Être

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Eclosion du poussin. Document, école Saint Jodeph. Sion les mines

Le Grand Robert de la langue française : Verbe exprimant la réalité, le rapport la conscience. Avoir une réalité, le rapport à la conscience.

Le fait d’exister depuis longtemps, depuis longtemps.  

Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande :
1° Au sens substantiel : « je pense donc je suis »
2° Au sens phénoménal : Une chose est quand elle actuellement présentée dans l’expérience
3° Au sens objectif : Une chose est quand elle est affirmée comme valable pour l’expérience de tous les individus

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : L’être n’est pas d’abord un concept, qu’on pourrait définir; il est une expérience, une présence, un acte, que toute définition suppose et qu’aucune ne saurait contenir. Par quoi l’être est silence, et condition du discours.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : (Métaph.) notion la plus générale de toutes, qui renferme non seulement tout ce qui est, a été, ou sera, mais encore tout ce qu’on conçoit comme possible. On peut donc définir l’être ce à quoi l’existence ne répugne pas. Un arbre qui porte des fleurs & des fruits dans un jardin est un être ; mais un arbre caché dans le noyau ou dans le pépin n’en est pas moins un, en ce qu(‘il n’implique point qu’il viennent en même état….Pour arriver à la notion d’être, il suffit donc de supposer unies des choses qui ne sont point en contradiction entre elles, pourvût que ces choses ne  soient point déterminées par d’autres, ou qu’elles ne se déterminent point réciproquement. C’est ce qu’on appelle l’essence par laquelle l’être est possible.

Synonymes : Créature. Esprit. Essence. Exister.

Contraires : Néant. Non être.

Par analogie : Âme. Attribut. Bien être. Concept. Conscience. Devenir. Entité. Être suprême. Existentialisme. Femme. Homme. Individu. Individualisation. Individuation. « Je ». Moi consubstantiel. Origine. Personne.   Sujet. Type. Vie.

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« Il existait un homme naturel, on a introduit en dedans de cet homme, un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre qui dure toute la vie »   (Diderot)

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 « J’ai douleur d’être moi »  (Jacques Brel)

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Vivre c’est être dans un ou des projets. « To do is to be », ou, nous sommes quand nous inscrivons dans un projet, la vie est en devenir. (Luis)

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« Nous sommes tous des poussières d’étoile de 14 milliards d’années, expansion éternelle ou pas, nous sommes comme les animaux, les plantes, tous issus d’un sucre de carbone »
« Celui dont parlons lorsque nous disons « je » n’est pas le locuteur de lui-même ; il est une personne faite de tous les liens résultant de ses rencontres. Notre spécificité, la performance qui nous distingue radicalement des autres vivants, est la richesse de nos échanges. » Isolés, nous comme des primates »… »  « Au long d’une aventure humaine, tout se joue lors des rencontres. Ramener à un affrontement qui désignera un gagnant et un perdant, c’est perdre toute la richesse d’un échange qui pourrait être bénéfique à tous, c’est pourtant ce que notre société nous présente comme une nécessité ». (Finitude de notre domaine. Albert Jacquard)

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« C’est l’impossibilité de définir un homme qui en fait tout le prix et qui donne une valeur à sa liberté créatrice » (Jean Paul Sartre; L’être et le néant)

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«  …Le garçon de café joue à être garçon de café… il joue avec sa condition pour la réaliser. Cette obligation ne diffère de celle qui s’impose à tous les commerçants : leur condition est toute cérémonie, le public réclame d’eux qu’ils la réalisent comme une cérémonie, il ya la danse de l’épicier, du tailleur, du commissaire-priseur, par quoi ils s’efforce de persuader à leur clientèle qu’ils ne sont rien d’autre qu’un épicier, qu’un commissaire-priseur, qu’un tailleur. Un épicier qui rêve est offensant pour l’acheteur, parce qu’il n’est plus tout à fait un épicier. La politesse exige qu’il se contienne dans sa fonction d’épicier…Voilà bien les précautions pour enfermer l’homme dans ce qu’il est…»  (Jean-Paul Sartre. L’être et le néant)  

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Être soi ! «  tire gloire, Sancho de l’humilité de ta naissance, n’aie pas honte de dire que tu descends d’une famille de paysans ; voyant que tu n’en rougis pas, personne en cherchera à t’en faire rougir »  (Miguel de Cervantes. Don Quichotte)

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 « On notera avec intérêt que les orangs-outans jouissent de capacités cognitives très développées, ce qui s’observe dans leur capacité à développer des comportements culturels. Ce qu’on appelle théorie de l’esprit implique une représentation de l’autre »
« En effet l’orang-outang se trouve plus proche de l’homme que tous les autres singes, parce qu’il conçoit quelque chose par l’idée. Il sait faire durer l’acte sexuel pour que sa partaire éprouve du plaisir ».  (Le sexe, l’Homme & l’évolution. Pascal Picq, Philippe Brenot)

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« Je viens au monde : serai-je le héros de ma propre histoire, ou, quelqu’un d’autre y prendre t-il cette place ? » (Première phrase du roman David Copperfield de Dickens)

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Être

« I live not in myself, but I become
portion of that around me;…”
Ce n’est pas en moi-même que je vis
Je deviens une partie de ce qui m’entoure… »
Lord Byron

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 « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » (Montaigne. Essais))

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« Le vray miroir de nos discours est le cours de nos vie » ( Montaigne. Essais. Livre 1. § XXVI)

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« Deviens ce qu tu es » (Nietzsche) « Comment peut-on devenir ce que l’on est ? Comment consentir à cet Être ? Comment  s’approprier soi-même, savoir qui est ce « je » et consentir à étre celui là. On peut aller à cette découverte en travaillant sur l’écriture. En écrivant sur le monde, en écrivant sur soi, on fini par clarifier des positions qui nous sont personnelles. L’articulation entre « vivre sa pensée, et penser sa vie » peut passer par l’écriture,  en sachant ce que l’on est on peut essayer de le devenir (c’est par exemple le travail de Montaigne). Ce travail peut nous aider à nous situer, à situer d’où vient ce « je », je suis une histoire particulière dans une histoire générale ».    (Exercices. Michel Onfray)  

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« Sois fidèle à toi-même, il s’en suivra que tu ne seras faux à personne  (Shakespeare. Hamlet)  

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« Deviens ce que tu es ».  Que nous dit cette injonction de notre ami Nietzsche (Qui l’a emprunté au poète grec Pindare)  Qu’il y aurait une statue intérieure, statue idéal du moi. Qu’il m’appartient et à moi seul de construire, de façonner, (cela rejoins faire de sa vie une l’œuvre d’art) Cela voudrais dire que je ne dois orienter mes choix die vie, seulement sur ce qui répond à mes désirs, mes aspirations, et mettre toujours en œuvre ma volonté de puissance ?
Devant cette injonction, je me fais tout petit car c’est plus souvent l’impuissance qui a tracé la voie, je dirai, pour paraphraser Montaigne, qu’au final cette vie m’a plus fait que je n’ai fait, c’est nous dit-il ce « moi consubstantiel », le chanteur lui disait : C’est ma vie, c’est ma vie, c’est elle qui m’a choisi » Et mon individuation, « ce que je suis » est aussi lié au collectif « Seul je suis un primate ».  (Luis)

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« Nous sommes ce que nous n’avons pas choisi d’être, et nous sommes responsables de ce que nous n’avons aucune possibilité de choisir »  (Spinoza)
Alors, qu’aurai-je pu être ? Eusse été pire, ou meilleur ? Je ne connaîtrais jamais les chemins qui s’offraient à moi. Je suis passé à côté de ces milliers d’êtres que j’aurais pu être.
Et puis qui est ce moi : « L’être est une ruche d’êtres » (Bachelard)
C’est-à-dire, l’enfant, l’adolescent est devant des milliers de scénario, parfois, oui ! il choisi, parfois il en paie le prix, alors ne nous racontons pas d’histoires, je ne m’en raconte pas, je n’ai que partiellement participé à l’être qui vous parle.  (Luis)

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« Trois éléments défissent notre façon d’être : sentimentsvolontéraison. Notre être, est à l’intersection de ces trois dimensions »  (Daniel Mizrahi. Les Discours. Editions Almathée. 2018)

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« Chaque moment de pause lui permettait de se connecter sur son compte. Elle avait de nouvelle relations, elle postait des photos, des commentaires, elle likait les images et les commentaires postés par d’autres, elle regardait des gens vivre et donnait le meilleur d’elle-même. Pendant des mois cela avait suffit à combler une sensations de manque […] Il lui semblait avoir trouvé une place dans le monde, un endroit pour exister ».  (Delphine de Vigan. Les enfants roi. Gallimard. 2021)

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« N’en déplaise aux Rousseau contemporains qui sont les détracteurs de Facebook, la vérité n’est pas synonyme de transparence, et celle-ci, lorsqu’il s’agit du moi, est toujours illusoire. Quoi de plus véridique que le désir d’être autre ? Quoi de plus précieux que la liberté de devenir ? A la différence d’Instagram, vitrine de l’ego qui ne s’admire qu’en photo, et de Twitter qui remplace les atermoiements par des pépiements (l’oiseau symbole de Twitter) Facebook est un lieu d où se rencontrent les âmes qui s’imaginent. Les amis qu’on s’y fait ne ressemblent peut-être pas à ceux qu’on se fait « en vrai ». Quelle importance la Toile, n’en n’est pas moins réelle » (Adèle van Reeth. Vivre et revivre encore. Editions l’Aube. 2021)

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« Je viens au monde : serai-je le héros de ma propre histoire, ou, quelqu’un d’autre y prendra t-il cette place ? » (Première phrase du roman David Copperfield de Dickens)

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