Intégration

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Le Grand Robert de la langue française : Opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité.

Trésor de la langue Française : (Sociologie) Phase où les éléments d’origine étrangère sont complètement assimilés au sein de la nation tant au point de vue juridique que linguistique et culturel, et forment un seul corps social.

Synonymes :

Contraires : Apartheid. Assimilation. Ségrégation. Désintégration.

Par analogie : Asile politique. Contraintes économiques. Collectivité. Communauté. Corps social. Coutumes. Culture. Ecole laïque. Etranger. Exil. Famine. Guerre. Hospitalité. Humanisme. Identité. Immigré. Intégrisme. Laïcité. Nation. Origine. Pays d’accueil. Pauvreté. Peuple. Réfugié politique. Repli identitaire. République. Tissu social.  Traditions. Société inclusive. France, terre d’accueil. Heureux comme un juif en France.

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 «  L’immigration, qui a souvent pour origine des contraintes économiques, une exigence de survie, ou la recherche d’un asile politique, reste liée à la douleur de la rupture, de l’arrachement, de l’exil. Elle n’a pas d’abord pour vocation la fixation dans le pays d’accueil. Pourtant après des décennies, cette immigration de travail s’est transformée en immigration de peuplement. Dès lors a surgi la question essentielle. Comment devenir une composante de la société française tout en préservant son identité d’origine ? C’est à une telle question que doit répondre le pays d’accueil. Comment doit-il faire ? »  (Henri Pena-Ruiz. Qu’est-ce que la laïcité ?)

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« …la république laïque ne dit pas à ceux qu’elle intègre : « renoncez à votre culture pour vous soumettre à une autre culture », mais : « soyez bienvenus dans un pays où la laïcité s’efforce de tenir à bonne distance toute idéologie particulière, religieuse, ou athée, qui voudrait s’imposer à vous ». Pour ceux qui désormais sont partie prenante de la population, la laïcité du pays d’accueil est la meilleure des garanties » (Henri Pena-Ruiz. Qu’est-ce que la laïcité ? P, 167)

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Je sais bien que rue de Belleville,
rien n’est fait pour moi
Mais je suis dans une belle ville,
c’est déjà ça.

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Quand je danse en marchant,
dans ces djellabas
Ca fait sourire les passants,
 c’est déjà ça !
(Alain Souchon)

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« Un pays qui veut intégrer doit être clair quand aux valeurs qu’il propose ». (Geneviève Doriat)

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 « La spécificité de la nation moderne consiste en effet à intégrer des populations en une communauté de citoyens et à légitimer l’action de l’État qui est son instrument pour cette communauté. C’est un projet essentiellement inclusif ; il se propose d’intégrer les populations par la citoyenneté en dépassant leur diversité concrètes, en transcendant leurs particularismes…Tout citoyen dispose des mêmes droits, doit remplir les mêmes obligations et obéir aux mêmes lois, quel que soit sa race, son sexe, son appartenance à une collectivité, sa religion » (Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale. Article : Intégration : Dominique Schnapper)

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« Comment de l’hétéroclite faire une mosaïque. Comment fait-on naître l’harmonie du chaos ? Les ratés les plus spectaculaires de « l’intégration » et la situation sociale et culturelle de la France d’aujourd’hui sont dus à l’absence de figures exemplaires capables d’entendre et de concilier capables d’entendre et de concilier nos récentes coutumes urbaines et nos caractères séculaires en disant simplement : je t’aime, nous sommes tous les mêmes »  (Abd Al Malik. Camus, l’art de la révolte. P, 114. Fayard 2016)*

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La journaliste et écrivain Natacha Polony, dans un article déplore, trouve anormal ,qu’on parle encore d’intégration s’agissant parfois de jeunes gens nés en France, qui ont reçu une instruction dans les écoles républicaines et laïques :  « Un nation ne peut se perpétuer que lorsqu’elle transmet son héritage. Nous avons cessé de transmettre, pas seulement aux étrangers, à tous nos enfants » (Natacha Polony. L’école ne fabrique plus des hommes libres, mais des incultes. Le Figaro. Fr. 14/02/14)

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Elle se rapproche là, des propos du philosophe Alain Finkielktaut dans son ouvrager « l’identité malheureuse ». La journaliste estime que l’Education nationale met en place, un obstacle à l’intégration en voulant jouer à l’école, le rôle des familles, cela crée une défiance, ne peut que renforcer un repli identitaire, c’est tout le contraire d’une action pour l’intégration. Depuis Condorcet le rôle de l’école est d’instruire, l’éducation restant le rôle des parents. (Luis)

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Nous avons des siècles et des siècles d’expérience de l’intégration, nous ne sommes pas si nombreux qui, remontant notre arbre généalogique ceux qui ne trouvent pas un ancêtre qui n’est pas né en France.
Nous avons su  intégrer des personnes venues de différents pays d’Europe, d’Afrique noire, du Maghreb, d’Asie, et d’autres pays encore. Nous avons cette réputation de « France terre d’accueil » , nous devons perpétuer cette tradition, et se méfier des sirènes malfaisantes qui nient l’égalité des individus, qui veulent créer des exclusions, des préférences nationales, faire de l’immigrer toujours ce  bouc émissaire, responsable des maux de la société.
Qu’on le veuille ou non tout au long de  leur histoire, les sociétés changent, évoluent, et ceci aussi du fait des vagues migratoires successives.
ntégrer des nouveaux entrants, c’est s’ouvrir à eux, aller vers eux ; sinon, comment vont-ils découvrir les références culturelles de nos valeurs ? Comment allons-nous connaître leurs propres références culturelles? L’intégration n’est pas un portillon automatique, c’est une démarche qui n’est pas à sens unique, c’est avant tout une démarche qui met en exergue le principe d’humanité. (Luis)

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 « L’intégration est en crise. La France a abandonné le concept d’assimilation, jugé trop unilatéral, elle lui a préféré le paradigme plus ouvert de l’intégration, mais celle-ci ne fonctionne plus, au point même que certains lui substituent l’idée de société inclusive. Comme si c’était en ne demandant plus rien à nos hôtes que nous réussirions à établir avec eux un modus vivendi et que le « vivre ensemble» retrouverait son harmonie perdue. Ces replis successifs témoignent de l’extrême difficulté de faire cohabiter à l’intérieur d’une même communauté, des peuples qui ne partagent pas le même principe, ni les mêmes traditions, ni le même idéal » (Article : Alain Finkielkraut contre les bien-pensants. L’expresse N° 3353, du 7 octobre 2015)

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 «  Devant la révolution démographique que nous connaissons, il  aurait fallu réaffirmer clairement les lois de l’hospitalité. Il aurait fallu dire haut et fort que certaines traditions, valeurs et coutumes n’étaient pas négociables, plutôt que de rechercher sans cesse un accommodement de moins en moins raisonnables » (Article : Alain Finkielkraut contre les bien-pensants. L’expresse N° 3353, du 7 octobre 2015)

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Lorsqu’on est un enfant d’émigré, on est confronté, parfois tiraillé, entre deux traditions, entre deux cultures : celle des parents, celle de ses racines, qu’on veut bien sûr conserver, et celle de son nouveau pays avec sa culture, ses coutumes, et avec tous les liens créés avec les nouveaux amis de l’école, ou du monde du travail.
Alors s’intégrer est-ce trahir? est-ce trahir ses parents ? (Luis)  

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Débat : « L’intégration, jusqu’où ? » 
: J’ai vu dans le mot intégration son aspect social et politique, un sujet d’actualité, bien sûr ! Si on regarde du côté de l’étymologie, de intégration à intègre, on va jusqu’à intégrisme, lequel intégrisme se trouve aujourd’hui être un des principaux obstacles à l’intégration, voire parfois son adversaire.
On accepte le principe d’intégration ou pas ; lui mettre des limites, dire, comme dans la question initiale, « l’intégration, jusqu’à quel point ? », c’est mettre des barrières.
Notre pays, ses habitants, c’est effectivement la résultante depuis des siècles de vagues d’immigration, lesquelles sont partie intégrante du patrimoine génétique, comme de notre culture. C’est au final le pays d’accueil qui s’est peu à peu « assimilé ». 
Intégrer, c’est reconnaître les mêmes droits à l’autre, à celui que l’on intègre. S’intégrer ce n’est pas se renier, se perdre, perdre son identité. Au contraire, c’est s’enrichir, c’est bénéficier d’un apport, de quelque chose de complémentaire.
Depuis sa naissance, on ne fait que s’intégrer, déjà dans sa famille, puis à l’école, puis dans le monde du travail. On peut se trouver parfois dans un milieu qu’on ne connaît pas ; on est « comme des étrangers », mais on finit par s’intégrer, par être intégré si l’on respecte les règles, les codes, les principes, en respectant la liberté de chacun, sans apporter de la nuisance au groupe. S’intégrer est une démarche qui n’est pas à sens unique ; on peut s’intégrer sans perdre son individualité »  (Luis)                                                                                                        *                

 « L’intégration consiste à susciter la participation active à la société toute entière de l’ensemble des femmes et des hommes appelés à vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensée que subsistent des spécificités, notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs, afin d’assurer la cohésion de notre tissu social ».  (Définition proposée par le Haut Comité à l’Intégration)

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Une étude génétique très récente sur des ossements d’individus datant de plus de trente mille ans et provenant de plusieurs endroits de la Terre, montre que nous avons un patrimoine commun et que nous sommes tous des descendants de migrants. Nous commençons à mieux connaître les milliers de migrations qui ont constitué nos sociétés. La migration de tout temps et ce qui fut « l’assimilation » sont donc presque  aussi vieilles que ce monde d’humains.
Dans notre époque actuelle, nous n’utilisons pas ce terme d’assimilation, qui, à la différence de l’intégration, sous-entend que les nouveaux arrivants devraient abandonner toute différence pour être dans un modèle standard, ce qui est contraire à la notion de progrès et d’humanisme. L’intégration ne se fait pas toujours naturellement et peut parfois créer quelques points de tension. Alors, nous sommes devant (pour le moins) trois possibilités :
1°) S’arc-bouter sur son modèle ; c’est l’assimilation à tout prix, presque de « l’acclimatation ». C’est un point vue dont un courant politique a fait son fonds de commerce.
2°) S’ouvrir à d’autres cultures, à d’autres traditions, en tâchant de sauver ce qui nous semble essentiel pour le maintien du lien social, ce qui culturellement crée la continuité d’une nation ; autrement dit, c’est construire sans détruire. 
3°) Laisser faire les choses, les évènements, se disant qu’après une certaine période et un peu de pagaille, les choses finiront  par s’arranger toutes seules. La France a fixé, dans ses règles incontournables du lien social et des valeurs républicaines, la Laïcité, laquelle n’est pas une dictature, ni une religion d’État. Un sondage en 2008 disait que dans la communauté musulmane de France, plus de 80 % des personnes interrogées étaient très attachées à la laïcité, et même, pour beaucoup, cela avait fait partie du choix de la France comme pays d’immigration, cette laïcité leur assurant, entre autres, de pouvoir pratiquer leur religion sans crainte. (Luis)  

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