Impartialité
Le Grand Robert de la langue française : Caractère d’une personne qui est sans parti pris.
Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale. Puf : Le terme « impartialité » semble renvoyer à deux idées très différentes, au moins, en philosophie morale
L’impartialité est une sorte de perspective ou de point de vue auquel nous accédons lorsque nous nous détachons de nos intérêts engagements, sentiments, relations personnelles. Ce point de vue est dit « neutre » , « objectif » , « universel » ou de « nulle part » selon les théories.
L’impartialité est un principe moral substantiel disant qu’il faut accorder une considération égale aux intérêts, aux préférences ou à la dignité de chacun, selon les théories. (Voir article, impartialité et impersonnalité)
Synonymes : Impassible. Juste. Neutre.
Contraires : Catégorique. Chauvin Favoritisme. Injuste. Partialité. Subjectivité. Partisan.
Par analogie : Accusé. Arbitrage. Calme. Charges. Choix. Conscience. Défense. Délibérations. Désintéressé. Dilemme. Égalité. Equité. État d’âme. Flegme. Fifty fifty. Impassible. Incorruptible. Intègre. Intérêt. Intime conviction. Egal. Juge. Juré. Justice. Mansuétude. Modération. Neutralité. Objectivité. Scrupuleux. Victime.
Expressions: En mon âme et conscience. Être ni pou ni contre. Faire deux poids deux mesures. Le jugement de Salomon. Ménager la chèvre et le chou. Prendre parti. Sans parti pris. Tenir la balance égale.
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(Un personnage demande à une paysanne)
« …- Et que ferez-vous, bonnes gens, si la guerre éclate,
– Nous prierons
– Ah! je crains que vous ne soyez obligés de prendre parti
– Pour cela, non! Non et non !
-N’est-ce pas une guerre sainte que celle des esclaves qui veulent devenir des hommes?
Il faut disent les bonnes gens
se soumettre et prier.
– Traitres, vous voilà démasqués: vous n’avez d’amour que pour vous-mêmes. Mais prenez garde , si la guerres éclate onnvous demandera des comptes, on n’admettra jamais que vous soyez restés neutres pendant que vos frères se faisaient égorger….Si vous ne vous battez pas par fraternité, que ce soit du moins par intérêt: le bonheur ça se défend » (Jean-Paul Sartre. Le diable etle bon dieu. Acte III. Septième tableau, scène 1)
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On peut reprendre cet exemple assez classique de deux personnes qui se noient ( voir planche de Carnéade) et on peut en sauver qu’une. Des deux l’un est un grand savant, qui a beaucoup apporté à l’humanité, mais l’autre est un parent. Alors un élément subjectif entre en ligne de compte, je vais faire un choix qui m’est spécifique. Un a priori où mon lien familial va motiver mon choix.
Très souvent au court de notre vie, il nous faut choisir; choisir sur un point qui ne s’était pas forcément présenté à nous auparavant. Des éléments conscients, voire inconscients vont tout à coup dicter notre choix. Si je n’ai aucune idée préalable dans le domaine où j’aurai à faire un choix, alors mon choix sera un peu, au hasard, presque à pile ou face ; avec le risque qu’après coup, je m’aperçoive que j’ai fait un choix contraire à la raison, voire à ma raison.
Certains philosophes nous disent qu’il faut éviter parfois « la raison de trop », c’est-à-dire que dans le choix de sauver deux personnes, l’une de deux est ma femme, je n’ai rien à justifier. Il est des cas où le souci de soi et le souci des autres sont incompatibles. (Luis)
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« La délibération volontaire est toujours truquée. Comment, en effet, apprécier des motifs et des mobiles auxquels précisément je confère leur valeur avant toute délibération et par le choix que je fais de moi-même ? L’illusion ici vient de ce qu’on s’efforce de prendre les motifs et les mobiles pour des choses entièrement transcendantes, que je soupèserais comme des poids et qui posséderaient un poids comme une propriété permanente. Cependant que, d’autre part, on veut y voir des contenus de conscience ; ce qui est contradictoire. En fait, motifs et mobiles n’ont que le poids que mon projet, c’est-à-dire la libre production de la fin et de l’acte connu à réaliser, leur confère. Quand je délibère, les jeux sont faits . Et si je dois en venir à délibérer, c’est simplement parce qu’il entre dans mon projet originel de me rendre compte des mobiles par la délibération plutôt que par telle ou telle autre forme de découverte (par la passion, par exemple, ou tout simplement par l’action, qui révèle l’ensemble organisé des motifs et des fins comme mon langage m’apprend ma pensée). Il y a donc un choix de la délibération comme procédé qui m’annoncera ce que je projette, et par suite ce que je suis. Et le choix de la délibération est organisé avec l’ensemble mobiles-motifs et fin par la spontanéité libre. Quand la volonté intervient, la décision est prise et elle n’a d’autre valeur que celle d’une annonciatrice » (Jean-Paul Sartre ; L’Être et le Néant)
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Si je passe en revue tous mes jugements qu’on pourrait classer comme à priori: j’y trouve, jugements d’ordre politique, philosophiques, valeurs morales, valeurs sociales, toutes ces valeurs ou intériorisées en regard du milieu dans lequel je vis, et valeurs très personnelles, fondées, construites avec notre propre expérience de la vie.
Le jour (peut-être) où nous serons de cyborgs, c’est le programme qui va choisir à notre place, qui va faire son choix, sans état d’âme, sans conflit avec le libre arbitre, sans conflit avec le surmoi. Cela nous dit que pour se libérer se libérer de sa subjectivité, l’homme devtrait se débarrasser de son humanité. (Luis)
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Peut-on être impartial ?
(Rondeau double)
Je suis une partie d’un tout
Une variable aléatoire
Sans amour, sans haine’ ni tabou
Je juge à la fin de l’histoire
Lorsque les mots sont probatoires
Et la pensée sans garde-fou
La justice est vindicatoire
Je suis une partie d’un tout
Pour les soldats au garde à vous
Et la richesse ostentatoire
Je suis la corde ou le verrou
Une variable aléatoire
J’ai codifié le répertoire
Des coupables et des sales coups
Je construits mon réquisitoire
Sans amour, sans haine’ ni tabou
J’ai mis des rois sur les genoux
Un avocat dans le prétoire
Le diable est innocent, c’est tout
Je juge à la fin de l’histoire
J’ai la sentence exécutoire
Un code pénal un peu fourre-tout
Une conscience contradictoire
Avec tout ça mis bout à bout
Je suis une partie
(Forence Desvergnes)
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Débat: » Puis-je être impartial? » 15 avril 2015 Introduction: En fonction de la personne que l’on est, nous pourrons, ou ne pourrons pas, répondre directement à cette question. Je peux dire : oui, bien sûr, je peux être impartial, et au fond de moi, une petite voix en écho, me dis en es-tu bien sûr ?
Eh oui, bien sûr ! parce que nous nous connaissons. Parce que nous savons que parfois que nous ne pouvons sans hésitation affirmer que nous sommes en toute situation, impartiaux.
Nous sommes le produit de notre culture, de notre éducation, d’un monde dans lequel nous avons vécu, et nous portons en nous des empreintes indélébiles. Et lorsque nous croyons juger, « en toute impartialité », consciemment ou inconsciemment, il nous a fallu choisir entre des options qui s’offraient à nous. Mais qu’est-ce qui a réellement déterminé nos choix, est-ce le fruit d’une délibération intérieure. « Quand je délibère les jeux sont faits » dit Jean-Paul Sartre dans l’Être et le néant…. « Quand la volonté intervient, la décision est prise… »
C’est donc une volonté qui se crée déjà à partir de considérations pour partie objectives, en regard d’une situation analysée, et d’autre part un jugement qui s’impose avant même toute délibération, pour le dire comme Sartre. Il y a des professions, des fonctions qui nécessitent la plus grande neutralité, mais neutralité jusqu’ou ?
En riant on dit que nos amis suisses sont plus aptes que nous à cette neutralité. Mais neutralité n’est pas impartialité. Qui dit neutralité : dit qu’on ne se prononce pas, qu’on ne s’engage pas par un jugement, ne favorisant ni la chèvre, ni le chou… Si le roi Salomon s’était déclaré neutre (s’il avait été suisse) que serait-il advenu du bébé?
Si j’avais été appelé à être juré d’assises, à mon avis, il aurait été souhaitable que je sois récusé, car je pense que dans le cas (par exemple) de crime d’enfants, ou crime de personnes âgées, je ne pourrais pas avoir quelque commisération envers le, ou la criminelle. Mon choix aurait été, non un avis non pas impartial, mais sûrement un jugement, presque une sentence avant la lettre.
Si la justice est de donner à chacun suivant ce qui lui est dû : réparation pour la victime, et la société, punition en contre partie pour le coupable ; cela posera toujours un sacré problème éthique pour que mon jugement ne soit pas arbitraire.
Pour reprendre une idée de Blaise Pascal, c’est parfois le cœur qui juge, sur la subjectivité, plus la seule raison, que l’esprit, ou avant l’esprit, et là, ma commisération est d’abord pour la victime. Si je suis juré, au moment de donner mon sentiment, il se peut fort que vont s’affronter chez moi, les valeurs éthiques, et les valeurs morales. (De nouveau interviennent ces valeurs entre éthique et morale)
Je sais qu’à priori j’aurais du mal à « tenir la balance égale » entre la mort d’une victime innocente, en regard de droit à la liberté du coupable, en regard du droit à la mansuétude.
Je reviens sur le rôle éventuel de la morale dans un jugement. Inévitablement la morale va retenir des éléments subjectifs. Par exemple, dans un procès d’assises on procède tout d’abord au profil de l’accusé : sa vie jusqu’à ce jour, son adolescence, son enfance, tout élément pouvant constituer pour une part même infime, une circonstance, atténuante ou non.
Ce thème n’est pas sans nous rappeler des débats faits sur le thème de la passion. En effet dans ces débats des personnes se disent insensibles, et tout à fait étrangers à ce sentiment de passion, aptes à écarter toute emprise de l’affectif, de ne pas laisser les émotions influer sur la raison, de savoir prendre la distance, et enfin, de juger comme si j’étais un autre personne.
Celui qui se passionne, qui a des sentiments forts, n’est pas celui qui est le plus apte à se prononcer d’une façon impartiale.
l faudrait peut-être pour ne pas être orienté par notre subconscient pouvoir effacé l’ardoise de tout notre acquis.
Mais la solution se profile, nous disent des scientistes. Dégagés de toute empreinte émotionnelle, nous aurons à terme des programmes intelligents, qui à partir de milliers de critères chargés, pourront juger « en toute impartialité »
Et enfin, je retiens que le symbole de l’impartialité c’est sur le bandeau (qu’on voit dans certaines oeuvres) sur les yeux de la déesse Thémis, déesse de la justice, assise à la droite de Zeus. Cette image laisserait à entendre que pour être impartial il faut une certaine forme de cécité. Cécité de la vue comme cécité à toute forme de sentiment.
C’est pourquoi la justice est représentée tenant un balance, et avec un bandeau sur les yeux…afin de ne pas faire, suivant l’expression : « deux poids deux mesures » (Luis)
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Le « serment du juré » (Art. 304. CPP) : « Vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre X…, de ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime ; de ne communiquer avec personne jusqu’après votre déclaration ; de n’écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de vous rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous décider d’après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions« .
Chaque juré est alors appelé individuellement à prêter serment, en levant la main et en disant « Je le jure