Intuition

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Archimède, Eureka ! (Image, alannafluides.weebly.com)

Le Grand Robert de la langue française : Forme de connaissance directe et immédiate, qui ne recourt pas au raisonnement.
Sentiment plus ou moins précis de ce qu’on ne put vérifier, de ce qui n’existe pas encore.

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande : Connaissance d’une vérité évidente, de quelque nature qu’elle soit, qui de principe et de fondement au raisonnement discursif, mais qui porte non seulement sur les choses, mais sur leurs rapports. Vue directe et immédiate d’un objet de pensée actuellement présent à l’esprit et sais dans sa réalité individuelle.(Voir article)

Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Perception directe sans l’intervention de la connaissance discursive – d’un objet et de ses relations..(Voir article)

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : …Avoir une intuition, c’est sentir ou pressentir, sans pouvoir démontrer ni prouver. L’intuition se situe en amont du raisonnement. Mais un esprit totalement dépourvu d’intuition serait aveugle. Comment pourrait-il raisonner ?

Dictionnaire de Français « Littré »: Terme de philosophie : Connaissance soudaine, et les formes sensibles, et, par conséquent, indépendants de toute démonstration. Vérité d’intuition spontanée, indubitable, comme celle de la vue qui nous donne la lumière Intuition intellectuelle : Terme traduit de l’allemand Anschaung dans le système de Schelling, qui signifie un acte transcendant, indéfinissable, au moyen duquel l’intelligence sais l’absolu dans son identité, c’est-à-dire tel qu’il est en lui-même, au dessus de toute distinction et de toute différence n en réunissant dans sa nature  absolument simple toutes les oppositions et tous les contraires.

Trésor de la Langue Française : Connaissance directe et immédiate d’une vérité qui se présente à la pensée avec la clarté d’une évidence, qui servira de principe et de fondement discursif : Intuition directe, fondamentale, première, pure; intuition de l’espace, du temps; connaître une vérité par intuition

Synonymes : Noèse. Aperception.  Inspiration. Pressentiment.

Contraires : Raisonnement. Déduction.

Par analogie : A priori. Concept. Connaissance. Déduction. Euréka. Flair. Image. Instinct. Pensée discursive. Pensée intuitive. Pensée noétique. Perception. Poésie. Présomption. Représentation. Rêve. Voir.

Le mot « intuition » vient du latin « intuor » (voir). Voir est justement la différence avec les idées ayant déjà fait l’objet de réflexions, d’analyses, d’idées dites « discursives » par opposition à la connaissance dite « intuitive ». L’intuition, nous dit Bergson, « est une connaissance immédiate et irrationnelle ».

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« Le philosophe a une intuition et toute sa vie il va chercher à l’exprimer pour lui comme pour les autres » (L’introduction à la métaphysique. Henri Bergson)

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 « L’intuition est cette sympathie par laquelle on se glisse dans l’intériorité d’un objet pour coïncider avec ce qu’il y a d’unique en lui. L’intuition devient ainsi l’organe d’une véritable connaissance faisant partie intégrante de la vie » (L’introduction à la métaphysique. Henri Bergson)

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      « Vous croyez, argumentait le philosophe Carnéade (rapporte Cicéron) à la divination, vous admettez donc que certaines représentations qui pourtant ne correspondent à aucun réalité actuelle, puisqu’elles concernent songes, oracles, auspices, nous viennent de la divinité. Comment et pourquoi, celle-ci, qui peut faire que nous ayons foi à des représentations lesquelles, ne provenant de rien d’actuel sont en réalité fausses, ne pourraient-elles pas, aussi bien, faire que nous en ayons qui approcheraient de très près celles qui sont vraies, sans être pourtant adéquates.. A partir de là si des croyances s’établissent sur des certitudes non sujettes à preuve, pourquoi d’autres concepts seraient-ils infaillibles, et permettraient de passer, sans le moindre doute de l’intuition à la déduction. Cette approche est celle des sceptiques : ne pouvant être sûrs de phénomènes, de représentations, qui sont influencées, soit par les affects, soit par une culture, un milieu social, une éducation laïque ou religieuse,  nous ne pouvons recevoir comme vrai aucune de ces représentations et donc, suspendre notre jugement » (Cicéron. Lucullus. 45 av. notre ère)   

L’intuition peut être une convergence de présomptions, de similitudes qui tout à coup se font écho, qui s’appellent les une les autres dans nos souvenirs, quelque chose semble se dessiner, on a alors le vague sentiment qui était là, latent, jusqu’à, peut être : « Eureka ! » (Luis)

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L’intuition fait une grande part au paraître, elle voit dans l’apparence ce que certains ne peuvent déceler. Il existe des individus, souvent des femmes, qui dès le premier regard portent un jugement sur une personne, jugement qui peut s’avérer d’une acuité surprenante. Connaître est alors savoir regarder, nous revenons à l’étymologie : voir, intuor, intuition. (Luis)

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« En définitive, la connaissance intuitive, à laquelle ressorti exclusivement l’idée, se trouve en somme diamétralement opposée à la connaissance discursive ou abstraite, guidée par le principe de raison. Aussi est-il notoire que l’on trouve rarement un grand génie uni à une éminente faculté discursive ; disons plus, un homme de génie est souvent en proie à de violentes affections et à des passions insensées. (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf 1942. Tome 1)

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« Aucune science ne peut être absolument déductive, pas plus qu’on ne peut bâtir en l’air ; toues les preuves doivent nous ramener à une intuition, laquelle n’est pas démontrable. Car le monde tout entier de la réflexion repose sur le monde de l’intuition, et y a ses racines ». «  Si un chanteur ou un virtuose voulait régler son exécution par la réflexion, c’en serait fait de lui. Il en est de même pour le compositeur, le peintre, le poète. Le concept est toujours stérile pour l’art ; il peut tout au plus régler la technique….l’art proprement dit procède de la connaissance intuitive, et jamais du concept » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf 1942. Tome 1. Page 62)

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 L’intuition peut être trompeuse car notre esprit est formé de strates de croyances héritées. « C’est parce que c’était culturellement inconcevable que les juifs allemands, polonais, n’ont pu soupçonner qu’ils seraient traités comme du bétail atteint de la fièvre aphteuse » (Philippe Bataille. Millenium. Erel Edition 2002))

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« La pensée noètique est, de plus distincte de la pensée discursive, ou dianoia par la façon de comprendre : la pensée noétique comprend par intuition directement tandis que la pensée dianoétique comprend par le raisonnement et le calcul ». (Article : Intuition. Encyclopédie de la philosophie. La Pochotèque)

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« L’association du concept intuitif et du concept discursif est indispensable » (Kant) pour que se forme la connaissance. Donc, l’intuition n’est que la première phase de la connaissance, le bout de fil qui dépasse de la bobine, le fil d’Ariane. (Luis)     

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« L’intuition est une pensée qui devance les preuves, elle va de l’apparence vers la réalité des preuves » (?)
Pour Kant « sans a priori constitutif de l’expérience, pas de science possible », c’est peut-être considérer l’intuition comme un jugement a priori
« Notre pensée ne peut réagir qu’à partir du contenu de notre mémoire, à partir d’une partie conditionnée de notre conscience.  Cela signifie que chaque pensée est formée par le passé et qu’aucune pensée ne peut être réellement neuve. Elle peut être le résultat d’une addition de deux pensées différentes auxquelles personne n’a pensé auparavant, mais cette pensée ne peut également survenir  que du passé et donc de notre conditionnement. Ce potentiel de perspicacité ou de clairevoyance se nomme l’intuition. La plupart d’entre nous n’estiment pas le potentiel à sa juste valeur. Beaucoup sont tellement attachés aux modes de pensée, qu’ils ne s’ouvrent pas à un autre mode d’observation et de perception. » (Miguel Ruiz. Commentaire, débat : L’intuition est-elle une forme de compréhension ?

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« En définitif, la connaissance intuitive, à laquelle ressortit exclusivement l’idée, se trouve diamétralement opposée à la connaissance discursive ou abstraite, guidée par le principe de raison. Aussi est-il notoire que l’on trouve rarement un grand génie uni à une éminente faculté discursive : disons plus, un homme de génie est souvent en proie à de violentes affections et à des passions insensées. La cause de ce fait n’est cependant  point  la  faiblesse de la raison c’est, en partie, l’énergie extraordinaire du phénomène de volonté qui constitue l’homme de génie et qui se traduit par la véhémence de tous ses actes volontaires ; en partie, la prépondérance de la connaissance intuitive des sens et de l’entendement sur la connaissance abstraite ; de là, en effet , une tendance déclarée vers la contemplation ; or l’intuition active luit d’une si souveraine lumière à côté des concepts incolores, qu’elle les frappe d’impuissance  et qu’elle règne désormais toute seule sur la conduite, laquelle devient par le fait même déraisonnable ; d’ailleurs l’impression présente est très puissante sur eux, elle les pousse à l’irréflexion, à l’emportement, à la passion. » (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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