Eternité

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Le Grand Robert de la langue française : Durée qui n’a ni commencement, ni fin, qui échappe à toute détermination chronologique.

Encyclopédie de la philosophie. La Pochothèque : Eternité/temps : Opposition instituée au sein de diverses conceptions réalistes du temps, lorsque le premier terme n’est pas défini comme durée ou extension temporelle sans début ni fin, mais comme système immuable et atemporel.

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : …un présent qui reste présent, comme un perpétuel aujourd’hui, disait saint Augustin.

Synonymes : Ad vitam æternam. Intemporalité.

Contraires : Aujourd’hui. Brièveté. Hier. Demain. Maintenant.

Par analogie : A tout jamais. Au-delà. Durée. Ennui. Éternellement. Eternel retour. Immanence. Immémorial. Immortalité. Immortels. Instant. L’infini.  Mort. Perpétuité. Temps. Vie.

Expressions: Attendre depuis une éternité. De toute éternité. Avoir, ou, ne pas avoir l’éternité devant soi. A tout jamais

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« « Si l’on entend par éternité, non pas une durée temporelle infinie, mais l’intemporalité, alors celui-là vit éternellement qui vit dans le présent ». (Wittgenstein. Traité de logique philosophique)

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« C’est dans l’éternité que dès à présent, il faut vivre. Et, c’est dès à présent qu’il faut vivre dans l’éternité »  (Dostoïevski. André Gide)

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« …Et ne comprends-tu pas que chaque instant ne prendrait pas cet éclat admirable, sinon détaché sur le fond très obscur de la mort,
Je ne chercherais plus à rien faire, s’il m’était dit, s’il m’était prouvé, que j’ai tout le temps pour le faire. Je me reposerais d’abord d’avoir voulu commencer quelque chose, ayant le temps de faire ainsi toutes les autres. Ce que je ferais ne serait jamais que n’importe quoi, si je ne savais que cette forme de vie doit finir… »   «  La vie est transitoire, mais celui qui a vécu a vécu pour toujours. Et au moyen de notre compréhension intellectuelle de ce qui ne dépend pas du temps, nous avons été témoin du bouffée de ce que l’on peut appeler « éternité », nous sommes capables d’idées qui ne pâtissent pas de nos propres limitations    (André Gide. Les nourritures terrestres)

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« Je ne crois pas à la vie éternelle; mais à tout hasard je prendrai un caleçon de rechange » (Woody Allen)

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« Que ferions-nous dans une telle situation, si nous étions (presque) immortels ? Aurions-nous encore envie de travailler, de nous lever pour aller à l’usine, au bureau ? ne serions-nous pas gagnés par l’ennui et la paresse ? Qu’aurions-nous encore à apprendre après d’interminables décennies ? Voudrions-nous toujours accomplir de grandes choses, de nous perfectionner ? Nos histoires d’amour ne deviendraient-elles pas lassantes ? Souhaiterions-nous, pourrions-nous, même, avoir des enfants ? »  (Luc Ferry. La révolution transhumaniste)

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«  Le développement à vitesse grand V des domaines comme le génie génétique la médecine régénérative et les nanotechnologies nourrit des prophéties toujours plus optimistes. Certains experts croient que les humains triompheront de la mort d’ici 2200, d’autres parlent de 2100. Kurzweil et de Grey sont encore plus confiants. Ils soutiennent qu’en 2050 quiconque possède un corps sain et un solide compte en banque aura une chance d’accéder à l’immortalité en trompant la mort de décennie en décennie. Tous les dix ans, selon Kurzweil et de Grey , nous feront un séjour dans une clinique pour y subir une transformation qui nous guérira des nos maladies, mais régénérera aussi nos tissus en décomposition, et améliorera nos mains, nos yeux, et notre cerveau. Entre deux hospitalisations, les médecins auront inventé pléthore de nouveaux médicaments, d’extensions et de gadgets. Si Kurzweil et de Grey ont raison, peut-être y a  qu’il déjà des immortels qui marchent à côté de vous dans la rue – du moins si vous arpentez Wall Street ou la Cinquième Avenue »

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« Il est difficile de dire quel genre de relation parent-enfant pourrait se développer dans ces circonstances »     (Yuval Noah Hariri. Homo deus. Une brève histoire de l’avenir)

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L’éternité (celle des transhumanistes) ou, plus précisément, l’immortalité,  peut être la fin de la démocratie, car ce n’est pas dans la nature de l’humain d’accepter spontanément les règles destinées au bonheur de tous ; car une telle situation va nécessiter des règles strictes ; tel que la procréation dans un monde où nul ne laisse la place. Que fera t-on des nouveaux-nés des couples qui auront transgressé, ou alors il faudra stériliser tous les hommes et toutes les femmes.,
Mais cela peut amener à une meilleure prise de conscience environnementale. Car on ne pourra plus dire « Après moi le déluge », on ne pourra plus laisser au soin de la génération suivante le soin de régler les désordre que nous avons créés. (Luis)

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« Les transhumanistes font partie du grand courant consumériste, on vous vend l’éternité comme on vous vendrait Internet. Ils jouent sur les arguments qu’utilisaient les grands prêtres pour les pharaons, promettant de nous momifier pour la vie éternelle »  (Jean-Michel Truong. Eternity express. Albin Michel.2003)

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Dans le film « L’homme bicentenaire » le robot est devenu programme après programme, quasiment humain, celui n’en peut plus de voir mourir tous ceux auxquels il s’est attaché d’une génération à l’autre, et au final il demande de pouvoir mourir pour acquérir enfin son statut d’humai. Ce qui nous dit que si quelques uns sont éternels cela pose un terrible problème, et qui si l’éternité est pour tous ça n’en pose pas moins. Ou, on revoit totalement notre mode de vie, mode consommation, contrat social, la procréation, ou, on arrive à coloniser une ou plusieurs planètes où la vie humaine est possible ; le rêve que nous vendent certains transhumanistes. (Luis)

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Acquérir l’éternité, c’est sortir du système spatio temporel. C’est le temps qui s’arrête, le « temps a suspendu son vol ». Mais cela peut être d’un « mortel » enui, tel un diamache après midi sans fin.

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« A mi, me desasosiega la idea de la eternidad ; porque identifico la eternidad, con la tarde de un domingo que no se terminara nunca » (La muerte contada por un sapiens a un neandertal. José luis Millas, y, José Luis Arsuaga. Editions Alfaguara. 2022)

« Pour moi, cela me trouble l’idée de l’éternité ; parce que je compare l’éternité avec un dimanche après midi qui finirait jamais »

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