Complot

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Affiche de propagande antiblolchévique diabolisant
Léon Trotski en diable rouge. 1919

Une étymologie (de P. Guiraud) dit : « dérivé du verbe «  com-peloter » mettre ensemble des petits bouts de corde  en les serrant autour de l’un d’eux »

Le Grand Robert de la langue française : Projet concerté secrètement  contre la vie, la sûreté de quelqu’un, contre une institution.

Manœuvre secrète pour nuire à quelqu’un dans quelque domaine que ce soit.

Trésor de la Langue Française : dessein secret, concerté entre plusieurs personnes, avec l’intention de nuire à l’autorité d’un personnage public ou d’une institution, éventuellement d’attenter à sa vie ou à sa sûreté.

Synonymes : Conjuration. Intrigue. Machination. Menée.

Contraires :

Par analogie : Antisémitisme. Attentat. Brigue. Cabale. Cause. Clabauderie. Cancan. Carabistouilles. Coalition. Commérage. Complotisme. Conjuration. Conspirationnisme. Coup d’État. Coup monté. Crédules. Dessein. Entente. Fake new. Fantasmes. Fronde. Frustrations. Gober. Information. Haine. Incohérences. IInternet. ntriguer. Libelle. Libelliste. Ligues factieuses. Manigance. Manipulation. Messes basses. Opinion. Ourdir. Paranoïa. Platistes. Preuve. Propagande. Propager. Projet. Protocole de Sion. Racisme. Réseaux sociaux. Ressentiments. Révolte. Rumeur. Ruse. Scoop. Secret. Secte. Sédition. Spéculation. Société ésotérique. Société secrète. Soupçon. Têtes plates. Think Tanks. Tramer. Volonté cachée.

Expressions: Démocratie des crédules. Il n’y a pas d’effet sans cause. Il n’y a a pas de feu sans fumée. Il y a anguille sous roche. On ne nous dit pas tout.

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L’étymologie qui parle de « mettre ensemble des petits bouts de cordes »,  n’est pas sans être en rapport avec ce que nommons les « théories du complot », lesquelles se créent à partir de petites suspicions, de légers doutes, les pseudo incohérences, (les petits bouts de corde » pour les esprits suspicieux, des publications qui confirment ce que vous soupçonniez déjà, tous ces biais de connaissance qui vont lier ensemble, pour démontrer et dénoncer « les complots »  (Luis)  

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Théorie du complot : Lecture et interprétation d’un fait qui se différencie de l’information officielle, ou scientifique, en prétendant apporter, avec une ou des preuves, d’une volonté de tromper les gens, de leur cacher la vérité. Dans les dénonciations de complot, on retrouve souvent ces expressions : «  pourquoi on ne nous parle jamais de… ? est-ce par hasard si. ? « On nous cache tout on nous dit rien / Plus on apprend, plus on ne sait rien / O nous informe vraiment sur rien  …. » Jacques Dutronc

 La théorie du complot naît inévitablement du soupçon, on soupçonne que pour une raison, x,  y, des personnes se soient entendues en vue d’une manipulation, soit en cachant une ou des  informations, soit en donnant de faux éléments.

Si l’on veut retenir deux des exemples les plus connus, on retiendra, le complot judéo maçonnique de l’affaire Dreyfus, et plus récemment, la destruction des Twin Towers (New York).  (Luis)

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Pourquoi les dérives du complot sont-elles aussi courantes ? Comment et pourquoi prennent-elles forme, et comment la rumeur s’installe-t-elle, enfle-t-elle parfois ?    Quand le cours des choses ne semble plus explicable, quand des décisions paraissent totalement injustes, sur des causes infondées, alors dans cette « démocratie des crédules »   revient le : « il n’y a pas d’effet sans cause » , « pas fumée sans feu », alors qu’y a-t-il derrière cela que je ne sais pas ? que nous ne savons pas : manigance, conjuration, complot ?                                              

    Parfois, et souvent la rumeur du complot est démontrée comme non existante, mais il en restera toujours quelque chose, ou des individus disant : vous ne me direz pas là, qu’il n’y avait pas « anguille sous roche », on a voulu nous cacher la vérité.

   Mais le complot peut avoir une forme qui n’est pas le fait de gens qui complotent entre eux, cela peut être un sentiment globalement partagé, telle la haine, tel le racisme, ainsi le complot antisémite des années 1930 dans de nombreux pays d’Europe,  dont hélas, la France ; on se souvient de l’affaire Dreyfus, et du complot judéo maçonnique, ceux-ci ont ouvert la voie à Auschwitz, et à  la Shoah.

   Et si vous eussiez interrogé les gens à cette époque des années trente, ils auraient refusé de penser qu’ils participaient à un complot.                                  

   Puis nous avons des relations qui donnent du grain à moudre aux « complotistes » : comment définir les relations incestueuses entre des dirigeants politiques, comme nos représentants siégeant à Bruxelles qui entretiennent des relations régulières avec les lobbies, qui rappelons-le au passage sont plus nombreux que les fonctionnaires de cet organisme européen. Puis sont souvent mises en causes des sociétés, des structures, qui peuvent donner du « grain à penser », comme pour : la Commission Trilatérale, la société du Mont Pèlerin, les think tanks, etc…       

Alors, entente, simple défense d’intérêts de classe, buts humanistes… ? La définition, le rôle,  reste pour un large public, très ambiguë, donc propre à susciter des fantasmes.                

    Dans ces théories du complot, il y a des gens qui « marchent ». Alors, quels sont ces gens qui marchent à tous les coups ? Ceux qui croient tout ce qu’on leur raconte ? Sont-ils un peu faibles ? (Luis)

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Dans son ouvrage : «  La judéophobie des Modernes » Pierre-André Taguieff, écrit : «  Le motif du complot juif […] se constitue historiquement autour de l’accusation d’empoisonnement des fontaines et des puits qui surgit en 1321en Aquitaine sous la forme de la fiction d’un complot judéo-lépreux. Durant l’hiver de cette année là, cette accusation de complot valu aux lépreux d’être massacrés avec l’aval du roi de France […] la chronique du monastère de Sainte-Catherine […] rapporte les faits en caractérisant, sur la base des aveux des lépreux, les deux thèmes d’accusation visant ces derniers : s’ils ont comploté, c’est à la fois pour tuer les non-lépreux et pour dominer le monde ».

Autrement dit, il y a toujours dans les complots.  Perdure cette l’idée qu’il y a, chez les complotistes une « volonté  cachée » qui cherche à dominer le monde.

Le complot juif, ainsi de médiéval qu’il était «… se transforme au cours du 19ème siècle en complot international sous le mode d’une refonte du complot maçonnique dénoncé par les théoriciens contre-révolutionnaires (d’où l’invention du « conflit judéo maçonnique), ou, sur celui, plutôt, du complot ploutocratique, ou capitaliste, illustré par la figure des Rothschild, (Ce qui donnera le complot judéo-capitaliste) (Ibidem)

  «  Cette vision complotiste, de la domination du monde par les Juifs, trouve son principal vecteur dans le célèbre « faux anti- juif », connu sous le nom de « protocole de Sion », qui est un document qui a été publié pour la première fois en Russie, dans un feuilleton d’un journal d’extrême droite, Znamia, dirigé à Saint Pétersbourg par l’agitateur anti- juif, Pavel ; et ce quelques mois après le pogrom de Kichinev, dont il avait été l’organisateur, et qu’il pouvait ainsi justifier ». (Ibidem)

Le « protocole de Sion » c’est un plan de conquête du monde établi par les Juifs, et qui  a été rédigé à Paris en 1901.  

Adolf Hitler y fait allusion  dans « My Kampf »  pour justifier la théorie du complot juif.  Et aujourd’hui tous les groupes antisémites et les djihadistes font référence à ce protocole de Sion.

Alors j’ai trouve également chez Pierre-André Taguieff des références très précises, et notamment sur la manière dont les djihadistes contemporains utilisent l’idée du complot, en développant deux thèses : « 1° La négation à l’existence de l’État d’Israël, et la volonté explicite de le détruire ; l’accusation de « racisme » visant les Juifs en tant que « sionistes ». Tout juif étant supposé être un « sioniste » jusqu’à preuve du contraire, à savoir l’engagement explicite, ou, plus largement, et sans euphémisme, des Juifs »

Alors, poursuit-il « on trouve ça, évidement chez les idéologues des frères musulmans dans les années 1930, chez le grand mufti de Jérusalem qui a été le leader arabo- musulman qui a déclaré la guerre aux Juifs en 1920 , avant de s’installer à Berlin durant la deuxième guerre mondiale, pour collaborer notamment à la propagande anti juive à destination du monde musulman » ; on trouve ça chez le fondamentaliste des frères musulmans, Hassan el Banna, on trouve ça en 1950 chez l’idéologue fondamentaliste égyptien, Sayyid Qutb, on trouve ça dans une interview réalisée sur la chaîne Al Jazeera, en septembre 1998 chez Osama Ben Laden, et enfin, on trouve ça, dans l’épître d’Al Qaida intitulé : « qui est l’ennemi, par qui commencer ? ».

Alors la question, effectivement est de savoir finalement comment cette idée de complot juif, continue à se développer.  (Edith Deléage-Perstunski)

   Le complot c’est souvent le réflexe de gens qui sont désarmés, parce qu’ils n’y trouvent pas leur compte, qu’ils ne sont pas convaincus, parce qu’ils pensent qu’on leur raconte des carabistouilles; et parfois ils reprennent les mots utilisés par l’information, en les détournant et en les retournant contre l’information.

    Et je connais une personne, qui, lorsqu’il y a un événement, comme un avion qui disparaît en mer, je suis sûr qu’elle a une information « de première main ». Je suis sûr qu’elle a un scoop terrible, une information que je ne connaissais pas, que je ne soupçonnais pas. Une fois, c’est un coup des Américains, une autre fois, un coup des Chinois, ou des Russes. On a bien là un exemple de paranoïa, qui parfois se répand, qui fait tache d’huile.

   Et comment juger en toute conscience de ce qui ressort d’une paranoïa du complot, ou d’un moyen d’alerter ? Ainsi, dans son ouvrage, « L’homme simplifié » Jean- Michel Besnier évoque ce que certains voient comme un complot dans Internet : « …le réseau des relations établies par la connexion des nos ordinateurs conspirerait à la réalisation d’un cerveau planétaire [….] chacun de nos ordinateurs actuellement ou potentiellement connecté à tous les autres, fonctionnerait donc comme un neurone…. »

   Oui, bien sûr, on peut se dire, à quoi va servir de stocker les milliers de données, de datas, de toutes nos connections sur Internet, toutes nos traces numériques ? Y a-t-il une volonté cachée de tenir des milliers et des milliers d’individus par les petits secrets. On pense inévitablement à l’ouvrage de Georges Orwell, « 1984 »

Le régime démocratique n’est nullement assuré d’être toujours la norme, même dans des pays occidentaux. Les moyens de la finance, plus le contrôle des communications de tous, cela pourrait entraîner le contrôle total des esprits, ça peut inquiéter, non ?  ou, ne voilà t-il pas que je  glisse vers une théorie du complot ?  (Luis)

Quand on veut faire taire les gens dont les propos gênent, on peut le faire, mais il faut être sûr de soi, être sûr de gagner, car si on s’échoue c’est problématique, cela peut avoir un effet contraire.

Ainsi, lorsque paraît le premier tome de l’encyclopédie en 1758, c’est un tollé de protestations, venant du parti des dévots qui entourent le roi, des divers auteurs catholiques, des Jésuites.

Tous les philosophes : scientifiques, écrivains, philosophes, particuliers dont des curés même,  qui participent à l’Encyclopédie ne se connaissent pas tous. Alors on parlera de complot, comme si des hommes de différentes classes sociales auraient pu avoir un tel plan commun, un but caché contre le roi, contre l’Eglise, contre la France.

Il s’élève une tempête antiphilosophique, contre ce que Fréron intellectuel du groupe des dévots, nomme la « philosophaille »

Cette attaque du « complot » dénoncé va avoir un effet inattendu. Les philosophes jusqu’ici assez individualistes se regroupent, et passent à l’attaque, avec Voltaire bien sûr aux avant- gardes.

L’évêque de Montauban écrit : «  Ces audacieux écrivains qui ont consacré, comme de concert, leurs talents et leurs veilles à préparer ces poisons, et peut-être ont-ils réussi au-delà de leurs espérances, à fasciner les esprits et à corrompre les cœurs »

Ce n’était pas un complot, et c’était plus qu’un complot. Trente cinq ans plus tard ce sera, une Révolution.  (Luis)

Souvent j’ai entendu que la franc-maçonnerie était une organisation complotiste.

Je ne vois pas, la franc-maçonnerie comme une secte, bien sûr. Je n’y vois pas une image du complot, mais si vous considérez tous les rituels mêlés de tout un cortège d’éléments symboliques, on peut avoir le sentiment, dans une réunion (tenue blanche, ouverte ou fermée, pour utiliser un langage qui leur est propre), le sentiment de participer à une cérémonie, proche des cérémonies religieuses. Alors ni une secte, ni une religion, ni une société de complot. Disons, une amicale comme il en existe tant mais de grande envergure, avec une volonté de réflexion sur la société, de la réflexion collective, avec des éléments spirituels, comme dans une communion des esprits dont les hommes sont demandeurs, dont les hommes sont friands.  (Luis)

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