Calomnie
Le Grand Robert de la langue française : Imputation mensongère qui attente à la réputation, à l’honneur de quelqu’un.
Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : C’est dire du mal qui n’est pas ; la calomnie est un mensonge malveillant, ou une méchanceté mensongère. Double faute. Plus coupable que la médisance (dire du mal qui est), et moins agréable
Dictionnaire de l’académie française ( 8ème édition) : Emprunté au latin « calumnia », chicane, accusation injuste.
Accusation mensongère qui blesse la réputation et l’honneur. Une grossière, une sournoise, une basse calomnie. Se répandre en calomnie.
Utilisation systématique de ces allégations mensongères en vue de discréditer quelqu’un. Être victime de la calomnie, être en butte à la calomnie. « L’air de la calomnie » célèbre morceau de l’opéra que Rossini a tiré de la pièce de Beaumarchais, « le barbier de Séville ».
Synonyme : Médisance. Accusation. Allégation. Cancan. Diffamation. Mensonge. Ragot. Rumeur.
Contraires : Apologie. Eloge. Louange. Glorification.
Par analogie : Allégation. Calumnia. Corbeau. Crédulité. Dégrader. Dénaturer. Délation. Dénonciation. Déshonorer. Doute. Fake news. Fausse nouvelle. Infamant. Honneur. Imputation. Injurieux. Inique. Insinuation. Lettre anonyme. Malveillance. Méchanceté. Médire. Mentir. Mensonge. Noircir. Panégyriste. Poison. Réputation. Rumeur. Salir. Soupçon. Venin.
Expressions: Casser du sucre sur le dos de. Dire du mal de quelqu’un. Faire courir le bruit. Faire des cancans. Traîner dans la boue.
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« Depuis que je suis né, j’ai vu la calomnie
Exhaler les venins de sa bouche impunie »
Voltaire.
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Dans le film « Doute » (de John Patrick Shanley. 2008) un curé est victime de la calomnie. Lors du sermon du dimanche il raconte une histoire qui est destinée en premier à la personne qui fait circuler la rumeur à son sujet.
Il est en chaire :
Un femme (dit-il) se confesse et dit au curé. – J’ai répandu une fausse nouvelle et je ne sais comment arranger, cela, je me repends de cela.
Le curé lui répond : – demain vous monterez sur le toit de la maison avec un oreiller en plume et un couteau. Arrivée en haut vous crèverez l’oreiller, et laisserez les plumes tomber à terre, s’envoler.
– Et puis après Monsieur le curé.
– Après, vous descendrez, et vous ramasserez toutes les plumes.
– Mais c’est impossible de les rattraper toutes.
– Vous voyez vous, c’est cela la rumeur
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« D’abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l’orage, pianissimo, murmure et file, et sème en courant, le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano piano piano, vous le glisse à l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforsando de bouche en bouche il va, le diable. Puis tout à coup, ne sait comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? » (Beaumarchais. Le barbier de Séville)
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« On calomnie quelqu’un, lorsqu’on lui impute des défauts et des vices qu’il n‘a pas. La calomnie est un mensonge odieux que chacun réprouve et déteste, ne fut-ce que par la crainte d’en être quelque jour l’objet. Mais souvent tel qui la condamne, n’en est pas innocent lui-même : il a apporté des faits avec infidélité, les a grossis, altéré ou changés, étourdiement peut-être, & par la seule habitude d’orner ou d’exagérer ses récits.
Un moyen sûr, & le seul qui le soit, pour ne point calomnier, c’est de jamais médire.
Transportez-vous en esprit dans quelque monde imaginaire, où vous supposerez que les paroles sont toûjours l’expression fidèle du sentiment & de la pensée ; où l’ami qui vous fera des offres de service, soit en effet rempli de bienveillance ; où l’on ne cherche point à se prévaloir de votre crédulité, pour vous repaître l’esprit de sables ; où la vérité dicte le discours, les récits & les promesses ; où l’on vive par conséquent sans soupçon & sans méfiance, à labri des impostures, des perfidies & des délations calomnieuses : quel délicieux commerce, que celui des hommes qui peupleroient cet heureux globe.
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« L’église, dit le célèbre M. Pascal, a différé aux calomniateurs, aussi-bien qu’aux meurtriers, la communion jusqu’à sa mort. Le concile de Latran a jugé indignes de l’état ecclésiastique ceux qui ont été convaincus , quoiqu’ils fussent corrigés ; & les auteurs d’un libelle diffamatoire, qui ne peuvent prouver ce qu’ils ont avancé sont condamnés par la pape Adrien a être fouettés, flagelentur »
L’illustre auteur de l’esprit de loix, observe que chez les Romains, la loi qui permettoit aux citoyens de s’accuser mutuellement, & qui était bonne selon l’esprit de la république, où chaque citoyen doit veiller au bien commun, produisit sous les empereurs une foule de calomniateur. Ce fut Sylla, ajoûte ce philosophe citoyen, qui dans le cours de sa dictature, leur apprit, par son exemple, qu’il ne fallait point punir cette exécrable espece d’homme.
Les athéniens réverent : Apelle, le peintre le plus fameux de l’antiquité en fit un tableau dont la composition suffiroit seule pour justifier l’admiration de son siecle : on y voyoit la crédulité avec de longue oreilles, tendant les mains à la calomnie qui alloit à sa rencontre; la crédulité étoit accompagnée de l’ignorance & du soupçon ; l’ignorance étoit représentée sous la figure d’une femme aveugle : le soupçon, sous la figure d’un homme agité d’une inquiétude secrette, & s’applaudissant tacitement de quelque découverte. La calomnie, au regard farouche, occupoit le milieu du tableau ; elle secoütoit une torche de la main gauche, & de la droite elle traînoit par les cheveux l’innocence sous la figure d’un enfant qui sembloit prendre le ciel à témoin : l’envie la précédoit, l’envie aux yeux perçans & au visage pâle & maigre ; elle étoit suivie de l’embûche é de la flatterie : à une distance qui permettoit encore de discerner les objets, on appercevoit la vérité qui s’avançoit lentement sur les pas de la calomnie, conduisant le repentir en habits lugubres. Quelle peinture ! les Athéniens eussent bien fait d’abattre la statue qu’ils avoient élevée à la calomnie, & de mettre à sa place le tableau d’Apelle ». (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Article : Calomnie)