Dieu

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La création d’Adam. Michel Ange. 1511. Chapelle sixtine. Rome.

Le Grand Robert de la langue française : Principe d’explication de l’existence du monde, conçu comme un être personnel, selon les modalités particulières aux croyances, aux religions.

Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande : Etre personnel, supérieur  à l’humanité, qui donne des ordres et fait des promesses, auquel on adresse des prières et qui les exauce, s’il le juge bon.

Encyclopédie de la hilosophie, Pochotèque ; Du latin deus, apparenté à la racine indo-européenne div ; « lumineux » « céleste » terme qui désigne , avec des significations différentes selon les cultures, une entité supérieure douée de puissance surhumaine. Dans le cadre de la tradition judéo-chrétienne le mot prend le sens de  « seigneur »; c’est cette acception. C’est cette acception (qui inclut aussi les spécifications en terme, d’Être suprême , extra mondain, personnel, absolu, existant par et pour lui-même, et par conséquent nécessaire, étenel, infiniment parfait, créateur du monde, législateur, juge, rémunérateur, saint) qui s’est imposeé dans le monde occidentale. L’idée de dieu se présente toujours dans le cadre d’une religion déterminée, en relation avec les conceptions particulières de cette religion: de la puissance, de la sainteté,  de la pité et de la dévotion, de l’amour, de la foi croyance et de la foi confiance, du sacrifice, conceptions dont elle constitue le centre et le point de référence.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Chez les Grecs, et en général dans le polythéisme, c’est un être immortel et bienheureux. Ces deux caractères, s’ils subsistent dans le monothéisme, y prennent pourtant moins d’importance que les dimensions ontologiques et morales. Dieu, c’est l’être suprême, créateur et incréé (il est cause de soi), souverainement bon et juste, dont tout dépend et qui ne dépend de rien. C’ est l’absolu en acte et en présence.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Tertullien rapporte que Thalès étant à la cour de Crésus, ce prince lui demanda une explication claire & nette de la Divinité. Après plusieurs réponses vagues, la philosophe convint qu’il n’avoit rien à dire de satisfaisant. Cicéron avoit remarqué quelque chose de semblable du poëte Simonide : Hieron lui demanda ce que c’est Dieu, & il promit de répondre en peu de jour. Ce délai passé, il en demanda à un autre, & puis un autre encore : à la fin, le roi le pressant vivement, il dit pour toute réponse ; « Plus j’examine cette matiere, & plus je la trouve au-dessus de mon intelligence ». On peut conclure de l’embarras de ces deux philosophes, qu’il n’y a guere de sujet qui mérite plus de circonspection, que ce qui regarde la Divinité : elle est accessible à nos regards ; on ne peut la dévoiler, quelque soin qu’on en prenne.

Synonymes : Créateur. Divinité. Cause première. Le Bon Dieu. Le démiurge. Le grand architecte. L’Eternel. L’être suprême. Le père éternel. Le saint des saints. Le Tout puissant. Seigneur. Yahvé.

Contraires : Asmodée. Astaroth. Baphomet. Démon. Diable. Le malin. Satan. Méphistophélès.

Par analogie : Animisme. Apôtre. Athéisme. Blasphème. Culte. Déisme. Doigt de Dieu. Divinité. Eglise. Enfer. Grand manitou.  Idole. Incarnation. Jésus Christ. Métaphysique.  La trinité. Manichéisme. Messie. Miracle. Monothéisme. Mysticisme. Mythologie. Paganisme. Panthéisme. Paradis. Preuve ontologique. Polythéisme.  Prophète. Religion. Théologie.

Expression: Ni Dieu ni maître. Dieu est une idée utile. Dieu le doudou suprême Dieu, une pensée de la pensée.*

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 « Dieu est : ce qui ne peut pas ne pas être »

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« La divinité dont il s’agit est donc toute terrestre.  « J’ai cherché pendant trois ans, dit Kirilov * l’attribut de ma divinité, et je l’ai trouvé. L’attribut de ma divinité l’indépendance». on s’aperçoit désormais le sens de la prémisse kirilovienne : «  Si Dieu n’existe pas, je suis dieu » . Devenir c’est seulement être libre sur la terre, ne pas servir un être immortel. … Si Dieu existe, tout dépend de lui et nous ne pouvons rien contre sa volonté. . S’il n’existe pas tout dépend de nous. Pour Kirilov comme pour Nietzsche tuer Dieu, c’est devenir dieu soi-même » Kirilov, personnage du roman de Dostoïevski, Les Démons.  (Albret Camus. Le mythe de Sisyphe)

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« Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » (Voltaire)

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« Le propos de saint Anselme consiste à chercher un « argument unique » qui lui permette de prouver l’existence de Dieu rationnellement, à la condition que se subordonne à l’existence déjà admise de Dieu comme elle est présentée dans la religion. Cela signifie prouver l’existence de quelque chose qui préalablement accepté comme existant, donc, comme condition même de la preuve » (Métaphysique et raison moderne. Denis Rosenfield. Vrin 1997)

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« Si Dieu existe qu’il le prouve, et s’il n’existe pas qu’il ait le courage de l’avouer ». (Pierre Dac)

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« ..Le rôle du philosophe est donc de montrer à l’homme les vrais ressorts des actions et de détruire les mythes et les superstitions. Le mythe de Dieu est le plus complexe et le plus tenace, l’homme est victime de la superstition religieuse, cette imposture majeure » (Paul Henri Holbach)

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« L’homme a créé les dieux, l’inverse reste à prouver  » (Serge Gainsbourg)

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« Comment ? L’homme n’est-il qu’une bourde de Dieu ? Où Dieu qu’une bourde de l’homme ? » (Nietzsche. Crépuscule des idoles)

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On sait à quel âge un enfant doit apprendre à lire, à chanter, à danser… Ce n’est qu’en matière de religion qu’on ne consulte point sa portée : à peine entend t-il, qu’on lui demande : « Qu’est-ce que Dieu, » C’est dans le même instant… qu’il apprend qu’il y a des esprits follets, des revenants, des loups-garous et un dieu. On lui inculque une des plus importantes vérités d’une manière capable de la décrier un jour au tribunal de sa raison. En effet, qu’y aura-t-il de surprenant, si, trouvant à l’âge de vingt cinq ans l’existence de Dieu confondue dans a tête avec une foule de préjugés ridicules… » (Voltaire.Pensées philosophiques XXV)

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«  Je vous dit qu’il n’y a point de Dieu ; que la création est une chimère, que l’éternité du monde n’est pas plus incommode que l’éternité d’un esprit » (Diderot) Et il reprend souvent le paradoxe épicurien. D’un Dieu tout puissant qui ne peut faire les chose pour le meilleur des mondes. Et s’il ne peut pas le faire, c’est : ou qu’il n’est pas tout puissant, ou qu’il n’existe pas.

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«  James et Spinoza estiment tous deux que Dieu est en nous …, la source du divin, non seulement est en nous, mais dans l’inconscient qui est en nous.., l’expérience religieuse est quelque chose de « plus », mais que c’est  grâce à ce plus que nous pouvons nous projeter « au-delà » et « ici bas »  (Antonio Damasio. Spinoza avait raison. Odile Jacob. 2003)

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« Camarade, ne crois à rien ; n’accepte rien sans preuve. N’a jamais rien prouvé le sang des martyrs. Il n’est pas religion si folle qui n’ai eu les siens et qui n’ai suscité des convictions ardentes . C’est au nom de la foi qu’on meurt, et c’est au nom de la foi qu’on tue. L’appétit de savoir naît du doute. Cesse de croire et instruis-toi. L’on ne cherche jamais d’imposer qu’à défaut de preuves. Ne t’en laisse pas accroire. Ne t’en laisse pas imposer » (Les nourritures terrestres. André Gide)

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Tous les philosophes (ou presque) reconnaîtrons l’idée de Dieu, seul Rousseau s’y refusera. « Le dieu de Spinoza n’était ni juif ni chrétien. Le dieu de Spinoza était partout. On ne pouvait lui parler, il ne pouvait répondre aux prières à lui adressées. Le dieu de Spinoza est dans chaque particule de l’univers, sans commencement, ni fin »  (Antonio. Damasio. Spinoza avait raison. Odile Jacob. 2003)

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Je suis l’ennemi de celui pour qui l’amour d’un dieu surpasse l’amour des hommes. Ce qui devrait être amour devient de la haine. C’est la guerre à l’infidèle, expression qui nous a valu tant de larmes. (Luis)

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 « Dieu cet asile de l’ignorance » (Spinoza. Appendice au livre I De l’Éthique) Nous retrouvons chez Spinoza ces démonstrations qui paraissent simplistes aujourd’hui : c’est par exemple : « Si donc aucune raison ou cause ne peut être donnée qui empêche que Dieu existe ou ôte son existence, on ne pourra du tout éviter de conclure qu’il existe nécessairement   (Démonstration de la proposition XI ; Ethique). Avec la preuve ontologique, voilà une démonstration puérile qui reprend à s’y méprendre celle de Pascal: si vous ne pouvez pas prouver que Dieu existe, c’est donc qu’il existe. Si je retourne le propos il n’en est pas moins stupide. C’est, paradoxalement, le croyant qui revoie la charge de la preuve au non croyant.  (Luis)

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« Nous devons servir le créateur avant de servir la créature, voilà la religion parfaite », Pascal.  Nous retrouvons là tout ce qui mène directement à l’intégrisme. Ou quand l’amour d’un Dieu surpasse l’amour des hommes.  (Luis)

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 « Dieu, une bonne idée: C Croyants et athées se sont longtemps déchirés sur la question de l’existence de Dieu. Mais peut-être est-i plus fécond de déplacer cette question traditionnelle. Et de se demander, non pas si Dieu existe, mais si les effets de cette idée sont bénéfiques ou néfastes. D’un côté, la croyance en Dieu permet de trouver du secours face à l’épreuve du deuil et de la mort, de dessiner une ligne de partage entre le bien et le mal. Elle incite à promouvoir d’autres valeurs que le simple enrichissement matériel. De l’autre, l’idée de Dieu est susceptible de bien des mésusages.  En politique, ne voyons-nous pas l’islamisme ronger l’élan démocratique des printemps arabes ? dans les universités, ne faut-il pas s’inquiéter de voir revenir des créationnistes et des théologiens qui, sous couvert d’argumenter rationnellement, engage un faux dialogue avec la science ? Et d’un point de vue plus existentiel, celui qui adhère à l’idée de Dieu n’est-il pas guetté par le dogmatisme, Si elle est plus pragmatique que métaphysique, gageons que la question des effets concrets de l’idée de Dieu est tout aussi polémique que celle de son existence. (Article. Dieu, une bonne idée ? Philosophie magazine N° 65. Janvier 2013)

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« … l’idée de Dieu nous permet d’étancher notre soif métaphysique. Elle répond aux questions indécidables comme celle du commencement des choses, de leur consistance et de leur destination. Comment imaginer que le mouvement des êtres de la nature existe sans un premier moteur, lui-même immobile ? Comment pouvons-nous être sûrs de pas rêver note existence  et le monde qui nous entoure, sans garant suprême de sa réalité et da cohérence, Quel sens donner au chaos de l’histoire ? Les philosophes à des époques diverses en lui prêtent des définitions hétérogènes, font appel à l’idée de Dieu pour répondre à ces interrogations et nous aide à dormir tranquilles » (Article. Dieu, une bonne Idée. Philosophie magazine, n°55. Janvier 2013)

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De l’universalité de Dieu : Dans son ouvrage « Théâtre un » Robert Badinter évoquant Treblinka, fait dire à  ses personnages :  – —— – Schmiele « …les vieillards jetés dans les wagons, et surtout la mort des enfants dans les chambres à gaz, ça je ne peux pas le comprendre, ni le pardonner, même, à Dieu, s’il existe. – Le rabbin : ne blasphème pas… Parce que je vais te donner la réponse : si l’Eternel n’est pas notre Dieu, alors, qui serait-il ? sinon le Dieu de nos assassins, Et ça, c’est impossible »

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