Euthanasie

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Le Grand Robert de la langue française : Mort douce et sans souffrance, survenant naturellement ou grâce à l’emploi de substances calmantes ou stupéfiantes.

Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale. PUF : …. On pourrait définir l’euthanasie comme le fait de provoquer directement la mort d’un être humain ,(ou animal) de telle façon que cette mort advienne rapidement et sans souffrance, soit en agissant à cette fin, soit en s’abstenat d’agir, dans le premier cas on parle d’euthanasie active, dans le second d’euthanasie passive… Voir l’article.

Synonymes : Mort douce

Contraires : Acharnement thérapeutique. 

Par analogie : ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) Âme. Chambres à gaz. Coma. Délivrance. Déontologie. Directives anticipées. Embryons. Ethique. Euthanasie active. Euthanasie passive. Fin de vie. Fœtus. Hypocrisie. IVG. Législation. Loi Léonetti. Médecine. Morale. Mort. Mort cérébrale. Responsabilité. Soins palliatifs. Souffrance.  Testament de vie. Ultimes dispositions.

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« Quand la médecine peut nous aider à guérir, pourquoi ne nous aiderait-elle pas à mourir » ?  (André Conte Sponville)
« Respecter la vie humaine, c’est lui permettre de rester humaine jusqu’au bout » (André Conte-Sponville)

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En 1935 le Docteur Alexis Carrel ; (Prix Nobel de littérature) auteur de « l’homme cet inconnu » propose d’ouvrir des établissements euthanasiques, équipés de chambres à gaz et destinés à éliminer les criminels, les malades mentaux jugés socialement incurables.
Nous voyons là comment l’éthique est très évolutive, puisque celui qui propose d’euthanasier certains individus reçoit un prix Nobel. Son idée sera reprise non sous l’expression de « ultime  limite ou ultime liberté », mais de « solution finale ». (Luis)

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« Max Nordau, homme de confiance et bras droit de Herzl, (référence du Sionisme du 19ème siècle) …., cherchait à prévenir le monde contre les dangers de l’homosexualité et les maladies mentales, tous facteurs d’une détérioration physique de la race, …il exprimait le désir d’un peuple-race fort » »   (Schlomo Sand. Comment le peuple juif fut inventé)

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« Mais lorsque à un mal sans espoir s’ajoutent des tortures perpétuelles, les prêtres et les magistrats viennent trouver le patient et lui expose… qu’il survit à sa propre mort, qu’il n’est pas sage de nourrir plus longtemps le mal qui le dévore, qu’il ne doit pas reculer devant la mort puisque l’existence est pour lui un supplice, qu’une ferme espérance l’autorise à s’évader d’une telle vie comme un fléau ou permettre aux autres de l’en délivrer; que c’est agir sagement que de mettre fin par la mort à ce qui a cessé d’être un bien pour devenir un mal… Ceux que ces discours persuadent se laissent mourir de faim, ou bien sont endormis et se trouvent délivrés sans même savoir qu’ils meurent. On ne supprime aucun malade sans son assentiment, et l’on ne ralentit pas les soins à l’égard de celui qui le refuse ….» (Thomas More. L’Utopie)

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« Le fait que les embryons possèdent une âme depuis leur conception est une directive du pape Pie IX datant de 1869. Avant, c’était les premiers mouvements du fœtus, les premiers signes sensibles de la vie, qui manifestait la présence de l’âme.. » (Richard David Precht. Qui suis-je, et si je suis combien ?)

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A ce jour et j’ai pu le constater, l’acte d’abandon de soins, avec s’il le faut de fortes doses d’antalgiques, n’est pas le fait d’une décision d’une seule personne. Mais gardons-nous de faire d’une expérience personnelle, un état des lieux. Pour ce que j’ai vécu, l’acte est d’abord envisagé par les  médecins et infirmières, puis évoqués avec les parents en présence du ou de la psychologue de l’établissement. Ce sont des usages à ce jour encore mal définis dans  une législation précise. A plusieurs reprises des gouvernements ont été saisis de cette question, et à chaque fois ils ont botté en touche: « La vie n’appartient pas au politique », déclare en 2003 le premier Ministre Jean Pierre Raffarin ; s’exprimant ainsi, suite à la mort de Vincent Imbert, évacuant ainsi  la nécessité d’imaginer un projet de loi pour sortir de l’hypocrisie qui laisse aux seuls médecins la seule responsabilité, on sait et on sait pas, enfin, on ne veut pas savoir.
Chaque année, il y a 150.000 cas, où les médecins arrêtent les machines, leur devoir étant « de ne pas s’acharner » dit le professeur Bernard Debré, ce dernier ajoute, concernant le geste du Médecin de Vincent Imbert : « si j’avais du le faire pour Vincent, j’aurais fait de même ».
Dans un sondage fait à cette époque,  la question posée était : « Vous-même, en cas de maladie grave, et incurable s’accompagnai d’une souffrance insurmontable, souhaiteriez-vous être aidé à mourir ? » Oui, à 80%.           
Si demain votre médecin référent vous posait cette même question, qui serait enregistrée sur votre dossier, (imaginez, en vous-même) quelle serait votre réponse ? (Luis)
 » A l’évidence, l’euthanasie pose moins de problèmes quand elle relève d’une demande claire formulée par une personne saine de corps et d’esprit que dans le cas d’un individu définitivement coupé du monde par la maladie, relié à la vie par la seule technique, silencieux de son vivant sur son éventuel désir d’en appeler à la mort douce, se trouvant dans un lit d’hôpital artificiellement en vie, prolongé par l’appareillage, maintenu vivant par des machines. L’idéal consiste en un testament de vie rédigé bien avant le jour fatal dans lequel la personne signataire confie ses désirs de ne pas subir d’acharnement thérapeutique, de bénéficier de tous les antalgiques possibles et imaginables, fût-ce au prix du raccourcissement de la vie, enfin de pouvoir profiter d’un geste euthanasique. » (Michel Onfray. Féeries anatomiques. 2004)

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La loi d’avril 2005 sur les « droits du malade à mourir »

La loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, votée en avril 2005 et élaborée sur la base d’un rapport de 2002 du Comité Consultatif National d’Éthique, permet d’arrêter un traitement ou de refuser un acharnement thérapeutique (l’obstination déraisonnable dans la dispense de soins). Cependant, il ne légalise absolument pas l’euthanasie. Cette loi a aussi introduit une nouvelle notion, celle de « testament de vie » : « toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées au cas où elle serait un jour incapable d’exprimer sa volonté. Elle définit les conditions de la limitation ou de l’arrêt de traitements », a expliqué Nadine Morano (député UMP, l’une des initiatrices du texte) au Parisien du 3 janvier 2006. Ce testament de vie doit être daté et signé, avoir été rédigé devant un témoin, par une personne saine d’esprit. Il n’existe pas de formulaire pré établi, l’écriture et la forme de ce testament sont libres. Avec cette loi, la France rejoint plusieurs pays européens
Selon le code de déontologie médicale : interdiction claire. Il est mentionné que « le médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et réconforter son entourage. Il n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort ». La violation de cette disposition entraîne des sanctions disciplinaires. Généralement, ces sanctions consistent dans l’interdiction d’exercer pendant une certaine période.    
« Quelle est la marge de manœuvre du médecin ? Les médecins ont-ils le droit de provoquer la mort de patients condamnés en interrompant  leur traitement  (euthanasie passive) ? Ont-ils le droit de prendre le risque qu’un patient traité avec des calmants puissants succombe à cette thérapie (euthanasie indirecte) ? Le médecin a-t-il le droit, à la demande express du patient, d’aider ce dernier à mettre  fin à ses jours (assistance à une mort choisie) ? Et, enfin, a-t-il le droit de tuer un patient qui en exprime le désir en lui donnant un médicament ou en lui faisant une piqûre (euthanasie active) ?….. (Michel Onfray. Féeries anatomiques. 2004)

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« Depuis 2001, en Hollande, un médecin traitant a le droit de tuer un patient dans la mesure où : 1.Ce patient en exprime le désir. 2 Un second médecin a été consulté comme témoin et conseiller. 3. Le médecin signale son acte au parquet, de sorte que celui-ci puisse faire vérifier son déroulement par la police »  (Qui suis-je, et si je suis combien ? ». Page 199. Richard David Precht)

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Intervention de Jean-Luc Melanchon devant les membres de l’association du  le droit de mourir dans la dignité, au cirque d’hiver le 24 mars 2012.
Titre de sa contribution :  «  Comment porter un regard sur la mort et tâcher d’y répondre ? »
Si on regarde bien cette peur, si elle nous fait ouvrir les yeux au lieu de les fermer. Alors tout d’un coup les choses apparaissent  différemment. On voit les avant-gardes de la mort : c’est la résignation, c’est la souffrance acceptée de l’humilié, c’est les chaînes que l’on a dans la tête.
Le libérer de la peu de la mort en en faisant une affaire strictement humaine, délibérée en conscience, examinée les yeux dans les yeux, c’est commencer le chemin qui nous fait découvrir pourquoi le peur de la mort d’une certaine manière colonise le présent, et fait espérer, des fois d’une manière vaine, qu’au prix de la souffrance ici, on se gagnerai dans un au-delà, (sur lequel je ne me prononcerai pas), quelques avantages proportionnés à la souffrance que l’on aura d’abord subi .(Applaudissements)
Ou bien, parce qu’on aura vécu dans la préparation d’une frontière que par définition on ne rencontre jamais, on aura oublié la joie et le bonheur du présent. Vouloir choisir sa fin de vie, et pouvoir en décider, c’est commencer une subversion radicale du réel, c’est aimer le présent. C’est le triomphe des stoïciens et des épicuriens, dénoncés par d’aucuns, des superbes, (des orgueilleux) qui ne comprenaient rien aux ambitions somme toute très modestes des stoïciens qui essayaient de profiter raisonnablement de ce qui se présente, capables de faire la part entre ce que l’on peut dominer, et ce contre quoi on ne peut rien faire. Face à l’ultime liberté, l’ultime humanité, et décider d’éteindre soi-même la lumière. (Applaudissements)

Maîtriser, décider de notre propre fin de vie, c’est commencer à rentrer dans une humanité radicale, de même que nous ne sommes jamais si humains que lorsque nous faisons un acte en échange de rien, un acte gratuit par exemple, comme  l’acte d’amour. De la même manière, regarder les yeux dans les yeux la mort et ne plus avoir peur d’elle, c’est commencer à être radicalement et intimement libre. (Applaudissements).

   Sans mépriser aucune motivation, ni aucun regard, on peut, je le sais par acte de foi, croyant en Dieu, délibérer alors que sa religion l’interdit, que l’on reconnaît le droit à l’avortement.

Précisément, chaque personne a sa liberté de décision. De la même manière on peut, alors que l’on est croyant, et que la religion commande qu’en toute chose on se comporte suivant les commandements qu’on a reçu de la vérité révélée, on peut être passionnément laïque, parce que l’on considère que c’est en séparant l’Eglise de l’Etat comme l’avait bien compris Lamenais et d’autres chrétiens, que la liberté humaine et le libre arbitre étant institués, la parole que l’on croit essentielle, celle de la révélation peut être entendue, et à l’inverse. (Applaudissements
Pour les matérialistes comme moi, qui ne connaissons au fond que la pauvreté et la faiblesse de l’être humain dont le dénuement est une source infime de tendresse, on peut, sans même invoquer Sisyphe, et son éternel recommencement… , penser que dès lors nous sommes institués comme personne par cette liberté là. Alors nous ne parlons plus d’une loi, nous parlons d’un droit fondamental de la personne humaine. (Applaudissements)
………..  (Aujourd’hui) notre société ayant mûri  nous sommes en état d’apercevoir des droits nouveaux. Ce qui touche à la barrière intime, qui dit qu’une aptitude n’est pas un destin. La liberté humaine est construite par cette idée où nous cessons d’être dans la dépendance de.

On peut se demander si c’est bien ce qu’il faut faire, et longtemps, comme d’autres, j’ai pensé que la loi y suffisait, puisque les républicains partent de l’idée que toute proposition n’est jamais définitive.., et c’est la grandeur de la loi républicaine qui n’est pas dans la vérité révélée. Ce qui a été fait, peut faire l’objet d’évaluation, de bilan, et on peut refaire, on peut se dédire. C’est ça la grandeur de la délibération collective.

Mais pourquoi faut-il que nous instituions ce droit nouveau et l’inscrire dans la Constitution ? Parce que nous voyons que d’autres droits qui avaient été établis par la loi sont remis en cause Et à la faveur de circonstances toujours passionnelles, on se propose de revenir sur : l’abrogation de la peine de mort, sur le droit à l’avortement dans des pays et des continents entiers. Cette question fait l’objet d’une mobilisation de tels et tels forces que je vois toujours situé du même côté  contre la liberté d’être propriétaires d’elles-mêmes. (Applaudissements)
Alors irait de même de ce droit là. C’est une grande et belle dispute (au sens noble du terme). Le simple fait de pouvoir poser ce thème comme un objet débat, sitôt que l’on s’en empare, nous grandi tous, quelques soient nos convictions, même si elles sont opposées, à la seule condition, bien sûr, qu’on respecte l’écoute qui est due au point de vue contraire au sien.     Mais le simple fait que la discussion ait lieu, est une victoire contre toute vérité révélée, car le fait qu’on parle allume la lumière et éloigne l’ombre des certitudes arrêtées.

L’Agora nous grandi !

La vie est belle ! Carpe diem !

Donner la « Bonne mort. »

« Dans son cabinet de Bruxelles, en Belgique, le docteur Yves de Locht, luis aussi accompagne le cheminement des patients vers la mort. Mais en endossant un rôle très différent.  Il pratique depuis une dizaine d’année des euthanasies. Soit, en grec ancien, lé « Bonne mort » que le philosophe anglais Francis bacon fut, au XVIIème  siècle, le premier à l’aborder sur le plan philosophique dans a conception moderne. « La tâche du médecin n’est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d’adoucir les douleurs et souffrances des malades, et cela non seulement si cet adoucissement conduit à leur rétablissement, mais encore lorsqu’il sert à procurer au malade une mort douce et paisible »

Si les considérations morales de Bacon au sujet de l’euthanasie sont aujourd’hui toujours celles qui sous tendent les arguments de ses défenseurs, il serait erroné de penser qu’elles permettent de banaliser l’acte en lui-même, aussi juste soit-il sur le plan morale. « Il ne faut pas tourner autour du pot » dit-il «ni mentir, je donne la mort » Glisse t-il avec émotion. ……

«  Lors des euthanasies, je suis très impliqué émotionnellement… »   (Article. Les travailleurs de la mort. Philosophie magazine n° 114)

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