Différence

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Yin et yang

Le Grand Robert de la langue française : Caractère ou ensemble des caractères (la différence) qui distingue une chose d’une autre , un être d’un autre, relation d’altérité entre ces choses, ces êtres.

Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande : Relation d’altérité entre des choses qui sont identiques à un autre égard. … Qui distingue une espèce d’une autre espèce d’un même genre.

Synonymes : Antinomie. Contraste. Dissemblance. Écart. Dissimilitude. Distance. Distinction.  Inégalité. Nuance. Particularité.

Contraires : Accord. Identique. Égalité. Ressemblance. Similitude.

Par analogie : Ailleurs. Altérité. Anticonformisme. Apartheid. Apparence. Attitude. Autre. Autrement. Caractère. Caste. Catégorie. Cohabitation. Communautarisme. Cygne noir. Déviant. Discrimination. Différentialisme. Disparate. Dissonnance cognitive. Distinguer. Ethnie. Ethnocentrisme. Etranger. Exclusion. Genre. Groupe. Hiérarchie. Identité. Migrant. Norme. Origines. Ostracisme. Particularité. Racisme. Reconnaissance. Replis identitaire. Ressembler. Ségrégation. Séparation. Signes ostentatoires. Sexe. Singulier. Spécificité. Variable. Un tiers. Xénophobie.

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 « Le piège le plus évident dans toute relation réside dans la tentation de nier la différence de l’autre »  ( ?) Alors que nous devons dénoncer la différence qui éloigne les individus, les séparent en les catégorisant, le désir d’effacer à tout prix toute différence, nous ramène au relativisme  « tout est égal, tout se vaut ». C’est en partie les sens du dernier ouvrage d’Alain Finkielkraut «  L’identité malheureuse », où il nous explique qu’au nom d’un pseudo humanisme, menée des bigots d’un humanisme béat, il faudrait que les pays accueillant des personnes ayant leur culture, que nous abandonnions, ou que nous devrions renoncer, abjurer ce qui est un héritage culturel ancestrale, sans quoi toute manifestation de cette culture serait pour ceux qui n’en n’ont pas toutes les clefs, une discrimination. On voit là comment  les mots, les concepts peuvent être dévoyés. I l aborde ce sujet délicat avec cette phrase par exemple : « …il nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes… » J’ajouterai que nous ne pouvons nous accepter les uns les autres que si nous acceptons nos contradictions, nos différences, ce qui ne nous met pas en demeure de nier toute différence. De ces différences depuis toujours, mêmes aves heurts, les peuples en ont fait une richesse, qui est leur histoire. Histoire faite de flux migratoires, de mélanges de culture, sans pour autant renier les héritages. (Luis)

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« Imaginez que toutes les différences soient effacées. Il n’y aurait plus qu’une seule  catégorie de fleurs, une catégorie d’oiseaux, une catégorie d’hommes, une catégorie de femmes.., l’unicité des Êtres est un don inouï »  (Dominique Cheng)

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«  Hay dos afirmaciones opuestas que sin embargo son igualementte vàlidas.. . y esas afirmaciones son: Verdad numero uno: Todos somos iguales. Verdad numero dos: Todos somos diferentes ». Il y a deux affirmations opposées, qui bien sûr, sont toutes les deux valable.., et ces affirmations sont: Vérité numéro 1: Nous sommes tous égaux Vérité numéro deux: Nous sommes tous différents

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Je suis toujours dubitatif devant ceux qui mettent en avant, tel un étendard,  leur différence. Ceux qui insistent sur une singularité. Je n’aime pas, je ne souhaite pas paraître différent ; non par conformisme, mais par respect de l’Autre,  par altruisme, je veux être le plus semblant possible affin que l’autre se voit en moi comme je me vois en lui, que l’altérité ne nuise point à l’altruisme. Je ne veux pas me singulariser, me marquer par des signes ostentatoires quelconques, la vraie différence n’est pas toujours extérieure.

   Aujourd’hui, de jeunes garçons se plaignent (à juste titre) d’être trop souvent contrôlé par la police, (contrôles au faciès). Mais ces mêmes garçons, adolescents vont parfois créer des microsociétés, en excluant une différence, celle des jeunes femmes de leur âge. Ils sont toujours entre garçons, nulle fille n’est acceptée dans leurs groupes, groupes proches du tribalisme. Ecarter, exclure l’autre pour sa différence, c’est créer de l’enfermement. Le refus de l’autre, c’est le refus de l’autre en soi. Dans le téléfilm (bouleversant): « La journée de la jupe », nous voyons ce sectarisme se manifester envers une institutrice qui « ose » venir faire un cours avec une jupe. Lors de la remise du prix de meilleure actrice aux Globes de Cristal 2010, Isabelle Adjani (qui joue le rôle de l’institutrice) a dit : « Une jupe, ce n’est qu’un bout de tissu, mais qu’elle soit courte ou qu’elle soit longue, ce symbole peut nous aider à gagner une bataille contre l’obscurantisme, et même contre ce qu’il convient d’appeler, la haine des femmes ». Pour conclure sur ce chapitre, et, en considérant les différences entre jugement de valeur, et jugement de fait, je dirai qu’à cette expression « droit à la différence » je préfère : acceptation de la différence, et respect de la différence. (Luis)   

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« A l’école quand j’étais petit je n’avais pas beaucoup d’amis, j’aurais voulu m’appeler Dupont » (Je suis Rital. Claude Barzotti)

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La différence qui tue. L’indifférence qui tue.  (Luis)

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Au moyen âge en Allemagne les prostituées doivent porter un foulard jaune pour sortir… Dans l’Allemagne médiévale et parfois dans des pays islamiques les juifs devront porter le « Judenhut » (chapeau pointu) nommé en latin « pileus cornutus » (calotte à cornes). Ce chapeau fut aussi en forme de cône, jaune ou blanc. Le concile de Latran en 1215 l’impose aux juifs qui voyagent hors du ghetto afin de les distinguer… En 1215 le pape Innocent III au conseil de Latran décrète que les juifs devront porter des vêtements différents des chrétiens…la raison invoquée est aussi d’empêcher les fréquentations et les unions entre chrétiens et juifs En 1267 le concile de Vienne  spécifie que le chapeau des juifs « Judenhut » serait un chapeau plat surmonté d’une boule. En 1279 en Autriche les juifs doivent porter un rond de drap rouge sur le côté gauche de la poitrine En France sous Louis XI ce sera une roue jaune ou rouge portée sur la poitrine, appelée aussi « rouelle » A Vienne en 1394 les juifs doivent porter cousu sur la poitrine un cercle d’étoffe jaune. Puis en 1496 ce cercle est remplacé par un chapeau jaune, puis par un chapeau rouge Nous sommes depuis longtemps sortis du moyen âge, de l’obscurantisme de l’église et pourtant ce sera l’infâme « étoile jaune ». Toutes ces discriminations vestimentaires nous questionnent face à des personnes qui se différencient eux-mêmes par des signes ostentatoires d’appartenance religieuse. (Luis)

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« Il m’arrive, par fantaisie, d’imaginer la chose un peu autrement, en me disant que la différence des éléments auraient pu se réaliser par grandes catégories. Qu’il y ait par exemple la catégorie fleur, mais avec toutes les fleurs pareilles, ou la catégorie oiseau, avec tous les oiseaux identiques, la catégorie homme, femmes, etc.. (Dominique Cheng. Cinq méditations sur le bonheur. Albin Michal. 2006)

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 «  Si le couple est dévalorisé en tant que rencontre de deux différences, il y a peu de chance qu’ils puissent être autre chose que l’association éphémères de deux pulsions qui s’éteindront inexorablement »  (L’homme est l’avenir de la femme.  Natacha Polony. Lattès. 2008)

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Notre époque est celle des lois sociétales. Dans ce prolongement, des personnes se sont mit en tête de supprimer le genre homme, le genre femme.   A vouloir supprimer un soi-disant aspect négatif d’une différence on risque de tomber aussi dans des excès. La différence homme/femme en tant que genre leur paraît insupportable. C’est l’objet d’un nouveau projet sociétal et politique, appuyé par des lobbies, et nommé « La théorie du genre », quelque chose qui tend vers la désexualisation dans le genre humain. . Un article paru dans le quotidien, le Figaro, (en mai 2013) donne la définition d’une députée (Julie Sommaruga), porteuse du projet. Cela consiste : « à substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles qui renvoient à la biologie, le concept de genre, qui montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais historiquement construites et socialement reproduites ». Un rapport a été remis à l’éducation nationale, pour préparer les manuels scolaires afin de supprimer toutes les notions de sexe masculin, de sexe féminin. Des supports sont proposés à cet effet. D’abord un film de Michel Ocelot : « Princes et Princesses » ; le prince et la princesse s’embrassent, ils se transforment en souris, puis en grenouille, puis le prince deviendra princesse, et inversement, le prince est enchanté de vivre la condition de princesse.        Deux albums font également partie de ces supports. L’un se nomme : « Papa porte une robe », C’est l’histoire d’un boxeur blessé, qui devient une danseuse. Un autre album a pour titre : « Lucie aime deux mamans qui s’aiment ». Des associations comme LGTB (Lesbiennes, gays, bi et transsexuels) œuvrent pour la mise en place  de cette théorie. Le syndicat d’enseignants du premier degré, le SNUIPP, « a mis  à la disposition des enseignants…, un rapport de 192 pages qui déroule des nombreux chapitres, comme « le genre, comme ennemi principal de l’égalité », ou, « déconstruire la complémentarité des sexes ». C’est aller vers une désexualisation du genre humain. C’est créer un pronom nominatif neutre, ou l’équivalent du « it »  (anglais) réservé aux choses, supprimer toute identité sexuelle. Depuis nous avons découvert le « iel » où le « il » et le « elle » s’oppose et s’annulent, créant un neutre, hum! L’essence précède le sens, disent les philosophes, c’est-à-dire, que, dans ce cas que l’Être, homme ou femme, existait avant d’être nommé. Nous auront beau changé un terme, cette différence altérité ne peut être annihilé . (Luis)

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L’école des femmes.

« Le mariage Agnès, n’est pas un badinage.

A d’austères devoirs, le rang de femme engage.

Et vous n’y montez point à ce que je prétends,

pour être libertine et prendre du bon temps.

Votre sexe n’est là que pour la dépendance :

du côté de la barbe est la toute puissance.

Bien qu’on soit deux moitiés dans cette société,

Ces moitiés pourtant n’ont point d’égalité.

L’une est moitié suprême, l’autre est subalterne.

L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne.

Et, du profond respect où la femme doit être

Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

Lorsqu’il jette sur elle, un regard sérieux,

Son devoir aussitôt est de baisser les yeux !

(Molière)

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« Dans l’ouvrage « le singe en nous » le primatologue néerlandais Frans de Waal remarque que les humains sont aussi proches génétiquement  des chimpanzés que des bonobos. Or, si les premiers sont agressifs et conquérants, les seconds sont coopératifs et même altruistes. Héritiers des deux, nous donc l’un et l’autre à la fois » En fait nous voyons les chimpanzés qui sont agressifs, individualistes, et les bonobos qui pourraient nous donner des leçons du « bien vivre ensemble », ce que nous appelons humanisme n’est pas à la hauteur de ce que nous pourrions appeler le « bonobisme »   (Luis)

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« …Michel Torga .., observait en 1954 que « l’universel, c’est le local moins les murs ». Encore faut-il, bien entendu, que la décision d’abattre tous les « murs » qui séparent et opposent les humains n’ait pas pour premier objectif – comme c’est le cas dans l’idéologie libérale du no border – la disparition complète et définitive de tout ce qui – étant local et particulier (et par conséquent différent) –s’oppose par définition à l’uniformisation marchande du monde » (Notre ennemi le capital. Jean-Claude Michéa. Flammarion 2017)

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  « Or, l’ostentation vestimentaire peut être considérée comme un acte de « propagande confessionnelle », surtout quand elle s’adosse à une idéologie politico-religieuse » (Génération, « J’ai le droit ! ». Barbara Lefebvre. Albin Michel 2018)

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Introduction au débat : « Le droit à la différence » Il y a deux sortes de droit : d’une part la prérogative dont on peut se prévaloir en tant que personne, et ensuite, celui qui concerne plutôt les règles qui régissent les rapports des individus entre eux. La différence c’est l’ensemble de tous les caractères qui divisent, qui opposent une chose de l’autre, ou un Être de l’autre. La différence peut aussi être dans des critères qualitatifs, et quand on parle de qualitatif ça peut entraîner des jugements de valeur. Et là, on va ériger une échelle de valeurs, avec le danger d’amener l’ostracisme, la discrimination. En ce qui concerne, comme, le droit à la différence, je le vois comme une possibilité dans la liberté dont chacun dispose, pour avoir un certain nombre de signes ou d’attitudes distinctes des autres. En fait, ça revient à parler du droit à l’identité personnelle, et, être à soi-même, ce qui implique que chacun peut exprimer sa particularité, sa spécificité, sans que ce soit considérer comme une infériorité ; cela revient à accepter l’autre, tel qu’il est, tel que je suis pas. Donc, on parle de droit, et tout droit implique nécessairement pour s’exercer complètement un devoir de tolérance. Ça touche à la liberté d’autrui: en matière d’opinion, de croyance et d’acte avec une possibilité d’acceptation d’écart par rapport à la norme. De tout temps cette notion de liberté, et de respect des libertés pose le droit à la différence. Cela peut illustrer la revendication fondamentale à la liberté individuelle face à des règles édictées parfois par un Etat. Cela pose la question : peut-on ne pas être semblables dans ses croyances, dans un peuple souverain. Je prends pour exemple, l’Edit de tolérance (1562) qui a accordé aux protestants le libre exercice de leur culte. J’ai pensé, bien sûr, aux emblèmes de notre république : Liberté, Egalité, Fraternité, règles pour le bien vivre ensemble. Dans ces termes l’égalité ne va jamais sans l’altérité, soit, prendre l’autre en compte. Et les lois et  les normes justement ont été édictées pour faire cohabiter les différences et préserver à la fois une certaine paix sociale. En fait, je constate qu’il y a quand même un écart entre la loi et ce qui se passe chaque jour ; et on s’aperçoit parfois que le droit à la différence reste théorique, qu’il n’est pas concret. Alors pour moi ce droit à la différence s’articule sur deux pôles qui sont : le choix, la liberté de choix, et la nécessité de chacun d’entre nous d’être reconnu, donc, le droit à la reconnaissance. Cela peut avoir aussi deux actions complètement opposées, et nous séparer, si on n’accepte pas la différence ; ou, au contraire, cela peut être l’occasion de découvrir une nouvelle dimension de l’humanité, d’où un choix entre refuser, ou dire,  oui, tiens ! il y a quelque chose à glaner là-dedans ! Là où il y a un vrai problème, c’est quand il n’y a plus de choix. S’il n’y a plus de choix, ça veut dire qu’on a déjà choisi pour nous, que notre liberté n’existe plus. Le droit à la différence c’est pour moi, le droit universel à la vie. On trouve cette formule chez Adam Smith pour qui ce besoin de reconnaissance « est le désir le plus ardent de l’âme humaine », et de même chez Hegel pour qui l’homme aspire aussi à la reconnaissance. Qu’on soit semblable, ou différent, qu’on soit en communion avec les autres, ou en lutte contre les autres, ce sont  toujours les autres qui nous confirment notre existence. Alors, être différent ? ou se conformer scrupuleusement aux normes du groupe ? Ces deux formes de reconnaissance ont parfois des hiérarchies mouvantes dans la société. J’aurais tendance à penser qu’il y a un état, un aller retour entre ces deux pôles; c’est-à-dire, que parfois on a besoin d’affirmer ses différences, ou, avoir besoin de se fondre dans la masse ; ça dépend du contexte, de la personnalité. Ces deux attitudes diamétralement opposées peuvent entraîner ou du bien ou son contraire, et donc la problématique est de trouver l’équilibre entre ce qui fait notre individualité, et la cohabitation harmonieuse avec ses semblables. La psychologie nous dit qu’on ne peut se construire soi-même sans une échelle de valeurs personnelles ; en échappant à la pensée unique, au diktat des modes, à la conformité. On ne peut s’affirmer qu’en se différenciant des autres. Mais on ne doit pousser trop loin le désir d’être unique, ne pas faire comme le zèbre qui se vante d’être noir avec des rayures blanches. Il y a une tendance chez certains de devenir même, rebelles pour affirmer leur différence, en refusant de se plier à l’ordre établi, aux normes, et s’affirmer selon ses propres règles. Dans « La connaissance d’autrui » Raymond Carpentier dit : « que ce qui est important, ce n’est pas de savoir à qui et à quoi ressemble quelqu’un, c’est de découvrir en quoi il ne ressemble à personne ». J’aurais tendance à ajouter que, toujours en faveur des gens qui cherchent à se distinguer que, le monde avance grâce à ceux qui cultivent la différence. Mais certaine différences ne sont pas un choix personnel, on peut naître, avec sa différence, et du coup ça va entraîner des discriminations, qui sont d’origine : couleur de peau, apparence physique, sexe, etc. C’est alors, ou différence subie, ou différence choisie, il s’agit d’être respecté et reconnu dans ce que l’on est, et l’observation de nos sociétés donne à penser que ce n’est pas acquis. Je pense à l’écart salaire, hommes/femmes, au travail pour les handicapés. Si on prend le postulat du droit à la différence, c’est tout simplement, le droit de vivre en évoluant vers le meilleur de soi-même, pour réaliser la plus haute dimension humaine possible. La seule issue possible pour moi, est déjà le respect et l’amour de soi-même. Car par là même, j’aime tout homme et je respecte tout homme. (Luis)

     

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