Censure
Le Grand Robert de la langue Française : Interdire la publication d’un livre, d’une pièce de théâtre, d’un film, une émission de radio, de télévision.
Exercer un contrôle sur un écrit, une œuvre soumise au public
Psychologie: Refoulement dans l’inconscient des éléments de la vie psychique que la société, les parents (ou leur image – surmoi) ne tolèrent pas. C’est la censure qui empêche qu’on se souvienne de certains rêves.
Dictionnaire de français Littré : Examen des écrits, journaux, pièces de théâtre, dessins, faits avant qu’ils paraissent, par des agents du gouvernement. Les journaux furent soumis à la censure
Dictionnaire de la psychologie, Werner D. Frölich : Notion forgée par Freud pour exprimer de façon imagée le fait qu’un agent endopsychique de type sélectif empêche, à la manière d’une barrière, certaines impulsions et certains contenus mnésiques ou représentatifs refoulés de devenir conscients. (Censure du moi)
Synonyme : Anastasie. Défendre. Interdire.
Contraires : Liberté d’expression.
Par analogie. Auto censure. Appropriation culturelle. Autodafé. Blâme. Blasphème. Barrer. Bonnes mœurs. Caviarder. Charlie hebdo. Contrôle. Iquisition. Libelles. Mise à l’Index. Moralité. Moraline. Obscénité. Ouvrages licencieux. Privilège du roi. Pudeur. Pudibonderie. Tracts.
Psychanalyse : Refoulement de souvenirs.
Nom donné à la fonction mentale qui fait obstacle à la manifestation naturelle des désirs ou des images soumises au refoulement, et qui se manifeste proprement par des lacunes, des déguisements, dans transformations symboliques dans les faits conscients qui y correspondent. (Cité dans : Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande)
*
« La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est le droit impropre, malhonnête et déloyal. J’accuse la censure ! ». (Victor Hugo. Correspondance 1830)
*
« La censure est un peu comme le Diable, selon André Gide. Partout et nulle part, évanescente, dès qu’on veut la saisir, bien matérielle pourtant par la trace de ces actes, comme le Diable elle finira même par nous faire croire qu’elle n’existe pas, et c’est là, sa plus grande force. Comme le Diable, on parle d’elle, c’est parler contre elle […] Bien avant que Gill ne la baptise Anastasie, elle avait déjà mauvaise réputation. Gill, dresse aussi sa biographie : Censure (Anastasie) illustre engin liberticide français, née à Paris sous le règne de Louis XIII. Elle fille naturelle de Séraphine Inquisition. Le pape Alexandre VI a été un de ses premiers pères, il a laissé un petit manuscrit intitulé : Guide du parfait censeur, à l’aide duquel Anastasie allait faire son éducation. Voici quelques extraits de cet intéressant ouvrage :
1° La censure est l’art de découvrir dans les œuvres littéraires ou dramatiques, les intentions malveillantes.
2° L’idéal est d’y découvrir les intentions, même quand l’auteur ne les pas eues.
3° Un censeur capable, doit à première vue, déterrer dans le mot ophicléide, une injure à la morale
4° La devise du censeur est : coupons, coupons, il en restera toujours quelque chose.
5° Le censeur doit être persuadé que chaque mot d’un ouvrage, contient une allusion perfide. Quand il parviendra à découvrir l’allusion, il coupera la page. Quand il ne la découvrira pas, il la coupera aussi, attendu que les allusions les mieux dissimulées sont les plus dangereuses.
Ce texte drôle publié dans « l’Éclipse » le 1er juillet 1874, est moins léger qu’il n’y paraît. Presque tous les arguments contre la censure, y sont recensés » (Jean-Jacques Brochier. Les Arguments contre la censure)
Avec le pouvoir temporel, pouvoir absolu en France, avec le pouvoir spirituel de l’Eglise, est instauré dès les premiers ouvrages imprimés, la censure. Le Parlement de Paris interdira de nombreux ouvrages, les docteurs de la Sorbonne feront interdirent de nombreux ouvrages.
Jusqu’à la Révolution on peut voir sur la page de titre avec le nom de l’imprimer « avec le privilège royal », ce qui signifie que chaque écrit est soumis à une commission de censure ; en 1741 il y avait soixante seize censeurs officiels. Les courriers de même, ont l’objet d’un contrôle.
J’ai trouvé dans un récent numéro du Journal du dimanche un article traitant de ce sujet de censure. C’est à partir d’une interview de Philippe Val, journaliste, ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo. L’article avait pour titre : « L’enfer de Val ». Ce dernier vit 24 heures sur 24, sous la protection policière.
Il est menacé de mort pour avoir demandé que soit retiré du Coran l’appel à tuer des incroyants, des juifs, des catholiques. Et d’autres personnes sont également protégées par la police pour avoir osé s’exprimer face aux islamistes.
Cela finir par créer un climat où il y a de l’auto censure, on ne peut plus débattre de certains sujets, ou alors on prend le risque qu’on vous tombe dessus. Entre une époque où on pouvait tout dire (il était interdit d’interdire), et notre époque, (où souvent on se tait), on est un peu passé d’un extrême à l’autre. Et je pense aux personnes sous protection policière qui ne connaissent plus le bonheur de marcher seul dans la rue. (Luis)
*
La censure qui a le plus marqué l’histoire de France et d’Europe fut l’Inquisition, et l’inscription à l’Index de nombreux ouvrages ; L’index fut un catalogue où étaient inscrit les écrits interdits par l’Eglise. Interdits parce que dangereux pour l’Eglise, blasphématoires, ou licencieux.
Longtemps les curés annonçaient les ouvrages mis à l’Index, et les paroissiens qui auraient détenu l’un de ces ouvrages, devant le rendre au curé, qui le brûlait.
Cet Index fut créé lors du concile de Trente en 1559, sa suppression est intervenue en 1966, seulement.
Parmi les ouvrages, auteurs mis à L’Index, on trouve (liste non exhaustive) Rousseau. Spinoza, Locke, Nietzsche…il est à noter que Mein Kampf n’a pas été inscrit à l’Index (Luis)
Nous avons connu dans un temps plus moderne, la censure dans le domaine de la chanson : les plus connues sont : La chanson de Craonne – Ma France – Le déserteur – Nuit et brouillard – Le gorille – e t’aime moi non plus – Inch’allah – Les ricains – etc.
Nous avons de moins en moins de censure dans le domaine de la création artistique. On ne relève que de très rares chanson, textes de rappeurs, qui soit appellent à « tuer des flics », ou, à « tuer les bébés blancs » (Rappeur Nick Konrad. 2019) (Luis)
*
Il y a trois sortes de censure.
La première, l’interdiction formelle, la saisie des ouvrages, les ciseaux d’Anastasia, le pilon, le feu…
La seconde, est l’occultation par les circuits de diffusion, où alors, on diffame sans en citer le moindre contenu, on désigne l’auteur comme « mal pensant » à la vindicte populaire …
La troisième, est souvent la résultante de deux précédentes ; c’est l’auto censure, la crainte de l’expression, l’enfermement dans le politiquement correct. (Luis)
Et aujourd’hui on innove une nouvelle forme de censure. Des étudiants d’université aux États-Unis : au nom de la « sécurisation psychologique », mettent en demeure les enseignants de ne pas leur présenter des ouvrages qui dans un aspect particulier pourrait les traumatiser, réveiller une blessure psychologique. Les universités états-uniennes étant devenues des entreprises concurrentes, elles cèdent à la pression des enfants des riches parents. A ce titre ils peuvent obtenir un droit de s’abstenir de lire tel ou tel ouvrage…
Et on n’arrête pas le progrès, puisque de nouveaux interdits se développent avec « l’appropriation culturelle ». Un acteur blanc maquillé pour jouer le rôle d’un personnage noir, devient un vol identitaire. Au nom de m’appropriation culturelle, Othello ne saurait être autre que noir. Nietzsche n’a éradiqué la « moraline ».
Au final, j’en suis à cinq sortes de censure. (Luis)