Chance
Grand Robert de la langue française : De « cadere », tomber. Façon dont tombent les dés. Manière heureuse ou malheureuse dont les choses les événements se produisent.
Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande : L’une des manières dont peut se produire un événement aléatoire.., il est clair que le nombre de chances possibles ne changera pas, non plus que celui des chances favorables à l’extraction de la boule noire.
Chance favorable : souvent avec l’idée qu’il existe (soit momentanément, soit d’une façon constante pour un individu donné) une sorte d’influence occulte déterminant l’arrivée fréquente de chances heureuses
Un joueur ne croira pas avoir gagné par hasard, il croit » « avoir eu de la chance »
Trésor de la langue Française : Tour favorable, mais de soi imprévisible et livré au hasard, que peut prendre ou que prend effectivement une situation ou un événement, issue heureuse ou malheureuse d’une situation donnée.
(La chance est considérée comme une force favorable) faveur accordée par le sort, condition d’une personne favorisée par le sort.
Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : C’est le tout venant du destin, quand il est favorable. Vivre en est une, et la première. L’erreur est de croire qu’on peur posséder la chance (quand c’est elle qui nous possède) ou la mériter (quand tout mérite la suppose) Inutile de la remercier. La chance n’est qu’un hasard qui réussit, et qui réussit par hasard.
Dictionnaire historique de la langue française. Le Robert. (Alain Rey) :
D’abord chaance (v. 1175) Caanche (v. 12200) est issu de l’évolution du latin cadencia participe présent pluriel de cadere « tomber » (choir) pris pour un féminin, propreme,t « action de tomber » spécialement employé en latin au jeu des osselets.
Le mot désigne le hasard qui peut faire réussir ou échouer dans une entreprise. D’abord neutre « bonne chance », male (mauvaise) chance comme heur, succès ou fortune. Il prend dès l’ancien français un sens favorable au singulier en s’opposant à son composé malchance…
La chance se défini comme une aptitude à réussir sans s’impliquer, éventuellement sans le mériter […] On dit plaisamment d’un échec sans raison connue, « c’est la faute à pas de chance »…
Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Chance (bonheur) termes relatifs aux évenemens ou aux circonstances qui ont rendu & qui rendent un homme content de son existence : mis bonheur et plus général que chance ; il embrasse presque tous les évenemens. Chance n’a guère de rapport qu’à ceux qui dépendent du hasard pur ; ou dont la cause étant tout-à-fait indépendante de nous, a pû & peut agir autrement que nous le désirons, sans que nous ayons aucun sujet de nous en plaindre. On peut nuire ou contribuer à son bonheur ; la chance est hors de portée ; on ne se rend point chanceux ; on l’est ou on ne l’est pas. Un homme qui jouissoit d’une fortune honnête, a pû joüer ou ne pas joüer à pair ou non ; mais toutes ses qualités personnelles ne pouvoient augmenter sa chance.Atot
Synonyme : Atout. Aubaine. Auspices. Baraka. Bonheur. Bonne étoile. Dame fortune. Fortune. Heur. Succès. Veine. (Argot) Pot. Vase…..
Contraires : Débine. Déveine. Guigne. Malchance. (Argot): Poisse. Scoumoune.
Par analogie : Aléatoire. Amulette.Bol. Bomme chance. Chanceux chanceuse. Bonne chance. Bonne main. Chanceux/Chanceuse. Destin. Evénement. Eventualité. Fer à cheval. Gri Gri. Gros lot. Hasard. Jeu de hasard. numéro treize. Porte bonheur. Porter chance. Loto. Possibilité. Probabilité. Réussite. Roue de la fortune. tenter sa chance. Tirage au sort. Trèfle à quatre feuilles. Veinard/ Veinarde.
Expressions: Avoir de la chance. Avoir du bol. Au petit bonheur la chance. C’est la faute à pas de chance. Concours de chance. Courir sa chance. Croiser les doigts. La chance sourit aux audacieux. Tenter sa chance. Tirer le bon numéro. Toucher le gros lot. Une chance de cocu (Populaire)
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« Naître avec de bons gènes ou des parents riches ». La loterie du sperme. (Georges Soros)
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Croire à la chance, y croire encore quand tout va mal, quand elle est « aux abonnés absents », quand cela ne va pas très bien, que l’on passe par une phase difficile, généralement, cela tient à une main prise avec affection, avec amour; cela tient au sourire de ceux que l’on aime; cela tient à un rire d’enfant; cela tient à un rayon de soleil…. Croire à la chance, croire encore à la chance, c’est cette source vitale qui est en nous, qui souvent nous tient debout et qui nous fait croire à la vie. Croire à la chance, c’est croire à la vie. (Luis)
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Un homme voulait se pendre :
Il trouve de l’or et laissa son lacet.
Et l’autre, qui ne trouvait pas son or,
Vit le lacet et se pendit. »
Platon (cité par Diogène Laërce)
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« L’univers fait une espèce de loterie dont le présent serait le gros lot ». (A.C-Sponville).
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Une publicité pour le loto Euro million disait : « 100% des gagnants ont tenté leur chance ». Au-delà de cette tautologie, on peut retenir que dans bien des situations, « qui ne tente rien, n’a rien », donc qu’il faut provoquer la chance « tenter sa chance » , essayer de « mettre la chance de son côté » et peut-être, si « la chance vous sourit aux audacieux » alors vous pourrez « saisir votre chance ». (Luis)
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La chance et les femmes
Son tdes folles de la même veine
Elles aiment ceux qui ne les aiment pas
Antonio Machado.
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On emploie tous (plus ou moins) ce mot chance dans un mauvais sens lorsque nous disons il une chance que. On entendra même il y a une chance que ça tourne mal. Alors on utilise le mot comme passe partout, alors que dans ce cas cité, il faudrait dire, il y a le risque que ça tourne mal. (Luis)
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Vous pouvez acheter sur Amazon un fer à cheval, un des plus anciens porte chance
L’argument de vente dit : « Il s’agit d’un porte bonheur puissant, il repousse le mauvais œil, et les sorcières »
Le fer à cheval comme symbole de chance de protection, est cité pour la première fois par Pline l’Ancien. Les chrétiens vont y voir la symbolique dans sa forme de C, comme le Christ »
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Le trèfle à quatre feuilles est aussi un des principaux symboles de la chance.
L’origine de cette croyance a diverses sources (Voir sur ce sujet le texte intéressant sur Wikipédia)
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Paroles (traduction en Français) de la chanson
Vida
Personne ne choisi sa famille
Ou sa race lorsqu’il naît.
Ni être riche, pauvre, bon, mauvais
Courageux ou lâche.
Nous naissons d’une décision
Où, nous ne fûmes pas consultés
Et personne ne peut nous promettre les résultats
Lorsque nous naissons, nous ne savons
Même pas notre nom,
Ni quel sera notre voie
Ni ce que nous cache le futur
Et entre le baptême et l’enterrement
Chacun se fait un chemin,
Et avec ses décisions, un destin.
Nous sommes une donne de plus
D’un jeu initié par d’autres
Et chacun va la risquer
Selon la main qu’il a héritée
La vie est une porte
Où l’on ne te fait pas payer pour entrer
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Musique de Rubén Blades. Paroles de Julio Iglesias
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Introduction au débat: “ Faut-il croire à la chance? ”
Il y a des jours où la chance fait parler d’elle. Le 8 novembre de cette année 2012, impossible d’éviter ce qui fait “ la une “ des journaux : un joueur a gagné 170 millions d’euros à l’Euro Millions, soit quatre tonnes d’or, disent les journaux pour impressionner encore plus les lecteurs. Nul doute que celui qui a joué croyait qu’il avait une chance infime dans le cadre d’une vaste probabilité.
Nous n’avons pas tous la même définition de ce mot « chance ». On peut considérer comme une chance d’être au monde, puisque je suis contingent ; comme pour le gagnant de l’Euro Millions, mes chances de venir au monde étaient sûrement de l’ordre de 1 sur plusieurs milliards.
La chance est une dame capricieuse. Elle a été symbolisée sous le terme de « dame Fortune » ; dame Fortune a un bandeau sur les yeux ; elle est aveugle. Elle donne au hasard, mais elle n’est pas “le hasard” pour autant. Car, c’est le hasard qui définit pour la plus grande partie la chance, les chances au départ, ou encore, les chances tout au long de la vie. Nous sommes tous égaux devant la chance, sauf que, comme nous aurait dit Coluche, “ certains sont plus égaux d’autres” (devant la chance). L’enfant qui est né hier soir à 19 h 45 dans une clinique de Versailles a déjà plus de chances pour sa vie à venir, que celui qui est né ce matin à 6 h 30 dans le bidonville de Bamako. Entre les gènes hérités, le milieu de notre naissance, c’est la loterie de la vie.
On confond souvent chance et éventualité, chance et réussite. La réussite, c’est le résultat de quelque chose qui a été entrepris, où la chance a pu jouer un rôle plus ou moins prépondérant.
Marcel Achard nous dit, avec humour : “La chance existe. Sans cela, comment expliquerait-on la réusssite des autres ?”
Croire à la chance, c’est parfois un premier pas pour attirer son regard (bien qu’on la dise aveugle). Je veux dire par là que, pour entreprendre quelque chose, il faut y croire, parfois y croire avec force. “La chance” (“la fortune”), dit-on, “sourit aux audacieux”. Il faut, pour cela, oser épouser les circonstances, s’engager sur des opportunités, prendre des risques, autrement dit “tenter sa chance” et voir, selon une expression aujourd’hui tombée en désuétude, si, à cette dame, on a « l’heur de lui plaire ».
Pour signifier la chance, nous avons tout un vocabulaire, qui va de “naître avec une cuiller en argent dans la bouche” jusqu’à des expressions curieuses, lesquelles, il y a de fortes chances, seront évoquées dans ce débat, comme sera évoquée la chance en tant que commerce et parfois exploitation de la crédulité et en tant que partie du domaine de la superstiton, des diverses croyances (croyances d’hier) et de l’occultisme (croyances d’aujourd’hui). Enfin, nous évoquerons sûrement toutes les diverses représentations symboliques de la chance, que tous nous connaissons. (Luis)
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« Je crois en la chance, maître de mon destin, créatrice de tout ce qui choit, qui déchoit et qui échoit en cet univers.
Je crois en cette seule collision improbable, qui procède de toutes les collisions improbables en des siècles et des siècles et qui se révèle dans le présent.
Je crois dans une discrète loi de probabilité, dont l’espérance est génératrice de l’indépendance de mon petit paramètre.
Je crois, si les conditions sont réunies, aux moments où la chance passe, comme un fantôme fugitif qu’il faut saisir à bras le corps ou laisser filer dans les variables d’une distraction salutaire.
Je crois en la somme des actes manqués, lorsque la chance est posée comme une donnée hypothétique. La courbe de l’existence est une fonction croissante crucifiée au firmament de l’invention éternelle d’un chemin imprévisible.
Je crois en la boucle sempiternelle de l’approximation des trajectoires qui s’enroulent et se croisent dans la danse infinie des mémoires écrites et des mémoires incarnées dans la chair des hommes.
Je crois en la fonction génératrice des moments d’une loi de poisson. Je la suis sans y penser, elle dessine la beauté du monde.
Je crois en la circonstance, génératrice d’une variable aléatoire, créatrice de ses valeurs, fonction d’une éventualité, consubstantielle de tous les possibles.
Je crois dans le jugement du sort, où la chance est un coup de dès puisque les voies du ciel sont impénétrables…
Je crois dans l’impondérable posé sur la balance du destin, la chance fera les comptes au jour du jugement dernier.
Amèn ! Florence Desvergnes
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La chance peut devenir marchandise Elle peut être business pour les coaches, les gourous du développement personnel. Ainsi pour 12,72 € vous pouvez « saisir » la chance. Avec l’ouvrage « Eloge de la chance » de PH. Gabillet (Edition Saint Simon. 2012)
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L’argument de vente dit :…. « la chance est on ne peut plus simple ; la chance n’est pas une sorte de don magique réservé à un petit nombre mais bien une discipline de vie que chacun peut décider d’adopter. La chance est une façon de voir le monde et d’entrer en relation avec les autres ; elle est une façon de prendre des décisions…….. Bref, dans un monde chargé d’incertitudes et de remises en question, la chance apparaît comme l’une des manières les plus subtiles et élégantes de prendre (ou de reprendre) sa vie en mains ! » Luis)
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Débat : « Peut-on croire à la chance ? »
(Extrait) Dans la question « Peut-on croire en la chance ? », le mot « croire » est à prendre dans le sens, « mettre son espoir en ». Il ne peut s’agir d’une croyance « aveugle », comme dans le domaine métaphysique. La chance, dont on pourrait définir avec certitude la probabilité, cesserait d’être la chance ; son côté improbable en fait tout son attrait.
Cette idée de la chance doit remonter bien loin ; de tout temps, les hommes ont voulu s’attirer la chance. Nous en avons des exemples avec les sacrifices avant de grands combats, avant de grandes expéditions, pour s’attirer la bienveillance des dieux, ce qui est illustré dans l’Iliade par le sacrifice d’Iphigénie. Dans les mêmes circonstances, on consulte aussi les augures. Aujourd’hui encore, il existe de multiples activités qui consultent l’avenir, pour voir si la chance serait de notre côté.
La chance a ses symboles ; nous en connaissons tous, qu’ils aient ou pas un rapport avec une croyance, par exemple, l’expression “la bonne étoile” ou un « porte-bonheur », tels le « fer à cheval » (anciennement), “le trèfle à quatre feuilles” ou encore des numéros fétiches. La Française des Jeux bat tous les records à chaque vendredi 13, ce chiffre étant moins apprécié pour un repas (on connait l’histoire). (Luis)
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“Mieux vaut rater sa chance que de ne pas l’avoir tentée.” (Proverbe chinois)
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Débat : « Peut-on croire à la chance ? »
(Extrait) On s’inquiète surtout de la malchance. Combien de petits trucs, de stratagèmes n’a-t-on pas inventé pour essayer de s’en protéger, d’où nombre de superstitions.
La chance était tellement désirée qu’elle a toujours été un fonds de commerce pour nombre de marchands d’illusions, voire d’escrocs. Elle fait l’objet de commerce, de croyances, de superstitions. Parfois, des personnes très rationnelles font des petits trucs pour s’attirer la chance et éloigner la malchance : on évite de “passer sous une échelle”, on ritualise, “au cas où”, on a ses gris-gris, ses porte-bonheurs, accrochés au cou ou cachés dans un coin du portefeuille ou ailleurs. Dans une religion où les superstitions sont exclues, on met quand même, pour s’attirer les bonnes grâces divines, une « amulette » sur le linteau de la porte d’entrée de la maison : c’est la mazouza. La chance n’étant pas rationnelle, on peut, nous aussi, ne pas l’être à l’occasion: moi, j’ai ma “patte de lapin ”! (Luis)
Débat : « Peut-on croire à la chance ? »
(Extrait) Bien sûr, on ne croit pas plus à la chance qu’à la malchance, mais malgré tout, à tout hasard, “on croise les doigts” , “on touche du bois”.
On considère la chance comme quelque chose de positif, d’heureux, et, curieusement, on entend parfois des expressions comme : il y a de fortes chances pour qu’il aille à l’échec, il y a de fortes chances pour qu’il ne guérisse pas ; ces expressions sont paradoxales, car si il y a échec c’est plutôt la malchance. Il serait plus logique de dire: “le risque est grand qu’il aille à l’échec », ou, « qu’il ne guérise pas”. Il y a ainsi plein d’expressions où « chance » et « risque » s’utilisent indifféremment, par exemple : “ le risque de ne plus trouver de pétrole serait une chance pour la terre”, ou encore : « à partir du moment où Hitler n’avait pas obtenu son diplôme des beaux-arts à Vienne, il y avait des fortes chances (ou plutôt risques) pour que nous ayons la deuxième Guerre mondiale et la Shoah ». (Luis)
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“La chance d’avoir du talent ne suffit pas; il faut encore le talent d’avoir la chance.” (Hector Berlioz)
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Débat : « Peut-on croire à la chance ? » (Extrait) On peut considérer comme une chance le fait que régulièrement nous gagnons globalement des mois, voire des années de vie en plus. Certains peuvent même penser qu’on s’approche de la découverte du principe d’éternité. Allez! Cela serait pour dans 10 ans, dans 20 ans, un peu plus? Alors, on s’accroche, on a notre chance! Il faut tenir d’ici là, se conserver à tout prix dans les meilleurs conditions de santé, car ce serait vraiment trop bête de rater cette chance de l’éternité, comme l’expliquait récemment* à ce sujet le philosophe Roger-Pol Droit, “Ce serait trop bête de louper, à quelques encablures, le bateau de l’éternité”. (Luis))