Héros

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François 1er à la bataille de Marignan. Attribué à Noël Bellemare. 1530 Iconographie BNF.

Le Grand Robert de la Langue Française: Celui qui se distingue par ses exploits, ou un courage cxtraordinaire (particulièrement dans le domaine des armes)

Homme digne de l’estime publique, de la gloire par la force de caractère, son génie, son dévouement total à une cause, à un oeuvre.

Personnage principal d’une œuvre littéraire, dramatique.

Trésor de la Langue Française: Un homme, une femme, qui incarne dans un certain système de valeurs un idéal de force d’âme et d’élévation morale……Homme ou femme qui fait preuve dans certaine circonstances, d’une grande abnégation.

Homme, femme, qui porte un trait de caractère à son plus haut degré ; synonyme : Champion (Popul.) Modèle, parangon de quelqu’un.

Principal personnage d’une œuvre artistique, héros, héroïne, de roman, d’un conte, d’un film, d’une pièce de théâtre…

Synonyme : Héroïne.

Contraire : Bravache. Lâche. Pleutre. Poltron. Pussilanimité. Traître.

Par analogie : Abnégation. Audace. Bravoure. Champ de bataille. Champion. Champs Elysées. Courage. Décoration. Demi-dieu. Déserteur. Exploit. Guerre. Héroïsme. Histoire.  Matamore. Médaille. Modèle. Nation. Parangon. Patriotisme. Peur. Sauvetage. Vainqueur.

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«  Un courage indompté, dans le cœur des mortel,

Fait ou les grands héros, ou les grands criminels »

Victor Hugo.

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Les héros font-ils l’histoire ? Ou l’histoire fait-elle les héros ?
Dès les héros grecs, ces derniers sont dits, fruit d’une union d’un dieu et d’une mortelle, ils sont « élus » par les dieux, ils sont des demi-dieux, ils sont donc de fait, prédéterminés à être des héros, et  nous avons déjà là : la nécessité qui exclut le contingent.
Hegel parlera d’une « ruse de la raison », d’une « ruse de l’histoire »,  c’est à dire que l’homme appelé à être « héros de l’histoire » n’obéit le plus souvent qu’à son ambition, tel Napoléon que le même Hegel qualifie d’« âme du monde », voyant en lui, bien qu’envahisseur de son pays, celui qui ouvre l’histoire sur les temps modernes. Il semble nous dit-il,  là, que le héros serait de fait l’outil de l’histoire, qu’il était prédestiné à un rôle qu’il n’aurait pas réellement choisi, ce qui rejoint les propos  de La Bruyère : « La vie des héros a enrichi l’histoire, et l’histoire a embelli les actions des héros : ainsi je ne sais qui sont plus redevables, ou ceux qui ont écrit l’histoire à ceux qui leur ont fourni une si noble matière, ou ces grands hommes à leurs historiens » (Les caractères. La Bruyère. 10). Le héros se croirait alors celui qui met en acte sa volonté, et ne serait en fait que celui qui accompli le dessein de l’histoire, le sens de l’histoire.
Les vainqueurs dit-on, « font l’histoire », ils ont bien sûr, leurs héros, qui eux aussi ont pu faire l’objet d’une sélection suivant des intérêts politiques, des valeurs, des symboles, que l’ont veut mettre en avant, exploiter ; et, même s’ils sont moins célébrés les vaincus ont aussi leurs héros. On peut se poser la question : si Hitler avait gagné la deuxième guerre mondiale, peut-être serait-il aujourd’hui célébré comme un héros.
Il semble que sitôt qu’il y a une guerre il y a des héros : « Nous connaissons tous le vocabulaire. L’homme en temps de guerre s’appelle le héros. Il peut ne pas être le plus brave et fuir à toute jambes. Mais c’est du moins un héros qui détale » (Giraudoux. La guerre de Troie n’aura pas lieu. I, 6)
Lorsque survient une guerre peu d’hommes ont la vocation d’être des héros, ils le sont qu’ils le veuillent ou pas, « mobilisés », « appelés sous les drapeaux ». Des Lorrains des Alsaciens furent enrôlés dans les troupes françaises, d’autres, « les malgré nous » le furent dans l’armée allemande, le héros peut être réduit à un simple produit de propagande. En tant de guerre, il n’y a que des traitres ou des héros, même pas d’anti-héros : lors de la dernière guerre mondiale, des hommes ont reçu un fusil, le lendemain ils étaient prisonniers, quelques jours après ils rentraient chez eux : «  nous voilà : vingt mille types qui voulaient être des héros et qui se sont rendus sans combattre  en rase campagne ».  (Sartre. La mort dans l’âme)
L’héroïsme est inscrit dans un espace temporaire, car il y a les heures, les jours, les temps  héroïques, en temps de paix pas de héros, ouf ! : « Tant qu’un peuple croît et prospère dans le calme d’un paisible gouvernement (l’histoire) n’en dit rien » (J.J.Rousseau).  Le temps des héros est souvent le temps des malheurs. (Luis)

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«  L’histoire n’est ni le simple résultat d’une simple agrégation d’évènements, ni le déploiement d’une raison théologique, elle résulte de l’énergie spirituelle de personnes fortes, les héros, qui impriment un nouveau cours au destin de la Nation »  (Thomas Carlyle)

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 « Il y a des héros en mal comme en bien » (La Rochefoucauld. Maximes. 24)

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« Il n’y a point de héros pour son valet de chambre ». (France Nicolas de Catinat)  Les proches des grands hommes sont souvent témoins de leurs faiblesses et de leurs défauts.

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« Dans la guerre, la distinction entre le héros et le grand homme est délicate ; il semble que le premier soit jeune, entreprenant, d’une haute valeur, ferme dans les périls, intrépide ; que l’autre excelle par un grand sens, par une vaste prévoyance, par une haute capacité. Peut-être qu’Alexandre n’était qu’un héros, et que César était un grand homme » (La Bruyère. Les caractères, II, 30 6 31)

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« Les héros ont leurs accès de crainte, les poltrons des instants de bravoure, et les femmes vertueuses leurs instants de faiblesse ». (Stendal. Journal, P. 16)

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 « Qu’est-ce qu’un héros ? Celui qui a la dernière réplique. Voit-on un héros qui ne parlerait pas avant de mourir ? Renoncer à la dernière réplique (refuser la scène) relève donc d’une morale antihéroïque ». (R. Barthes. Fragments d’un discours amoureux)

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« – La vie est l’unique bien. La sacrifier est fou. La sacrifier est un crime, le crime contre nature. Tout acte d’héroïsme est absurde et criminel ».  (Les Thibault. Roger Martin du Gard. Tome 8)

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Débat.  « Pourquoi nous faut-il des héros ?
L’étymologie nous dit que le héros est issu du grec « hêrôs », maître, chef, puis demi dieu. Cette notion de demi dieu est principalement une conception de la mythologie grecque. Hercule, Achille, Ajax, Hector, Ulysse,  et tant d’autres sont héros et demi dieux alors pour les grecs. C’est à cette époque une personne essentiellement mythique.
De nos jours on trouve dans la signification du mot héros quatre aspects.
1° Le personnage mythique, légendaire.
2° Le personnage qui se distingue par son courage
3° Le personnage ayant accompli quelque chose d’extraordinaire, des exploits.4° Le personnage de roman, lequel le plus souvent n’a rien de commun avec les précédents.
Dans toutes les cultures nous rencontrons des héros légendaires, ces personnages créés par les hommes pour valoriser le courage, pour offrir des modèles de bravoure qui feront parfois avancer des hommes ; des hommes qu’ont sait parfois qu’on va faire tuer. Peu de héros sont sortis entiers de la boucherie de la grande guerre.  Dans un film de Yves Ciampi 1954, « Les héros sont fatigués », bien après la dernière guerre deux hommes un français et un allemand, découvrent qu’ils ont été des héros chacun dans leur camp. Le héros n’est pas toujours universel.
Les héros peuplent notre récit national, ils sont souvent héros de champs de bataille, modèle de bravoure. Mais nos héros ne sont pas que des sabreurs. Nous avons élevé au rang de héros, des hommes, des femmes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes à l’humanité, et si nous visitons nos héros nationaux au Panthéon, nous n’avons 81 héros, hommes et femmes. On n’y trouve  que huit militaires. Et à côté de cela huit scientifiques, et six  hommes de lettres.
Et je verrais aussi comme héros des Nelson Mandela, ou Gandhi, des héros qui n’ont pas de sang sur les mains. Rappelons-nous qu’en 1938 Hitler était un héros pour certaines personnes.
Donc la notion de héros reste entachée de subjectivité.  
Et, il y a un héros que je voudrais ne pas oublier de citer, c’est ce héros, je devrais cette héroïne de tant personnes, « leur mère » ; « Ma mère, ce héros ! » (Pour paraphraser Victor Hugo). En France le mot héros est connoté, mâle, homme, et si l’on le met au féminin, il devient héroïne ; alors on pense à un personnage de roman, ou de film.  « Il n’y a en vérité, aucune  différence d’espèce entre l’héroïsme du soldat qui combat et celui de la mère de famille pauvre qui est fidèle à sa tâche et l’accomplit toute entière….. »  (Daniel Rops. Ce qui meurt) ( Luis)

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 « Pas d’existence sans épreuve, pas d’affection sans abandon, pas de lien sans la déchirure, pas de société sans la solitude. La vie est un champ de bataille où naissent les héros qui meurent pour que l’on vive. Mes héros vivent dans un monde de récits merveilleux et terrifiants. Ils sont fait du même sang que le mien, nous traversons les mêmes épreuves…Leur épopée me raconte qu’il est possible de s’élever au-dessus de la fadeur des jours et malheur de vivre.., nos héros nous montrent le chemin »  (Boris Cyrulnik. Ivres paradis, bonheurs héroïques)

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«  L’histoiren’est ni le simple résultat d’une simple agrégation d’évènements, ni le déploiement d’une raison théologique, elle résulte de l’énergie spirituelle de personnes fortes, les héros, qui impriment un nouveau cours au destin de la Nation ».  (Thomas Carlyle)

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Les historiens ne sont pas toujours pour rien dans la grandeur du héros. Le ou les dirigeants qui alors, détiennent ou le pouvoir, vont héroïser tel personnage. Cela crée parfois des polémiques entre les historiens, Des groupes, des mouvements politiques ont leurs héros ; le parti communiste a de nombreux héros de la Résistances indiscutées, indiscutables, sauf un : Guy Môquet, lequel a été fusillé avec des résistants (des héros) alors qu’il n’était pas résistant, voire même le contraire, car il a été arrêté alors qu’il distribuait des tracts qui appelaient à trouver des accords avec les allemands.
Si je n’avais pas lu un article édifiant dans le très sérieux journal Le Monde, j’aurais crains de tomber dans le révisionnisme.
« Guy Môquet est arrêté le 13 octobre 1940 pour avoir distribué des tracts…. Les tracts qu’il distribue… s’inscrivent totalement dans la ligne du Parti Communiste et n’appellent pas à la résistance. Prisonnier de la logique d’un parti enfermé dans les compromissions de l’alliance Staline-Hitler, Guy Môquet n’a pas pu être le « résistant » qu’on célèbre à tort. Ces jeunes camarades des jeunesses communistes ont en revanche constitué ….. le  fer de lance de la lutte armée initiée dans la plus totale improvisation par le Parti » (Luis)

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