Démocratie

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Alexis de Tocqueville., par, Théodore Chasseriau. 1850. Château de Vesrsailles.

Grand Robert de la langue française : régime et doctrine politique de l’Antiquité grecque où la souveraineté appartient aux citoyens.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Le régime où le peuple est souverain. Cela ne signifie pas qu’il gouverne, ni même qu’il fait la loi, Mais que nul ne peut légiférer sans son accord ou hors de son contrôle.

Dictionnaire de l’antiquité. Université d’Oxford : dêmokratia « gouvernement du peuple » c’est-à-dire du demos. La démocratie au sens d’un régime politique où les décisions sont prises par tous les citoyens mâles au vote majoritaire,

Synonymes; Gouvernement du peuple.

Contraires :Anarchie. Despotisme. Dictature. Monarchie. Oligarchie. Pouvoir absolu. Régime. Théocratie. Tyrannie.

Par analogie: Abstention. Agora. Aristocatie. Assemblée nationale. Campagnes électorales. Cens. Citoyen. Communisme. Constitution. Contrat social. Démophobie. Demos. Elections. Electeurs. Elus. Idéologie. Globalisation. Libéralisme économique. Libéralisme politique. Loi. Lutte des classes. Oligarchie. Majorité. Mandat. Meeting. Miltantisme. Parti politique. Patrie. Peuple. Politique. Promesses électorales. Opinion. Référendum. Régime politique. République. Révolution. Scrutin. Sénat. Socialisme. Sondages. Souveraineté. Suffrage universel. Ultra libéralisme. Vote. Vote blanc.

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« Government of the people, by the people, and for the people » (Abraham Lincoln) 

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“…Nous avions réalisé sans hâte, mais sans relâche une démocratie organique, démocratie parce qu’elle supposait la participation du peuple, organique parce qu’elle ne s’exerçait pas selon le principe fallacieux du suffrage universelle qui fait du dernier crétin l’égal de l’homme le plus intelligent, mais au travers des organes naturels de la délégation de pouvoir détient les valeurs fondamentales de l’humanité : Amour filial, communauté, et donc famille, syndicat, municipalité… »  (Franco. Mémoires)

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« Ce qui m’inquiète le plus dans la démocratie Américaine, c’est qu’elle s’est privée des racines que d’autres pays conservent » (Norman Mailer)

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« On nomme anarchie ce que d’autres appellent Démocratie ; on blâme l’aristocratie en la nommant oligarchie, et au noble titre de roi, d’autres imposes le mot tyran » (Thoms Hobbes. De cive 1642)

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Le fait de pouvoir élire librement ses maîtres ne supprime ni les maîtres, ni les esclaves  (Herbert Marcuse)

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« L’ennemi de la Démocratie, c’est l’ignorance » (Fernando Savater. Philosophe español)

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« La démocratie, telle que les politiciens la conçoivent est une forme de gouvernement, c’est-à-dire, une méthode de faire faire aux gens ce que leur chefs désirent tout en faisant croire qu’ils font ce qu’ils veulent eux-mêmes » (Essais Sceptiques. Bertrand Russel. 1928. § VXIV.P. 261 – Editions Reider. 1943)

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« Tariq Ramadan, théoricien musulman controversé, pose que lorsque la lecture littérale du Coran entre en conflit avec la législation des sociétés démocratiques modernes, ce sont les valeurs instituées par ces dernières qui doivent prévaloir »  (Interview publié dans la revue britannique, Prospect, juillet 2006)

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« La politique rejoint ici la philosophie, car la dilution de la démocratie n’est pas le produit de circonstances comme veulent le faire croire ceux qui parlent de déficit démocratique, ou à la manière dont on parle d’un bilan comptable d’une entreprise. Elle s’inscrit dans une évolution de pensée, des références philosophiques au travers de ce qu’on appelle la philosophie postmoderne et qui s’est fortement attachée à la déconstruction du sujet politique » « Si on évacue le cadre national, si on commence à raisonner en réseaux internationaux (marchés ou autres), on évacue la démocratie… La Nation est ce qui préserve deux choses : la démocratie et la notion de solidarité entre tous les membres d’une même communauté et, notamment, entre les élites et le reste de la population ».   (Lionel Jospin, article du Nouvel Observateur 22 mai 97)

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Deux ans plus tard lors des 7500 suppressions d’emplois par Michelin, le 13 septembre 1999, Lionel Jospin tient un autre discours : « Il ne faut tout attendre de l’Etat. Je ne crois pas qu’on puisse administrer désormais l’économie. Ce n’est pas par la  loi, les textes, qu’on régule l’économie… Tout le monde admet maintenant l’économie de marché….. ». On peut considérer ce qui précède et surtout venant d’un socialiste, comme un « coup de pied de l’âne » à la démocratie. (Luis)

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« La démocratie est une ancienne bouffonnerie grecque, supposant qu’il y aurait toutes sortes de vertus chez les plus grossiers des gens ». (Extrait de Cromwell. Film 1972)

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Dans un texte attribué à Xénophon, qu’on appelle « la Constitution des Athéniens » on peut trouver : « Dans une cité où ce sont les meilleurs qui seuls ont le droit de parler, où ce sont les meilleurs qui donnent leur avis et décident, que se passe t-il ? Les meilleurs cherchent à obtenir – puisque ce sont justement les meilleurs -, des décisions qui soient conformes au bien, à l’intérêt, à l’utilité de la cité. Or ce qui est bon, ce qui est utile pour la cité, est en même temps, par définition, ce qui est bien, ce qui est utile et avantageux pour les meilleurs de la cité. De sorte que, en incitant la cité à prendre des décisions qui sont utiles pour elle, ils ne font que servir leur propre intérêt, leur intérêt égoïste à eux qui sont les meilleurs. Or, dans une démocratie, dans une vraie démocratie comme la démocratie athénienne, que se passe t-il ? On a un régime dans lequel ce ne sont pas les meilleurs, mais les plus nombreux qui prennent les décisions. Et que cherchent-ils ? A ne pas se soumettre à quoi que ce soit. Dans une démocratie, les plus nombreux veulent avant tout être libres, n’être pas esclaves, ne pas servir. Ne pas servir quoi ? Ils ne veulent pas servir les intérêts de la cité ni non plus les intérêts des meilleurs. Ils veulent donc, par eux-mêmes, commander. Ils veulent donc chercher ce qui est utile et bon pour eux, puisque commander c’est quoi ? C’est d’être capable de décider et imposer ce qui est le meilleur pour soi-même. Mais puisque ce sont les plus nombreux, ils ne peuvent pas non plus être les meilleurs, puisque les meilleurs sont par définition, les plus rares. Par conséquent étant les plus nombreux ils ne sont pas les meilleurs, et n’étant pas les meilleurs ils sont les plus mauvais. Ils vont donc rechercher eux qui sont les plus mauvais, ce qui est bon pour qui ? Pour les plus mauvais de la cité. Or, ce qui est mauvais pour ceux qui sont mauvais dans la cité, c’est aussi ce qui est mauvais pour la cité. De là l’auteur en conclut que, dans une cité comme celle-là, il faut bien que la parole soit donnée à tout le monde, aux plus nombreux, donc aux plus méritants » (Michel Foucault. Le courage de la vérité.1984)

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« C’est l’idée du despotisme qui nous donne l’idée de la démocratie » (Hegel)

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«  La démocratie a ceci d’unique, parmi tous les régimes qu’elle ne tue pas plus ses adversaires qu’elle les emprisonne :elle admet le conflit des intérêts, la rotation des pouvoirs, Nous sommes d’accord pour ne pas être d’accord et régler nos différents de façon institutionnelle à travers le jeu électoral et politique » la légitimité des pouvoirs. La légitimité des discordes »    (Pascal Bruckner. Un racisme imaginaire. P, 222).

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Mais, de quelle démocratie parlons-nous aujourd’hui ? Depuis le grand tournant de la lutte des classes, perdue en 1984, se sont substituées aux États, à la souveraineté des peuples, des officines supra nationales, des structures extérieures ayant capté peu à peu une grande partie de la souveraineté des États ; lesquels sont garantes de la souveraineté des peuples. Ce  sont : l’OCDE, le FMI, l’OMC. Depuis les lois Deferre, et la mise en place de structures régionales, puis la création d’une commission de décideurs non élus (Commission européenne), les lieux de décision pour les peuples ont été satellisés.  Un vide s’est créé dans lequel se sont engouffrés les principaux acteurs de l’économie de marché. Nous somme face à une démocratie SDF, démocratie sans domicile fixe. Cette démocratie qui ne semble plus être, suivant la formule « le gouvernement ….par le peuple », ne convainc plus les citoyens et c’est ce que nous voyons particulièrement  dans la campagne présidentielle actuelle. Et alors, oui ! pour beaucoup la démocratie est ressentie, ou devenue,  pour eux, comme un leurre ! Dans une interview sur France culture (01/02/17) la Ministre Najat Valaud Belkacem, à qui l’on évoquait le taux inquiétant d’abstention, disait, je cite : oui c’est vrai «  il y a un désintérêt démocratique dans l’air du temps » et elle passait à autre chose. C’est renversant qu’un tel problème soit ramassé dans une formule aussi légère. (luis)

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Introduction au débat : « La démocratie est-elle malade ? »  14 novembre 2020 Vous vous en doutez ce sujet est en résonnance avec le difficile « enfantement » d’un Président aux Etats-Unis ? Surtout quand on voit qu’en Afrique un Président est élu avec minimum 99%  et voire avec seulement 10% des inscrits. Les questionnements sur la démocratie surviennent par l’arrivée de dirigeants dans nos sociétés occidentales de dirigeants qui inquiètent ; Un Président incroyables aux USA, un Bolsonaro, un Boris Johnson, puis des inquiétudes avec, la Pologne, la Hongrie, avec des groupuscules fascistes qui renaissent, puis les non moins inqiétants Poutine et Erdogan. Et dans bien d’autres pays comme la France, on parle de démocraties en crise. De démocraties malades, et ceci avant et en dehors de la crise sanitaire actuelle Alors docteur : de quoi sont-elles malades ? Il semble que ce soit surtout une crise chronique. Le diagnostique révèle souvent des origines multiples : Crise de confiance – Progression des abstentionnistes – Progression de parti dits « populistes » (ce mot par ailleurs mériterait d’être bien défini) – Implosion de partis politiques traditionnels – Explosion des revendications catégorielles, identitaires. Usure peut-être d’un modèle politique  (On pense à la phrase de Gramsci) « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair obscur surgissent les monstres ». Ce peut être aussi, un sentiment de perte de souveraineté nationale – sentiment que la démocratie est confisquée par une élite –  (Ou encore)  Les effets, les conséquences de la mondialisation – Un sentiment d’incapacité à s’emparer véritablement du problème climatique. (J’en oublie sûrement) Et au final, un manque de projet collectif, lequel doit aider à faire peuple. Et « … si l’acteur principal » écrit Francis Worms dans Les maladies chroniques de la Démocratie « ne participe pas à la démocratie, il en fait une invalide, une malade». Alors ! le principe de « Gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple » ne tient plus.   (Luis)

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« La naissance de la démocratie : .Il est de peu d’utilité de se demander comment les Grecs en étaient devenus à être ce qu’ils étaient. La nature non théocratique de leur civilisation, l’éclaire en grande partie… » (Gorgia Harkness. Les sources de le morale occidentale. Payot 1957) Ceci nous dit que la démocratie ne pouvait naître que dans une cité où la loi n’était pas édictée par une religion.

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Introduction, débat: « La démocratie est- elle un leurre ? »  La question « La démocratie est-elle un leurre ? » me semble relever d’un pessimisme profond à l’égard de notre histoire collective. Tout se passe comme si nous n’espérons rien voir surgir de désirable, sinon des régressions, des  crises ou des catastrophes! Corrélativement nous avons le sentiment que « l’Histoire s’accélère ». Pour au moins deux raisons: Aujourd’hui en France depuis une bonne vingtaine d’années il y a comme une dépression démocratique: les français sont de plus en plus nombreux à bouder les urnes: en 20 ans le taux d’abstention a progressé (de 10 points aux municipales et de 20 points aux législatives. Et les interviews des gens pendant la campagne présidentielle rapportent les  propos, à propos des candidats à l’élection « ça ne m’intéresse pas » ou, « ils sont tous pourris ».           D’autre part il y a une tendance idéologique dominante,  en France, (je n’ai pas la compétence d’un (ou d’une) historien pour prendre des exemples, ou des modèles de démocratie dans le monde) à dénoncer le système politique de démocratie comme incapable de tenir les promesses d’égalité, de liberté, de fraternité  faites par tous ceux  qui s’en réclament de droite ou de gauche. Un manque de démocratie réelle. Et ils sont nombreux les ouvrages contemporains  d’historiens, comme Pierre Rosanvallon « La légitimité démocratique » de philosophes, comme Marcel Gauchet « La révolution démocratique » et « Comprendre le malheur français »  ou Cynthia Fleury « Les pathologies de la démocratie » ; les colloques et débats sur le renouvellement nécessaire de la démocratie dans la modernité du capitalisme mondialisé, et un livre: « Que faire ? Dialogue sur le communisme, le capitalisme et l’avenir de la démocratie »  Philo éditions, 2014, je lis: « Les  philosophes Marcel Gauchet devenu plutôt  conservateur, et Alain Badiou ancien maoïste,  tous deux blâment le néolibéralisme de dénaturer la démocratie, et veulent inscrire leur choix philosophique dans la modernité, en régénérant le réformisme pour Gauchet, en refondant le projet communiste pour Badiou ». Régénérer, réformer, renouveler la démocratie ce sont les projets de tous les  candidats à la présidentielle, et cela passe à mon sens par une critique commune: la démocratie est un leurre. Ce qui distingue les uns (libéraux néo et anciens) c’est que le leurre est entendu comme une illusion, les autres (socialistes, communistes, anarchistes …) c’est que le leurre est entendu comme tromperie, mystification) Je prendrai donc la question « la démocratie est- elle un leurre » en deux sens: la démocratie est-elle une illusion ? et la démocratie est-elle une tromperie, voire  une mystification? Cela m’amènera à m’interroger sur l’utopie démocratique. La France est, depuis la révolution de 1789 le pays qui  a inventé la République démocratique: un régime politique qui est censé réaliser la « res publica », la chose publique, l’intérêt général. Ce pourquoi elle a aboli les privilèges et inventé en 1789 la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et qui a, en 1948, à Paris, fait signer la Déclaration universelle des droits de l’homme proposée à l’Assemblée des nations unies. Elle a  connu depuis 1793 plusieurs républiques démocratiques (5), avec toujours la devise « Liberté, Egalité, Fraternité» dont les origines remontent au siècle des Lumières, utilisée pour la première fois lors de la Révolution française. La IIème  République l’adopte comme devise officielle le 27 février 1848. Elle figure aujourd’hui sur les édifices publics tels que les mairies ou certaines écoles. Cette devise réunit les trois valeurs fondamentales de la République. Alors que la liberté et l’égalité se définissent comme des droits du citoyen dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793, la fraternité est présentée comme une obligation de chaque citoyen vis-à-vis d’autrui dans celle de 1795. La 1ère question posée est alors de savoir si le régime politique démocratie réalise cet idéal républicain, étant compris que la république, c’est la chose publique, c’est-à-dire ce qui est commun à tous les hommes et femmes de la Cité. Platon a écrit « La République »  pour réfléchir, en dialoguant avec les autres (voisins, amis, habitants),  à ce qui est juste pour tous les habitants de la cité, à  ce qui vaut pour tous les habitants de la Cité. Ce qui a pris des noms différents au cours des siècles: intérêt général, intérêt public, bien commun, bien public. L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers mais leur commun Mais comment savoir ce qu’est l’intérêt général, le bien commun ? Qui le sait ? Sont- ce  les habitants d’un quartier, d’une ville, d’une région ? du pays ? Il faut alors associer les habitants, la société civile, à la politique publique, disent les militants des associations, et certains postulants à la candidature veulent se présenter au nom de la société civile ou au nom des initiatives de démocratie prises en un lieu ou sur le territoire. Et il y a un candidat au nom  des associations des quartiers me semble t-il.  La question est alors de savoir comment faire émerger de tous ces points de vue un point de vue commun. Faut-il plutôt recourir à des experts? Mais alors il faut énoncer les conditions intellectuelles (de diplômes ?) pour prétendre au pouvoir! Quels sont les critères de la légitimité pour gouverner? Alors se développe la critique du fossé  entre les élites et le peuple « Chaque cuisinière doit apprendre à gouverner l’Etat » écrivait Lénine. Apprendre à gouverner l’Etat cela s’apprend-il dans les écoles, ou cela s’apprend il par la discussion démocratique? sur toutes les questions où les intérêts   sont divergents? Cette question de savoir qui connaît ce qu’est l’intérêt général, c’est là une question complexe, à tous les niveaux, local,  national.  Il est bien entendu que cela ne remet pas en question les bienfaits apportés par la démocratie municipale depuis 100 ans, (le logement à loyer modéré, de plus en plus de services publics au Quotient familial, de plus en plus de crèches, d’écoles, de collèges, de lycées  d’enseignements supérieurs, de multiples activités culturelles (cinéma, théâtre, arts du spectacle, conservatoire, concerts de musiques actuelles) à des prix « populaires » et différents selon les statuts sociaux. Mais subsiste la question de savoir qui connaît et qui peut et exprimer et réaliser (car ce sont là  deux questions différente)  l’intérêt général. […….] Il en va de même au niveau d’un Etat. Platon, dans une de ses lettres la lettre 7 écrite aux partisans et amis de Dion, nous invite à penser que « tous les gouvernements sont mauvais » : la tyrannie est le pouvoir d’un seul et donc ne satisfaisant que son intérêt particulier,  il ne peut manquer d’être dénoncé comme tel et attaqué par ceux qui veulent défendre leurs intérêts: dans la roue de l’histoire, la tyrannie ne peut manquer d’être remplacée (par un coup d’Etat) par une oligarchie (financière, militaire ou autre) c. a. d. par le pouvoir de quelques-uns. Mais l’oligarchie ne satisfaisant que les intérêts de quelques-uns, ne peut manquer d’être mise en  échec par ceux qui veulent défendre les intérêts de tous et qui, alors, mettent en place la démocratie. Mais celle-ci est tout aussi mauvaise parce qu’elle prétend relever du désir d’égalité mais comment se manifeste ce désir? Par la confrontation des opinions ? Et c’est l’opinion majoritaire qui l’emporte, alors elle est le pouvoir de l’opinion c.a.d  au service de l’opinion majoritaire et non pas au service de tous; elle est alors mise en échec par ceux qui prônent l’anarchie, l’absence de pouvoir (d’un seul, de quelques-uns, et de tous) qui entraîne le désordre  et donc elle est-elle même, dans la roue de l’histoire, remplacée à plus ou moins long terme par une tyrannie. Sortir de ce cercle vicieux (démocratie, anarchie, tyrannie, oligarchie),  ne peut se faire que s’il y a  par hasard un philosophe-roi, ou un roi qui devient philosophe. C’est à dire, que si le pouvoir est celui d’un ou plusieurs hommes qui réfléchissent au « bien commun », à l’intérêt général ; et qui ne sont pas animés d’un désir particulier quel qu’il soit. De même Kant et les philosophes des Lumières considéraient que pour être juste, pour réaliser le bien commun, le pouvoir doit être confié à un despote éclairé, c’est à dire à un homme dont les décisions sont guidées par la Raison. Quand on pose la question de savoir  qui peut et doit et légiférer et gouverner pour exprimer et réaliser le bien commun? pour que la démocratie ne soit  pas une illusion, on se rend compte qu’il est difficile de savoir qui est légitime  pour  gouverner démocratiquement. D’après vous ? Depuis  sa fondation, la démocratie politique s’est diversifiée : aujourd’hui se développe l’idée d’approfondir  la démocratie  par une démocratie participative voire une démocratie délibérative au-delà de l’opposition entre démocratie populaire et démocratie libérale. Je ne parlerai pas de la démocratie populaire qui  est le nom qu’ont adopté les régimes communistes d’Europe de l’Est, par opposition aux régimes occidentaux qualifiés de « démocraties bourgeoises ». L’expression « démocratie populaire » met l’accent sur le fait que la démocratie capitaliste est une démocratie au service d’une minorité la classe possédant les moyens de production, les riches, les patrons, la finance. Les démocraties populaires devaient être une transition vers une société sans classes et vers le « dépérissement de l’Etat » selon Marx, ce dont les marxistes discutent à perte de vue. L’expression « démocratie libérale » a été utilisée pendant la Guerre froide par opposition à celle de « démocratie populaire » pour désigner le système politique des démocraties occidentales en associant les idées de démocratie et de libéralisme. Aujourd’hui encore. Le but était et est encore de mettre l’accent sur un système politique garant des libertés individuelles, pluraliste et basé sur le suffrage universel. Une démocratie libérale est aussi caractérisée par une économie capitaliste régie par la loi du marché. La légitimité de la démocratie libérale repose sur le peuple souverain, selon l’idéal démocratique, avec une séparation et une limitation des pouvoirs selon l’idéal libéral. La démocratie participative est une forme de partage et d’exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique. Conseils  de  quartier,  conseils  de  développement,  conseils  consultatifs  de  jeunes,  d’anciens, concertation sur projets, budgets participatifs, conférences de citoyens sont apparues à la fin des années 90. Et  les formes de participation citoyenne, très diversifiées, s’étendent en France.  Au niveau local je peux confirmer que  cela est faisable. A l’échelle  d’une commune, quelle que soit sa dimension (162habitants comme à Barnave, petit village de la Drôme- où j’ai interrogé le maire (en même temps tenancier de l’unique restaurant) – qui est un  ancien élève; il s’agit simplement m’a- t-il dit « de rendre compte au conseil de chacune de mes activités, de  ne détenir aucune information par devers moi ( sauf les confidentielles concernant les individus), de vérifier que des comptes-rendus des discussions et des décisions du conseil sont affichés, et de discuter avec tous les habitants (viticulteurs pour plupart)  C’est le minimum ». A  Saillans, (1240 habitants) dans la Drôme aussi, un projet de supermarché menaçait le « bien vivre au pays ». Le maire était pour, les habitants contre. Des citoyens se sont présentés aux élections municipales. Leur liste a gagné et, depuis, (depuis 2010) la révolution participative est en marche. A Ivry sur Seine, (60000 habitants ) depuis 2003, de mandat en mandat la démocratie participative s’enrichit ( avec les concertations sur l’aménagement, sur la répartition des logements, sur la prise en compte des exigences écologiques, sur les conditions d’accès des enfants à l’école, sur la diffusion de la culture et des arts dans la ville) et avec les partenariats avec 300 associations, avec les murs mis à la disposition des artistes de street art, avec les panneaux d’affichage pour les associations, avec les comités de quartier, les élus de quartier, les rencontres hebdomadaires avec le maire). Contribue aussi à cette démocratie participative, le « conseil scientifique de la ville » crée en 2009, composé de10 personnalités indépendantes qui mettent leurs savoirs, en faisant aussi appel à des experts (psychologues, sociologues…)  au service de la municipalité.  Leur mission est de réfléchir,  avec des membres  de l’administration municipale, sur des problèmes que se posent les élus avant de prendre des décisions. Ainsi plusieurs questions ont été traitées, comment mieux réaliser la mixité sociale, quels rythmes scolaires sont les meilleurs pour les enfants des écoles, et maintenant, comment gérer, dans la ville, les problèmes( côté jeunes des quartiers, côté habitants) posés par l’existence et le développement d’économies parallèles qui mettent à mal le maillage historique de la ville, et notamment avec la drogue .Où l’on retrouve les conclusions de sociologues comme Gérard Maugé qui a été invité, comme quoi la municipalité  ne peut qu’assurer le partage de l’espace public  ou  celles de Didier Lapeyronnie, selon lequel « l’écart se creuse entre les habitants et les institution comme la police, l’école et même les services sociaux . Ce qui implique d’imaginer des actions spécifiques … » Il y a aussi  la démocratie délibérative qui va au-delà de la participation des citoyens à la politique publique, c’est-à-dire leur participation aux décisions des élus. La démocratie délibérative c’est le fait que les citoyens, en plus d’être consultés sur toutes les questions de politique publique, peuvent et doivent indiquer quels sont les problèmes prioritaires à traiter. L’idée principale de la démocratie délibérative, inspirée par les théories de John Rawls « Théorie de la justice » et de Jürgen Habermas avec « L’éthique de la discussion », (il y a de nombreuses contributions en  ces 20ème  et 21ème  siècles, de philosophes (difficiles à lire) est de souligner qu’une décision politique est réellement légitime lorsqu’elle procède de la délibération publique de citoyens libres (ce que privilégie Rawls) et égaux (ce que privilégie Habermas). Quels sont les problèmes qui intéressent les citoyens? Comment ces derniers peuvent-ils en débattre ? C’est peut – être le rôle de  la « coopérative citoyenne » créée en 2015. Ses objectifs: favoriser l’implication des Ivryens afin de débattre des engagements de la ville et co-élaborer de nouveaux projets. (Une anecdote: Un chauffeur de taxi, ivryen, m’a dit, la semaine dernière, qu’il y avait beaucoup de bonnes choses à Ivry mais que pour lui et pour beaucoup d’Ivryens maintenant il y a une priorité: la ville est de plus en plus sale. Et qu’il avait une proposition à soumettre aux élus: que la mairie décide que la ville soit sans voitures  une fois par mois, le1er   lundi du mois par exemple, et que  tous les ivryens nettoient, avec leurs voisins et avec les agents municipaux de la voirie, avec les balais, sacs poubelles et voitures municipales pour les ordures,   autour de leur immeuble, dans la rue près de chez eux). ……… Et au niveau d’un pays, la démocratie délibérative, doit permettre de faire partager des conceptions du bien commun, différentes et de faire ainsi entrer en jeu le pluralisme culturel inhérent aux sociétés contemporaines; Mais pour cela il faut que les gens (chacun avec sa culture, sa religion, son genre,  veuillent et recherchent  le bien commun. Or l’individualisme en mouvement depuis la Renaissance n’a cessé de gagner tous les secteurs de la vie humaine. Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » montre que l’État de droit et les libertés individuelles sont les moteurs indispensables du progrès économique et social. Il craint toutefois que le système démocratique qui garantit à chacun la réalisation de ses droits favorise  le développement  de l’individualisme et conduise à terme à une atomisation de la société en même temps que cela débouche sur l’avènement d’un « État despotique et doux ». Car l’Etat  qui prend en charge tous les aspects de la vie sociale (sociétale) : « il travaille à leur bonheur, il pourvoit à leur sécurité, il prévoit et assure leurs besoins, il facilite leurs plaisirs, il conduit leurs principales affaires, il dirige leur industrie, règle leurs successions ,divise leurs héritages, » bref l’Etat- providence- infantilise les citoyens à force de les assister et ces citoyens n’ont plus le sens du commun « Imagine t-on qu’on puisse demander à un tel citoyen de faire le sacrifice de sa vie pour la patrie ? »

2ème  question.  La démocratie fonctionne t-elle mieux en supprimant les partis? C’est ce que pensait Rousseau qui écrivait dans le Contrat social, que pour que s’exprime la volonté générale, il ne doit pas y avoir « d’Etats dans l’Etat ». C’est ce que Simone Weil développe dans sa Note sur la suppression des partis politiques (1950) « L’idée de parti n’entrait pas dans la conception politique française de 1789, sinon comme un mal à éviter. Mais il y eut le club des Jacobins. C’était d’abord seulement un lieu de libre discussion ….c’est uniquement la pression de la guerre et de la guillotine qui en fit un parti totalitaire. S’il y a eu en 1789 une certaine expression de la volonté générale bien qu’on eut adopté le système représentatif faute de savoir en imaginer un autre, c’est qu’il y avait eu bien autre chose que des élections. Tout ce qu’il y avait de vivant à travers le pays – et le pays débordait de vie – avait cherché  à exprimer une pensée par l’organe des cahiers de revendications  Les représentants s’étaient en grande partie fait entraînent au cours de cette coopération  dans la pensée, ils en gardaient la chaleur ; ils sentaient le pays attentif à leurs paroles, jaloux de surveiller si elles traduisaient exactement ses aspirations …. »

   3ème  question. Démocratie, d’étymologie grecque (du grec ancien) est formé de « démos » (le peuple assemblé),  et de « kratein » commander.  Démos il s’agit bien du peuple assemblé car il y a un autre mot pour désigner le peuple en grec ancien: c’est le mot « laios » qui signifie aussi le peuple mais dans sa dispersion, soit, les gens. Les candidats à la présidentielle parlent tous du peuple (non pas les   individus mais la multitude rassemblée).  Cette remarque pour savoir comment faire pour rassembler les citoyens, et pour que le peuple ne soit pas trompé? Jean Jacques Rousseau a, pour moi, posé clairement cette question comment faire pour que les hommes soient également, partie prenante de toutes les décisions relatives à leurs conditions d’existence et pour qu’ils ne soient pas trompés ? Dans le « Contrat social » il écrit: « Trouver une forme d’association qui protège et défende de toute la force commune la personne et les biens  de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ».  Et plus loin il écrit  « À prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais. Il est contre l’ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné. » Et d’ajouter : « S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes». On est d’abord frappé par cette affirmation. Rousseau, comme Machiavel avant lui, se veut réaliste: tout gouvernement est donc aristocratique, même s’il se prononce pour l’aristocratie élective – et rejette la naturelle et l’héréditaire – puisque : « c’est l’ordre le meilleur et le plus naturel que les plus sages gouvernent la multitude », encore qu’il poursuit « quand on est sûr qu’ils la gouverneront pour son profit et non pour le leur », ce qui montre que Rousseau n’est pas un doux rêveur. Comment s’assurer que nos représentants défendent bien nos intérêts et non pas les leurs? La question dès lors est de savoir comment les contrôler par des mesures appropriées. C’est dans les « Considérations sur le gouvernement de Pologne », que Rousseau va, dans la partie consacrée aux moyens de maintenir la Constitution, tenter de limiter, peut-on dire, les dégâts et ce en appliquant à un cas particulier, la Pologne, ce qu’il a élaboré dans le Contrat social. D’où, pour Rousseau, la nécessité de prendre des mesures pour prévenir la corruption « qui de l’organe de la liberté [la puissance législative] fait l’instrument de la servitude ». D’une part, la fréquence des assemblées en changeant souvent les représentants et en restreignant le renouvellement des mandats; d’autre part, le mandat impératif et le compte rendu de mandat. Il s’agit donc de réglementer strictement la vie parlementaire, éviter les « vaines discussions » mais aussi le poids du Sénat, ce « corps particulier dans l’État ». Ainsi, le problème politique moderne est double: non seulement le pouvoir exécutif tend « à subjuguer la puissance législative », mais, de plus, les représentants du peuple sont le plus souvent corrompus. De quoi méditer encore aujourd’hui sur les institutions.

 4ème question. En quoi  la démocratie peut-elle être, pire qu’une tromperie, une mystification ?« Quand je vois un pauvre » disait Coluche «  qui va voter c’est comme si je voyais un crocodile entrer chez un maroquinier » je m’appuie sur des travaux d’un historien et d’une historienne de la Grèce ancienne (Jean Pierre Vernant « Les origines de la pensée grecque », Claude Mossé « Histoire d’une démocratie Athènes », et « Regards sur la démocratie », car l’idée et la réalisation de la démocratie sont nées à Athènes aux 6ème et 5ème  avant J.C. Je m’attarde un peu sur les réformes de Clisthène qui ont mis en place la forme démocratique de gouvernement. Athènes était alors une cité-Etat qui a valorisé le patriotisme citoyen   dans sa lutte contre la despotique  Sparte (La guerre du Péloponnèse). D’abord une réforme administrative: Athènes était divisée en trois quartiers concentriques: au  centre les familles riches, puis au milieu les artisans et commerçants, et enfin à la périphérie les petits paysans, les bûcherons, les pêcheurs, etc.. La division administrative de la ville reflétait la hiérarchie sociale. Clisthène divise Athènes en dix quartiers (comme un gâteau divisé en 10 parts; ainsi chaque quartier comporte les trois types de population) Vouloir la démocratie c’est vouloir la mixité sociale dans les quartiers d’une ville  ou d’un pays, qu’il n’y ait pas de ghettos. N’est- ce pas  là une condition pour que la démocratie ne soit pas un leurre au sens d’un mot vide de réalité? c’est pourquoi les élus municipaux discutent comment gérer  l’habitat, comment utiliser les impôts locaux pour construire la ville, quelle doit être la taxe d’habitation, s’il faut des surloyers dans un immeuble, comment répartir les immeubles à loyers modérés et les propriétés privées. Il y a aussi le rôle des architectes qui conçoivent – ou non – des immeubles, et des cités, qui favorisent ou non les rencontres. C’est aussi vouloir la cohabitation ethnique et religieuse mais comment faire et comment traiter ceux qui refusent de respecter  le contrat social ? comment traiter des groupes ou des individus  qui refusent le contrat d’insertion?  A l’échelle d’un pays la même question se pose. Puis Clisthène a inventé une réforme du calendrier: L’année comporte 10 mois (10 période de 36 jours) au lieu de 12 pour permettre la; réforme politique: le pouvoir législatif (le conseil, qui comportait  400 membres en comportera 500, c’est-à-dire, 50 fois 10 = 50 par quartier) et le pouvoir exécutif est confié, une fois par mois à des représentants du quartier ; le pouvoir exécutif tourne tous les mois . Ainsi dans la cité athénienne le pouvoir n’est plus concentré dans les mains d’un seul ou de quelques uns mais tous les athéniens, tous les habitants de la cité, participent et au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif, c’est  au pouvoir d’énoncer des lois pour vivre ensemble et de décider comment appliquer ces lois. Vouloir la démocratie politique relèverait du désir de vivre ensemble selon des règles validées par tous, ce qu’on appelle la loi (valable pour tous), qui s’oppose à la règle (valable pour quelques particuliers).  Or aujourd’hui, l’idée de loi  n’a plus la même valeur : « Dans les sociétés individualistes contemporaines, la règle qui manifeste l’accord entre les parties du corps social tend à remplacer la loi censée être l’expression d’une volonté générale à laquelle plus personne ne croit ». Les sociétés démocratiques modernes, par opposition aux sociétés anciennes et traditionnelles, n’ont pas un rapport simple et univoque à la loi. Comme l’écrit le philosophe contemporain Christian Godin « Les sociétés démocratiques modernes dans le double lien» (revue Le Portique2005.) « Les lois du Décalogue étaient inscrites sur la pierre, celles de Rome étaient gravées dans le bronze, les nôtres sont écrites sur du sable. Elles ne sont lisibles que le temps d’une législature, d’un gouvernement, d’une mode. Désormais, nul, à l’exception d’une poignée de fanatiques ou de rêveurs, ne croit plus qu’elles émanent de Dieu ou de la Nature. Dès lors, pourquoi les respecter? Dès lors, pourquoi obéir aux lois? » Et ainsi nul ne croit plus qu’il y ait de l’universel, les droits de l’homme sont vécus comme les droits des individus avec leur différence, alors les lois votées par les représentants du peuple sont celles qui sont voulues (exigées) par des groupes de pression, des lobbies (les indigènes, les LGBT, les amis des animaux, etc..). Les lois votées par le parlement sont alors un leurre au sens d’une mystification. D’autre part à Athènes, la démocratie est inventée dans un système esclavagiste de production. Etaient donc exclus du pouvoir de décider les esclaves, les femmes et les étrangers (les métèques). La démocratie politique n’est-elle pas une tromperie pour ceux qui ne détiennent, de fait aucun pouvoir social. Marx dans « La question Juive », examine la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et met en évidence que les droits fondamentaux (liberté, égalité, sûreté, propriété) sont formels. Dans la réalité pauvres et riches ne sont pas réellement égaux ni libres de la même façon. Les uns sont libres d’acheter, de vendre, de circuler, de gérer leurs entreprises, les autres ne sont ni esclaves ni serfs, mais seulement libres de vendre leur force de travail. Depuis le 8 mars 1911 nous savons qu’il faut lutter « pour que l’égalité des droits des femmes et des hommes, inscrite dans la loi, soit une égalité pratiquée dans les faits ». Il en va de même lorsque les ouvriers, les employés, et aujourd’hui  les précaires demandent la reconnaissance du fait de travail comme fondement de la société, ou, lorsque les colonisés et anciens colonisés, dont les anciens esclaves demandent l’égale dignité, dans les faits, des cultures et des êtres humains. De même pour les étrangers pourquoi ne pas faire ce qu’a fait la Révolution française: distinguer la nationalité (ce avec quoi on naît) et la citoyenneté (participer à l’élaboration des lois).

5ème question : Comment aller vers l’utopie démocratique ?   Ainsi,  Egalité, liberté,  et fraternité sont les principes de la démocratie. Mais il y a ceux qui disent après le socialiste Marx que l’égalité d’accès aux droits fondamentaux est alors, et formelle et une mystification, car la loi du plus fort (économiquement) s’installe. Il y a ceux qui disent après le libéral Tocqueville que l’égalisation des conditions entraîne la perte de la liberté. Il y a ceux qui soulignent que les initiatives  de fraternité ne sont pas prises en compte dans notre démocratie. Alors? Pessimisme par rapport à tous les obstacles à une démocratie réelle, ce pourquoi se développe aujourd’hui le terme de « démocrature ». Mot-valise composé par l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano à partir de démocratie et de dictature. Dictature des pouvoirs économique et financiers, ou dictature des partis, camouflée sous l’apparence de la démocratie. (Nom d’un ouvrage de Max Liniger-Goumaz: « La démocrature, dictature camouflée, démocratie truquée ». Mais optimisme de la volonté pour une utopie démocratique  si on se met à l’écoute des multiples initiatives locales, collectives, inventives de démocratie au sens de gouvernement de soi et du peuple par soi même: allez voir sur Google l’extraordinaire expérience aujourd’hui (parce qu’il y a eu d’autres communautés de production et de vie … hier et avant-hier )  de Marinaleda,en Espagne au coeur de l’Andalousie, un village de 2500 habitants,  100 % en autogestion, et figure d’exemple pour sa gestion et son administration basées sur l’économie sociale et solidaire, et par sa démocratie participative avec de réels pouvoirs aux habitants. Et, plus prosaïquement  aujourd’hui, par rapport à l’existence même de notre démocratie, des candidats à la présidentielle parlent d’un « tournant historique » voire « anthropologique ».  C’est pourquoi je pense, avec d’autres, qu’il est urgent de tout faire, au minimum de pétitionner, pour l’alliance de ceux qui veulent approfondir la démocratie. Et développer partout où l’on se trouve le débat.

  6ème question;  Il y a une autre façon de voir la question de la démocratie aujourd’hui :faut-il la promouvoir partout? Mais comment? peut-on l’imposer? c’est une question que se pose un autre café-philo, à Annemasse: « La démocratie, une valeur occidentale, est-elle universalisable ? » (Edith Deléage Perstunski. Professeure de philosophie)

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« La démocratie, telle que les politiciens la conçoivent est une forme de gouvernement, c’est-à-dire, une méthode de faire faire aux gens ce que leur chefs désirent tout en faisant croire qu’ils font ce qu’ils veulent eux-mêmes » (Essais Sceptiques. Bertrand Russel. 1928. § VXIV.P. 261 – Editions Reider. 1943)

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La cueillette du poète.

La démocratie est-elle malade ?   chez   Marie-Claude  &  Pascal,  À  L’Entrepot’s, en Ligne,
démocratie … maligne,

*  « Mal – a – dit  Le docteur » … Vincent  Roca, L’Acteur, maladie des docteurs,
de La Loi, des Acteurs, de La démocratie,
malade, de ses Auteurs, malade, de ses Acteurs,
« maintenant, et, ici » … 

*  … démo – cratie, disent-ils, de nom, ce n’est qu’un mot … des – mots,
de La démocratie, malade de ses maux …
La démocratie Vit … tant bien que mal … Avec son mal, Avec ses maux,
ses élites, mâles  _ Leurs paroles _ Leurs mots …

*  … Le Pouvoir Abaissant, Pouvoir Abêtissant, et, tirant Vers Le bas, démocratie d’en bas,
Le Peuple se débat, « ce n’est qu’un début … continuons Le combat ! »
La démocratie est malade _ de L’élite _ du  non-respect du peuple _ de ses citoyens,
La souveraineté du peuple se délite, non-respect de La Volonté des citoyens …

*  … Libre pouvoir de se gouverner eux-mêmes  _ dans une égalité de droits, et, de devoirs,
civiques, et, politiques, conditions sociales, mêmes  _ Vérité _ probité _ résistance _
résilience _ confiance _ qui n’existent plus, en France, depuis  Pierre Mendès France, Lucidité, humilité, fiabilité,
démocratique _ populaire _ dignité, espoir, de guérison, À  promouvoir …

*  … et  La démocratie est malade _ du sol  Au plafond, de Verre,
contre Lequel se cognent  Les femmes _ et  où La démocratie se perd …
_ de La Verticalité _  de La hiérarchie _ de L’oligarchie _
du mensonge _ imposture _ du cynisme suprême _ de L’hypocrisie _ de La démocrachie …

*  … et _ des coupures _ des ciseaux d’Anastasie … Le doute _ La méfiance,
La désinformation, La subordination, Voire _ subornation, Le dépit, La défiance,  
du dévoiement, des déviations, La manipulation,
mass – médiatisation, et, mass – médiocratisation …

*  … démocratie en crise(s) _ maladie chronique, difficiles _ gestation, et, Accouchement _ Socrate, de notre  République, Platon, son mal, ses maux dormants …
contre Le bien commun, contre Le Lien commun, comme – un, humain, défi,
de La philosophie …

*  … Aux intérêts particuliers,  face À L’intérêt général,
Aux états dans L’État, dans L’État Amiral,
minorités / majorité, personnelles identités, des simples matelots,
ce qui est notre Lot …

*  … 9 _ gestation _ corps et Âme _ malades, en Lien, et, en partage _ santé _
La parade, en médecins, du corps, de L’Âme _ philosophes,
en chair, et, en esprit, notre être, qu’ils Apostrophent,
mal, maladivement, nos maux, ressenti – ment … ne dit La Vérité …  

*  … quand La philosophie, de La démocratie, tend Vers La Vérité
santé, de La Cité, en souffrance, en puissance, et  puis – sens … de La démocratie,
en instance, et, malade, en convalescence, maladie infantile, de La démocratie
immature, sur Le soin, L’Attention, Le souci, de L’Autre, À nos côtés, La solidarité …   

*  … masques et bergamasques … La démocratie,
malade de ses masques,
sous Lesquels elle Voile … Autant de paradoxes … Autant d’Arguties …
sur fond de bal masqué … que sa danse dévoile, singulier, masque …

*  … que d’Aucuns ( Covid ) disent neuf …
Alors que, pluriel, il est Vieux comme Le monde, comme qui dirait Vieux Veuf …
de La démocratie, morte, dite, « en raccourci(e) » … maladie qui se masque, Aux fronts _ et, Aux frontons, L’Affront …

*  … des édifices, publics _
_ de La démocratie … Les  Liberté – Égalité – Fraternité _ de notre République,
historique, et, républicaine monarchie « fidèle rebelle », « belle et rebelle », démocratie
… devise _ qui _ masquée, démasquée, gravée dans Le marbre _ y  officie …

*  … déclenchant, provoquant, Autant de  qu’en-dira-t-on … sur La démocratie,
sur sa danse _ sa ronde _ son bal, sa geste _
média – médio – cratie _  
« Le bal des Animaux », et, d’Autant d’Animaux, malades de La peste …

*  … d’exclus, rejetés, sa base populaire, ses  « invisibles », À L’Air …
de  « damnés de La terre », « insoumis », réfractaires, et, révolutionnaires,
ses médias, délétères, porte-Voix, porte-cotons, faire-Valoir, élitaires,
et, tous ses Actionnaires, Autres  réActionnaires, Voire, ségrégationnaires, …

*  … La démocratie est malade, de son incohérence,
inexemplarité, son manque d’exigence _ Voire  d’excellence _
_ qui tirent Vers Le bas _
La  résistance _ Le  combat …

*  … Vers Le haut _ de La  Libération, de L’humanisation … La démocratie est malade,
de son Adaptation, À cette maladie,
son inadaptation _ tragédie – comédie _ À La saine République des Camarades,
intime – universelle  mise – en – commun, de  L’humain  bien  commun … c’est dit ! 

*  _ 9 _ double gestation _ Casfée  Philo’s, en visioconférence, À  L’Entrepot’s,  14 novembre 2020,en  Brumaire,
démocratie malade, Brume – ère,
Gilles  Roca – Laure, dit – vain … 

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