Jeunesse
Le Grand Robert de la langue française : Etat d’un être vivant jeune. Temps de la vie entre l’enfance et la maturité. Etat physique ou moral d’une personne. Caractère, ensemble de caractères propres à la jeunesse.
Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : (Juventus) C’est cet âge qui touche & qui accompagne le dernier progrès de l’adolescence, s’étend jusqu’à l’âge viril, & et va rarement au-delà de trente ans.
Synonymes : Adolescence.
Contraires : Age mûr. Adulte. Vieillesse.
Par analogie : Adulte. Âge bête. Âge ingrat. Bel âge. Blanc bec. Damoiseau. Expérience. Fraîcheur. Génération. Jeunisme. Jeunesse dorée. Jeunette. Jeunot. Jouvencelle. Juvénile. La fleur de l’âge. Le bel âge. Maturité. Printemps de la vie. Puberté. Vertes années. Vigueur. Vitalité. Vivacité.
Expressions: Avoir la beauté du diable. ÊUn écart de jeunesse.
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J’ai dix ans.
Je sais que ce n’est pas vrai.
Laissez-moi rêver
Que j’ai dix ans.
(Alain Souchon)
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« La jeunesse est l’aspect social de l’adolescence, elle se définit par opposition à la génération par venue à la pleine maturité, elle est le moment du développement où l’être mis en possession de tous ses moyens, presse ses devanciers de son élan enthousiaste et impatient pour se faire une place au soleil » (M. Debesse. Adolescence. 1942)
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« C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents » (Georges Bernanos. Les Grands Cimetières sous la lune)
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« Depuis quelques années, on tente littéralement d’institutionnaliser la jeunesse. Se préoccupe t- on d’elle pour lui permettre de mener une vie spécifique, avec des activités appropriées ? Ici ou là, on y pense, des gens de bon vouloir. En vain. Ce qui l’emporte c’est l’intégration de la jeunesse au marché, à la consommation en lui procurant une quotidienneté parallèle. On tend à constituer une essence, la juvénilité, dotée d’attributs et de propriétés commercialisables, possédée par une part de la population privilégiée ou censée telle. Justifiant ainsi la production et la consommation d’objets marqués (vêtements, entre autres que résument et symbolise les bluejeans) » (Henri Lefevbre. La vie quotidienne dans le monde moderne)
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« (…) vous m’avez comme reproché d’être un peu jeune, je vous dirais ceci : que les jeunes ont des façons brusques, mais souvent le cœur modeste, tandis que les vieux souvent avec des apparences saintes, ont le cœur dur et orgueilleux ». (Montherlant. Le maître de Santiago. III.4)
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Dans la myholohie grecque Hébé fille de Zeus et d’Héra, est la déesse personnifiant la jeunesse, la Vitalité, et la Vigueur des jeunes. Elle protège les jeunes mariés. Son équivalent romain est Juventus
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Débat: « La jeunesse est-elle le plus bel âge de la vie ? » le 28 janvier 2004.
La jeunesse, le bel âge, j’ai pensé à priori qu’il s’agissait de deux sujets différents. Si vous allez sur Internet à « bel âge » vous ne trouverez que des maisons de retraite. Bizarre ! On juge peut-être mieux de cet âge la jeunesse lorsqu’on l’a quittée, il faut s’éloigner d’une chose pour mieux l’observer La jeunesse nous disent les dictionnaires est le passage entre enfance et âge adulte, un état physique, mais c’est aussi un état moral, et ça, ça nous arrange ! Alors ! Même avancé en âge, le bel âge c’est celui que je vis en l’instant, cet instant dont j’ai pleinement conscience et, lorsque je suis en train de faire quelque chose d’agréable, c’est un des ces moments d’éternité, un âge en soit, un bel âge, comme maintenant, c’est ce que Wittgenstein appelle l’intemporalité. Nous vivons chaque jour des petits bouts de notre mort et nous nous enfermons totalement dans un âge, dans « ce temps d’entre deux termes» : naissance et mort, donc nous devons tenter de dépasser le temps « unidimensionnel » entre ces deux termes, échapper à ce temps divisible pour penser le temps indivisible : « Si l’espace est infini, nous sommes dans n’importe quel point de l’espace. Si le temps est infini, nous sommes dans n’importe quel point du temps ».José Luis Borges.
Après avoir vu des sociétés où les anciens étaient des modèles, nous sommes dans une société très orientée sur le « paraître » et pour cela on souhaite être jeune toute sa vie « Notre société rêve d’un âge parfait à tout âge. Nous souhaitons que nos enfants soient « en avance », tout en désirant, pour nous, être en retard. Rester jeune quand on vieillit, être mature dès la naissance, et mêler tout au long de la vie, l’imagination enfantine, la révolte adolescente, la responsabilité adulte et la sagesse du vieillard. Mais à tout vouloir à tout moment on risque fort d’être déçu ». (Pierre Henri Tavolliot. L’âge parfait. Article Philosophie magazine N° 25)
Le plus bel âge a-t-on avancé, est la jeunesse. Peut-être, mais il faut souvent des années pour s’en persuader. C’est surtout le bel âge car c’est celui qui nous pouvons recréer à volonté. Parfois les individus n’en finissent pas de réécrire leur enfance, leur jeunesse, pour en faire leur bel âge. Et pour conclure je dirai paraphrasant Epicure, pour qui, chez les pessimistes il n’y a pas de bel âge, ils regrettent celui d’hier, ils voudraient celui de demain, ils en oublient de vivre celui d’aujourd’hui….
Nous passons à travers tous les âges, du 1er âge au 3ème âge, avec le temps je me sens comme un livre d’histoire « de l’Antiquité à nos jours ». D’âge en âge, du 1er puis 2ème et âge enfantin, nous accédons vers 8 ou 9 ans à l’âge de raison, c’est souvent là que commencent les études religieuses. Premier poil au menton, on émerge de l’enfance, et c’est là nous disent les dictionnaires, que : entre enfance et âge adulte se situe « la jeunesse » qui serait « le bel âge ». Mais cette période après la puberté est aussi l’âge ingrat, même dit-on l’âge bête, alors le plus bel âge serait l’âge bête ? Au sortir de l’âge bête parfois, c’est nous dit Sartre renoncement à la liberté, à certains rêves, c’est alors qu’on envoie les garçons faire la guerre, c’est l’âge légal ; on a l’âge de faire un héros, et d’être fauché dans la fleur de l’âge. Puis l’âge aidant, très vite, trop on arrive au troisième âge, et aujourd’hui vieillissement oblige, on a créé le 4ème âge et là, paradoxe, plus on rentre en âge, « plus nos jours s’allongent et plus notre vie se raccourci ». Quant on atteint l’âge mûr on va vers ce qu’on nomme aujourd’hui par euphémisme : le bel âge, quoique nous dit « le grand penseur » Pierre Desproges : « L’âge mûr c’est la période qui précède l’âge pourri », Allez ! Ça, on oublie ! Entre les deux il y a cet âge qui n’est pas si mal, c’est l’âge adulte, lequel ne tue pas forcement l’enfant. A quel âge devient-on adulte demandait une personne ? Le plus tard possible ! Et je résume par cette phrase : Jeunesse : belle saison du corps, vieillesse : belle saison de l’esprit. (Luis)
On tue cette notion, ce temps de jeunesse avec des vieux et des vieilles, « jeunes » ; on rempli les rides, on tire les visages, on taille dans la chair pour remonter une fesse, un sein, on fait des lèvres purpurines à des beautés fanées, on repique des cheveux aux chauves, on vend des produits miracle comme DHEA, gelée royale, ou poudre de perlimpinpin , on veut rester 0% matière grasse, et nous voyons des vieux jeunes ridicules qui jeûnent pour faire jeune. (Luis)
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« Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices, est prompt à recevoir l’impression des vices ; est vain dans ses discours, volage en ses désirs ; rétif à la censure, & fou dans ses plaisirs » (Boileau)
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« ….. la jeunesse sans expérience se livre volontiers à la critique qui la dégoûte des modèles qu’elle auroit besoin d’imiter. Trop présomptueuse elle se promet tout d’elle-même quoique fragile, croit pouvoir tôt, & n’avoir jamais rien à craindre ; elle se confie légèrement & sans précaution. Entreprenante & vive elle pousse ses projets au-delà de sa portée, & et plus loin que ses forces ne le permettent. Elle vole à son but par des moyens peu réfléchis, s’affole de ses chimères, tente au hasard, marche en aveugle, prend des paris extrêmes & s’y précipite ; semblable à ces coursiers indomptables qui ne veulent ni s’arrêter ni tourner. Mais malgré les écarts de la jeunesse, & la vérité de ce tableau qui les peint d’après nature, c’est toûjours l’âge le plus aimable & le plus brillant de la vie ; n’allont pas ridiculement estimer le mérite des saisons par leur hiver, ni mettre la plus triste partie de notre être au niveau de la plus florissante. Si l’âge avancé veut des écarts & des respects, la jeunesse, la beauté, la vigueur, le génie qui marche à sa suite, sont dignes de nos autels. Ceux qui parlent en faveur de la vieillesse, comme sage, mûre & modérée pour faire rougir la jeunesse, comme vicieuse, folle, & débauchée, ne sont pas justes appréciateurs de la valeuur des choses ; car les imperfections de la vieillesse sont assurément en plus grand nombre & plus incurables que celles de la jeunesse…..
Le sang qui fermente dans la jeunesse, le rend sensible aux impressions de la morale, de la vertu, de l’amour, de l’amitié, & de tout ce qui attendrit l’ame. …
La jeunesse est légère par bouillonnement ; la vieillesse constante par la paresse. D’un côté la pétulance qui s’abuse dans ses projets ; de l’autre une méfiance générale, & des soupçons continuels ; défauts qui se peignent dans les yeux, dans les discours, & dans toute la conduite des gens âgés…
Le jeune homme est amoureux de la nouveauté, parce qu’il est curieux & qu’il aime à changer.. Mais souvenons-nous Que ce bel âge si justement vanté, n’est qu’une fleur presqu’aussi-tôt flétrie qu’elle est éclose. Les grâces riantes, les doux plaisirs qui l’accompagnent, la force, la santé, la joie, s’évanouissent comme un songe agréable ; il n’en reste que des images furtives : & si par malheur on a consumé dans une honteuse volupté cette brillante jeunesse, il ne lui succède qu’un triste & cruel souvenir des es plaisirs passés. On paye cher le soir les folies du matin ». (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. 1759)
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Pour tout bagage on a vingt ans
On a l’expérience des parents
On se fout du tiers comme du quart
On prend le bonheur toujours en retard
Quand on aime c’est pour toute la vie
Cette vie qui dure l’espace d’un cri
D’une permanente ou d’un blue jean
Et pour le reste on imagine
Pour tout bagage on a sa gueule
Quand elle est bath ça va tout seul
Quand elle est moche on s’habitue
On se dit qu’on est pas mal foutu
On bat son destin comme les brèmes
On touche à tout on dit je t’aime
Qu’on soit de la Balance ou du Lion
On s’en balance on est des lions…
Pour tout bagage on a vingt ans
On a des réserves de printemps
Qu’on jetterait comme des miettes de pain
A des oiseaux sur le chemin
Quand on aime c’est jusqu’à la mort
On meurt souvent et puis l’on sort
On va griller une cigarette
L’amour ça se prend et puis ça se jette
Pour tout bagage on a sa gueule
Qui cause des fois quand on est seul
C’est ce qu’on appelle la voix du dedans
Ça fait parfois un de ces boucans
Pas moyen de tourner le bouton
De cette radio on est marron
On passe à l’examen de minuit
Et quand on pleure on dit qu’on rit…
Pour tout bagage on a vingt ans
On a une rose au bout des dents
Qui vit l’espace d’un soupir
Et qui vous pique avant de mourir
Quand on aime c’est pour tout ou rien
C’est jamais tout c’est jamais rien
Ce rien qui fait sonner la vie
Comme un réveil au coin du lit
Pour tout bagage on a sa gueule
Devant la glace quand on est seul
Qu’on ait été chouette ou tordu
Avec les ans tout est foutu
Alors on maquille le problème
On se dit qu’y a pas d’âge pour qui s’aime
Et en cherchant son coeur d’enfant
On dit qu’on a toujours vingt ans…
(Léo Ferré)
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