Goût

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Jan Brueghel et Peter Paul Rubens. Le sens du goùut. 1818. Musée du Prado. Madrid.

Le Grand Robert de la Langue Français : Sens grâce auquel l’homme et les animaux perçoivent les saveurs.

Attitude à sentir, à discerner les beautés et les défauts (notamment dans le domaine esthétique  et intellectuels selon les critères sociaux en usage).

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : C’est la faculté de juger du beau et du laid, du bon et du mauvais, comme un plaisir qui serait critère de vérité. Le goût touche au corps, pas la sensation, et à l’esprit, par la culture. Il éduque, il ne  se crée pas.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Du latin, gustus, c’est ce sens admirable par lequel on discerne les saveurs & dont la langue est le principal organe. Le goût examiné superficiellement paroît être une sensation particulière à la bouche, étant différente de la faim, & de la soif ; mais allez à la source & vous verrez que cet organe qui dans la bouche me fait goûter un mets, dans l’œsophage & dans l’estomac, me sollicite pour les alimens, & me les fait désirer. Ces trois parties ne sont proprement qu’un organe continu, & ils n’ont qu’un seul & même objet…..

Le goût en général est le mouvement d’un organe qui jouit de son objet, & qui en sent toute la bonté ; c’est pourquoi le goût est de toutes les sensations : on a du goût pour la Musique & pour la peinture, comme pour les ragoûts, quand l’organe de ces sensations savoure, pour ainsi dire, ces objets…

Dictionnaire philosophique. Voltaire : Le goût, ce sens, ce don de discerner nos aliments, a produit dans toutes les langues la métaphore qui exprime, par le mot goût, le sentiment des beautés et des défauts dans tous les arts : c’est un discernement prompt, comme celui de la langue et du palais, et qui prévient comme lui la réflexion ; il est comme lui, sensible et voluptueux à l’égard du bon ; il rejette, comme lui le mauvais avec soulèvement ; il est souvent, comme lui, incertain et égaré, ignorant même si ce qu’on lui présente doit lui plaire, et ayant quelque fois besoin, comme lui, d’habitude pour se former.

  Il ne suffit, pour le goût, de voir, de connaître la beauté d’un ouvrage : il faut la sentir, en être touché. Il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse ; il faut démêler les différentes nuances. Rien ne doit échapper à la promptitude du discernement ; et c’est encore une ressemblance de ce goût intellectuel, de ce goût des arts, avec le goût sensuel ; car le gourmet sent et reconnaît promptement le mélange de deux liqueurs ; l’homme de goût, le connaisseur, verra d’un coup d’œil le mélange de deux styles….

Synonymes : Appétance. Attirance. Saveur.

Contraires : Antipathie. Aversion. Dégoût. Répugnance. Répulsion.

Par analogie : Affaire de goût. Agueusie. Aimer. Appétit. Apprécier. Art.Avis. Béotien. Beau. Bon. Butor. Choix. Connaisseur. Gastronomie. Gourmet. Goût populaire. Guise.Gustatif. Cuisine. Dégustation. Délicieux. Discernement. Éclectisme. Élégance. Esthète. Esthétisme. Exquis. Faim. Finesse.  Fumet. Goûteur, goûteuse. Inclination. Jugement. Laid. Mauvais goûtManger. Mode. Norme. Opinion. Palais. Papilles. Philistin. Priser. Psychologie du goût. Raffinement. Sapidité. Savourer.  Succulent.

Expressions: Avoir du goût. C’est de bon ou, mauavais goût. (De gustibus et coloribus non disputandum) des goûts et des couleurs on dispute pas. Il n’est de bon bec que de Paris. Tutt’i guisti son giusti(tous les goûts sont justes)

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 «  Plus tôt, et plus souvent on est confronté à une saveur donnée, plus il est facile de la détecter par la suite » (Kheira Bettayeb. Sciences et vie. Avril 2004).

  « Les saveurs sont en fait, des moyens de connaître, des chemins de pensée, des lieux de découverte » (Montaigne. Essais)

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Cuisine nouvelle. « …c’est chichiteux au possible : on meurt de faim avec trois radis stylisés et deux coquilles Saint-Jacques en gelée d’algues, et dans des assiettes faussement zen avec des serveurs qui ont l’air aussi joyeux que des croque-morts » (Muriel Barbery L’élégance du hérisson)

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    Introduction au débat : « Le goût, les goûts, une affaire de goût »
Du côté étymologie et définitions nous avons : Goût : du latin « gustus », est « action de goûter », dégustation, « Gustus » dériverait du grec et du terme sanscrit « gush » (aimer, trouver bon). On trouve également une étymologie qui part de « goust »  aliments, ce qui fait que nos papilles seraient le premier juge du goût.                    
D’ailleurs on peut raisonnablement penser que la première notion de goût chez nos ancêtres fut d’une dimension concrète, liée à leur nourriture, et peut-être pas à la coiffure, ou la tenue vestimentaire de madame Neandertal.
Puis, nous aurons le deuxième sens, connotation attribuée au goût, de dimension abstraite, culturelle, cette « aptitude à sentir, à discerner les beautés et les défauts dans le domaine esthétique et intellectuel » (Le Grand Robert de la langue française), et vient s’ajouter à ces définitions, l’expression avoir le goût de, soit, une appétence pour.
Et nous n’échapperons pas à la notion, et à l’expression du « bon goût », dont le dictionnaire Lalande nous dit qu’il est : « Faculté de juger intuitivement et sûrement des valeurs esthétiques, en particulier dans ce qu’elles ont de correct et de délicat ». [ Les deux sens du mot « goût » nous font passer de goût/saveur, au goût en général, qui serait plutôt d’ordre esthétique, de la physiologie du goût, à la psychologie du goût.
Le goût, cette forme de réaction, de sentiment que nous avons à l’égard de choses matérielles comme immatérielles, est quelque chose d’autant plus vaste que le goût s’adresse aux cinq sens ; de là, la multiplicité des goûts.
Alors le goût, cette donnée culturelle, ce marqueur, serait-il aussi un moyen de se démarquer, de se singulariser individuellement, ou au contraire, collectivement ; de montrer son appartenance à un groupe, en suivant des modes de toutes sortes, des modes au goût du jour? « Vouloir suivre la mode » au goût commun, disait Gustave Henri Thoreau « c’est, se prendre pour un porte manteau »
 Le goût, et c’est là tout un débat, pourrait être élitiste, créant par ce fait en opposition, un « goût populaire », qui sera le mauvais goût ; c’est ce que Nietzsche nous dit  avec tout son mordant et son côté provocateur : « Les livres de tout le monde sont les livres qui sentent mauvais… ». Partant aussi de l’idée qu’un seul et unique goût tuerait le principe même de goût, il ajoute : « Le mauvais goût à son droit, comme le bon goût ; il a même un privilège sur celui-ci, au cas où il constitue le grand besoin… ! Le bon goût, le goût choisi a toujours, au contraire, quelque chose de recherché – il n’est pas, et n’a jamais été populaire ! ».
Trois films ont fait germer l’idée de ce débat : « Une affaire de goût », « Le goût des autres », et « Dialogues avec mon jardinier ».
Le premier nous montre nous montre un esthète du goût (gastronomique) et son goûteur, une personne qui avait réussi à mémorisé des milliers de goûts, de saveurs, une véritable bibliothèque des goûts, ce qui nous dit que le goût s’éduque, mais aussi qu’entre en jeu la mémoire des goûts
Le second, une étude sociale, montre un homme épris d’une femme cultivée, laquelle l’entraîne dans son univers, ses fréquentations, milieu  branché, très bobo, assez snob ; on voit cet homme moqué, abaissé, par le décalage des goûts, son manque de références culturelles,  et la simplicité de ses goûts. Là, le goût divise, stigmatise.
Dans le troisième,  « Dialogue avec mon jardinier », on peut voir une scène lors d’une exposition de peinture, où les toiles présentent des formes indéfinissables et où la seule couleur est le noir. Un jeune critique d’art qui patauge dans le snobisme intellectuel parle : « Il faut voir dans la couleur noire  qu’utilise le peintre toute la palette des couleurs, voir le blanc de ce noir et voir le blanc dans le non-blanc… ».
Le personnage de Daniel Auteuil lui fait une démonstration d’analyse, avec le même langage abstrus, le prend à son propre jeu ; c’est finalement le snob qui abandonne. Ce film nous montre essentiellement un certain monde de l’art moderne, lequel serait,  selon Michel Foucault « Le refus, le rejet perpétuel de toute forme déjà acquise. Il s’oppose au consensus de la culture, il se veut anti-culturel, en quelque sorte le cynisme de la culture retournée contre elle-même »
Le goût, nous dit Kant «  se forme sur un concept indéterminé » ; nous voilà bien avancés ! Des choix déterminés, des déterminants à partir de concepts indéterminés, c’est là quelque chose qui ferait un débat fermé. Pourtant, nous allons passer outre le vieil adage : « De gustibus et coloribus non est disputandum », (des goûts et des couleurs, il ne faut disputer) ;  et nous allons oser, car c’est notre goût, en  « disputer », en débattre.
Et pour amorcer ce débat je pose ces cinq  questions :
1° Peut-on formater le goût, et éventuellement dans quelle mesure peut-on le formater ?
2° Vos goûts se modifient-ils avec le temps, ou sont-ils fixés, une fois pour toute ?
3° Qui décide de ce qui est de bon goût?
4° La même éducation, le même milieu social familial, vont t-il définir des goûts identiques ?
5° Le goût peut-il être une donnée économique ?  (Luis)

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 « Il y a dans l’art un point de perfection, comme de bonté ou de maturité dans la nature. Celui qui le sent et qui l’aime a le goût parfait ; celui qui ne le sent pas, et qui aime ne deçà ou au-delà, a le goût défectueux. Il  y a un bon et un mauvais goût, et l’on dispute des goûts avec fondement »  (La Bruyère. Les Caractères)

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« Nos émotions précèdent nos sentiments » dit Spinoza, ainsi, le ressenti donne une information, laquelle va s’inscrire, et tenter de comparer dans la banque de données pour analyser. Il y a là, un processus : perception/ sensation/ pensée, voire des aller/retours, si on regarde un beau gâteau on salive. Le goût est mémoire, le goût peut-être en lien avec nos affects, on pense par exemple « à la madeleine de Proust » et tout ce qu’une odeur peut recéler de réminiscences.  (Luis)

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« Le goût (culinaire) peut se mêler à tous les autres, et même nous console  » (Brillat Savarin)

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Le goût, comme l’opinion, n’échappe pas au formatage, ou tentative de formatage. On croit la plupart du temps qu’il s’agit de notre goût, alors que tout au long de notre vie ce goût sera fortement influencé de différentes manières. Il existerait un goût majoritairement partagé « tout le monde aime.. ; », et si vous êtes de ceux qui « n’aiment pas » vous vous sentez un peu coupable, voire béotien, ce que résumait La Bruyère (Caractères. Maxime 8) : « Certains poètes sont sujets, dans la dramatique à de longs vers pompeux, qui semblent forts, élevés, et remplis de grands sentiments. Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît, et à mesure qu’il comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer, il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. J’ai cru autrefois, dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre, et l’amphithéâtre, que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes, et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tord de n’y rien entendre : je me suis détrompé » (Luis)

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Physiologie du goût. Anthelme Brillat-Savarin. 1839
Dans tout cet ouvrage l’auteur nous présente tour à tour les sens qui aident à la formation, à l’éducation du goût, et enfin au plaisir qui en découle. Le goût qu’il évoque est essentiellement d’ordre culinaire, mais il va rentrer dans les détails et là, ce n’est pas du meilleur goût, un exemple parmi d’autres (page 58) : « Dès qu’un corps esculent est introduit dans la bouche, il est confisqué, gaz et sucs, sans retour. Les dents s‘en emparent et le broient,…, les joues fabriquent la salive qui l’imbibe, la langue le gâche et le retourne, un mouvement aspiratoire le pousse vers le gosier, l’odorat le flaire en passant, et il est précipité vers l’estomac pour subir les transformations ultérieures …. c’est ainsi que cette suite de  perfection qu’est la gourmandise est l’apanage de l’homme ».                                     
Puis, plus lyrique, il évoque le principal organe du goût (toujours lié aux aliments), la langue : « La langue de l’homme, par la délicatesse de sa contexture, et des diverses membranes dont elle est environnée, et avoisinée, annonce assez bien la sublimité des opérations auxquelles elle est destinée ».
Il nous explique que certaines personnes sont munies du nombre moindre de papilles gustatives sur la langue, ce qui les priverait d’une part des émotions liées à ce sens, le goût, ils ont dit-il, la langue « faiblement équipée ». (Luis)

                                                 *

L’égout

Tout l’égout sonde en la nature

Tous les goûts sont dans la nature

J’ai goûté ce mot

C’était un mot d’esprit

Esprit de vin, s’évapore !

J’ai goûté ce pot

C’était un pot commun

Un goût commun, partagé !

Ce que je goûte

Peu dégoûter

Et sous la croûte

On peut creuser

J’ai goûté à pleines dents

Tu as goûté du bout des lèvres

Il a goûté en fermant les yeux

Nous goûtons comme des gloutons

Vous goûtez à dégoûter !

Ils dégoûtent, goutte à goutte

Le goût est connaissance

Le goût est Reconnaissance

Entre gens de goût

Lèvres pincées, nez pincé, cul serré

Mon Dieu ! quels béotiens !

Le canon du bon goût s’annonce sans appel

Il est définitif, et en toute harmonie

Codifié, orchestré, comme une symphonie

Ne sortez pas du cercle, ou je sors mon scalpel !

Goûtez l’alexandrin, vous aurez l’air poète

La beauté se doit grecque, soif de reconnaissance

Maudit soit Moyen-Âge, j’aime la renaissance

Et le siècle suivant, je s’rai anachorète

Pour manger avec les doigts et roter à table

Personne pour me dire ce qui est condamnable

Ce qui est beau et bon, ce qui est juste et vrai

Et si jamais un jour je deviens à la mode

Pour picorer à l’œil ce serait bien commode

J’aurais l’air inspiré pour parler d’art abstrait.

Florence Desvergnes

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 Des personnes me disaient : je n’aime pas l’art naïf. Puis je leur montré sur écran environ une centaine d’œuvres d’art naïf. Au final leur avis était légèrement différent. Notre goût se forme, s’affine par toutes les expériences. Que de préventions envers ce que nous n’avons jamais réellement expérimenté. Il n’en reste pas moins que le droit à la différence de goût doit être défendu. Vous pouvez aimer ou ne pas aimer, par exemple l’art abstrait, aimer ou ne pas aimer un certain théâtre contemporain, ne pas aimer telle littérature, tel cinéma ; et là vous trouvez parfois des personnes qui prétendent qu’on ne peut pas ne pas aimer ce qu’ils aiment, que ceux qui n’aiment pas ce qu’ils aiment seraient des incultes, des philistins, des béotiens…
Cette dictature du goût est une forme d’intolérance de la part de ceux qui aiment parfois par convention, parce que des « experts » ont décidé qu’il faut aimer ; nous somme là en face d’un absolutisme du goût. « Le goût du troupeau est plus ancien que le goût de l’individu » (Nietzsche. Ainsi parlait Zarathoustra).
Et ceux qui se piquent d’avoir le  bon goût, le goût sûr, parce qu’ils aiment ce qui est à la mode, ne seraient-ils pas des  handicapés du goût : « Le snobisme ne donne pas le goût, il supplée au manque d’opinion »  (Alfred Capus).
Le goût des esthètes, celui des techniciens d’un certain goût, finissent par enfermer. Le goût de celui qui n’ose pas s’élever vers d’autres goûts, fini par enfermer. (Luis)

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« La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure » (Brillat Savarin)

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« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es » (Brillat Savarin)

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En 1968 un gouverneur de l’Alabama, le sénateur George Wallace pour marquer qu’il est un bon américain déclare « je mets du ketchup sur tout ce que je mange ». En cela il flatte un certain électorat en prenant un des deux symboles des Usa avec la boisson gazeuse, il dit en cela je suis comme vous. Le goût peut être récupéré par les politiques,  bon goût ou moins bon goût, qu’importe. (Luis)    

*                                                                                                       

« Les animaux se repaissent, l’homme mange, l’homme d’esprit, seul sait manger » (Brillat Savarin)

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«  Le goût, mon cher, c’est un organe délicat, perfectible et respectable comme l’œil et l’oreille. Manquer de goût, c’est être privé d’une faculté exquise, de la faculté de discerner la qualité des aliments, comme on peut être privé de celle de discerner les qualités d’un livre ou d’une œuvre d’art… »  (Maupassant. Contes et nouv., Rosier Mme Husson)

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 « Dans les livres de cuisine.., les viandes archi-bouillies, les légumes rendues gras et farineux, les entremets dégénérant en presse-papier ! Si l’on y ajoute le besoin carrément bestial des petits coups après les repas qu’éprouvent les anciens allemands, et pas seulement les vieux, on comprend également l’origine de l’esprit allemand – il provient de tripes affligées…L’esprit allemand est une indigestion, il ne vient à bout de rien »  (Nietzsche. Ecce homo) 

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Dans son ouvrage «  Apologie cognitive », Gérald Bronner, image ce « goût du troupeau » nietzschéen : «  Pierre Lescure et Alain Greef, fondateur de l’émission Top 50 sur Canal + avaient des intentions vertueuses. Il fallait un classement des chansons plébiscitées  qui reflète vraiment le goût des français et en finir avec les hits parades truqués. Ils mirent l’idée sur pied en 1984. « Nous allions en finirent (disaient-il) avec les fausses valeurs. Les vrais chanteurs, les groupes les plus prestigieux, allaient enfin avoir en France, un terrain pour s’exprimer ». Résultat ? Le record de longévité à la tête de ce nouveau classement fondé sur les ventes réelles des disques est détenu, par, Jordy (âgé de quatre ans) qui chantait « Dur, dur, d’être bébé », puis l’inoubliable groupe puissance IV, qui proposait, « Viens boire un p’tit coup  à la maison » qui régna pendant treize longues semaines sur le Top 50.
La conclusion amère d’Alain Greef est sans appel : « Pendant des années que cette émission allait durer, le goût de chiotte de nos compatriotes en matière de chanson, fut largement mis en valeur [….] J’ai tiré de cette aventure, qu’il ne fallait jamais prendre de pari sur le goût du plus grand nombre ». 

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« Ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire » (Charles Baudelaire)

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« Le mauvais goût c’est de confondre la mode qui ne vit que de changement, avec le beau, durable » (Stendhal)

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Le proverbe italien peut clore le débat : Tutti i gusti son giusti » (Tous les goûts sont justes). Mais nous avons le goût de la disputation. Alors ! Dès qu’on est deux, évoquer le goût, c’est : ou le partager ou être partagé ; les goûts nous réunissent ou nous divisent. L’expression du goût et des goûts est un jugement de valeur totalement arbitraire. Le bon goût est celui que les autres partagent avec moi. Le mauvais goût, par définition, ne peut être que chez les autres, puisque c’est le goût que je ne partage pas. Comment réfuter totalement que le goût aie quelque chose d’élitiste, car plus on a des ouvertures sur des goûts variés, plus notre palette de goût va s’enrichir. Celui qui n’a jamais été confronté à certaines saveurs, à certaines senteurs, ne pourra pas faire un jugement évaluatif, il sera comme dit l’adage : « la cuiller trempée dans la sauce, laquelle est bien en peine de déterminer le goût ». La philosophie nous est particulièrement utile, si elle nous aide à aller vers le « dire vrai », c’est-à-dire oser  assumer ce que l’on aime, même en dépit du jugement des autres. « On doit se défaire du mauvais goût consistant à vouloir être d’accord avec tout le monde… » (Nietzsche). Quand j’entends, c’est génial ! on ne peut pas dire le contraire ! eh, bien, oui ! j’ai justement envie de dire le contraire. La certitude que son goût est le bon est de très mauvais goût.
Nul ne peut s’ériger en juge du goût. Si l’on évite d’asséner : « c’est beau », « ce n’est pas beau », on doit pouvoir oser dire « j’aime » « je n’aime pas ». . On ne force pas le goût ou alors c’est feindre ; on a pu voir des gens se pâmer devant des œuvres auxquelles ils ne comprenaient rien (y avait-il à comprendre ?), en fait ils s’ennuyaient royalement. Si l’on n’assume pas son goût, on a du mal à se réaliser, à être en accord avec soi. Combien de fois nous nous sommes dit que nous ne partagions pas le goût des autres dans tel domaine : littéraire, de l’écrivain sublime,  dont les livres nous tombent des mains, d’une peinture  qui nous laisse froid, d’un cinéma qui amène chez nous un ennui mortel, d’une musique qui nous agresse les oreilles, et, finalement, parce que nous avons osé le dire,  parce que nous avons osé aller à l’encontre de l’opinion généralement admise, des stéréotypes, des modes académiques, nous nous apercevons que nous n’étions pas seuls. « Et vous me dites, amis, que des goûts et des couleurs, il ne faut point débattre ?… Toute vie n’est qu’une querelle au sujet des goûts et des couleurs ».  (Nietzsche)   

*                                                                        

« On dit en littérature, il ne faut point disputer des goûts : si l’on entend qu’il ne faut point disputer à un homme que tel est son goût, c’est une puérilité. Si l’on entend qu’il n’y a ni bon ni mauvais goût, c’est une fausseté. Le philosophe examinera sévèrement tous les axiomes de la sagesse populaire »  (Diderot. De l’interprétation de la nature. LVII)

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« Ce n’est pas à tord dit Sancho au chevalier au grand coeur, que je prétends avoir des jugements en matière de vin. C’est une qualité héréditaire dans notre famille. Deux parents à moi, furent un jour appelés à donner leur opinion au sujet d’un fût de vin qu’on supposait excellent  en raison de son âge, et de la qualité de son cru.
Le premier goûte, le considère après mûre réflexion, déclare que le vin est bon, mais avec un petit goût de cuir qu’il peut percevoir. Le second, après avoir pris les mêmes précautions, rend un verdict favorable, mais faisant la réserve d’un certain goût de fer qu’il pouvait aisément distinguer. Vous n’imaginez pas comme ils furent moqués pour leur jugement. Mais quels furent à la fin, les véritables rieurs?
En vidant le fût, on découvrit au fond, une vieille clef attachée à une lanière de cuir » (De la règle du goût. David Hume)

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Dans la notion de mode réside le principe même du changement rapide et presque  inévitable: « La mode meurt jeune » (Jean Cocteau)

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«  ..il y mille gens de bon sens contre un homme de goût, et mille personne de goût contre un d’un goût exquis »    (Diderot. Lettre sur les sourds et les muets)

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La cueillette du poète.

« Le goût des Autres », Agnès  Jaoui,

réjouie, Jaoui, hauts cris, Bacri, en jeu … L’enjeu, et, hors Covid,
qui tourne À Vide,     
À Vide _ plénitude _ des Autres, À L’étude _ des Autres, Aptitude,
goût des Autres-Attitude
,

de nos, cinq, sens, Au sens, La  quinte – est – sens, du sens, perception des saveurs,
un penchant, pour Les Autres, Aimant, discernement, Aimant, Le jugement, sur L’Autre, éthique d’esthétique, de La beauté des Autres, La préférence _ goût des Autres, 
Au cœur, du chœur, des Autres, disposition du cœur,

couleur des uns, couleur des Autres, palette des couleurs,
Le goût des uns, Le goût des Autres, palette des goûteurs,

tombé Le masque _ Le goûteur _

goûtant Les Autres, élan du cœur, Le choix du cœur,
La relation, et, Le rapport, Le Lien, Aux Autres, Le Visage de L’Autre,
La présence de L’Autre, Le partage _ des Autres, de  « L’enfer c’est Les Autres » _
Le dégoût des Autres _ À L’enfer c’est moi _ qui dis que  « L’enfer c’est Les Autres » _ ,
et, qui pressens, qui sens, présent, Le goût des Autres, Le goût de L’Autre,

« Je fête L’essentiel, je fête ta présence », Eluard, goût de L’Art, Le goût des Autres _

dans La construction de soi,
fêtons Leur essentielle présence _ ma foi, du monde _ L’Autre _
soi, Le goût de L’Autre soi, de soi Autre _ ma foi,

Corps et Âme, et, À cœur, L’esprit, du  « goût des Autres », découverte, invention,
quête, trouvaille _ des Autres, connaissance, Attachement, Affection,
des Autres, réci
proque _ mutuelle _ reconnaissance,
sortir de soi, dans Les deux sens, tel est Le sens,
pour un  Nord-Occidental, et, donc, À L’ Ouest,
Le goût d’un  Sud-Oriental, et, donc, À L’ Est, pour un’ israëlien,
goût d’un Palestinien,    

joignant L’utile À L’Agréable côtoiement _
des Autres _ Lien, Aimant,
Aimantant, et physiquement, et spirituellement,
Le goût des Autres _ forcément, Assurément,

de L’Autre moi, semblable et différent,
Autre que moi, étrange – et … différent, 

L’Autre, « Le médiateur indispensable, entre moi et moi-même », Sartre, L’Être et Le Néant,
en miroir, me regardant,

conscience de soi, conscience de L’Autre, Alter ego,
mutuelle _ réciproque _ reconnaissance, « Sans La rencontre de L’Autre _
nous ne sommes que des moitiés, d’humains »,
Georges Hourdin, Victor Hugo, Alter Hugo, Les uns Les Autres, humains,

de L’Altérité, de L’humanité, du monde,
échanges et dialogue, sœurs et frères du monde, de moitié en moitié,
Lien entier, Lien d’Amour d’Amitié,
exigence morale d’exemplarité, Autre,
exigence éthique de L’humanité, passion des Autres _
« Passion de L’humanité », « intime – universelle convivialité », de soi Autre _
du monde Autre _ Le goût des Autres _ L’heur …

À mon Aïeul, Stendhal, Le goût des Autres, « une promesse de bonheur » …

L’Entrepot’s, 30 janvier 2021, animateur Guy Pannetier, en Pluviôse,
Gilles  Roca – Laure  ose     

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