Connaître, se connaître

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Le Grand Robert de la langue française : Avoir présent à l’esprit un objet vrai ou réel, concret ou abstrait, physique ou mental. Etre capable de former l’idée, le concept, l’image de.

Se faire une idée de, soit par l’expérience, de manière précise ou imprécise (mais toujours de manière pertinente).

Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande : Avoir présent à l’esprit un certain objet de pensée vrai ou réel. Cet objet peut être soit autre que l’esprit, soit l’esprit lui-même (ou l’une de ses propriétés, ou l’un des ses actes), mais à a condition que cet objet  de pensée soit considéré, en tant que connu, comme se distinguant au moins formellement de la pensée qui le connaît.

Avoir dans l’esprit un certain objet de pensée non seulement en tant que donné, mais en tant que bien  saisi dans la nature  et ses propriétés. Ce sens est plus fréquent dans le substantif : connaissance.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Connaître, c’est penser ce qui est comme cela est : la connaissance est un certain rapport d’adéquation entre le sujet et l’objet, entre l’esprit et le monde, bref entre la vérité de l’entendement, et la vérité de la chose.

Dictionnaire Historique de la langue française : Se faire une idée claire de : connaître un fait, faire connaître une chose, une idée à quelqu’un, apprendre.

S’y connaître en quelque chose ; être compétent.

Connaître quelqu’un… Être conscient de l’existence du quelqu’un. Avoir des relations avec quelqu’un; se faire une idée de sa personnalité.

Synonyme : Apprendre. Communiquer. Dévoiler. Éprouver. Expérimenter. Savoir.

Contraires : Ignorer. Incuriosité. Méconnaître. Méconnu. Oublier.

Par analogie : Apprécier. Cognitif. Comprendre. Concept. Conscience. Curiosité. Erudition. Entrevoir. Découvrir. Dévoiler. Discerner. Divulguer. Dissonance cognitive. Docte. Empirisme. Examen de conscience. Expérience. Expert. Explication. Exposer. Fenêtre de Johari. Idée innée. Identité. Inconnu. Intuition. Lucidité. Lueur. Obscur. Notoire. Omniscience. Penser. Percevoir. Prémonition. Répandu. Savant. Se renseigner.  S’informer. S’instruire. Spécialiste. Tierra incognita.

Expressions : Avoir eu vent de. Ça me connaît. Connaître la musique En connaître un rayon. En connaître un bout.  Être calé. Être informé.  Être au parfum. On connaît la chanson.

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« La lucidité, c’est enfin se connaître comme on est, c’est souvent décevant. La lucidité bien ordonnée commence par soi-même, tel est le secret de l’humilité ».    (André Comte-Sponville)

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 » J’adore parler de rien, c’est le seul domaine où j’ai de vagues connaissances » (Oscar Wilde)

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« Lorsque je fais réflexion sur moi, je comprends que je suis quelque chose d’imparfait et de dépendant. La preuve la plus manifeste n’est-elle pas que je doute au lieu de savoir, que je désire au lieu de posséder, que j’ai l’idée de la perfection au lieu d’être parfait. Je sais moins ce que je suis que ce que je ne suis pas ».   (Descartes)

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   Partir à la rencontre de soi-même est effrayant, parfois pénible. Est-ce que pour vivre on a besoin de se connaître soi-même ? Il faut alors apprendre à vivre avec ses faiblesses, ses petitesses, ses bassesses. Est-ce que la vie ne nous porte pas assez de coups pour s’en donner soi-même ? Vivre c’est supposer qu’il faut s’accepter soi-même.

Il appartient de savoir comment on fonctionne, à quel rythme ? Quels sont ses propres choix, sa véritable identité et pas seulement comment tout est induit par les autres. Il est présomptueux de penser savoir qui on est et ce qu’on est. Mais il est très sain de se poser la question de temps en temps. C’est une promenade de santé à faire et pas forcément plonger dans les ténèbres de soi-même.

Me connaître m’intéresse moins que de connaître les autres. Il est impossible de s’apprendre soi-même. On s’apprend soi-même grâce aux autres.

Au moment où l’on prend conscience de ses limites, où on les entrevoit plutôt que les connaître,  il arrive qu’on puisse les dépasser alors. ….. (Luis)

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« Je me suis cherché moi-même » phrase d’Héraclite qui semble précéder le « Connais-toi, toi-même» inscription qui est là où officiait l’oracle de Delphes,  et que l’histoire va attribuer à Socrate. Et Chilon le lacédémonien fils de Damagetés, l’avait également écrit.

« Le regard introspectif peut créer des illusions, nous tromper, tandis que la multitude des regards  croisés, indépendants, nous fournit une image lus objective de nous-mêmes »  (Danil Mizrahi. La philosophie)

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«  Se connaître soi-même vaut mieux que de l’apprendre par les autres »  (Réplique de film. Les caprices d’un fleuve)

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« Combien y a t-il d’hommes qui savent observer ! Et parmi les rares qui le sachent, – combien y en a-t-il qui s’observent eux-mêmes ? Chacun est à soi-même le  plus éloigné ».  (Nietzsche. Le gai savoir)

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« Ne laisse jamais le sommeil envahir tes yeux alanguis avant d’avoir procédé à ton examen de conscience quotidien »  (Vers d’or. Héraclite))

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 » Quiconque c’est bien rendu compte de ses bonnes qualités et de ses ressources, comme de ses défauts, et de ses faiblesses, quiconque c’est là-dessus fixé son but et a pris parti de ne pouvoir atteindre le reste, s’est par là mis à l’abri, d’autant que le permet sa nature personnelle, du plus cruel des maux : le mécontentement de soi-même, suite inévitable de toute erreur, qu’on fait dans le jugement de sa propre nature, de toute vanité déplacée, et de présomption, fille de la vanité. » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer)

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« Moins on se connaît mieux on se porte » (Clément Rosset)

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« Ramener quelque chose d’inconnu à quelque chose de connu soulage, rassure, procure en outre un sentiment de puissance. L’inconnu suscite le danger, l’inquiétude, le souci, – le premier instinct vise à éliminer ces états désagréables. Premier principe : n’importe quelle explication  vaut mieux que pas d’explication. Puisqu’il ne s’agit au fond que d’évacuer des représentations oppressantes, on est guère regardant sur les moyens de les évacuer….La pulsion causale est donc conditionnée et excitée par le sentiment de peur. Le « pourquoi » ne doit, autant que possible, pas fournir la cause pour elle-même…une cause qui rassure, qui libère, qui soulage » (Nietzsche. Le crépuscule des idoles)

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 « Il faut qu’on acquiert une meilleur connaissance de nos connaissances, parce que sinon, on va les confondre avec des croyances »  (Etienne Klein)

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 «  C’est ce qu’un être dérobe à la vigilance des autres est ce qui constitue l’essentiel de son caractère. Si le regard d’un étranger pénétrait trop profondément en nous, s’il ne restait plus un seul point d’ombre dans notre âme, toute notre flore intime périrait dans cette lumière brutale, nous cesserions d’être nous-même… »  (Une amitié extrême. Henri Troyat)

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« Connaître pour prévoir, afin de pouvoir »  (Auguste Comte)

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Se connaître soi-même, est-ce bien nécessaire,

«  Gravé il y a  plus de 2500ans  au fronton du temple de Delphes, les précepte « Connais-toi toi-même »  s’est imposé comme l’aiguillon de la pensée occidentale. Mais, à s’obséder de soi, on en vient à manquer son prochain, à mépriser l’inconnu, la liberté. Pour ne pas rester bloqué dans l’impasse du narcissisme, certains philosophes  invitent à jeter les miroirs, fuir les divans des psychanalystes et retrouver le goût de l’action. D’autres en appellent à une idée plus vaste et plus ouverte du moi –  L’enjeu est alors de s’explorer comme une « tierra incognita »  ou de s’éprouver dans le rapport à l’autre. Et s’il fallait s’excentrer pour mieux se retrouver »   (Article philosophie magazine N° 55)

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En psychologie on évoque cette modélisation dite « La fenêtre de Johary »

Imaginons dans un rectangle qui représente le moi

A gauche et à droite le projecteur qui éclaire les parties de moi que je connais, dont les parties que « les autres » (projecteur du haut) ne voient pas.

Néanmoins le projecteur « des autres » éclaire des parties que je ne peux voir, (en gris)  

En résumé si je veux approfondir la connaissance de moi sur moi, il me faut aussi tenir compte du regard es autres. 

Donc, nous sommes ce que profondément nous pensons que nous sommes, mais nous sommes aussi socialement, et là, ce moi social qui ne peut faire fi du regard des autres.  (Luis)

Le véritable contraire de la connaissance est l’incuriosité, laquelle se repose sur le  doux oreiller des certitudes. (Luis)

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«  You know what we call believing in two contradictory things ? The cognitive dissonance »

«  -Tu sais comment on appelle ça, le fait d’être amené à croire deux choses contradictoire ? La dissonance cognitive »  (Nuoala O’Faolain. Best love Rosie)

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« Le moi, ce grand mystère inutile. La solution que je propose à ce problème inquiétant est de simple bons sens, là encore, si le moi profond, l’identité personnelle ou subjective n’existent pas, il y a néanmoins quelque de stable, d’assuré, c’est l’identité sociale. Au fond, celle-ci se résume à quelques propriétés qui figurent dans l’état civil : je suis né à tel lieu, à telle date, j’habite ici et j’exerce telle profession. Voilà, tout ce que contient l’identité, voilà tout ce qu’on eut avancer de certain sur ce thème. C’est néanmoins un critère très puissant, car il permet de distinguer le sain d’esprit, du fou. Un homme sain d’esprit peu raconter toutes sortes de choses fausse sur lui-même, il peut mentir, se vanter  des vertus qu’il ne possède pas et même se convaincre lui-même.  Il reste en bonne santé. Le jour où vous ne vous souvenez plus de votre âge, ni de l’endroit où vous habitez, ni du lieu où vous avez passé votre enfance, c’est que vous êtes tombés dans la folie. C’est pourquoi si l’on veut être sérieux et conséquent, à la question : » Qui êtes-vous ? » on ne peut répondre  qu’en montrant sa carte d’identité, ou sa feuille d’imposition »   (Clément Rosset. Article philosophie magazine n° 55)

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« Et quand personne ne me lira, ay-je perdu mon temps de m’estre entretenu tant d’heures oisifes à pensements si utiles et agréables ? Moulant sur moy cette figure, il m’a fallu si souvent dresser et composer pour m’extraire, que le patron s’en est fermy et aucunement formé soy-mesmes. Me peignant pour autrui, je me suis peint en moy de couleurs plus nettes qui n’estoyent les miennes premieres. Je n’ai pas plus faict mon livre, que mon livre m’a faict,  livre consubstantiel de son autheur, qu’une occupation propre, membre de ma vie ; non d’une occupation et fin tierce et estrangere comme tous les autres livres » (Montaigne.  Essais. L II, § XVII. Du démentir)

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L’homme étranger à soi, de l’homme est ignoré…

Atomes tourmentés dans cet amas de boue

Que la mort englouti et dont le sort se joue,

Au sein de l’infini nous élançons notre être,

Sans pouvoir un instant nous voir et nous connaître.

Voltaire.

Poème sur le désastre de Lisbonne. (Extrait)

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»… « Il n’est description pareille en difficulté que la description de soi-même, ni certes en utilité, encore se faut-il testonner, (se questionner), encore se faut-il ranger et ordonner pour sortir en place » (Montaigne. Essais. L II, § XVIII. Du Démentir).

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« « …et qui ne s’entend en soy, en quoy se peut-il entendre ? » (Montaigne. Essais)

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« On ne saura jamais vraiment se qu’on a dans nos ventres, caché derrière nos apparences.. » (Né en 1917 à Leidenstadt. J. J. Goldman)

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«  Il n’y a que vous qui sachiez si vous êtes lâches ou cruels, ou loyal ou dévotieux (si vous avez de la foi) ; les autres ne voient point ; ils vous devinent par conjectures incertaines ; ils voient non tant votre nature que votre art. Par ainsi ne vous tenez pas à leurs sentences ; tenez-vous à la votre » (Montaigne. Essais. L III. § II)

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