable. Être bien tournée. Finir en beauté. Le bel âge. L’île de beauté. Se faire une beauté. Pour la beauté du geste. Une belle prestance. Un bel esprit. Un prix de beauté.

Article TLF/Beauté: Qualité de ce qui est beau. Il se dit en général de ce qui touche et charme les sens, l’esprit, l’âme, de ce qui est excellent en son genre. La beauté de la terre, des fleurs, des eaux, des arbres. La beauté d’une ville, d’un édifice. La beauté d’un tableau, d’une statue. La beauté d’une étoffe. La beauté d’une couleur. La beauté d’une voix, d’un concert. La beauté d’un spectacle, d’une fête. La beauté du style, des pensées. La beauté d’un ouvrage, d’un poème. La beauté des sentiments ; La beauté d’une découverte. C’est là ce qui en fait la beauté. Il se dit particulièrement, en parlant des personnes, d’un ensemble de formes, de proportions et de couleurs qui plait et qui fait naître l’admiration. La beauté du corps. La beauté du visage. La beauté de la taille, des formes. La beauté d’une femme. Une femme qui a soin de sa beauté. La beauté se passe en peu de temps. … Sa beauté est fanée….

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«  La beauté nous stimule, elle provoque une jubilation qui peut donner un sens à la vie » (Isabelle Assoun. Intervention, débat : La beauté sauvera t-elle le monde ? 11/12/2021)

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« Est beau, ce qui sans concept, est l’objet de la satisfaction de l’esprit »  (Kant)

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« Si tu étais plus belle, je me serais déjà lassé. Tandis que là, je ne me suis pas encore habitué ». (R. Devos)

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 « La beauté sauvera le monde » (Réplique d’un personnage de l’idiot, de Dostoïevski)

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 « L’unicité du temps que nous connaissons bien en tant qu’humains, fait que parfois la beauté à quelque chose de tragique, car nous savons qu’elle peut être comme nous, éphémère »

 « C’est que le beau dépend de nous ; il est la forme sensible de tout ce que nous aimons. [….] Les naturalistes voudraient nous rendre la vie haïssable, tandis que les idéalistes  cherchaient à l’embellir. Il y a chez les hommes un incessant désir, un perpétuel besoin d’orner la vie et les être. Madame Sand a dit di bien : « Par une loi naturelle, l’esprit humain ne peut s’empêcher d’embellir et d’élever l’objet  de sa contemplation » Pour embellir la vie, que n’avons-nous pas inventé ? Nous nous sommes fait de magnifiques habits de guerre et d’amour et nous avons chanté nos joies et nos douleurs ? Tout l’effort intense des civilisations aboutit à l’embellissement de la vie. La naturalisme est bien inhumain : car il veut défaire ce travail de l’humanité entière; Il arrache les parures, il déchire les voile… » (Anatole France. La vie littéraire, 1 ère série. Article: Georges Sand et l’idéalisme dans l’art.. Cercle du bibliophile. 1970)

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« A la beauté on pardonne tout, même la vulgarité ». (Muriel Barbery. L’élégance du hérisson)

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Dans une œuvre « L’attentat » d’Amélie Nothomb, le personnage principal est laid, il le sait, il l’assume, et depuis l’enfance on l’appelle « Quasimodo » ; et il raconte : « Et puis, il y a une volupté à être hideux. Par exemple, nul n’a autant de plaisir que moi à se balader dans la rue. Je scrute les visages des passants, à la recherche de cet instant sacré où j’entrerai dans leur champ de vision. J’adore leurs réactions, j’adore la terreur de l’un, la moue révulsée de l’autre, j’adore celui qui détourne son regard tant il est gêné. J’adore la fascination enfantine de ceux qui ne peuvent me lâcher des yeux »    

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« Le beau est surtout dans ce qui relève de la vue, mais il est aussi dans les sonorités lorsqu’elles sont des compositions de mots et, d’une façon générale, il est dans tout ce quia trait aux muses. Et, de fait, les chants et les rythmes sont beaux. Et pour ceux qui abandonne la sensation pour s’élever vers ce qui est en haut, sont belles aussi les occupations, les actions, les dispositions acquises et les sciences, sans parler de la beauté des vertus. S’il y a une beauté antérieure à tout cela, notre exposé le montrera.

Qu’est-ce qui fait apparaître beaux les corps et qui surprend notre ouïe aux sonorités lorsqu’elles les trouvent belles…. »  

« Pour les objets visibles et pour tous les autres, être beau, c’est être bien proportionné et tout à fait conforme à une mesure. De ce point de vue, rien de simple ne sera beau, mais seulement nécessairement, ce qui est composé. Le tout sera beau, alors qu’aucune des parties par elle-même ne sera belle. Il faut pourtant que si le tout est beau, les parties le soient aussi. Une totalité de parties belles n’est certainement pas faite de parties laides….. »   (Sur le beau. Plotin. 205/270)

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« A quoi tient le pouvoir de la beauté »

La beauté est une orange

Sans fard elle se mange

Sans art elle se venge

La beauté est une longe

Sans dard elle s’allonge

Sur le tard elle prolonge

Les actes manqués

Les tracs avortés

Les pactes condamnés

La beauté s’oublie

La beauté s’ennuie

La beauté s’essuie

Elle est l’excuse

Elle est la ruse

Et puis la muse

Des amis enflammés

Des amants dédaignés

Et du temps piétiné

Elle est la chaîne

Elle est la reine

Elle est l’enseigne

Lorsqu’elle se déguise

Lorsqu’elle s’épuise

Lorsqu’elle s’amenuise

La beauté est regret

La beauté est secret

La beauté est décret

Et lorsqu’elle est mûre

Lorsqu’elle est sûre

Lorsqu’elle est pure

Dépouillée de ses artifices

Elle se glisse et s’affiche

S’assume et persiste

Je suis l’alpha et l’oméga

L’alpiniste du yoga

La saga qui rend gaga

Florence Desvergnes

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La nature n’a-t-elle pas créé la beauté humaine qu’à des seules fins reproductrices ?  « Le sentiment amoureux peut être considéré comme une ruse de la nature destinée à nous inciter à nous reproduire.  » (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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Ce que nous nommons beauté, cette notion de beauté, ne serait-elle qu’un ensemble de jugements a priori sur une échelle de valeurs construite presque indépendamment de nous-mêmes, sur des normes, des « canons » imposés de générations en génération. Pourquoi ne suis-je pas éperdument amoureux de la Vénus de Pufendorf.

Comment peut-on définir comme beau une montagne accidentée, et trouver monotone, presque laid, une plaine uniforme. La beauté peut-être n’est pas purement un principe esthétique pré-établi, mais, comme nous le dit Kant, esthétique transcendantale, que ce qui chez nous crée une émotionsuivant un processus que nous ne pouvons clairement analyser.

Cette notion de beauté nous le savons tous est, on ne plus subjective, nous sommes face à une variable : telle femme sera de grande beauté chez les Chinois, tel homme sera beau chez  les Africains, et cette femme que nous regardons avec curiosité est d’une grande beauté chez les Inuits. Serions-nous, Messieurs,  attirés par une beauté à l’état brut de l’âge des cavernes, seriez-vous Mesdames séduites par un beau spécimen néanderthalien ? (Luis)

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« Je ne reconnais en aucun homme d’autre signe de supériorité que la beauté. Là où je la trouve, là est mon foyer »  (Beethoven)

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Les yeux seraient « la fenêtre de l’âme », de beaux yeux ne peuvent pas, ne pas refléter une réelle beauté intérieure.  Ils peuvent appartenir à une âme noire, ils peuvent être trompeur, la beauté fait des leurres, on parle même de la « beauté du diable », une beauté à laquelle on sait que l’on peut se brûler et qui néanmoins vous attire. (Luis)

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La beauté entend t-on parfois est liée à ce qui est bien, ce qui opposera le mal à la beauté. Mais les déchaînements des forces de la nature qui entraîne souvent les plus grands maux, tempêtes, orages, voire, éruptions volcanique, une mer forte, houleuse,  ont quelque chose de beau, une beauté dangereuse qui parfois nous fascine

Nous pouvons voir de la beauté là où il y a à la fois cruauté, sentiment qui devrait exclure toute idée de beauté et pourtant, l’image du Pélican, dans la légende du Pélican nous semble d’une beauté suprême…

On serait tentés de dire : la beauté en soi n’existe pas, elle n’est qu’un concept lié à notre jugement en un lieu, dans un époque,  dans une société, Le concept du beau n’est pas dans la création. (Luis)

 » Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté, le grand beau, le to kalon. Il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun.

Interrogez le diable ; il vous dira que le beau est une paire de cornes, quatre griffes, et une queue. Consultez enfin les philosophes, ils vous répondront par du galimatias » (Voltaire. Dictionnaire philosophique)

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« Ma mère arrête tes prières,

ton Jacques retourne en enfer,

Mathilde est revenue !

…………

Mon cœur arrête de répéter,

Qu’elle est plus belle qu’avant l’été.

La Mathilde est revenue !

………….

Amis, ne comptez plus sur moi,

Je crache au ciel encore une fois.

Ma belle Mathilde, puisque t’vlà !

Jacques Brel. Mathilde.

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« Parfois destructrice, elle peut nous enlever tout sens commun ; je tombe en amour, je tombe en dépendance, mais…

« Pour un regard d’elle, je donnerai la terre !

Pour un sourire d’elle, je donnerai le ciel !

Mais pour un baiser, que donnerais-je pour un baiser ? »

Antonio Machado.

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Les pyramides symbole de puissance d’une civilisation, éternelles beautés. Versailles tout l’éclat de la beauté architecturale d’une époque ; des chefs d’œuvre, et à quel prix ? « Les grandes eaux de Versailles ont coûté plus de vie que la Révolution française de 1789 » (Balzac. La peau de chagrin)

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Les poètes et chanteurs ont souvent rendu hommage à la beauté, mais aussi parfois à la laideur

Il était laid, les traits austères,

la main plus rude que le gant.

Mais l’amour a bien des mystères,

et la nonne aima le brigand.

On

voit des biches qui remplacent

leurs beaux cerfs par des sangliers.

(Victor Hugo. La légende de la none)

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        « Carmen est maigre, un trait de bistre

cerne son œil, gitana.

Ses cheveux sont d’un noir sinistre,

sa peau le diable la tanna.

………

Les femmes disent qu’elle est laide,

mais tous les hommes en sont fous,

Et l’archevêque de Tolède

lui chante la messe à genoux »

(Théophile Gauthier. Carmen)

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« Je comprends d’instinct que sans la beauté, la vie ne vaut probablement pas la peine d’être vécue »  (François Cheng)

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« Là ! Là ! Je suis le miroir, ton miroir aux alouettes, je te tiens ! Et si le miroir se mettait à mentir ? OUI, si je fermais les yeux, si je refusais de te regarder que ferais-tu de toute cette beauté ? N’aies pas peur… »   (Huis clos. Jean Paul Sartre)           

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« Le beau est sans concept. Impossible de définir ce qui est beau en soi et de donner des règles. Le beau ne se justifie que par le plaisir que nous avons à voir les choses ». En clair : « le beau est ce qui plaît »  (Kant)

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« La beauté n’est pas une chose inhérente aux choses elles-mêmes, il existe seulement dans l’esprit qui la contemple et chaque esprit perçoit un beauté différente »  (La critique de la façon de juger. Kant)

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Phryné : Phryné était originaire de Thespies en Béotie. Elle s’est installée à Athènes en 371 avant notre ère. Cette ancienne marchande est alors devenue une courtisane  dont la grande beauté était louée par tous les hommes, elle a pour amants les hommes les plus illustres de son époque, elle est accusée de pratiquer des tarifs exorbitants.

Assez paradoxalement, Phryné signifie littéralement « crapaud ». Ce surnom lui aurait été donné à cause de son teint. Il n’empêche que ses seins étaient réputés comme étant de véritables merveilles. Accusée d’impiété, elle était sur le point d’être condamnée quand son avocat, Hypéride, eut l’idée de dévêtir sa cliente. Les juges, émerveillés par tant de splendeur, renoncèrent à la condamner.

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« La beauté est redoutable quand elle utilise des fins mercantiles. La Joconde sur une boite de sucre, c’est attristant !»  ( ?)

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« Ainsi Platon s’interroge dans l’Hippias majeur….sur la notion de beauté. Ce dialogue est aporétique, c’est ç à dire, qu’il ne dégage aucune réponse satisfaisante à la question posée. Cependant il montre les impasses dans lesquelles s’engagent les réponses spontanées du sophiste Hippias. En se contentant de donner des exemple des « choses belles », Hippias manque l’essence de la beauté, le critère universel du beau, ce qui rend les choses belles : l’idée du beau ; Socrate propose ensuite plusieurs hypothèses, en réduisant le beau à des qualités générales plus connue : l’utilité, ou la faculté de produire un plaisir sensible, et montre à chaque fois que l’on peut toujours trouver des contre exemples réfutant ces hypothèses ; Ce n’est que dans d’autres dialogues ( le banquet, le Phèdre, ou le Philèbe), que Platon apporte une réponse positive à la question… Il découvre le fondement du beau dans le bien, plus exactement dans la perfection de l’être… »  (Article « Beauté » Encyclopédie de la philosophie. Poche)

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