Culture
Le Grand Robert de la langue française : Développement des facultés intellectuelles par des œuvres appropriées. Ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer ce sens critique, le goût, le jugement.
Ensemble des aspects intellectuels d’une civilisation.
Vocabulaire technique et critique de la philosophie Plus généralement, et d’ordinaire : caractère d’une personne instruite, et qui a développé par cette instruction son goût, sons sens critique et son jugement.
« Le savoir est la condition nécessaire à la culture, il n’en est pas la condition suffisante…C’est surtout à la qualité de l’esprit que l’on songe quand on prononce le mot culture, à la qualité du jugement et du sentiment » (D. Roustan. La culture au cours de la vie)
Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Le mot culture dans son usage courant, renvoie de manière assez floue, à l’ensemble des activités propres à l’homme en tant que celles-ci requiert l’intervention de l’esprit et de la réflexion. On peut ainsi dire que la culture est née à partir du moment où l’homme, cessant de prendre le milieu environnemental tel qu’il se présentait à lui, s’est mis à le transformer en inventant les premiers outils, puis en apprenant à maîtriser les processus de croissance des végétaux (invention de l’agriculture) en extrayant les minerais, etc.
Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Au sens strict, le mot désigne l’ensemble de connaissances qu’une société transmet et valorise, et spécialement celles qui portent sur le passé de l’humanité (son histoire, ses croyances, ses œuvres). C’est le contraire de l’inculture.
Au sens large, qui domine aujourd’hui dans les sciences humaines (sans doute par l’influence de l’allemand, Kultur), le mot est devenu quasi -synonyme se civilisation, il désigne tout ce qui est produit et transformé par l’humanité. C’est le contraire de la nature.
Trésor de la langue française : Fructification des dons naturels permettant à l’homme de s’élever au-dessus de sa condition initiale et d’accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur.
Ensemble des moyens mis en œuvre par l’homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût
Dictionnaire de la psychologie, La Pochothèque : (Culture, Kultur) Terme large et général désignant les aspects intellectuels de la civilisation à l’intérieur d’un groupe de population donné, entendu comme unité ethnique, géographique, ou linguistique. La culture au sens large comporte l’ensemble des mythes, des arts, des sciences, des nomes et des habitudes sociales…
Synonymes : Connaissance. Education. Erudition. Formation. Instruction. Savoir.
Contraires : Barbarie. Béotisme. Rusticité. Ignorance. Inculture. Rusticité.
Par analogie : Arts. Babel. Civilisation. Connaissances. Culturel. Folklore. Gastronomie. Goût. Histoire. Humanité. Inculte. Jugement. Kultur. Multiculturel. Mythes.Patrimoine. Oeuvres. Savoir. Siences. Traditions. Valeurs.
Expressions : Bagage culturel. Culture bourgeoise. Culture de classe. Culture humaniste. Culture de masse. Culture populaire. Culture sociale. Exception culturelle française. Diversité culturelle. Fracture culturelle. Génocide culturel. Héritage culturel. . Intellectuels. Maison de la culture. Parimoine culturel. Penseurs. Passé. Sens critique. Tissu culturel.
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« Il ne manqua pas alors, pas plus qu’aujourd’hui, d’intellectuels courageux, de penseurs religieux et civils, qui osèrent s’opposer aux enfants de Voltaire et de Rousseau, et de dénoncer dans cette philosophie la création monstrueuse des sophismes impudents, qui n’a pu inspirer que dévastations, massacres, rapines, sacrilèges, bannissements rage, férocité comme jamais encore on eu à les déplorer dans l’histoire de la folie humaine […….] c’est en effet dans le tissus culturel que l’hydre subversive se recompose le plus rapidement, sous prétexte d’exercer une liberté d’expression et de critique dénuée d’ambition politiques ». (Franco. Mémoires)
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« …les intégristes musulmans les plus déterminés imposent l’Arabe, mais favorisent l’enseignement de l’Anglais au détriment du Français. Parce qu’ils jugent que l’Anglais n’est qu’un moyen, alors que le Français est une culture, une culture opposée à la leur » (Jean François Deniau. Mars 2004. Semaine de la Francophonie. Le Figaro)
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Evoquant la massification culturelle, l’ex premier Ministre Canadien Kim Campbell, déclare : « Les images de l’Amérique sont tellement omniprésentes dans le village global que c’est comme si, au lieu de voir le monde entier émigrer vers l’Amérique, c’est comme si l’Amérique était immigrée dans le restant du monde, permettant ainsi aux gens d’aspirer à devenir Américains sous toutes les latitudes, et sans sortir de chez eux »
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« Je ne veux pas que ma maison soit entourée de murs, ni que mes fenêtres soient calfeutrées. Je veux pouvoir sentir le souffle des cultures du monde entier. Mais je ne pas être dévoré par une bourrasque culturelle, d’où qu’elle vienne » (Gandhi)
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« Chaque culture se trouve belle en son miroir » (Régis Debray)
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« …Les diversités culturelles des différents peuples et valeurs proclamées par les individus sont autant d’expressions culturelles qu’il faut respecter sous la forme qui leur est propre » (Jean Melville Herskovits. 1895. 1963. (Anthropologue américain)
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« A force de considérer que chaque communauté a un droit de reconnaissance de sa « propre » culture, l’identité culturelle devient une pancarte qui circonscrit le territoire de l’autre pour empêcher le risque de contamination des cultures………
Avec l’apologie du multiculturalisme, le rôle des identités culturelles devient paradoxal. Celles-ci peuvent être à la fois niées, reconnues ou se perdre au gré d’une certaine hybridité. Cette référence à l’identité culturelle prend toujours l’allure d’une résistance à l’universalité qui risque de conduire au « communautarisme» (Extrait, article Libération 15 août 2008. Oublier son identité culturelle est une ouverture au monde. Henri-Pierre Jeudy)
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« La guerre politique impliquant la guerre des cultures, cela est proprement une invention de notre temps qui lui assure une place insigne dans l’histoire morale de l’humanité » (Julien benda. La trahison des clercs)
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« La grande puissance impérialiste ne possède en fait de culture que son commerce » (Albert Cossery. Une ambition dans le désert)
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« Les deux termes de culture et de civilisation recouvrent des notions non pas mêlées, mais connexes, et qui procèdent étroitement les unes des autres. Suivant le pays et même suivant les individus, le sens varie. La culture allemande, est assez voisine de ce que nous entendons le plus généralement en français par civilisation, mais on connaît des penseurs français qui utilisent dans un sens proche du germanique. Pour certains, culture est entendu avec des résonances plus strictement intellectuelles : dans le sens où l’on parle de culture classique, de culture scientifique, d’homme, « cultivé », pour d’autres. Il désigne une méthode, une certaine aisance que l’homme acquiert dans l’exercice de son esprit, une participation à une certaine manière de réagir et de penser (on parlera alors, de culture française); pour d’autres enfin, la culture est tout ce qui élargit la pensée et la conscience individuelle ou collective ( on pourra dans cette acceptation parler de culture politique » (Daniel Rops. Ce qui meurt)
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« Le barbare détruit tout ce qu’il ne connaît pas, et souvent en premier lieu la culture »…( ?)*
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« Sous le nom de « culture de masse », on a ainsi décrit un ensemble de mythes, de notions, d’images, de modèles culturels assez rudimentaires qui sont répandus par tous ces organes et moyens de diffusion (la télévision, la radio, le cinéma, les magazines, la publicité). Cette culture de masse, que l’on a accusée de servir la société de consommation, de répandre le conformisme, (…) ou que l’on a inversement créditée d’une élévation dans les habitudes de vie et de pensée de la classe populaire, se développerait en dehors des circuits traditionnels de l’éducation scolaire ou universitaire » (Article. Trésor de la langue française).
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Culture pour tous, au-delà des apparences
Hérisson sous un tas de feuilles
J’ai hiberné avec passion
Voyons quelle était la question
Estomaquer les chèvrefeuilles
Si la culture est une mille-feuille
J’ai pu soumettre à la question
Les souvenirs et les passions
Qui dépassaient du portefeuille
La culture est une couverture
Qui tient bien chaud aux entournures
Hors de l’écrit point de salut
Les idées sont cristallisées
En petits diamants irisés
Homère ? Mais il n’a jamais lu !
Florence Desvergnes
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« La raison est l’instrument de l’éducation, et puisque chaque homme est doué de raison, la culture peut devenir patrimoine universel au lieu d’être réservée aux doctes et aux savants ». (Jean Jacques Rousseau)
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La diffusion de la culture vers le plus grand nombre est toujours un enjeu. Nous avons souvent entendu dire que les Allemands de l’époque hitlérienne étaient cultivés et que cela n’a pas empêché les horreurs, on oublie de dire que la culture n’était que l’apanage d’une catégorie bourgeoise dominante, la majorité du peuple allemand était totalement inculte. Alors dans ce cas spécifique, la culture n’a fait reculer la barbarie.
Fort de cette expérience dès la fin de la guerre le Comité nationale de la Résistance ouvre un chantier sur la culture pour tous. Des priorités de reconstructions, un manque de volonté des gouvernements qui vont suivre, ne vont pas concrétiser les projets. Ce sera néanmoins avec un homme de la Résistance que vont se créer, sous la Présidence du Général de Gaulle, le Ministère de la culture, et, les Maisons de la culture. C’est en 1982 que ce Ministère prendra un nouvel essor, puisque son budget sera multiplié par deux…. (Luis)
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« Mesdames et Messieurs, j’ai dit tout à l’heure que la culture française était une manière de vivre, je pourrais dire encore plus exactement encore que c’est une manière d’aimer. Et d’abord d’aimer la vie… » (Georges Bernanos 1945. Interview donnée au quotidien « de bello horizonte. Brésil. Suite à : La France contre les robots).
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La France a su imposer à l’OMC la protection de sa culture sous le terme d’exception culturelle française, c’est une part de souveraineté sauvée, une part de notre patrimoine. Cette exception culturelle jusqu’à ce jour nous a permis entre autres d’avoir un cinéma français premier en Europe, et les films français d’obtenir le palmarès des entrées chaque année. Cette exception culturelle rencontrait pourtant beaucoup d’opposition, on se rappelle les propos du premier ministre espagnol d’alors, José Maria Aznar en 2004 : « L’idée de créer une exception culturelle française vient des pays dont la culture est en déclin » (Luis)
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« L’esprit de la télévision les a amené à renoncer à leur enracinement le plus profond. C’est le moment de la disparité de la diversité des cultures, des particularismes de classe sociale.., Ce changement de paradigme dans la civilisation des mœurs est total, inconditionnel, car les politiques, tout comme les intellectuels et les gens du peuple, ont abdiqué leurs valeurs spécifiques sans même s’en apercevoir. Ils ont changé leur façon de s’exprimer en adoptant un langage complètement nouveau…Ce sont des génocides culturels commis par la nouvelle forme de civilisation.., non seulement ce nouveau capitalisme produit des rapports sociaux de domination sur le déni d’altérité, mais il change encore le type d’homme que la modernité fabrique, et plus encore il risque de changer l’humanité elle-même » (Pier Paolo Pasolini. Ecrits corsaires. Flammarion 1976)
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« Chaque culture ou civilisation humaine et tentée de croire qu’elle incarne à elle seule toute l’humanité et ceux qui vivent autrement sont des sauvages, ou des barbares » (L’identité malheureuse. Alain Finkielkraut)
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« Nous ne produisons rien qu’à partir de ce que nous avons reçu. Oublier ou excommunier notre passé, ce n’est pas nous ouvrir à la dimension de l’avenir ; c’est nous soumettre sans résistance à la force des choses. Si rien ne se perpétue, aucun commencement n’est possible… » (L’identité malheureuse. Alain Finkielkraut)
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« La notion de culture est complexe et a été définie de multiples façons. Les spécialistes de l’évolution la conçoivent comme un ensemble d’informations qui affectent le comportement des individus appartenant à une culture particulière. Ces informations, qui incluent les idées, les connaissances, les croyances, les valeurs, les compétences et les attitudes, sont acquises par l’enseignement, par l’imitation et par toute autre sorte de transmission sociale » (Plaidoyer pour l’altruisme. Matthieu Ricard)
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Article Charlie hebdo 15 nov. 2017
A bas les cultures !
« Que faut-il faire quand on entend le mot culture ? Les avis sont partagés. ….Quand il officiait sur Radio Luxembourg dans la années soixante Jean Yanne préférait : sortir son transistor ».
Aujourd’hui, il est plutôt recommandé de sortir son dictionnaire et un flacon d’aspirine pour s’y retrouver dans ce foutoir que le mot est censé définir. Car ce vocable forcément auréolé de respectabilité est désormais employé jusqu’à l’écoeurement, parfois à juste titre, mais trop souvent, aussi, à tord et à travers. Dimanche dernier, par exemple, l’extrême droite polonaise défilait dans les rues de Varsovie pour célébrer la supériorité de la « culture blanche et chrétienne ». Plus de différence entre la culture, qui englobe tout ce qui relève des champs de connaissance, des idées et des arts, et les cultures où l’on s’entasse pêle-mêle les folklores, les pratiques religieuses, les modes de vie, les différentes façons de cuire les haricots …
Le mot « culture » sert moins aujourd’hui ce qui nous nourrit intellectuellement jusqu’à justifier ce grand fantasme de « l’identité » censé définir une fois pour toutes un individu, un groupe, une communauté, une région, un pays, voire une lubie idéologique ou un mode de vie. « C’est ma culture » est la phrase censée forger le respect et clore toute opposition dans le débat.
La culture est par définition, non figée, tout comme les lois de la démocratie, elle est en perpétuel mouvement, dictée, analysée, critiquée, modifiée, enrichi. Elle peut certes, se nourrir du passé, mais c’est un chantier perpétuel du présent qui, parfois même est en avance sur l’avenir. Elle est aussi ce qui nous permet de relativiser les cultures qui elles ne datent pas d’hier, et tendent le plus souvent à un rester.
Ce qu’on nomme « culture » sont davantage des traditions, des vestiges plus ou moins inaltérés d’époques précises de nos sociétés et de nos civilisations qui ont subsisté jusqu’à aujourd’hui. Elles n’existent pas par hasard, et encore moins par une volonté divine, mais parce qu’à un moment donné de l’histoire de l’humanité, dans telle ou telle région du monde, pour une raison ou pour une autre, des femmes et des hommes ont commencé à faire certaines choses. ….
La question que nous devons nous poser aujourd’hui, par rapport à ces traditions est : ont-elles toujours une raison d’être. Sont-elles toujours adaptées à nos sociétés ? , à notre temps, à ce que nous savons, à ce que nous sommes, à ce que nous avons envie de devenir ? Car il arrive que ces coutumes que nous nommons ou acceptons de nommées de plus en plus « cultures », ne soient rien d’autre que des sales manies. Par exemple les Italiens, du temps de l’Empire romain, avaient une tradition qu’ils trouvaient très amusante : ils nourrissaient des lions avec des chrétiens. C’était leur « culture » Puis un beau jour, ils ont arrêté. Allez savoir pourquoi ?
Les sacro saintes cultures dont beaucoup se rincent la bouche aujourd’hui souvent pour de mauvaises raisons ne sont pas des totems intouchables. Se débarrasser des plus nocives n’ampute pas les sociétés, au contraire, cela les fait grandir » (Gérard Biard)
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Introduction au débat : La culture favorise t-elle le lien social ?
Nous passerions des heures et des heures à définir ce que chacun de nous, met précisément dans ce mot culture, même si c’est un bien commun en partage. De Homère à Rabelais, à U2 (You two) et à Lady Gaga ou encore à Astérix, le champ culturel est immense. En dehors ou dans les définitions des dictionnaires, chacun perçoit la culture suivant ce qu’il entend immédiatement dans ce mot, au sens philosophique, au sens sociologique.
Quant au lien social, les définitions nous disent qu’il est d’abord « l’ensemble des relations des individus au sein d’un même groupe », ce qui nous dit tout de même que cela commence au plus proche pour s’étendre, le groupe étant à dimension variable.
Dans la seconde moitié du 18ème siècle, le mot culture nous vient de l’allemand « Kultur », qui comprend l’écrit, la poésie, la langue, la musique, tous les arts propres à un peuple, sa mémoire, depuis ses origines. Elle est, en ce sens, un lien social et elle est aussi un lien identitaire ; on va rapprocher ce terme « Kultur » (avec un « k ») du mot « civilisation ». Les Français lui donneront un sens plus large, qui, sans exclure le patrimoine national, va l’élargir à l’ensemble des richesses culturelles, jusqu’à un patrimoine virtuel sans frontières.
La société actuelle, où la compétition se retrouve dans bien des domaines, comme dans le monde du travail, ne crée pas du lien social (dans le sens où le définissait Emile Durkheim), car, souvent même, il arrive qu’elle désocialise. Quant au lien social que pourrait créer la politique, il semble que cela soit chaque jour un peu plus inatteignable. En ce sens, la culture, en tant que lien social, cette culture qui nous élève par l’esprit, est à préserver plus que jamais. Où trouver, par exemple, plus de ferveur commune et sans esprit de compétition, que lorsqu’une salle est debout pour applaudir des artistes. C’est un partage, hors de toute discipline, hors de toute hiérarchie, hors de tout rapport de force, un partage enfin en toute liberté.
D’une façon générale, on ne peut pas dire que la culture ne favorise pas le lien social ; nos rencontres habituelles, notre débat, en sont une des preuves évidentes.
Cette dimension d’association culturelle, comme celle du café-philo, me semble être, à son niveau, parmi les moyens les plus à même de créer du lien social. Elle s’oppose et est un contrepoids nécessaire à une culture de masse envahissante.
Cette culture de masse, qui semble t-il, aurait tendance à créer de l’individualisme, alors que la découverte de nos différentes cultures, de nos différents pôles d’intérêt, crée de l’altérité, nous amène à découvrir l’autre dans sa différence et donc, au final, favorise, bien sûr, le lien social. La culture participe fortement à l’individuation et, pour cela, nous devons toujours avoir présent à l’esprit que la culture peut aussi être utilisée comme moyen politique.
Ainsi, en Europe, nous avons accepté, au milieu du siècle précédent, (tribut de guerre) un formatage, une emprise commerciale sur notre culture cinématographique ; l’Europe qui s’est ensuite construite n’a rien fait, bien au contraire, pour valoriser ses propres cultures, celles des différentes Nations qui la composent. Il y a là un déficit de lien social. Que connaissons-nous réellement du cinéma allemand ou espagnol, du théâtre anglais ou italien, des différentes musiques européennes qui ne sont pas tombées dans le bouillon anglo-américain ? Nos plus grands vecteurs de culture que sont le cinéma et la télévision ont des objectifs d’abord financiers, leur but n’étant pas de créer du lien social avec la culture, leur but est de faire de l’audience.
Si créer du lien tend à uniformiser, à faire un déni d’altérité, cela ne correspond plus vraiment aux critères et à la définition de la culture.
Faire régresser des cultures au profit d’une culture de masse, vouloir effacer la richesse des différences, aller vers une culture entonnoir, une culture de consommation, cela ne crée pas réellement du lien social ; nous sommes plus près parfois de l’aliénation.
Nombreux sont ceux qui pensent que la globalisation à laquelle on assiste présente le risque majeur de génocide culturel. (Luis)
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« Les valeurs culturelles sont fréquemment inspirées par ceux qui nous instruisent et par des personnes en vue dans la population – chefs charismatiques, penseurs, célébrités. Il s’avère que ce sont les personnes les moins instruites et les plus démunies qui sont les plus influençables au conformisme des valeurs dominantes » (Plaidoyer pour l’altruisme. Matthieu Ricard)
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De Schopenhauer à Durkheim, le monde est, existe dans les représentations que nous en avons. La culture crée depuis toujours ces représentations ; elles sont héritées, ou acquises, en création permanente, et partagées comme la littérature, la musique, la poésie, le cinéma, etc. Elles sont cet héritage commun qui crée un lien entre nous, lien qui se renforce dans tous les moments de partage. Durkheim, qui a surtout étudié le lien social dans le cadre du travail, nous dit néanmoins que : « Les représentations collectives sont le corps des représentations qui expriment la façon dont le groupe se pense […]. Elles sont les dépôts et transmetteurs de l’expérience collective, et donnent une densité morale au groupe.»
Je ne vois pas la culture comme élitiste ou comme un produit de consommation ; je la vois, je la souhaite plutôt comme un lien entre les personnes. Je suis un fervent militant du partage culturel. On rencontre toujours quelqu’un qui en sait beaucoup plus que vous. Quel plaisir et quelle stimulation cela peut activer ! Cela peut réactiver le besoin de savoir et d’apprendre.
Partager ce bien commun qu’est la culture, c’est la rencontre de cet autre « je », cette complétude sans qui je ne pourrais goûter pleinement les plaisirs de ma culture. Dans ce monde où l’individu se sent parfois en déshérence, le fait de partager une histoire commune le rassure, le conforte, lui confirme son appartenance à un groupe. Ce qui nous est commun établit notre sociabilité et tous ces partages créent le « nous » social.
Plus on sait, plus on comprend ce monde, plus celui-ci prend de l’attrait. La culture, avons-nous dit, est cette richesse en partage ; en cela, elle appartient et se trouve en chacun. « La culture », nous dit le philosophe Michel Onfray [France Info, 21 octobre 2013], « n’est pas un marqueur, elle réunit » ; elle crée de l’altérité, créant et favorisant le passage du « je » au « nous » (Luis)
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« Quand le soleil de la culture est bas, même les nains projettent une ombre de géant » (Dictionnaire du Moyen Français)
Extrait du roman « l’élégance du hérisson » de Muriel Barbery: « De fait les habitants de l’immeuble de notre gardienne, étant ou se considérant comme au sommet de la condition sociale, ne ressentent pas la nécessité de se cultiver, tant ils sont persuadés d’avoir la culture en cadeau bonus avec leur aisance matérielle. Que leur gardienne d’immeuble ait des références culturelles leur semble presque déplacé, incongru ; c’est une originale qui s’égare dans ce qui n’est pas de sa classe sociale. Il y aurait des domaines réservés, où chacun doit rester à sa place, dans sa catégorie. C’est à ce point ancré dans les esprits que la concierge elle-même, invitée au dîner de son voisin japonais, déclare : « Ma présence en ce lieu n’en signifie pas moins un monde auquel je n’appartiens pas », « Je suis la concierge, et puis je n’ai pas d’éducation, je ne suis pas du même monde » Le roman met en évidence cette conception acceptée par beaucoup qu’il y aurait des catégories sociales et culturelles avec des barrières, des frontières. Il y a des personnes qui pensent que la culture vient d’en haut et qu’elle irrigue l’ensemble du pays, à moins que ce ne soit le contraire, qu’elle vienne du peuple : Molière jouait sur les places publiques, Balzac publia d’abord en feuilletons dans les journaux populaires, de grands peintres ont connu des jours maigres… De là bien des questions se posent. Y a-t-il plusieurs cultures : culture bourgeoise – culture populaire – culture de masse ? Et y a t-il une catégorie sociale qui définit la « culture », une norme culturelle? Et, « une » culture pour tous ne risque-t-elle pas de devenir produit de consommation, produit formaté, et donc abaisser globalement la culture. (Luis)
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On a depuis le terme latin de la culture (« cultura »), les deux sens de la culture, agricole et humain, d’un champ cultivé à un homme cultivé. Dans les deux sens, il y a là l’idée de quelque chose que l’on sème, de quelque chose qu’on va récolter, quelque chose qui va pousser, enrichir, permettre de s’épanouir et de s’ouvrir. C’est le plus souvent un travail collectif (au moins dans l’agriculture traditionnelle). Cela renvoie à Voltaire : « Il faut cultiver son jardin » (Candide). Il y a plein de ces sortes d’images chez les philosophes.
Par ailleurs, il y a ce rapport ambigu entre le collectif et l’individuel. Se cultiver, s’instruire, est souvent une démarche personnelle. C’est aussi la fameuse citation [attribuée à Edouard Herriot] : « La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié ». On a souvent employé le mot bagage culturel d’un individu et bagage culturel collectif de la société, d’une civilisation, d’une nation, comme un ciment auquel on adhère, une transmission, ce qu’on partage et qui nous appartient à tous. (Luis)
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« Il n’y a pas de choc des cultures, il n’y a que le choc des ignorances » ( ?)
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Le culturel local peut parfois prendre une dimension inattendue, une dimension universelle. A ainsi lorsque Henri Clouzot va écrire ses romans, tout se passe à Aubagne et pas au-delà d’un rayon de trente kilomètres. Puis viendront ses films qui eux vont passer les frontières. Et combien d’étrangers viennent chaque année visiter Aubagne, ville qu’ils n’auraient jamais connu sans ces histoires locales, purement provençales. (Luis)