Justice

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La justicie Francfort.

Le Grand Robert de la Langue Française : Caractère d’une personne qui possède un jugement moral et une intention d’équité, juste appréciation, connaissance et respect  des droits et du mérite de chacun.
Principe moral de conformité au droit

Encyclopédie d’éthique et de philosophie morale. PUF : Vertu cardinale, la justice l’est en plusieurs sens. Tout d’abord, comme pour Platon,  au sens où elle commande toutes les autres vertus elle permet leur harmonisation dans l’âme individuelle. Elle guide notre vie vers notre avantage rationnel, (République 443) de même qu’elle préside au bonheur de la cité. (Voir l’article)

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande :
A) Caractère de ce qui est juste ; ce terme s’emploie très proprement, soit en parlant de l’équité, soit en parlant de la légalité. On dira par exemple, «  que la stricte justice est souvent injuste »
B) Caractère de celui qui est juste. Une des quatre vertus cardinales.

Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Terme qui dans l’histoire de la pensée, indique selon les cas, la conformité à une norme (naturelle, divine, positive) ou à l’idéal auquel la norme doit se référer pour être valable….Le concept de justice a donc été l’objet de définitions diverses en fonction des différents présupposés idéologiques, ou éthiques qui sont à la base de son interprétation. (Voir article)

Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : L’une des quatre vertus cardinales : celle qui respecte l’égalité et la légalité, les droits (des individus) et le droit (de la Cité)

Synonymes : Droiture. Impartialité. Intégrité. Probité.

Contraires : Abus. Crime. Injustice. Iniquité.

Par analogie : Aide judiciaire. Arrêt. Condamnation. Conformité. Coupable. Criminel. Equité. Exécution. Délit. Droit. Faute. Légalité. Loi du Talion. Innocent. Jugement. Jury. Juridiction. Légitimité. Loi du talion. Miséricorde.  Lynchage. Ordonnance. Peine. Peine de mort.  Plaidoirie. Prison. Punition. Sentence. Thémis (déesse de la justice). Tribunal. Vendetta. Vengeance. Vindicte. Voleur.

Expressions : Ce n’est que justice. Justice est faite. Faire régner la justice. La justice divine. Œil pour œil, dent pour dent. Se faire justice. Y a pas de justice.

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« La justice d’Electre consiste à ressasser toute faute, à rendre tout irréparable.., elle sacrifie Argos à ce besoin de pureté. Elle arma le bras de son frère Oreste pour qu’il tue sa mère Clytemnestre et son oncle Egisthe, c’est toujours pour la vérité, sa vérité.. »  (Jean Giraudoux. Electre)

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« Il est difficile de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il n’y obéit qu’à cause qu’il les croit justes ». (Pascal. Pensées)

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« Il en est de même pour les actions justes. Prenons par exemple : celui qui, sur le point de mourir de faim, dérobe un pain, commet une injustice ; mais que cette injustice est petite en regard de celle d’un riche qui, d’une façon ou d’une autre, dépouille un pauvre de son dernier*avoir » (Schopenhauer. Le fondement de la morale)

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La justice selon Epicure : « …elle est seulement, dans le rassemblement  des hommes entre eux, quel qu’en soit le volume et le lieu, un certain contrat en vue de ne pas faire tort et de ne pas en subir »

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« La justice est donc une invention des faibles, en vue d’établir une paix qui est avantageuse à leur faiblesse »  (Léon Robin.  Pyrrhon et le scepticisme. PUF. 1944)
Cette théorie sera reprise par Nietzsche qui reste le philosophe ayant dans certains textes peu de compassion pour les faibles.

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« Créon- Le méchant n’a pas droit à la part du juste »   (Antigone. Sophocle)

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Jusqu’où le principe de justice peut-il être applicable au criminel ?
A t-il droit à la même justice que les autres ? «  Electre s’adressant à sa mère Clytemnestre: – Prends garde, quand tu ériges la loi du talionen loi universelle, de n’avoir pas à le regretter la première. Car enfin si un mort rachète un mort, ton tour est venu d’expier »  (Électre. Sophocle. Garnier/Flammarion. 1964)

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« Ce serait en vain que l’on aurait le droit de tendre vers cette fin, si l’on avait pas aussi tous les moyens pour y parvenir.., Or les moyens nécessaires sont ceux que chacun estime comme tel en ce qui le touche. Par conséquent, la justice ou l’injustice  d’une action, dépendent de celui qui les fait ».  (Thomas Hobbes)

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« La charité c’est le contraire de la justice, tant qu’on la charité on empêche la justice de se réaliser » (Gustave Henri Thoreau)

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« Il n’est permis d’imposer quelque peine à autrui, à autre dessein que de corriger le coupableou de rendre meilleur ceux à qui le supplice servira d’exemple.., la vengeance qui ne gouverne pas l’avenir procède d’une vaine gloire »   (Thomas Hobbes)

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« Quand on est sage, on ne punit pas parce qu’une faute a été commise, mais pour qu’il n’en soit plus commis » (Sénèque. De ira. 1.16)

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En 1692. « Le pape Alexandre VI représentant de Dieu et agissant en son nom, a donné au roi d’Espagne un droitsur ces terres nouvelles. Ces terres nouvelles ipso facto cessent d’appartenir aux indigènes, qui n’étaient là que par pur hasard, ou par erreur en attendant l’arrivée des vrais maîtres ».   (Jean-Claude Carrière. La controverse de Valladolid)

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« La désobéissance civique. L’admiration de toute l’Europe pour l’audace des révolutionnaires de 1789 indique à la fois que les hommes peuvent faire appel à l’injustice, et qu’une telle tentative réveille chez les autres témoins, enthousiasme, et l’idée de la liberté » (Henri Pena Ruiz)

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Comme il disait tels mots, la justice entourna
Les yeux d’un bandeau noir, et puis il lui donna
Une balance d’or dedans la main senestre,
Et un glaive tranchant au milieu de la dextre :
Le glaive pour punir c eux qui seront mauvais ;
la balance, à poiser (peser) également les faits
des grands et des petits, comme l’équité l’ordonne ;
le bandeau pour ne voir en jugement personne.
(Ronsard. Premier livre des hymnes)

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Nous avons quatre théories concurrentes de la justice distributive.
Le système  féodal et des castes : hiérarchies fondées sur  la naissance
2 La conception libertarienne : le libre marché  associé a une égalité formelle des chances.
3 La conception méritocratique : le libre marché  associé  a une égalité  équitable  des chances.
4 La conception égalitariste : le principe de différence  proposé par Rawls.
Pour ce dernier chacune  des trois théories fonde les parts que reçoivent  les individus sur des facteurs qu’ils sont, d’un point de vue moral, arbitraire- qu’il s’agisse de la naissance’ des avantages sociaux ou  économiques ou des talents et aptitudes naturels »
.   Mikaël Sand. Justice.  Albin Michel 2009).

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Le tramway Fou  (Ou le dilemme moral: « Imaginez-vous en train de conduire dévalant à 100 km/heure vous apercevez face à vous devant les rails cinq cheminots, les outils à la main. Vous essayez d’arrêter le tramway, mais vous n’y parvenez pas. Les freins ne répondent pas. Vous êtes désespéré, parce que vous savez que si vous fauchez les cinq ouvriers, ils mourront tous. (Admettons que vous en soyez certain)
Soudain vous remarquez la présence d’une vois sur la droite. Cette vois a aussi des travaux, mais un seul ouvrier s’y attèle. Vous vous rendez compte que vous pouvez engager le tramway sur cette voie de côté, tuant l’ouvrier isolé, mais épargnant les cinq autres.
« Que devez-vous faire ? La plupart des gens diraient : « prenez la voie de côté. Il est tragique de tuer une personne innocente, mais il l’est encore plus d’en tuer cinq ».  (Mikaël Sand. Justice.  Albin Michel 2009)

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Est-il préférable de tuer une personne pour en sauver cinq, comment assumer cette responsabilité » (Mikaël Sand. Justice. Albin Michel.2009)

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Débat :   « A quoi bon d’être juste si ce sont toujours les plus forts qui gagnent ? » 26 02 2022
A quoi bon !
Ce à quoi bon renvoie à deux acceptions
1° A quoi bon ! ça ne sert à rien de se battre, c’est inutile, c’est dépenser de l’énergie pour rien, je laisse tomber.
2° A quoi bon ! Dans le sens : à quoi cela est-il bon, à quoi cela peut-il, pourrait-il servir ?
Le premier on baisse les bars. Le second on s’interroge, comment puis-je agir ? .
Et c’est par qu’il y a des personnes qui sont dans la deuxième acception, ceux qui refusent que les plus forts dictent leur justice, que ce sentiment, la flamme du sentiment de justice vit.
C’est par exemple dénoncer les injustices,
Avec véhémence comme l’a fait Voltaire pour défendre Callas
Avec pugnacité comme l’a fait Zola pour défendre Dreyfus
Avec toutes les prises de risques comme le font les lanceurs d’alerte. Avec courage comme le font encore parfois des intellectuels
Ils sont, ils furent Lanceurs d’alerte, créateurs d’opinion publique, acteur de mise en éclairage d’injustice, ce qu’on nomme aussi l’effet Frankenstein (lequel fuyait la lumière.)
Par respect pour leur engagement, je refuse le a quoi bon qui ne serviraient à rien.
Donc :
Je lutte chaque fois que je me dois de le faire pour l’idée, de justice.
Je lutte pour le principe de justice, sans me prendre pour Zorro
Je lutte pour montrer l’exemple,
je lutte pour moi, pour satisfaire mon sur-moi, le petit juge.
Et je refuse d’être un « aquoiboniste »
C’est une démarche égoïste (et p-être en même temps altruiste) (Luis)

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Genèse dans l’allégorie de Sodome, l’Eternel dit « si je trouve dans Sodome Cinquante juste dans la ville, je pardonnerai à toute la ville à cause d’eux »
Autrement  dit et, reconceptualisé dans notre époque, cela me dit que pour croire à la justice , il nous faut l’exemple de la justice, et ce monde n’en manque pas, ce qui me dit qu’à leur exemple je me dois d’être juste. (Luis)

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