Imagination
Le Grand Robert de la langue française : Faculté que possède l’esprit de se présenter des images, d’imaginer. Faculté d’évoquer des images des objets qu’on a déjà perçus.
Faculté de former des images d’objets qui n’ont pas été perçus ou de faire des combinaisons nouvelles d’images.
Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Faculté de se représenter des choses qui ne sont pas livrées au même moment que les sensations. (Voir l’article)
Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : La faculté d’imaginer, autrement dit, de se représenter intérieurement des images, y compris et surtout, quand ce qu’elles représentent est absent.
Trésor de la Langue Française :
1-Faculté de se représenter par l’esprit des objets ou des faits irréels ou jamais perçus, de restituer à la mémoire des perceptions ou des expériences antérieures. (Avoir l’imagination vive).
2- Faculté d’inventer, de créer, de concevoir. (Artiste qui a beaucoup d’imagination).
3- Littéraire : Chose imaginaire ; construction plus ou moins chimérique de l’esprit.
Synonymes : Fantaisie. Invention. Rêverie. Créativité. Improvisation.
Contraires : Concret. Effectif. Raison. Réalité. Véritable.
Par analogie : Avatar. Chimère. Concevoir. Création. Divagation. Elucubration. Esprit. Etranger. Exaltation. Fanatasia. Fantasmagorie. Fictif. Fiction. Féerie. Génie. Inspiration. Hallucination. Héros. Histoire. Hypothèse. Idées. Idéalisme. Illusion. Images. Imaginaire. Intuition. Inspiration. Irréel. Mensonge. Merveilleux. Métaphore. Mythes. Pensée. Perception. Phénomène. Poésie. Puérilité. Romanesque. Science. Second life. Sensation. Utopie. Vagabondage. Vision.
Expression: La folle du logis.
Arrières mondes. Châteaux en Espagne. Des trésors d’imagination. Etre dans les nuages. Imagination : maîtresse de fausseté. La folle du logis.
« La science ne sait ce qu’elle doit à l’imagination » (Ralph Waldo Emerson)
« L’imagination est l’œil de l’âme ; J’appelle imagination la faculté de rendre sensibles ce qui est intellectuel, d’incorporer ce qui est esprit ; en un mot, de mettre au jour, sans le dénaturer, ce qui est de soi-même invisible. C’est à l’imagination que les plus grandes vérités sont révélées : par exemple, la providence, sa marche, ses desseins ; ils échappent à notre jugement : l’imagination seule les voit. Sans l’imagination, la sensibilité est réduite au moment où l’on existe, les sensations les sont plus vives, plus courtes, et n’ont point d’harmonie dans leur succession » (Joubert. Pensées)
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« L’imagination porte bien plus loin que la vue ». (Baltazar Gracian Y Morales)
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« Je veux revoir ce lac étrange, entre le cristal et le verre, où viennent se poser » ( Je reviendrai à Montréal. Robert Charlebois)
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Le soleil déclinait lorsque nous sortîmes, mon ombre et moi. J’ai réglé mon pas sur le sien, nous allions d’un rythme, on ne plus synchronisé. Nous sommes arrivés au bois ; joueuse mon ombre passait, elle, derrière les arbres, le soleil baissait, mon ombre, la prétentieuse se montrait deux fois plus grande que moi, mais hélas le soleil s’est couché, mon ombre a disparu… je suis rentré seul à la maison. (Luis)
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« L’imagination est plus importante que le savoir » (Einstein)
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« L’imaginaire est une forme de connaissance plus profonde que la connaissance proprement scientifique et technique, notamment parce qu’elle a sa source dans les états d’âme que la connaissance scientifique ne parvient pas à modifie. L’imaginaire joue un rôle important dans la science, puisqu’il le fondement intuitif des conceptions, qui reprises, triées, et filtrées, forment le contenu de la science développée ». (Gaston Bachelard)
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« On a voulu voir dans l’imagination un élément essentiel du génie, ce qui est fort légitime ; on a même voulu identifier complètement les deux, mais c’est là une erreur. Les objets du génie considérés comme tels sont les Idées éternelles, les persistantes et essentielles du monde et de tous ses phénomènes : or, là où règne la seule imagination, elle s’emploie à construire des châteaux en Espagne destinés à flatter l’égoïsme et le caprice personnel, à les tromper momentanément et a les amuser ; car dans ce cas, nous ne connaissons jamais à proprement que des relations des chimères ainsi combinées. Celui qui se livre à ce jeu est un fantasque ; il arrivera facilement à faire passer dans la réalité les images dont il enchante sa méditation solitaire, net il deviendra par le fait impropre à la vie pratique ; peut-être mettra t-il par écrit les rêves de son imagination ; c’est de là que nous viennent ces romans ordinaires de tout genre qui font la joie du gros public et des gens semblables à leurs auteurs ; car le lecteur rêve qu’il est à la place du héros, et il trouve une pareille représentation fort agréable » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf 1942)
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« Par l’imagination, nous abandonnons le cours ordinaire des choses. Percevoir et imaginer sont aussi antithétiques que présence et absence. Imaginer c’est s’absenter, c’est s’élancer vers une vie nouvelle » (G. Bachelard. L’Air des songes)
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L’imagination n’est pas toujours très valorisée par les philosophes, elle est « maîtresse d’erreur et de fausseté » pour Pascal, « vaine et puérile » pour La bruyère, « trompeuse par nature » et même « La folle du logis » pour Descartes. Pour Sartre elle est « la faculté de nier la réalité telle qu’elle nous est imposée ». L’imagination reste aujourd’hui encore relativement discréditée, on parle plus de l’imaginaire.
L’imagination permet d’inventer dans tous les domaines de la vie, que ce soit dans nos modes de vie, de penser, elle produit du neuf, elle est alors créatrice, ou elle est plutôt mimétique lorsqu’on agit du suivi des schémas, des modèles proposés et vantés. L’imagination peut produire des choses jamais vues, magnifiques, à partir de rien.., avec elle, tout est possible, « elle est l’arme pour combattre tous les impossibles », « elle façonne et elle sculpte l’homme ». Luis)
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« L’imagination se tient à la frontière entre l’intellect et le sentir. Elle est située au milieu des deux, elle dérive certes du sentir, mais elle précède l’intellection. Elle produit des images, non seulement présentes, mais passées et futures.., et même des images auxquelles la nature ne pourrait donner jour. Elle convient avec l’entendement en ce qu’elle est libre, vagabonde… » (Jean-François Pic de la Mirandole)
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Argument: « l’imagination joue un rôle fondamental dans la mise en place d’un concept d’individuation applicable à l’être humain ». (Agnès Minazzoli)
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L’imagination est une perspective, une sensation de combinaison des sens et de la pensée.
L’imagination nous joue des tours, nous sommes victimes de notre imagination, Parfois on voit, en entend ce que l’on veut voir, entendre, elles sont alors « maîtresses de fausseté »
La croyance est un des résultats de notre imagination. Le premier homme qui a rêvé d’un autre qui était mort a commencé à imaginer qu’il pouvait exister des « arrières mondes ». (Luis)
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« L’imagination de l’homme est naturellement sublime, elle se plait à tout ce qui est lointainnet extraordinaire; elle court, sans contrôle, s’enfoncer dans les parties les plus éloignées de l’espace et du temps pour éviter les objets que l’accoutumance lui a rendu trop familiers » (David Hume. Enquête sur l’entendement humain. 1748)
Déjà dans l’antiquité ce jeu entre, concret et imaginaire se trouve dans la mythologie : Pygmalion était sculpteur……
Pascal disait que « L’imagination est maîtresse d’erreur », on la disait aussi : « Folle du logis ». Souvent l’imagination est l’anticipation de la connaissance, elle fait partie du cheminement, elle est intuition qui parfois précède les grandes découvertes, sans imagination il n’y a pas de créativité.
L’avenir n’existe que dans l’imaginaire, d’où la nécessité d’imaginer pour prévoir l’avenir ; l’avenir cette réalité plus ou moins proche. Si seule le raison doit nous guider, si nous sommes trop Cartésiens, alors la vie peut nous paraître « tristounette ». (Luis)
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« Si je vous demande de dessiner un triangle isocèle », nous dit Voltaire, « il faut d’abord que vous l’imaginiez dans votre esprit, alors seulement ce triangle devient réalité ».
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L’intelligence est l’épouse
L’imagination est la maîtresse
La mémoire est la servante.
Victor Hugo
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La vie éveillée est-elle le songe d’un songe?
Un jour, dit le conte, Tchouang-Tseu, le fondateur du taoïsme (qui vivait en Chine quatre siècles avant notre ère), fit un rêve. Il rêva qu’il était un papillon qui voletait de-ci de-là dans un jardin. Au bout d’un moment, fatigué de voler, le papillon se pose sur une fleur de jasmin et s’endort. Il rêve qu’il est Tchouang-Tseu. Soudain, Tchouang-Tseu s’éveille. Il était Tchouang-Tseu, sans erreur possible, mais il ne sait plus s’il est le Tchouang-Tseu qui rêve qu’il est un papillon ou s’il est le papillon qui rêve qu’il est Tchouang-Tseu.
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« Les activités imaginaires sont inconsciemment modelées par des suites de situations de la vie, c’est une forme de recollection ». (Freud)
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De tous les temps les hommes ont voulu voler comme les oiseaux. Icare s’est brûlé les ailes. Léonard de Vinci dessina l’hélicoptère, et finalement Clément Ader va concrétiser ce qui n’était que folie de l’imagination. Tous comme Jules Vernes qui avait un crée un monde, tout imaginaire. Qui aurait pu croire que cela deviendrait nos réalités.
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Blasco Ibañez dit : « Lorsque nous sommes enfants, notre maman vient pour nous endormir, elle nous raconte une histoire, une belle histoire. Aujourd’hui quand je prends un livre dans la bibliothèque ; je lui demande : raconte-moi une histoire, une histoire qui me fasse oublier un instant que ce monde n’est pas beau, qu’il n’est pas , qu’il ne sera jamais celui qu’on m’avait raconté »
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« Il n’y a rien de meilleur que l’imagination, surtout le mensonge par plaisir » (Sacha Guitry. Mon père avait raison)
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« En effet, quand nous ne distinguons pas entre l’imagination et l’entendement, nous croyons que ce que nous imaginons plus facilement nous est plus clair, et ce que nous imaginons, nous croyons le comprendre… » (Spinoza. Traité sur la réforme de l’entendement)
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« …La danse de Flora est devenue autre chose qu’un amusement, qu’une distraction. Lorsqu’elle danse, ses mains dessinent les corps quelle a connu… » (Emmanuel Rivas. Los libros arden mal)
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« … C’est l’imagination et non pas la raison immuable qui trouble … donnez-moi un moyen pour me débarrasser de cette imagination perturbatrice; car certainement ma volonté la plus déterminée ne le peut pas toujours, elle ne le peut pas dans les maladies, les aliénations d’esprit, etc. ». (Maine de Biran, Journal,1819)
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Introduction au débat : « Quelle part faisons-nous à l’imagination ? »
Une définition très précise du mot « imagination » n’est pas chose aisée, tant nous sommes proches parfois de ce que nous nommons « l’imaginaire ». « L’imagination est un procédé mental d’évocation, de création ; création de concepts, d’idées, d’images, elle peut se projeter dans le futur comme dans le passé » (Petit Robert). L’imagination nous aide à sortir de la banalité de la vie, elle permet même de nier momentanément la réalité, elle nous permet de nous mentir un peu, elle est une contrepartie que notre dérobons au quotidien. L’imagination parfois appelée « folle du logis » est celle qui souvent nous aide à garder la raison. Si nous devons écarter tout ce qui est imagination, si nous devons nous en tenir à la seule réalité, réalité du monde comme il est, et en aucune façon le monde tel que nous le souhaiterions, alors ce monde serait encore plus dur à supporter: « Que serions-nous sans ce qui n’existe pas ? » « L’imagination porte bien plus loin que la vue », (Paul Valéry).Avec l’imagination je peux prolonger mon enfance, m’échapper des réalités, je peux aller dans d’autres univers, ceux de la pensée où je vais rencontrer d’autres personnes… L’imagination n’est pas que perception concrète, elle est aussi fantasque, créatrice surprenante, elle nous permet de connaître au-delà de l’intellect, en appréhendant jusqu’à l’infini. Elle nous montre sans cesse qu’il existe des mondes, des possibles insoupçonnables, que même la science ne peut atteindre. L’imagination va plus loin que la raison, elle ouvre des voies que la raison n’aurait pas trouvé seule, elle nous permet de deviner, de pressentir « le visible caché dans l’invisible ». L’imagination va nous permettre d’élaborer des concepts, qui ne sont au départ qu’éventualités, des perceptions intuitives, lesquelles vont par la preuve de l’expérience devenir ce que nous appelons, une découverte. Si je veux tenter d’imager la différence entre imagination et imaginaire, je dirai que la palette de Renoir, de Monet ou de Pissarro nous montre l’imagination, laquelle peut, être une autre perception sensorielle et autre perception visuelle, un regard différencié sur la réalité. A l’inverse la palette de Salvador Dali nous entraîne vers le fantastique, dans un monde imaginaire, lequel n’a que faire de la réalité, car il se construit son propre monde. Alors, on pourrait peut-être dire que l’imagination est l’antichambre de l’imaginaire. Au final, quelle part devons-nous laisser à l’imagination, ne représente t- elle pas un risque essentiel, ne nous faire croire à ce qui n’est pas réalisable, nous déborder, et « maîtresse de fausseté » nous préparer de grandes déconvenues, nous rendre victimes de notre imagination ; ou est-elle la force vive, ce vitalisme psychique, « Cette super puissance, ennemie de la raison » (Pascal) qui nous murmure, qui nous dit, qui nous montre, même défiant la raison, d’autres possibles ? (Luis)
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Nous sommes dans une société qui semble dans ses orientations, dans sa créativité souvent, en panne d’imagination. Une culture est construite sur tout un imaginaire. Délaisser sa culture c’est renier cet imaginaire, c’est participer à la mort de sa propre culture. Dans le passé des civilisations : les Egyptiens, les Romains, sont tombés en panne d’imagination et ont adopté des cultures venues d’ailleurs ; ces deux civilisations ont disparu. Le sens de l’histoire n’est pas écrit dans un quelconque programme, il est dans nos esprits, il est dans nos imaginations. L’imagination nous a donné « le beau mensonge » que sont les arts, ils nous offrent un autre monde, qui pourrait être notre compensation de défaut d’un autre monde. Les artistes empiètent dans le domaine de l’imagination des autres artistes. Le musicien a toute la gamme pour laisser libre court à son imagination, le poète a son atelier de mots, il va parfois s’offrir la métaphore, et là il emprunte au peintre, qui emprunte à l’histoire. De fait l’imagination est aussi un partage de tout notre fond culturel. L’imagination est une richesse, répondant à nos besoins, je disais aussi un manque, alors ! merci aux artistes, ainsi, parfois, ils donnent aux pauvres.
On ne partage pas avec qui l’on veut. On se retrouve ou l’on ne se retrouve pas dans l’imagination. La voie empruntée par certains ne découvrant rien pour l’autre. Une scène illustre cela dans le film, « dialogue avec mon jardinier » : Le peintre a sorti son chevalet dans le jardin, il peint ; il fait très beau, le décor est joli, mais le peintre peint quelque chose d’abstrait « Pourquoi avez-vous sorti le chevalet » lui demande le jardinier « puisque vous ne peignez pas ce que vous voyez ». Pour l’ambiance répond le peintre. L’imagination a besoin d’un contexte, d’une ambiance, d’où son côté insaisissable, surprenant, déroutant même !
Créer un monde pour s’échapper du monde cruel, c’est par exemple « La belle vie » de Bénini. La force de l’imagination du père subjugue l’enfant qui va traverser sans souffrance une période terrible. Les enfants aiment jouer : le père invente un jeu. A la fin du film, on voit l’enfant sur le char avec le soldat, et l’enfant exulte : « Papa, on a gagné ! »
Et c’est bien l’enfance qui est cette époque où nous vivons dans l’imagination entremêlée du réel. Au sortir de l’enfance et peu tout au long de la vie , cette riche part d’imagination nous quitte peu à peu.
Dans le film « L’odyssée de l’espèce d’Yves Coppens , un groupe d’homme préhistorique traverse une rivière, l’un d’eux est emporté par le courant un homme tente de le sauver mais échoue, on voit qu’il très affecté de cette perte. La nuit il va rêver, et dans son rêve il voit son camarade perdu dans la journée, alors il se réveille persuadé que son ami est vivant, mais dans un monde différent. Les hommes n’ont pas encore la capacité de bien faire la différence entre le rêve et une réalité. Nous avons là, une des bases essentielles des religions, d’un au-delà. (Luis)
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Cervantès a voulu parodier les oeuvres de chevalerie de son époque.
« Enfin, notre hidalgo s’acharna tellement à sa lecture, que ses nuits se passaient en lisant du soir au matin, et ses jours, du matin au soir. Si bien qu’à force de dormir peu et de lire beaucoup, il se dessécha le cerveau, de manière qu’il vint à perdre l’esprit. Son imagination se remplit de tout ce qu’il avait lu dans les livres, enchantements, querelles, défis, batailles, blessures, galanteries, amours, tempêtes et extravagances impossibles ; et il se fourra si bien dans la tête que tout ce magasin d’inventions rêvées était la vérité pure, qu’il n’y eut pour lui nulle autre histoire plus certaine dans le monde». Avec ce personnage Cervantès laisse une œuvre qu’on n’en fini pas d’interpréter, ce personnage est dans l’imaginaire de tous les Espagnols. Chaque année à la date anniversaire de la mort de Cervantès, des maisons de la culture organisent 24 heures de lecture discontinue « del Quijote »
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L’imagination est tout d’abord pour Aristote et Platon « seconde des puissances qu’on attribue à l’âme sensible » elle avec la philosophie du Moyen-âge elle a été liée à la rêverie, donc nuisible en ce sens qu’elle n’était pas considérée comme productrice, c’est la Renaissance qui la nomme encore « fantasia » (son ancien nom), qui va la reconnaître comme créatrice, vers 1500 nous avons un texte révélateur de Pic de la Mirandole dans son « traité de l’imagination » où l’on peut retenir ceci : « L’imagination se tient à la frontière entre l’intellect et le sentir. Elle est située au milieu des deux, elle dérive certes du sentir, mais elle précède l’intellection. Elle produit des images, non seulement présentes, mais passées et futures.., et même des images auxquelles la nature ne pourrait donner jour. Elle convient avec l’entendement en ce qu’elle est libre, vagabonde… »
Pic de la Mirandole dit alors qu’elle peut produire des choses inédites, créer à partir de rien des choses extraordinaires, prodigieuse, du jamais vu, reprenant en cela le discours des Sophistes, tel Philoscrate qui donne à la « fantasia » un pouvoir bien supérieur à la meilleure imitation, en faisant apparaître ce qui n’existait pas. L’imagination ouvre toutes les portes et renverse les impossibles, l’imagination nous dit Coleridge est « esemplastique », elle façonne l’humain, et refaçonne le réel, elle ne le renie pas mais le montre sous un jour différent. (Luis)
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Nous sommes tellement vulnérable face à l’imagination que peut-être ce soir vous n’êtes pas là, je ne suis pas là. La présence déplacée dans le temps est un des mythes le plus exploité par les auteurs de langue espagnole, de Calderón de la Barca avec « la vie est un songe » jusqu’à José Luis Borgès lequel dans « le livre de sable » lequel met en scène un vieil homme assis sur un banc près d’un jeune homme, lequel semble attendre quelqu’un ne vient pas : « Elle ne viendra pas » dit le vieil homme au plus jeune, lequel interloqué demande qui il est, et pourquoi il lui tient ce propos, « c’est que » dit le vieil homme « et cela te sera difficile à croire, je suis toi dans 60 ans, je sais tout de la vie qui t’attends car ce fut ma vie… » (Luis)
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L’avenir n’existe que dans l’imaginaire, d’où la nécessité d’imaginer pour prévoir l’avenir ; l’avenir cette réalité plus ou moins proche. Si seule le raison doit nous guider, si nous sommes trop Cartésiens, alors la vie peut nous paraître « tristounette ».
L’imagination est une perspective, une sensation de combinaison des sens et de la pensée.
L’imagination nous joue des tours, nous sommes victimes de notre imagination, Parfois on voit, en entend ce que l’on veut voir, entendre, elles sont alors « maîtresses de fausseté »
La croyance est un des résultats de notre imagination. Le premier homme qui a rêvé d’un autre qui était mort a commencé à imaginer qu’il pouvait exister des « arrières mondes ».
Lorsque nous entendons les violons dans les quatre saisons de Vivaldi, avec un minimum d’imagination nous avons tour à tour froid, puis chaud. Dans la musique symphonique nous sommes pris dans des tempêtes des cavalcades, dans des situations grandioses, ou terribles…, tout cela n’est que la connexion de quelques neurones. …
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Le poète en appelant à notre imagination utilise pour notre bonheur la métaphore.
« Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
brillait à l’occident, et Ruth se demandait,
immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
quel Dieu, quel moissonneur de l’éternelle été,
avait, en s’en allant négligemment jeté
cette faucille d’or dans le champs des étoiles »
(La légende siècles. Victor Hugo)
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L’imagination a longtemps été déconsidérée par les philosophes, car elle ne rentre dans aucun concept logique. Loin de pouvoir contribuer au bonheur des hommes, elle ne pouvait que les conduire à l’erreur, à la déraison, à la folie. Bien que définie comme “ puissance qu’a l’âme de former des images ” (Malebranche), elle se confondait bien souvent avec l’opinion fausse, l’illusion des sens, voire même l’hallucination. Voilà qui explique, en partie tout du moins, pourquoi les philosophes de l’époque classique, Descartes, Malebranche, ont parlé de l’imagination avec un certain dédain. Le XXè siècle va renverser les conceptions classiques. Premièrement, l’imagination ne se confond plus avec l’opinion fausse, les sensations trompeuses, certains troubles mentaux. Elle est l’imagination créatrice et s’exprime essentiellement à travers l’art. Deuxièmement, elle apparaît comme condition de la libération de l’homme. Sartre voit en elle l’expression d’une liberté fondamentale. En ce sens, elle ne peut que contribuer au bonheur de l’homme, il nous faut parfois des trésors d’imagination pour donner du sens à la vie L’imagination ouvre toutes les portes, renverse bien des impossibles ; et réinvente le réel sans le renier. « Reine des facultés » elle façonne l’humain et le monde, elle nous permet d’appréhender jusqu’à l’infini, de nous faire atteindre un univers que même la science ne peut connaître. (Luis)
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(Imagination) « Cette partie décevante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle était infaillible de mensonges. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux ……..Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plait à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, a établi dans l’homme une seconde nature. Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison, elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et ses sages : et rien ne nous dépite davantage que de voir qu’elle remplit ses hôtes d’une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison……..Voilà à peu près les effets de cette faculté trompeuse qui semble nous être donnée exprès pour nous induire à une erreur nécessaire… » (Pascal. Pensées. Fragment 82-44)
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« Rien n’est plus libre que l’imagination humaine ; bien qu’elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de se mêler, composer, et séparer ces idées dans toutes les variété de la fiction et de la vision. Elle peut feindre une suite d’événements ave toute l’apparence de la réalité, elle peut leur attribuer un temps et un lieu particuliers, les concevoir comme existant et le dépeindre avec toutes les circonstances qui appartiennent à un fait historique auquel elle croit avec la plus grande certitude. En quoi donc consiste la différence entre une telle fiction et la croyance.? (David Hume. Enquêté sur l’entendement humain.1748)
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La cueillette du Poète ;
Débat : « L’imagination est-elle « La folle du Logis ? »,
* Imagination … évocation … création … de spirituelle Visualisation …
Antichambre de L’imaginaire _ Antichambre de L’imagination _
image Visionnaire _ de notre intuition …
_ de La réalité … sous nos yeux, et, nous ne pouvons y échapper, nous y sommes happés …
… _ Au réel, qui nous échappe, et, que L’échappée, de L’imagination, permet d’Anticiper …
de représentation, en interprétation, et, en transformation,
imagination productrice, imagination créatrice, quête empirique,
de L’âme – à – tiers … esprit, critique,
d’illusions en Vision, sur notre Terre, Toupie, notre planète – sphère,
rêve _ songe, utopie, imaginaires, chimères,
* une respiration, et une inspiration, et une Aspiration, retour – inspiration _
sur émotions, passions _ Avant expiration,
À La fin de L’envoi, William, du génie, créateur, de L’Âme _ Avant dernier soupir _
génie – William … J’expire,
de L’imagination, La créativité,
notre inventivité, découverte – invention, de L’imagination, besoin, désir, En – Vie … d’imaginer La Vie … de construire sa Vie …
* errante, en Vague – abonde _ L’imagination,
un instable Voyage, incertaine Aventure,
« Art de La fugue » _ de La pensée, réflexion,
sage / folle « diseuse _ de bonne Aventure »,
imprévisible, un prévisible, une ouverture,
présent, cadeau, fenêtre, ouverte, sur Le futur,
sage / folle Lecture, d’ À – venir, écriture,
sans imprimatur, « fluctuat nec mergitur » … « La folle du Logis » …
* Art du spectacle _ de La représentation … « La folle du Logis » …
élan, envol, et – sort … de L’imagination … notre co – création,
« L’utopie, ce n’est pas L’irréalisable _ c’est L’irréalisé », Théodore Monod,
c’est Le réalisable, et, À réaliser, et – c’est … À transformer, en Vrai, où dort mon eau …
« suscitée, et, res – suscitée » … résurrection, telle est ma propre – sale, dite, imagination,
ma sage – « folle _ du Logis », habitation, telle est La « fée du Logis », de ma création …
de mon Arbre de Vie, créée, conception, gestation,
Malbranche de Vie, Accouchement,
de mon esprit, sorti, hors de sa « chacunière » _ sa chaumière,
en Amateur, Au féeminin, pro – création,
imagination … « folle du Logis » … Lumière !,
et, du Voyant, La grâce, divine, humainement …
* Clef des songes _ propre, intime, imagination,
fantasia, fantasma, d’Allégorie en fé-erie, « parabolisation » …
« L’homme qui songe est un dieu ;
celui qui raisonne, un mendiant », dit Hölderlin,
sa part d’yeux
m’illumine,
* En Vieux Soixante – huit – Art,
La potentielle « imagination Au pouvoir ! »
* De La « maîtresse d’erreur et de fausseté », de Pascal,
À ma maîtresse de « L’heure de Vérité », ma Passion, mon Pas – sage … Pascal !
Cas–fée _ Philo’s, en visioconférence 9 janvier 2021, Animateur Guy Pannetier, en Nivôse, L’Entrepot’s, Gilles Roca – Laure … ose