Doute

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Le triomphe du doute. Victor Brauner. 1946. Musée d’art moderne de Paris

Le Grand Robert de la langue française : Etat de l’esprit qui doute, qui est incertain de la réalité d’un fait, de la vérité d’une énonciation, de la conduite à adopter dans une circonstance particulière.

Encyclopédie de la philosophie Pochothèque : Au sens courant, sentiment psychologique et état d’incertitude que le sujet éprouve lorsque ses convictions ou ses croyance sont mises en cause par des événements extérieurs. C’est un doute subi, éprouvé par le sujet souvent contre son gré.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Le contraire de la certitude. Douter, c’est penser, mais sans être sûr de la vérité de ce qu’on pense. Les sceptiques en font l’état ultime de la pensée.

Du latin « Dubitare » , balancer.

Synonymes : Conjonction. Embarrras. Flou. Hésitation. Incertitude. Incrédulité. Indécision. Indétermination. Irrésolution. Perplexité. Vacillation. Scepticisme, (Pyrrhonisme). Supposition. Hypothèse. Zététique.

Contraires : Certitude. Doctrine. Dogmatisme. Croyance. Foi. Religion. Conviction.

Par analogie : A coup sûr.   Agnosticisme. Aléatoire. Ambiguïté. Apparemment. Assurément. Casuel. Conditionnel. Conjecture. Contestable. Controversable. Doute cartésien. Doute Hyperbolique. Doute méthodique. Douteux. Doute sceptique. Embarras. Enigmatique. Époché. Eventualité. Hasardeux. Hésitation. Incontestable. Incrédule. Indécis. Indubitablement. Litigieux.  Louche. Mécréant. Méfiance. Obscur. Pragmatisme. Perplexe. Possible. Présomption. Présumé. Probable. Prétendu. Putatif. Redouter. Relativisme. Saint Thomas. Sans doute. Sans équivoque. Soupçon. Sujet à caution. Suspicion. Suspect. Sujet à examen. Vraisemblable.

Expressions : Au bénéfice du doute. Cela  ne fait pas l’ombre d’un doute. Dans le doute, abstient-toi. Il n’y a pas de doute. Laisser planer un doute. Lever le doute. Mettre en doute. Nul doute.  » Que sais-je « . Sans l’ombre d’un doute. Selon toute apparences. Sans conteste. Semer le doute.

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« Les convictions et les doutes sont les deux faces d’une même monnaie ». (Naguib Mahfuz)

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« le doute est l’hommage qu’on rend à la vérité » Ernest Renan)

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« Le philosophe devrait avoir pour le moins le privilège de pouvoir douter. Protagoras disait qu’il n’était pas en mesure de savoir si les Dieux existaient, ou ne sont pas, car bien des obstacles nous empêchent de savoir, entre autre l’obscurité de la chose… Ses œuvres seront brûlées en place publique« .   (Encyclopédie de la Philosophie. Pochothèque)

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« Enfin c’est à la lumière de ce doute là que j’entreprenais le procès du monde qui m’était donné ». (Aragon)

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L’art du doute se nomme la « Zététique ». C’est la pratique, l’outillage des Sceptiques pour juger en ayant analyser tous les éléments.

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 « Ce qui tue ce n’est pas le doute, c’est la certitude  qui rend fou »  (Nietzsche Ecce homo) Vient ensuite la notion de « certitude temporaire et éphémère que l’on nomme confiance » Pour passer à l’action, L’agir vous remet chaque fois en doute. Pour agir il faut qu’il y ai une certitude ponctuelle au moment de l’action.
Certains philosophes ont lié le cogito ergo sum « Je pense donc je suis »  de Descartes à une phrase de Saint Augustin dans « la cité de Dieu » Livre XI  « Si enim fallor, sum » «  Si je me trompe, je suis » nous disant en quelque sorte (errare humanum est) que » l’erreur est humaine, » et que l’homme ayant conscience qu’il peut se tromper, entreprend toutefois, le droit à l’erreur étant alors une marque de notre humanité. Descartes évoque le doute, saint Augustin, n’évoque que la possibilité de se  tromper. Dans le dogmatisme religieux, le mot doute, n’a pas sa place.  Mais la locution entère de Saint-Augustin est « errare humanum est, perseverare diabolicum » soit persévérer dans son erreur est diabolique. Le doute est une fonction qui mesure l’écart du possible. (Luis)

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« Avant je doutais de tout, maintenant je n’en suis pas si sûr » ( ?)

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« Le philosophe commence par reprendre des doutes forgés par les sceptiques grecs dans l’Antiquité. Par exemple : s’il est arrivé que sens me trompent, je ne peux leur accorder une totale confiance. Ou encore : s’il m’est arrivé de me croire éveillé alors que je dormais, je ne peux pas totalement être sûr et certain de ne pas être en train de dormir ». (Descartes)   

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On dit parfois que j’extravague…
que je délire…
Pourtant, il n’y a pas plus raisonnable que moi !
Il n’y a pas d’esprit plus cartésien que le mien !
Je ne fais que rapporter les faits tels que je les observe.
Il est évident qu’il y a observer et observer !
Cela dépend du sens que l’on donne au mot « observer ».
Exemple:
Quand on demande aux gens d’observer le silence
au lieu de l’observer, comme on observe une éclipse de lune,
ils l’écoutent…
et tête baissée, encore !
Ils ne risquent pas de le voir le silence.
Ils le redoutent !
Alors, dès que le silence se fait, les gens le meublent.
Quelqu’un dit :
– Tiens ? Un ange passe !
alors que l’ange, il ne l’a pas vu passer !
S’il avait le courage, comme moi, d’observer le silence en face, l’ange il le verrait !
Parce que, mesdames et messieurs, lorsqu’un ange passe, je le vois !
Je suis le seul, mais je le vois !
Evidemment que je ne dis pas que je vois passer un ange,
parce qu’aussitôt, dans la salle, il y a un
doute qui plane !

Je le vois planer, le doute !…
Evidemment que je ne dis pas que je vois planer
un doute parce qu’aussitôt, les questions:
– Comment ça plane un doute ?
– Comme ça ! (geste de la main qui oscille)
– Comment pouvez-vous identifiez un doute avec certitude ?
A son ombre !
L’ombre d’un doute, c’est bien connu… !
Si le doute fait de l’ombre, c’est que le doute existe… !
Il n’y a pas l’ombre d’un doute !
Et l’on sait le nombre de doutes au nombre d’ombres !
S’il y a cent ombres, il y a cent doutes.
Je ne sais pas comment vous convaincre ? !
Je vous donnerais bien ma parole, mais vous allez la mettre en doute !
Le doute… je vais le voir planer…
Je vais dire:
– Je vois planer un doute.
Aussitôt, le silence va se faire…
Quelqu’un va dire :
– Tiens, un ange passe !
Et il faudra tout recommencer !

………………..
Raymond Devos

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« Le doute sur les choses qu’il nous importe de connaître est un état trop violent pour l’esprit humain : il n’y résiste pas longtemps, il décide malgré lui de manière ou d’une autre, et il aime mieux se tromper que ne rien croire » (Jean-Jacques Rousseau. Profession de foi du curé savoyard)

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«  Rien  ne m’est sœur que la chose incertaine

Fort obscur ce qui est évident »

(François Villon. Ballade du concours de Blois. 15ème siècle)

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Les sceptiques vont construire avec  Sextius Empiricus  une argumentation justifiant, le doute,  la nécessaire suspension de jugement, (épochè), ceci avec les  10 arguments nommées « tropes » qui seront ramenées à cinq tropes par Agrippa :

1ère trope : La discordance : « Il y a, sur l’objet de la représentation un dissentiment impossible à trancher, non pas seulement entre les jugements de la vie courante, mais entre les doctrines des philosophes ; à cause de cette perpétuelle discordance nous sommes impuissants à nous déterminer dans un sens ou dans l’autre, à donner, à ceci notre préférence, tandis que nous condamnons cela. Ainsi nous en viendront finalement à suspendre notre jugement »

2ème  trope : La régression à l’infini :  « Ce que nous mettons en avant comme une preuve du bien-fondé de l’opinion à laquelle nous nous sommes arrêtés, a besoin lui-même d’une autre preuve, qui à son tour, exige une autre preuve. A nous voir obliger de remonter ainsi sans fin de preuve en preuve, nous nous apercevons qu’il n’y a point de principe dernier sur lequel se fonde notre opinion, nous suspendons notre jugement »

3ème trope : La relation : « Ce qui est question nous le représentons empiriquement comme tel ou tel  dans sa relation, d’une part avec le sujet qui juge, d’autre part avec les relations concomitantes  de notre représentation actuelle ; mais quelque chose est-ce en soi dans la réalité absolue de sa nature ? On ne peut le savoir : nouveau motif de suspension de jugement »

4ème  trope : La position de base : Hypothésis). « Le Dogmatiste, pour éviter la régression à l’infini, prendra pour point de départ de sa démonstration, quelques propositions qu’il ne cherchera pas à démontrer, mais de laquelle il demandera qu’elle soit admise purement et simplement, bref accordée sans démonstration, tandis qu’une autre demandera que ce soit la supposition contraire. C’est donc toujours une inévitable pétition de principe », (qui appelle à suspendre son jugement)

5ème trope : La diallèle : (Ou cercle vicieux) « La preuve, obligatoirement destinée à établir ce qui est l’objet de la recherche, a besoin de s’appuyer sur cet objet lui-même »

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« Si nous portons notre enquête au-delà des apparences sensibles des objets, la plupart de nos conclusions seront, je le crains, pleines de scepticisme et d’incertitude……Rien ne s’accorde plus avec cette philosophie qu’un scepticisme limité à un certain degré et un bel aveu d’ignorance dans des sujets qui dépassent toute capacité humaine » (Cournot. Traité de la nature humaine)

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« Qu’est-ce qu’un sceptique ? C’est un philosophe qui a douté de tout ce qu’il croit » (Diderot)

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« Aujourd’hui, la culture du doute, valeur suprême ce l’éducation humaniste et républicaine, ne risque t-«elle pas de nous faire plonger dans le complotisme. A force d’entendre dans la bouche de leurs profs, qu’il faut remettre en question tous les préjugés et les idées reçues, beaucoup d’élèves les prennent au mot  et se mettent à dénoncer « la propagande du système. Enfin, les jeu,es qui se radicalisent écoutent les leçons de ces semi habiles que dénonçait Blaise Pascal, ces professeurs de théologie  littéraliste qui trouvent des réponses toutes faites dans telle ou telle citation d’un texte sacré ». (Article : L’éducation nous rend t-elle meilleurs. Michel Eltchaninoff. Philosophie magazine, n° 122)

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« Il faut savoir douter de nos certitudes » nous dit Montaigne:  » La vérité et le mensongeont leurs visages conformes, le port, le goût et allures pareilles; nous les regardons de même oeil..,car  » « A tout discours » nous dit-il,  » s’oppose un discours de force égal » D’où son fameux  » Que sais-je? »

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La cueillette du poète.

Le  doute, moteur, ou  frein,  pour  comprendre  Le  monde ?,  

*  « Doute  du bonheur,  fruit mortel,  doute  de  L’homme   plein d’envie,
Doute  du prêtre’, et de  L’Autel, mais crois’ À  L’Amour, ô ma Vie ! »  Victor  Hugo,
Contemplations, La création, Alter’ Hugo,

*  L’ombre d’un doute … qui se cache’, incertitude’,
de qui se cherche _ cherche’ À sortir de soi-même,
« sortir du doute _ par Le doute’ »… in – certitude’,
et, « penser contre son cerveau », contre soi-même,
Héraclite _ Pyrrhon _ Descartes _ Bachelard …
sont passés par Le doute _ d’une’ éthique _ L’Art,

*  soupçon, méfiance, défiance’, sur La réalité … du monde’, où  co – naît – sens’…
Le réel, À – tester … Le doute _ frein, Aux connaissances, doute _ moteur, de connaissance,
humble _ Lucidité, d’intelligence _ de La science’,
une prise de conscience _ de confiance _ « Ce n’est pas Le doute _ c’est La certitude _
qui rend fou », Nietzsche _ telle’ est  La doute’- Attitude,     

*  doute … ronge  son  frein … est  pro – moteur … du  monde,
qui  Le  fonde  _ qu’il  fonde _  frein, À redouter’, et, moteur, À douter’,
ou, un frein, À douter, moteur, À  redouter, rôle de L’embrayage _ sur Le monde, humain,
notre réalité, et, Le monde réel, en – fin … humain, demain …

*  Analyse’, examen, doute, méthodologique _
du monde’, À – prendre … com – prendre _ c’est L’éthique, doute  métaphysique _
L’âme’- à – tiers … esprit,
transcendante’ immanence _ L’âme’- agit … L’esprit,
de  L’interrogation, La remise’ en  question(s), À  La pensée critique,
Le penser synthétique,

*  Le doute sur  La Parole Publique, d’État,
Le mensonge’- imposture, hypocrisie, d’État,
dans Le doute, prends parti !  
interviens’, engage’- toi !
indigne-toi !  insurge-toi ! 
Deviens  humain, ma foi !  

*  « L’Appétit du savoir naît du doute’,
Alors, cesse de croire’, et, instruis-toi ! »  André  Gide, « La foi … c’est prier’ un doute _
pour qu’il protège des réalités », Frédéric’ Dard, En’ Attendant Godot …
que Le réel  s’en’ empare’, Oh Les beaux jours … pour comprendre Le monde, Cadeau,
Présent,  Avant  Fin de partie … fin du mois, fin du monde,
Beckett’… en – quête, d’illusion en Vision, moteur, À explosion, Le doute, du monde’,
À éclosion, Le doute, de tous Les points de Vue, passions qui nous’ inspirent,  je respire, m’en’ inspire, monde’
Auquel on’ Aspire’, À La fin de L’envoi, mon cher William’… J’expire !,

Cas-fééPhilo’s,  L’Entrepot’s,  Animateur, Pascal. 6  juin  2020, en  Prairial,   serviteur, Avocat,   Gilles’ Roca   

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