Enfance

Le Grand Robert de la Langue Française : Première période de la vie humaine, de la naissance à l’adolescence.
Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Le premier âge de la vie : les années qui dépassent la naissance de l’adolescence ou de la puberté. C’est l’âge de la plus grande fraternité – l’enfant est à peu près sans défense contre le mal et le malheur – et des plus grandes promesses. … Les enfants veulent grandir. Notre devoir est de les y aider, et pour cela de grandir nous-mêmes.
Synonymes : Adolescence. Jeunesse.
Contraires : Âge mur. Déclin. Maturité. Vieillesse.
Par analogie : Adulte. Âge. Années. Bambin. Bas âge. Bébé. Contes. Gamin. Gâtisme. Gosse. Grandir. FablesFraîcheur. Fraterie. Ingénuité. Innocence. Insouciance. Jeux. Jouer. Mineur. Môme. Ogre. Parents. Père Noël. Période. Poupon. Prime jeunesse. Puberté. S’Amuser. Sénilité. Souvenirs. Tendres années. Troisième âge.
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« Il n’est jamais trop tard pour vivre une enfance heureuse ». (Tom Robins. US)
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« Les enfants n’ont ni passé, ni avenir, et, ce qui nous arrive guère, ils jouissent du présent » (La Bruyère).
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Enfance.
Je cours derrière un enfant qui se retourne en riant,
est-ce celui que je fus ?
Un ruisseau de ma mémoire
reflétant un ciel confus…
Camarades de fortune,
ô figurants de la route,
savez-vous où nous allons,
loin de l’humaine saison ?
Je cours derrière un enfant qui se retourne en riant,
Derrière un enfant qui joue,
à tirer du cœur de l’homme,
ciel et Terre, jour et nuit.
Compagnons d’un autre monde,
pris vivants dans votre rêve,
je vous regarde au travers
d’une mémoire mouillée,
mais douce encore à porter.
Je vais clandestinement,
du passé à l’avenir.
Jules Supervielle.
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« L’enfance sait ce qu’elle veut . Elle veut sortir de l’enfance » (Jean Cocteau).
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On pourrait le dire de la parole, de la pensée et du rêve enfantin autant que du jeu. « Là où un enfant parle, là où, un enfant pense, là où un enfant rêve, un mystère est enfoui ». Ce mystère est d’autant plus étrange qu’il est nous. Nous l’oublions souvent, mais nous avons commencé à percevoir, penser, rêver comme un enfant avant de basculer dans le monde adulte – de la raison, du langage, de la loi. Et une part peut-être essentielle de notre rapport au réel, aux autres, à la vie s’est nouée dans ces premières années qui nous sont pourtant devenues opaques. Quelle était notre expérience enfantine de ce monde ? En quoi se distingue t-elle de ce que nous faisons, adultes ? Pourquoi restons-nous captifs de l’enfance après l’avoir quittée… » (Article, L’appel de l’enfance. Philosophie magazine n° 110)
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« Le regard d’un enfant qui nous fait croire aux promesses de l’humanité ». (Henri Pena Ruiz)
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Lorsque l’enfant était enfant
Il aimait se cacher dans les choses
Lorsque l’enfant était enfant
Il apprenait à jouer avec le monde.
Lorsque l’enfant était enfant
Il avait le regard de l’animal
Lorsque l’enfant était enfant
Il parlait toutes les langues.
Lorsque l’enfant était enfant
Il avait envie de devenir grand ;
Depuis que l’enfant est devenu grand
Il cherche à retrouver l’enfant
Peter Handke.
Ecrire son enfance, faire ressortir des souvenir enfouis est une thérapie où nous sommes résilients, écrire sur son passé est une reprise en main ». (Boris Cérulnik).
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« Il est des jours où l‘absence d’ogres se cruellement ressentir » (Alphonse Allais
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« Est-ce que tout était en noir et blanc lorsque vous étiez petite? » (Les souvenirs. David Foenkinos)
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« Nous naissons enfants avant de devenir adultes. Enfants nous aspirons à devenir grands. Et voilà que devenus adultes, nous retournons vers l’enfance pour comprendre ce que nous sommes et puiser un regain de vitalité. Ce mouvement est-il absurde ou fondamentale ? Quel est cet ombilic de l’enfance que nous cherchons avec autant plus d’attention que nous l’avons perdu ? « lorsque l’enfant était enfant » clame Peter Handke – dans un film qui fait scandale « <Les ailes du désir » réalisé par Wim Wenders en 198 (et qui m’a inspiré celui que j’ai composé en couverture de cet article) « il marchait les bras ballants, tout pour lui avait une âme et toutes les âmes étaient une, il n’avait pas d’opinion et pas d’habitude, avec une mèche rebelle…[…] Lorsque l’enfant était enfant, il a lancé un bâton contre un arbre, comme une lance. Elle y vibre toujours ». Peut-on la retrouver, au delà des représentations et des images forgées par les adultes et qui s’interposent entre elles et nous, l’enfant que nous étions, « rebelle », « sans opinion et habitudes» , « Bras ballants et âme ouverte sur le monde », Et qu’avons-nous à y gagner ? (Article, L’appel de l’enfance. Philosophie magazine n° 110)
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« Qu’importe ma vie! je veux seulement qu’elle reste jusqu’au bout fidèle à l‘enfant que je fus » (Georges Bernanos)
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Comment vivre sans une enfance, sans l’amour de ses parents, comment se guérir de cette incommensurable blessure de l’Être ? (Luis)
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« Ce n’est pas du sang qui coule dans nos veines
C’est la rivière de notre enfance »
La rivière de notre enfance
Parole de Michel Sardou
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« L’enfance a des manières de voir, de sentir, qui lui sont propres ; rien n’est moins sensé que d’y vouloir y substituer les nôtres » (Jean-Jacques Rousseau. Emile ou de l’éducation)
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Mon enfance
Mon enfance passa
de grisailles en silences.
De fausses références
en manque de batailles.
L’hiver j’étais au ventre
de la grande maison.
qui avait jeté l’ancre
au nord parmi les joncs.
L’été à moitié nu,
mais tout à fait modeste,
Je devenais indien
pourtant déjà certain,
que mes oncles repus
m’avaient volé Far West.
Mon enfance passa
les femmes aux cuisines
où je rêvais de Chine.
Vieillissaient en repas
les hommes au fromage
s’enveloppaient de tabac,
flamands taiseux et sages,
et ne me savaient pas,
moi qui toutes les nuits
agenouillé pour rien
arpégeais mon chagrin
au pied du trop grand lit.
Je voulais prendre un train
que je n’ai jamais pris
Mon enfance passa
De servante en servante.
Je m’étonnai déjà
Qu’elles ne fussent point plantes.
Je m’étonnais encore
De ces ronds de famille,
flânant de mort en mort
Et que le deuil habille.
Je m’étonnais surtout
d’être de ce troupeau,
Qui m’apprenait à pleurer,
que je connaissais trop.
J’avais l’œil du berger
mais le cœur de l’agneau.
Mon enfance éclata,
ce fut l’adolescence.
Et le mur du silence
un matin se brisa.
Ce fut la première fleur,
et la première fille.
La première gentille
et la première peur.
Je volais je le jure,
je jure que je volais.
Mon coeur ouvrait les bras,
je n’étais plus barbare.
Et la guerre arriva !
Et nous voilà ce soir !
Jacques Brel