Dialogue

< Retour au dictionnaire
Image promotionnelle du film, Dialogue avec mon jardinier

Le grand Robert de la langue française : Du grec « dialogos », parler.

Entretien entre deux personnes.

Contact et discussion entre deux groupes, deux parties d’intérêts divergents

Ensemble des paroles qu’échangent les personnages d’une pièce  de théâtre, d’un film, d’un récit. Manière dont l’auteur fait parle les personnages.

Encyclopédie de la philosophie Pochothèque ; Entretien entre deux ou plusieurs personnes. En philosophie le dialogue est aussi une des formes littéraires sous lesquelles  le discours philosophique peut s’exprimer. Pour nombre d’Anciens, le dialogue constitue même le mode propre et privilégié du discours philosophique.  Se présentant comme une discussion structurée autour de questions et de réponses, entre des personnes que lie  un intérêt commun de recherche, le dialogue st présenté par Socrate comme un bon moyende critiquer « l’opinion »

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Le fait de parler à deux ou à plusieurs, pour chercher une même vérité. C’est donc un genre de conversation, mais tendue vers l’universel plutôt que vers le singulier (comme dans la confidence) ou le particulier (comme dans la discussion)… Parler à plusieurs, si c’est pour chercher le vrai, c’est supposer en tous une raison commune, et l’insuffisance en chacun de cette raison….

Synonymes : Colloque. Conversation. Débat. Discussion. Échange. Interview. Tête à tête.

Contraire : Confidence. Monologue. Soliloque.

Par analogie : Argumentation. Auditeur. Avis. Circoloncution. Concertation. Conciliabule. Conférer. Contradicteur. Converser. Controverse. Débateur. Dialectique. Dispute. Disputation.  Émetteur. Entrevue. Galimatias.  Interlocuteur. Logique. Négociation. Oaristys. Opinion. Parler. Parole. Parole de jésuite. Partage. Périphrase. Polémique. Propos spécieux. Raisonnement. Récepteur. Réplique. Rhétorique. Sémantique. S’entretenir. Sophisme.

Expressions : Dialogue épistolaire. Dialogue intérieur. Dialogue social. Dialogue de sourds

*

Nous retrouvons le dialogue dans : Le débat Le roman, au théâtre, au cinéma… Dans tous les relation sociales Les relations amicales jusqu’aux relations avec nos proches, les intimes. Les conversations de salon du 18 ème siècle, ou les jeux d’esprits. On en trouve un exemple dans le film « Ridicule » Le dialogue intérieur, voire, l’entretien contradictoire avec soi-même; lorsqu’on indécis, qu’il faut choisir entre deux option, on évoque en soi les arguments pour, et les arguments contre. On défini aussi le dialogue en : Dialogue dialectique, tel l’échange philosophique où la parole est libre et non subordonnée Le dialogue didactique, comme dans le cas du maître et de son élève Le dialogue polémique, où l’on affronte l’opinion d’un autre, opinion contraire à la notre, et qu’on tente  de détruire. On parle aussi de débat contradictoire. Je vois dans les différentes formes de dialogue : La conversation tête à tête, ou même les confidences chuchotées. Une conversation entre plusieurs personnes, jusqu’aux échanges où l’on ne se comprend pas, ce qu’on nomme aussi « dialogue de sourds » Une négociation entre deux ou plusieurs interlocuteurs. Les propos de personnages dans un roman, un film, d’une pièce de théâtre. Les dialogues des personnages de Platon. Le dialogue intérieur, où suivant Marc Aurèle, « la retraite en soi-même » Et n’oublions pas la langue des signes, le langage des sourds et muets. Et lorsque le dialogue s’enflamme, il devient dispute, ou la forme violente du dialogue Et est aussi une forme de dialogue assez particulier, dont on ne sait qui s’exprime, qui parle réellement ; c’est le dialogue avec les esprits auxquels vous invitent les marchands de spiritisme. Et l’on parle même d’un dialogue avec Dieu qu’est la prière.( Danielle Pommier Vautrin. Débat : Les formes du dialogue. 22. 12. 2017)

*

« L’exercice philosophique c’est aussi retraite, pas retraite à la mer, à la campagne, ou à la montagne, retraite en soi-même » (Marc Aurèle) C’est initier, reprendre le dialogue intérieur, le dialogue avec soi-même.

*

 Si l’on part de l’étymologie du mot « dialogue » « DIA » entre, et, « logos » parole ; on voit un principe, celui de transmettre une idée par la parole, un échange entre une ou plusieurs personnes ; un émetteur, un ou plusieurs récepteurs, auditeurs, sauf à parler tout seul. Même si je préfère chercher des sources autres que Wikipédia, j’ai voulu voir leur définition du mot dialogue, et là je suis surpris et même en désaccord, car pour eux (je cite) : «  Le dialogue se distingue de la discussion et du débat. Il se réfère à un mode de conversation qui concerne nécessairement, raison, discernement, exactitude, et sagesse ». Donc, ce soir, (dans notre débat au café-philo, sur le dialogue) nous ne faisons que débattre, et nous n’avons ni : la raison, ni le discernement, ni li la sagesse…», et pourtant, nous dialoguons (Luis)

*

 Dans une émission sur France culture l’animatrice, Adèle Van Reeth, introduisant un débat sur les philosophes des lumières, donne une belle définition du dialogue, (je cite) : « Ceux qui ont enflammé ce siècle avec en guise d’allumette, le mot, ou plutôt, la parole, la voix qui porte, le ton déterminé, l’échange, l’adresse, en un mot donc, le dialogue L’essence du dialogue (dit-elle plus loin), est d’interpeller, de susciter des réponses, des objections ». A l’heure où les échanges, via les diverses connexions numériques prennent le pas sur l’échange « en présence » cette réflexion sur les formes du dialogue semble opportune. Nous ne dialoguons plus comme cela fut pour nos parents, grands parents. Je prendrais pour simple exemple, le dialogue qu’on nomme dialogue épistolaire, soit l’échange de lettres, où la pensée ne se traduisait pas immédiatement par une vive activité des pouces sur un clavier. La lettre, laissait du temps à la réflexion, à la manière d’exprimer au mieux sa pensée. La plume, le stylo, restait un instant en l’air. La réflexion précédait alors l’expression, ce qui n’est pas le fait de tous les dialogues. En philosophie, le dialogue est aussi une des formes littéraire sous lesquelles le discours philosophique peut s’exprimer. C’est la discussion structurée comme l’a utilisé Platon. Ainsi va-t-il donner la parole aux personnages de ses œuvres, ceci parfois lors d’un repas. Les convives vont échanger, confronter leurs idées, pour faire émerger, bien sûr, les idées de Platon. De même transformant, ce dialogue en lui, son monologue, il se fait ventriloque, et fait  faire parler Socrate.  (Luis)

*

Les théories et préceptes philosophiques ont continué à être présentés sous formes de dialogue. Les quelques  exemples qui me viennent spontanément à l’esprit c’est Voltaire, avec par exemple Zadig, ou Candide, (pour ne citer que ces deux là) puis c’est la Fontaine qui fait dialoguer des animaux pour parler de nous, c’est aussi, ce fameux dialogue épistolaire de Jean-Jacques Rousseau  avec toutes ses lettres à Sophie Volland. Et c’est dans cette quasi naissance du roman, le dialogue, introduit par Cervantès dans Don Quijote. (Luis)

*

« — C’est joli, c’est vous qui me racontez de belles histoires, – – – – Cela revient au même : comme je vous l’ai déjà dit, c’est l’interlocuteur qui suscite la conversation » (Amélie Nothomb. Mercure)

*

Il y a dialogue à partir du moment où l’interlocuteur s’engage avec sa parole, lorsque le « je » ne se réfugie pas derrière le « on ». J’exprime une opinion, et je prends délibérément le risque d’être contredit, le risque de rencontrer des opinions différentes. Du dialogue peut « jaillir la lumière ». Le dialogue est plus que simplement parler. Il suppose l’attention à l’autre, le soin de lui tenir un propos cohérent, compréhensible, un propos adapté à la personne à qui l’on s’adresse : on ne parle pas de la même façon à sa collègue de bureau, à son beau frère qu’à parle devant un auditoire. On ne se parle pas à soi-même, « on ne parle pas à son chapeau ». On redoute dans le dialogue :

Celui qui va vous payer de mots, ce « parleur étrange et qui trouve toujours  l’art de ne rien dire avec de grands discours » (Alcest, le misanthrope) Celui qui parle pour lui-même « enfin, moi j’me comprends » Celui qui parle jusqu’à ce qu’il ait quelque chose à dire, ou la parole en « auto allumage » Celui qui n’ayant rien à dire, prend le contre-pied par principe, ou la chasse à la contradiction, ou s’exercer à l’art d’avoir raison, de ceux qui questionnent la question. Si je m’adresse à un groupe de personne qui veulent bien me prêter attention, je dois avoir certaines questions présentent à l’esprit. Qu’ai-je à dire ? Quelles sont les personnes à qui je m’adresse ? Comment puis-je  au mieux faire partager et comprendre pleinement le fond de ma pensée ? (Luis)  

* « Il faut, mot pour mot, se rendre compte de ce que l’on dit, et, en toute action, de ce qui en résulte ; dans ce dernier cas voir directement à quel but notre action se rapporte : et, dans le premier cas veiller à ce que les mots signifient » (Marc Aurèle. Pensées pour moi-même.)

*

 » De tous ceux qui n’ont rien à dire je préfère de loin celui qui se tait  » (Coluche)

*

Dans le domaine du cinéma là aussi le dialogue (depuis le cinéma parlant) est un élément primordial dans l’œuvre. Et particularité dans ce domaine, on a tous en tête quelques répliques des dialogues d’Audiart.   « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner » « Quand les types de 130 kg disent certaines choses, ceux de 60 kg les écoutent » « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » « Deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche » « Quand les cons voleront, tu seras chef d’escadrille » Quand l’écrivain fait dialoguer ses personnages, nous sommes plus que lecteurs, nous sommes auditeurs; ce sont les petits tirets qui vous rendent présents les personnages.  (Luis)

*

                                    « Le dialogue de la poularde et le chapon »

Dans, Dialogues et anecdotes philosophiques, Voltaire fait parler entre – eux une poularde et un chapon. – La poularde – Une maudite servante m’a prise sur ses genoux, m’a plongé une longue aiguille dans le cul, a saisi ma matrice.., l’a arrachée et l’a donnée à manger au chat. Me voilà incapable de recevoir les faveurs du chantre du jour, et de pondre. – Le chapon – Hélas ! ma bonne, j’ai perdu plus que vous ; ils vous on fait poularde, et  moi chapon. La seule idée qui adoucit mon état déplorable, c’est que j’entendis ces jours-ci  près de mon poulailler, raisonner deux abbés italiens à qui on avait fait le même outrage afin qu’ils puisse chanter devant le pape avec une voix plus claire. – La poularde – Quoi ! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privé de la plus belle partie de nous-même ? – Le chapon – Hélas ! ma pauvre poularde, c’est pour nous engraisser, et rendre notre chair plus délicate.., car ils prétendent nous manger. – La poularde – Ah ! les monstres ! – Le chapon. – C’est leur coutume, ils nous mettent en prison pendant quelques jours ; nous crèvent les yeux pour que nous n’ayons point de distraction ; enfin, le jour de la fête étant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rôtir. On nous apporte devant eux dans des grandes pièces en argent ; chacun dit de nous ce qu’il pense ; on fait notre oraison funèbre ; l’un dit que nous sentons la noisette ; l’autre vante notre chair ; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion ; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour jamais.

< Retour au dictionnaire