Egocentrisme, Ego

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Le Grand Robert de la langue française : Tendance à être le centre de soi-même et à ne considérer le monde extérieur qu’en fonction de l’intérêt qu’on se porte.

(Psych.) Caractère individuel, non social,  de la pensée enfantine, se traduisant par l’absence d’objectivité.

Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Mode d’appréhension du monde propre à la pensée infantile et caractérisé par la prédominance avant sept ans du point de vue du sujet, l’enfant rapportant le réel à sa position présente.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : L’égoïsme est une faute. L’égocentrisme serait plutôt une illusion ou une erreur de perspective. C’est le point de vue de l’enfant et de l’imbécile. Son remède est le décentrement ; son contraire, l’universel.

Trésor de la langue Française : Déformation du moi, involontaire et inconsciente, consistant à n’envisager le point de vue ou l’intérêt des autres qu’à partir du sien propre.

(Psychologie) Manière dont le jeune enfant conçoit le monde qui l’entoure, caractérisée en particulier par l’ignorance de sa vie intérieure et donc une confusion entre son moi et le monde.

Dictionnaire de la psychologie, Werner D. Fröhlich.La Pochotèque : Ensemble d’attitudes ou de comportements indiquant que l’individu se réfère essentiellement à lui-même.., une forme d’égocentrisme serait aussi l’attitude à se considérer soi-même comme l’aune de tous les bons ou mauvais traits de caractère.

Synonymes : Amour de soi. Auto adoration. Nombrilisme. Narcissisme.

Contraires : Allocentrisme. Altruisme.

Par analogie : Attitude. Egoïste. Egotisme. Imbécile. « Je ». Moi. « moi personnellement ». Nombril du monde. Nous-même. Orgueil. Prétention. Solipsisme. Venin égoïste.

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 « L’homme se regarde nécessairement, à l’origine, comme le centre de tout » (Auguste Comte)

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L’enfant est égocentrique en toute innocence, ceci généralement jusqu’à l’âge de raison entre 8 et 10 ans,  mais parfois les adultes gardent ce comportement. L’égocentrisme nous dit André Comte-Sponville : « C’est le point de vue spontané de l’enfant et de l’imbécile ». L’égocentrique se considèrent comme le centre du monde, c’est le « nombril du monde  » pour faire court.
L’égocentrisme se détecte dans le langage, la présence très appuyée du « moi » du « je » dans les expressions qui débutent par : « moi je », « moi personnellement », l’égocentrique adore qu’on lui parle de lui c’est son sujet préféré, il ne s’en lasse pas.  …. Nous sommes en présence de personnes qui ont parfois du mal à rentrer dans un débat philosophique, car elles ne mesurent toute chose que de leur point de vue ce qui  rend tout à fait impossible le regard différencié, c a d essayer d’envisager ce que peut être l’opinion de l’autre et de là découvrir au-delà de son seul horizon, donc s’ouvrir au monde.

Ce sont des personnes qui s’enferment dans leur univers, avec comme seul horizon, le leur. Le monde tourne autour d’eux, (égocentrisme comme l’héliocentrisme) : ils s’imaginent souvent que le monde entier passe son temps à les observer, donc attiré par le « paraître » ceux qui s’identifient à l’univers « people »
On peut situer à mi chemin entre égoïsme et égocentrisme, le solipsisme , » du latin solus, seul et ipse, soi-même), l’attitude du sujet pensant pour lequel sa conscience est l’unique fondement de la réalité des choses ». Nous nous rapprochons de cette notion que le monde n’existe que parce que je suis là pour en témoigner.
Pour Kant le solipsisme est une théorie d’après laquelle la réalité est une construction de l’esprit, rien n’existant en dehors du moi, de la conscience subjective.  (Luis)

« …le bouddhisme dit que l’ego (le « moi » perçu comme un entité) est « vide d’existence autonome et permanente). L’ego est semblable à un mirage » (Plaidoyer pour un altruisme Mathieu Ricard)   

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 «  En nous accrochant à l’univers confiné de notre ego, nous avons tendance à être uniquement préoccupés par nous-mêmes. La moindre contrariété nous perturbe et nous décourage. Nous sommes obsédés par nos succès, nos échecs, nos espoirs et nos inquiétudes ; le bonheur a alors toutes les chances de nous échapper. Si l’ego n’est qu’une illusion alors s’en affranchir ne revient pas à extirper le cœur de notre être, mais simplement ouvrir les yeux. Abandonner cette fixation sur notre image revient à gagner une grande liberté intérieure.
Par crainte du monde et des autres, par peur de souffrir, nous nous imaginons qu’en nous retranchant à l’intérieur d’une bulle, celle de l’ego, nous sommes protégés. Nonobstant, nous nous trouvons en porte-à-faux avec la réalité, puisque nous sommes fondamentalement interdépendant avec les êtres et avec notre environnement.  (Plaidoyer pour l’altruisme. Matthieu Ricard)

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«  Chaque époque fredonne son propre refrain, la nôtre l’a choisie onctueux et enivrant. Il tient en deux mots « aime-toi, toi-même, et le reste te sera donné de surcroît ». Aux esprits critiques qui pointent le venin égoïste d’une telle proposition, il est répliqué que nul ne peut aimer autrui s’il n’est d’abord porté par un solide amour de soi. Mais, comme le remarquai Rousseau, la sympathie innocente à son propre égard a vite de tourner à l’orgueil mortifère. D’où l’intérêt  d’éclairer les différents visages de l’amour de soi. L’auto adoration, d’abord, qui pousse Narcisse à se noyer dans son propre reflet et incite certains à s’abîmer devant leur profil facebook » (Article? Faut-il s’aimer soi-même? Philosophie magazine n° 80)

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Évoquant cette amour de soi démesuré, Rousseau écrit : « sentiment relatif, factice, et né dans la société qui porte chaque individu  à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement … »

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