Instinct

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Chien de chasse l’arrêt. Aquarelle par Girot. 1910. Coll. privée.

Le Grand Robert de la langue française : Impulsion qu’un être vivant reçoit de l’extérieur. Impulsion qu’un être vivant doit à sa nature. Comportement par lequel cette impulsion se manifeste.
Tendance innée et puissante, commune à tous les êtres vivants ou à tous les individus d’une même espèce.

Encyclopédie d’éthique et de philosophie morale. PUF : En psychologie animale et en éthologie « mécanisme nerveux hiérarchiquement organisé, sensible à certaine stimulations du milieu qui le réveillent, et le mettent en marche et le dirigent, auxquelles il répond par des mouvements coordonnés qui ont pour but la conservation de l’individu ou de l’espèce ».

Vocabulaire technique et philosophique,Lalande : Ensemble complexe de réactions, déterminées, héréditaires, commune à tous les  individus d’une même espèce….
« Qui n’est pas primitif : caractère acquis (qu’un individu ou une espèce ne possédait pas tout d’abord) perceptions acquises (qui ne sont pas données immédiatement par un sens, mais résultent d’une éducation et d’un raisonnement inconscient)

(Remarque) « Hérédité des caractères acquis » s’entend toujours des caractères acquis par l’individu après sa naissance (par opposition à la théorie Darwinienne de la sélection s’exerçant sur des variations accidentelles). On dit couramment, en anglais comme en français, que dans l’évolutionnisme au sens large, les caractères spécifiques, et notamment les principes rationnels, sont «  innés dans l’individu, mais acquis dans l’espèce »
L’acquis est aussi opposé à « infus » pour les mystiques… » chez des individus d’une même espèce, et adaptées à un but dont l’être qui agit n’a généralement pas conscience

Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : Un savoir-faire transmis biologiquement. L’homme en est à peu près dépourvu :il n’a guère que des pulsions  qu’il faut éduquer.

Synonymes : Inclinaison. Tendance.

Contraires : Intelligence. Raison.

Par analogie : Acquis. Adaptation. Apprentissage. Inné. Ça. Comportement. Connaissance. Désir. Emotion. Espèce. État de nature. Expériences. Flair. Gènes. Hérédité. Impulsion. Infus. Intuition. Inconscient. Instinctivement. Intuition. Migrations. Peur. Prédateur. Prémonition. Pulsion. Savoir faire. Sens. Sofware. Souvenir. Stimulations. Subconscient. Trace mnésique. Transmission.

Expressions : Céder à ses instincts. L’instinct de survie. L’instinct maternel. Je l’ai fait par instinct.

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 « L’intelligence chez l’homme donne congé à l’instinct» (Bergson)

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« L’instinct  procède d’un principe de volonté que ne pouvons analyser objectivement, c’est le cas dit –il de « l’oiseau qui n’a aucun représentation  des œufs pour lesquels il construit un nid .., ni de la larve de l’insecte qui creuse un trou dans le bois pour sa métamorphose et qui fait ce trou deux fois plus grand que lui » lequel ne peut avoir de représentation du doublement à venir de sa taille. C’est nous dit-il une fois de plus une connaissance par intuition qui détermine un phénomène de volonté d’agir dans un sens qui  reste caché, …. un but déterminé, une action complètement dénuée d’intention »  (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf. 1942)

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 « Armées de leur faiblesseet forte de leur instinct » (Balzac)

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 « …lorsque nous songeons aux merveilleux instincts des fourmis et des abeilles ouvrières stériles , qui ne laissent point de descendants pour hériter des effets de l’expérience et des habitudes modifiées » (Note de Darwin. Contibutions to the théory of natural selection)

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« Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligible et libre, juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu »  (Jean-Jacques Rousseau)

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«  Il faut qu’il apprenne (l’homme) son travail par la pratique ; un castor, au contraire, peut construire sa digue ou son canal, et un oiseau faire son nid, aussi bien ou presque aussi bien, et une araignée tisser sa merveilleuse toile, dès le premier essai qu’avec l’âge et l’expérience ».  (Citation de Darwin. La filiation de l’homme, extrait de Harvesting Ants and Trap-door Spiders. John Traherne Moggridge. 1873))

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« …dans la mesure même où la nature a réduit au minimum la part de l’instinct dans l’homme, il faut bien que celui-ci, bon gré, mal gré, s’en remette à la raison pour obtenir ce qui, chez les autres êtres vivants est normalement atteint par les seuls moyens de l’instinct »  (Kant. Opuscule sur l’histoire)

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 « La domination de soi et la prohibition extérieure des actes nocifs ne sont pas des méthodes suffisantes pour diriger nos instincts anarchiques. La raison de leur suffisance vient de ce que les instincts sont capables d’autant de déguisements que le Diable dans les légendes moyen-âgeuses, et certains déguisements trompent, même le psychologue.  (Essais Sceptiques. Bertrand Russel. 1928. § VI – Editions Reider. 1943)

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Freud pensait que la culture ne pouvait pas anéantir totalement les instincts chez l’homme. L’histoire avec le nazisme, lui donne raison. Il semble que l’instinct barbare reste toujours là, tapi quelque part dans l’individu. (Luis)

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« Le mot reprend d’abord « instincte » (1495) l’acception latine d’ «instigation » ; par instinct signifiait, selon son penchant naturel, (1512). Il désigne ensuite (Ronsard 1560) une tendance innée contre laquelle on ne peut pas lutter et cette valeur est restée usuelle ; aujourd’hui dans le vocabulaire scientifique, les éthologistes donnent au mot un caractère plus précis ; pour éviter la confusion avec l’emploi courant, certains utilisent « acte instinctif » d’autres « acte de pulsion ». Le mot désigne plus largement, au moins depuis Montaigne (1580) l’ensemble des pulsions naturelles qui régissent le comportement animal ou humain. En parlant de l’être humain « instinct » s’emploie à propos de la qualité naturelle de sentir, de deviner (Pascal 1662) et souvent en emploi absolu, l’intuition, le sentiment est alors opposé à la raison ; dans ce sens on emploe la locution adverbiale « d’instinct » (Av. 1850 Chateaubriand). Instinct se dit enfin d’une aptitude particulière faisant partie de l’ensemble des pulsions (1780 Buffon, instinct social)et, spécialement en psychanalyse traduit l’allemand « Trieb » dans le sens que lui donne Freud…. » (Dictionnaire historique de la langue française, d’Alain Rey. Article : Instict)

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 « Deux choses instruisent l’homme de toute sa nature, l’instinct et l’expérience ». (Blaise Pascal)

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La peur est pour une part une émotion acquise, et serait d’autre part émotion innée ; Ainsi suivant ce texte tiré due l’essai de Gérald Bronner, Apocalypse cognitive : « Sur l’île Kangourou, dans l’océan Indien au large de l’Australie, vit une espèce de wallaby bénie des dieux. Depuis une centaine d’année elle n’a pas eu à redouter l’attaque d’aucun prédateur. Les petits wallabys n’ont donc jamais entendu parler de la moindre  créature  intéressée à les dévorer. Pourtant lorsqu’on les met en présence d’un animal qui, dans un autre contexte écologique, aurait été un prédateur, quand bien même cet animal est empaillé (un renard par exemple) le wallaby de l’île de Kangourou, se fige… Il sent le danger. En revanche, un lapin empaillé, ou n’importe quelle autre créature qu’il n’a jamais non vu, non plus, et que ne pourrait être un des ses prédateurs, cela le laisse de glace. … C’est donc une connaissance (une trace émotionnelle, trace mnésique)  profondément enfouie dans son être biologique »  

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Ce qui plaide fortement sur tout un héritage génétique, c’est l’instinct animal, de toute la connaissance animale n’est ni apprise, par le groupe, ni par les parents, mais peut-être plus.
L’hirondelle n’apprend pas à bâtir, l’araignée n’apprend pas à tisser une toile.  Les poissons qui forment des boules pour échapper au mieux à un prédateur, n’ont  pas fait de répétions, pas d’alerte feu, on ne constate pas cette fameuse part de l’apprentissage de l’acquis
De même les oiseaux, qui,  tel les étourneaux font des figures d’une synchronisation parfaite,  nous posent questions ;  il n’y a pas un leader qui entraîne les autres, tout le monde sait, mais comment…
Ainsi, pour vérifier si certaines activités retrouvées chez des animaux de générations en générations, pour tenter de définir, la part de l’inné, la part de l’acquis, une expérience a été menée avec des oiseaux, des oiseaux qu’on nomme, les tisserins, (nom qu’on leur a donné pour l’art qu’ils ont a tisser des nids).
On a isolé de, leur parents à la naissance des poussins tisserins, on les a élevés. Devenus adultes, ils avaient tissé des nids, mais, un peu moins bien que leur parents ; Ce qui peut-être nous dit que cette expérience d’oisillons isolés dès la naissance, fait que peu à peu, ces oiseaux après des milliers de génération ne sauraient plus tisser un nid, il y aurait comme une régression des connaissances innées.
Ce qui ne renverse pas la théorie de l’innée, mais semble nous démontrer, l’imbrication, l’aspect incontournable de l’acquis construisant de l’inné, qui lui vient suppléer à l’acquis, qui reste, comme nous le disait le philosophe  Spencer  «  le fruit évolutif  des expériences de l’espèce » ; Ceci supprimant toute  dichotomie, entre, Inné/acquis. Du moins dans le genre animal.
Car de là,  à tenter de calquer sur le genre humain, c’est une autre question.
L’inné serait de l’acquis par apprentissage.
Soit ! Toutefois des observations laissent perplexe ; Ainsi l’exemple de « la danse de l’abeille ». Lorsqu’un abeille rapporte à la ruche du nectar qu’elle a trouvé ; devant la ruche elle effectue des mouvements qu’on a nommé la danse de l’abeille, par les mouvements de son corps elle indique aux autres abeilles l’endroit elle a trouvé les fleurs contenant du nectar.
Alors cette connaissance de la danse, ne peut être connue par apprentissage transmis, puisque c’est la Reine qui est la mère de toutes les abeilles de la ruche, et, la Reine se tient au fond de la ruche et n’a jamais assisté à la dans de l’abeille.
Il y a des cas d’espèces qui comme en grammaire l’exception confirment la règle. Comme pour l’apprentissage par observation et ensuite transmissible. Même en ayant pu observer durant des siècles, voire des millénaires, les autres oiseaux faire des nids, la dame coucou continue à aller pondre dans le nid d’autres oiseaux. En revanche pour certaines de ces dames elle sont capables de pondre des œufs da même forme, même apparence que ceux de l’espèce dont elle a squatté le nid.
Donc ou, les oiseaux ont besoin d’apprendre, de voir faire. C’est cultuel / Acquis
Où, les oiseaux savent sans avoir à apprendre. C’est de nature/ Inné.
Les papillons monarques migrent du Mexique vers le Canada et reviennent au point de départ. Migration qui sur un aller se fait en trois générations. Et pourtant ceux qui pouvaient connaîtrent le chemin de retour sont morts depuis quelques générations.
Le chat adopté tout petit, seul chat dans une maison, n’a pas eu sa maman pour l’éduquer, et pourtant, il sait comme approcher sa proie, (une souris) et l’attraper. Qui a appris à chasser au chasseur ?
Nous faisons partie du genre « animal ». L’animal a une richesse génétique de connaissance innées que appelons : l’instinct. Le chasseur cuilleur devenant de plus en plus « humain », aurait perdu tout l’acquis de l’instinct ? (Luis)

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Une expérience pour mesurer les messages acquis, transmis génétiquement : un petit animal (on ne dit pas quel genre) est retiré de sa mère dès la naissance avant même qu’il ne voit. Elevé à part, au bout quelques semaines, on lui montre une feuille présentant des rayures noires et jeunes il s’approche au plus de la feuille pour se blottir tout près. Sa mère, qu’il n’a jamais vue, a des bandes jaunes et noires. Nous n’avons que de l’inné pur.
Les informations du software, se révèlent dans certaines expériences, comme des informations globales. Ainsi une expérience avec des oies cendrées. Les renseignements innés leur transmettent l’information que le congénère pour l’accouplement est sur l’eau, s’étirant au maximum, lequel mâle est beaucoup plus long que les oies. N’ayant jamais eu à voir de mâle, on les a trompées avec un nageur à plat sur l’eau et avançant doucement. Les oies se sont approchées pour une tentative  d’accouplement. (Voir. Konrad Lorenz. Évolution et modification du comportement)
Nous avons tous vu un chiot ayant pris dans sa gueule les pantoufles de sa maîtresse, ou de son maître, les secouer avec insistance. De fait ce chiot s’entraîne même si cela ne lui servira jamais, soit en secouant ainsi une proie, enfoncer ses dents au plus et lui briser la nuque. (Luis) 

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«  Mais bien des animaux apprennent beaucoup leur connaissances par observation, il y an aussi beaucoup d’autres qui dérivent du pouvoir originel de la nature ; celles-ci dépassent de beaucoup la part d’aptitudes qu’ils possèdent dans les occasions ordinaires ; et la pratique et l’expérience ne les perfectionnent que peu, ou même, pas du tout. Ces connaissances particulières nous les appelons instinct et nous sommes portés à les admirer comme quelque chose de très extraordinaires et inexplicables par toutes les recherches de l’entendement humain.
Mais notre admiration cessera peut-être, ou elle diminuera, quand nous considérerons que le raisonnement expérimental lui-même, que nous possédons en commun avec les bêtes et dont dépend toute la conduite de la vie, ,’est rien qu’une espèce d’instinct ou de pouvoir machinal qui agit en nous  à notre insu. ; et qui, dans ses principales opérations n’est dirigé par aucune de relations ou comparaison d’idées qui sont les objets propres à nos facultés intellectuelles. Bien que ce soit un instinct différent, c’est pourtant encore un instinct qui enseigne à l’homme d’éviter le feu, autant que celui qui enseigne à l’oiseau, avec tant de rigueur, l’art de l’incubation et toute l’économie et l’ordre des soins éducatifs » (David Hume. Enquête sur l’entendement humain.1748)

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