Laïcité
Le Grand Robert de la langue Française : Conception politique impliquant la séparation de la société civile et de la société religieuse, l’Etat n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises, aucun pouvoir politique.
Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : Ce n’est pas l’athéisme, ce n’est pas l’irréligion. Encore moins une religion de plus. La Laïcité ne porte pas sur Dieu, mais sur la société. Ce n’est pas une conception du monde, c’est une organisation de la Cité. (Voir article)
Trésor de la Langue Française :
A) Principe de séparation dans l’Etat de la société civile et de la société religieuse…. B) Caractère des institutions publiques ou privées, qui selon ce principe, sont indépendantes du clergé et des Eglises.
Encyclopédie Larousse : Système qui exclut les Églises du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de l’organisation de l’enseignement. Dans les cadre des rapports généralement complexes entre les religieux et le politique, la laïcité est une valeur fondamentale pour tout éta qui entend défendre son autonomie par rapport à quelque confession que se soit et laisser chacun décider de sa propre appartenance à tel ou tel culte. Elle est souvent inscrite dans la Constitution des nations modernes, notamment lorsque comme en France en 1905, se trouve décrétée par la séparation des Eglises et de l’Etat…
Synonymes :
Contraires : Théocratie.
Par analogie : Absolutisme. Apostat. Athée. Bûcher. Charia. Concordat. Créationnisme. Croyants. Culte. Ecole privée. Egalité. Eglises. Etat. Citoyen. Constitution. Conviction. Croyance. Fondamentalisme. Intégrisme. Inquisition. Intégrisme. Lapidation. Laïcisme. Liberté. Loi de 1905. Lumières. Opinion. Politique. Pouvoir. Religion. Religieux. Séparation. Signes ostentatoires. Singularité. Tolérance. Voile.
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Les notions de : Laïcité délibérative. Laïcité multiculturelle. Laïcité dépoussiérée. Laïcité ouverte. Laïcité plurielle. Laïcité rénovée. Laïcité saine. Laïcité tolérante, sont autant de faux fuyants pour ne pas avouer le refus de la laïcité. La laïcité plurielle on sait ce que, c’est par exemple, le Liban et des décennies de guerre civile; (Luis)
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« Pascal donne de la laïcité sa définition la plus rigoureuse.., dégager la vie de l’esprit de la tutelle religieuse, sans pour autant la faire tomber sous la coupe de la politique, ou de l’économie » (L’identité malheureuse. Alain Finkielkraut)
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« L’Etat doit veiller à ce que l’on n’impose d’affiliation religieuse à aucun citoyen, et à ce qu’il ne soit empêché de pratiquer la religion qu’il a choisie ; en second lieu le respect des lois du pays doit être placé au-dessus des préceptes particuliers des religions […… personne ne doit être déterminé depuis la naissance à suivre telle ou telle religion, pour respectable qu’elle soit » (La vie éternelle. Fernando Savater)
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« …avec l’aide de mes collaborateurs, je liquidais dans les régions sous mon contrôle, tout héritage laïc de la République, rétablissant la non mixité dans les établissements scolaires en septembre 1936, rendant obligatoire, l’image de la Sainte vierge dans toutes les écoles…, la célébration des mois de Marie en mai.., A l’entrée et à la sortie de chaque cours les élèves devaient dire : « Avé María purrisima » et les maîtres devaient répondre : « Sin pecado concibida ». (Franco. Mémoires)
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« Mais la caste des croyants n’ayant jamais totalement renoncé à régir monde et les esprits, il suffirait de leur entrouvrir la porte pour qu’on ne puisse plus la refermer avant longtemps. Qui ne voit l’oppression des femmes sous la charia ? Les pressions insidieuses qui menacent l’avortement ? L’autocensure permanente quand il s’agit des religions ? L’interdiction du blasphème sous peine de procès, ou pire, de fatwas ? Diderot a d’abord connu la prison de Vincennes pour s’être moqué des autorités, et toute sa vie il a craint d’y retourner. Mais cela ne l’a pas empêché de fourbir l’arme redoutable qu’est « l’encyclopédie » contre les marchands d’illusions et de superstitions…… Souvenons-nous des leçons de notre frère Diderot, il y va de nos libertés ». (Elisabeth Badinter)
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Le principe de laïcité n’existe pas tel que nous l’entendons (en France) dans tous les pays d’Europe. La royauté en Angleterre détient des pouvoirs temporels et intemporels, la reine d’Angleterre est aussi chef de l’Eglise Anglicane. La Grèce précise la dominance de la religion orthodoxe dans. L’Irlande se place sous le patronage de la Sainte Trinité ! Ce qui met encore plus en évidence les risques d’une fédération européenne qui redonnerait du poids aux dogmatismes.
Le projet de Constitution européenne (De 2005) était en totale contradiction avec notre Constitution lorsqu’il stipule, page 4, alinéa 2 : »Nous nous inspirons de notre religion », et nous sommes en désaccord aussi avec l’article 2-10 page 49 qui dit : « Toute personne a le droit de manifester sa religion, ou sa conviction en privé, et en public » ! Ce qui pour nous Français est en total désaccord avec le Loi concernant « Les signes ostentatoires d’appartenance religieuse dans les lieux publics » (Luis)
Interviewé par le journal La croix en mai 2016 le pape François ne peut s’empêché d’attaquer la laïcité, il parle de « La petite critique que j’adresserais la France à cet égard est d’exagérer la laïcité […..] je crains que cette approche qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore »« Les Lumières restent un souvenir, un traumatisme encore indépassable pour l’Eglise à notre époque, c’est la « Shoah » des catholiques ». (Luis)
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« La laïcité c’est aussi éviter de blesser les susceptibilités » (Marielle de Sarnez. Ex bras droit du MoDem »
Il y a des critiques en Europe du modèle de Laïcité à la française. La plus virulente récemment vient d’un quotidien Polonais, d’un pays où la religion catholique est la religion d’Etat, un pays où les autres religions, autres communautés ont eu tant à souffrir, nous rappelons du comportement des Polonais lors du Ghetto de Varsovie en 1943.
En 2005 (dans le projet de Constitution il était écrit dans le préambule que les européens avaient des valeurs en référence à la religion catholique (rechercher le texte exacte)
L’Europe telle que nous la voyons aujourd’hui n’est pas un rempart pour la laïcité. Si demain (qu’à Dieu ne plaise) nous perdons notre souveraineté dans une fédération européenne, c’en est fini de la laïcité. Les intégristes de l’Europe qui se battent pour une Europe fédérale, on déjà renié cette valeur que la France a toujours défendu, la Laïcité. (Luis)
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Les allemands observent l’évolution du modèle français, six Landers vont s’inspirer de modèle, alors que chez eux le problème n’est pas pour l’instant aussi crucial, car l’immigration dominante est Turque, population déjà pour partie formée à la Laïcité depuis leur ancien leader Atatürk. Mais la CDU et l’Eglise ne veulent pas qu’on élimine les signes d’inspiration chrétienne et qu’on mette la croix sur le même plan que le voile ! L’Allemagne a conservé dans sa constitution ce paragraphe qui date de la République de Veimar (1919) (je cite) : »…dans la conscience du peuple allemand, devant Dieu et les hommes » ! Dans bien des écoles publiques, des religieuses en habit et des crucifix sont autorisés…de plus l’Etat prélève par l’impôt sur les revenus chaque année 55 millions d’euros pour l’Eglise catholique.
Les Anglais au nom du Libéralisme total tolèrent le voile, mais ils maintiennent les populations immigrées dans des ghettos, quartier Indien, quartier Pakistanais, and so on… ! Mais à Eton ou Cambridge on accepte ni voile, ni kippa, ni turban !
L’Italie ne peut affronter cette question tant la religion catholique est présente dans le domaine public…la justice a demandé que la croix soit retirée des écoles publiques, mais certaines écoles passent outre.
Le pape lui-même s’est engagé dans la controverse, il dit : « La mise en cause de nos appartenances religieuses peut être un facteur d’instabilité et par conséquent de conflit », il parle même « d’un risque de Laïcisme » ! (Extraits du Monde diplomatique Février 2002) (Luis)
La Laïcité crée de l’humanisme. L’écrivain Thomas Mann écrit en 1937 (Asservissement à l’Europe) : « Dans tout humanisme, il y a un sentiment de faiblesse, qui vient de la tolérance, du penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot, sa bonté naturelle. Et cela peut en certaines circonstances, lui devenir fatale ! Ce dont nous aurions besoin aujourd’hui ce serait d’un humanisme militant, qui s’affirme et qui serait convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre examen, n’a pas le droit de se laisser exploiter par la fanatisme. L’humanisme Européen est-il incapable d’une résurrection qui rendrait à ces principes leur valeur de combat ». Les croyances doivent-elles l’emporter sur la raison ? Deux religions affichent leur respect de la Laïcité : les Protestants et les Juifs. Récemment le Rabbin Serfatti déclarait : « Que la Laïcité garanti notre liberté religieuse, la Laïcité fut notre salut » ! Voilà un religieux crairvoyant qui rend un bel hommage à la laïcité.
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« Méfions-nous des tribalisations en cours, à partir du clivage religieux, éthique, corporatistes, régionaliste et économique, lesquels détricotent le tissu social». (G. Doriat)
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« Recept Erdogan * issu d’un parti politique musulman, ne souhaite pas rencontrer Benoit XVI, afin de ne pas froisser son électorat » * Premier Ministre turc. (Figaro 3 novembre 2006)
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« Laïcité ouverte », danger des mots, la faille, la brèche, pour l’absolutisme de groupe. *Absolutisme de groupe : Groupe qui utilise les croyances et pensées qui lui sont propres pour juger les autres, et comme référence de tout jugement.
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Célèbre formule de Montalembert : « Quand je suis faible je réclame la liberté au nom de vos principes ; quand je suis fort je vous la refuse au nom des miens ». C’est une citation que jamais je n’oublie quand j’entends l’Eglise espagnole ex-franquiste réclamer aujourd’hui la liberté d’enseigner à laquelle elle a fait si efficacement obstacle durant la dictature » (La vie éternelle. Fernando Savater)
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« La valorisation excessive des différences conduit à la guerre », dit Henri Pena Ruiz, « et, une absence de reconnaissance des différences conduit au sectarisme ».
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« L’opposé de la Laïcité n’est pas la religion. L’opposé c’est le laisser faire, le laxisme, sans cesse il faut recentrer le curseur » (Genevève Doriat)
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« Quelques hommes, dont Jean Macé et Emmanuel Vauchez ont lancé en 1886 une pétition pour la laïcité à l’école. Ils demandaient un sou et une signature, « Le sou contre l’ignorance ». Ils recueilleront 1.600.000 signatures ; et le gouvernement créera une commission pour aborder cette question, commission à la tête de laquelle il nommera un évêque, Monseigneur Dupanloup »
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En 1756 Rousseau dans une lettre à Voltaire écrit : « Je suis indigné, comme vous, que la foi de chacun ne soit pas dans la profonde liberté, et que l’homme ose contrôler l’intérieur des consciences où il ne saurait pénétrer »
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Déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789. Art. 10
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi »
Le 18 février 2014 François Hollande s’est rendu à la Grande Mosquée de Paris pour inaugurer un mémorial en l’honneur des combattants musulmans morts pour la France entre 1914 et 1918 [……] C’est considérer les musulmans comme simplement des musulmans et non comme des citoyens, […] pourquoi pas demain se recueillir sur le mémorial des combattants athées, des combattants homosexuels, des combattants végétariens, etc. (Luis)
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« L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal » Déclaration du Président de la République, Nicolas Sarkozy, (Discours de Latran, décembre 2007) Ces propos vont soulever un débat. Le Président d’un pays dont la laïcité est inscrite dans la Constitution, sort de son nécessaire rôle d’impartialité.
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« La mise en cause de la laïcité prend aujourd’hui des formes insidieuses, qui présentent le paradoxe de la respecter…tout en la redéfinissant. Or ces redéfinitions ressemblent le plus souvent à une contestation radicale qui n’avoue pas son nom » (Henri Pen – Ruiz. Qu’est-ce que la laïcité ?)
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La laïcité est une loi souveraine, soit issue du peuple, non venue de l’extérieur, d’un monarque, d’une loi religieuse. En ce sens elle est un principe catégorique. Est catégorique ce qui ne souffre pas d’exception, sinon elle n’a plus de validité. C’est toujours l’éthique kantienne, le singulier face à l’universel ; la laïcité n’est pas le mieux de quelques uns mais le mieux de tous. La remise en cause du principe de laïcité n’est pas sans rapport avec une tendance comportementale, « mon droit » serait un droit civique, ou le singulier n’a que faire de l’universel, c’est la tendance « génération j’ai le droit ».
La laïcité vise l’universalité et pas l’addition des singularités.
Pour ceux qui ne souhaitent surtout pas qu’on apporte des modifications à la laïcité il y a, être l’AFL (Union des Familles Laïques), il y la libre pensée, ces derniers souhaitent que soit supprimé le concordat Alsace Moselle, (Ceci déjà afin de mettre à égalité les quatre religions dominantes), puis, que soit supprimés le financement des écoles privées, que soit rétablit le principe : « Fonds publics à l’école publique, fonds privés à l’école privée », at. aussi, que soient supprimés les baux emphytéotiques pour les associations cultuelles, que soient supprimées les subventions aux diverses aumôneries, prisons, hôpital, etc.
Les Français qui connaissent leur histoire savent très bien ce qu’il en est du religieux dans le politique, ils se sont affranchis de cette liaison dangereuse. (Luis)
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29 Janvier 2020 Nicole Belloubet, ministre de la justice déclare : « L’insulte à la religion c’est évidement une atteinte à la liberté de conscience. C’est grave » *
C’est valider le droit de blasphème, qui n’existe pas en France.
« Contrairement à ceux qui veulent les diffamer, ni les Lumières, ni les démocraties n’ont été et ne seront jamais des religions ».
Pour une raison toute simple. Toutes les religions se pensent comme des sociétés parfaites, puisque inspirées par Dieu lui-même. Alors qu’au contraire les démocraties libérales issues des Lumières n’ont pas cette ambition délirante de pureté, car ce sont seulement des hommes qui les ont bâties » (Riss. Journaliste à Charlie Hebdo. Edito du N° 1381. 5 janvier 2019)
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« L’Etat doit veiller à ce que l’on n’impose d’affiliation religieuse à aucun citoyen, et à ce qu’il ne soit empêché de pratiquer la religion qu’il a choisie ; en second lieu le respect des lois du pays doit être placé au-dessus des préceptes particuliers des religions… » (Fernando Savater. La vie eternelle)
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Cette année à Béziers la Feria 2015 commencera « évidemment par une messe dans les arènes. Ce sera un office plus majestueux que l’an dernier avec un autel et une croix dignes de ce nom ». Qui s’exprime ainsi ? L’archiprêtre de la Cathédrale de Béziers ? Absolument pas. Le prêtre en charge de la petite chapelle des Arènes ? Non plus. Ces propos sont directement de M. Robert Ménard le maire apparenté FN de Béziers.
La laïcité ou ce vivre ensemble au-delà de nos croyances religieuses, devait un état naturel. Nous avons eu de nombreuses années un exemple qui n’a, hélas, pas perduré, c’est cette petite station balnéaire, qui reste chère à beaucoup, « La goulette », au nord de la Tunisie. Y vivaient dans un climat fraternel les communautés juives avec les musulmans, et aussi des athées, on mangeait ensemble, on se rencontrait dans divers lieux, nombres de Tunisois venaient déguster la cuisine juives des nombreux restaurants, il n’en reste qu’un seul. (Luis)
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Lors des âpres discussions pour la loi de 1905, il faut rappeler que la majorité des catholiques de France étaient favorables à cette loi, et encore plus, pour les juifs de France. Ce qui nous dit, que ce sont les cléricaux qui sont le plus opposés à la laïcité. (Luis)
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« En occident, des siècles de souffrances et d’injustices, mais aussi de luttes, ont été nécessaire pour qu’on en vienne à reconnaître la laïcité comme légitime. Et encore il semble que cette reconnaissance ne soit pas totalement acquise, comme le montrent les débats récurrents sur sa définition ; Tous adhèrent à la laïcité ou presque, mais parfois à condition de l’entendre d’une manière telle qu’on y perd de vue les exigences constitutives. D’où la prolifération d’expressions qui la relativise sous prétexte de la « rénover », d’en « dépoussiérer le concept », comme les notions polémiques de « laïcité plurielle », « laïcité ouverte », « laïcité délibérative », etc… » (Henri Pena Ruiz. Qu’est-ce que la laïcité ? »
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La loi de 1905 n’est pas une loi faite, pour les chrétiens, les juifs, les musulmans, les agnostiques, les athées, c’est une loi pour les citoyens. (Luis)
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En Autriche l’article 108 du code pénal prévoit des sanctions contre, (je cite) tout « dénigrement des préceptes religieux ». En 1986 le tribunal d’Innsbruck a engagé des poursuites contre la projection d’un film (Le Concile d’amour) …. Les juges ont assimilé les attaques contre une croyance religieuse à une mise en cause des droits d’autrui. Ca qui a été confirmé par la cour européenne de des droits de l’homme » (Luis)
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La religion réduite à une compensation, et reconnue d’utilité publique ? Napoléon, que ne hantait pas une foi très vive, avait expérimenté la recette avec son concordat, qui aujourd’hui encore en Alsace-Moselle fait financer par tous les citoyens, croyants ou non, le culte de certains. Les mauvais coups contre la laïcité n’ont cessé. Voici venir le coup de grâce. Le prétexte en est l’utilisation illégitime d’une rue pour la prière, par des citoyens musulmans instrumentalisés politiquement. Certes la convergence hebdomadaire, vers la même rue, de fidèles de toute la région parisienne est clairement une manifestation en forme de défi. Elle usurpe l’espace public. Mais c’est un cas rarissime. N’importe. C’est une aubaine pour le FN qui se découvre adepte d’une laïcité à géométrie variable, que jamais il n’a invoquée contre les privilèges publics du catholicisme. Une aubaine aussi pour M. Sarkozy, qui s’apprête à détruire la laïcité en raturant la loi de 1905 sous prétexte de faire cesser le trouble. Janus biface, il «libère» la rue… mais accueillera les fidèles dans des mosquées payées par la puissance publique !Notre sauveur fera ainsi coup double. D’une part il se présentera comme le gardien de la sécurité qui a toujours besoin de s’inventer un ennemi : jeunes des banlieues, immigrés, Roms, et maintenant musulmans des caves ou des rues. Funeste recette de la popularité que celle qui nourrit les peurs collectives ! D’autre part, le rétablissement de l’ordre public sera un prétexte pour faire payer aux contribuables des lieux de culte que ne devraient financer que les croyants. Il fait ainsi croire que le seul problème réel est celui de l’intégration religieuse alors que la population visée souffre avant tout d’exclusion sociale et économique. Parler de l’islam sans le distinguer de l’islamisme politique, pourtant groupusculaire, est inadmissible. On prétend adapter la laïcité aux religions. N’est-ce pas plutôt à celles-ci de s’adapter à la laïcité, vecteur de liberté et d’égalité ? A-t-on jamais demandé aux droits de l’être humain de s’adapter aux coutumes ? Ce serait supprimer un levier d’émancipation. Les femmes en savent quelque chose, qui souffrent encore des préjugés machistes longtemps sacralisés par les religions du Livre. Ceux qui combattent la laïcité pour restaurer leurs privilèges perdus, et non une spiritualité désintéressée, se frottent les mains. Le scénario actuel les comble. – Premier temps : l’invention de la notion insultante de laïcité ouverte, ou positive. Parle-t-on de justice «ouverte» ? Ceux qui refusent l’égalité de traitement des croyants et des athées militent pour que les religions soient reconnues d’utilité publique. Cela les conduit à affubler la laïcité d’adjectifs polémiques et à la prétendre hostile aux religions. Deuxième temps : le brouillage de la distinction entre cultuel et culturel. Puisque la loi laïque réserve l’argent public à ce qui est d’intérêt général, comme par exemple la culture, le rapport Machelon propose que le financement direct de la culture assure le financement indirect du culte. La ficelle est grosse. On dira que certains élus le font déjà. Mais l’infraction à la loi n’appelle nullement sa suppression. Qui propose d’abolir les feux rouges sous prétexte que certains les grillent ?
Troisième temps : le paravent du secours aux musulmans des caves. Comment déguiser une restauration de privilèges en bonne action égalitaire ? Par l’invocation d’un mythe : la pénurie supposée des lieux de cultes musulmans. En 1976, on recensait 150 salles de prière. En 1985, 900. Aujourd’hui, 2 147. Deux services de prière par jour suffiraient à accueillir tous les fidèles. La rue comme lieu de culte n’est donc pas une fatalité.
Quatrième temps : l’abolition de la séparation laïque. La main sur le cœur on propose de réparer une injustice imaginaire en détruisant la loi de 1905. Quand de l’argent public aura été dépensé pour une mosquée, les tenants des autres religions s’exclameront : «Pourquoi pas nous ?» L’égalité républicaine ne permet pas que l’on donne aux uns ce qu’on refuse aux autres. A ceci près qu’à ce compte-là il faudra financer aussi les libres penseurs, les francs-maçons, les rationalistes, etc. Bref, il faudra communautariser l’argent public.
Jean Jaurès, en 1904, pensait aux retraites ouvrières : supprimer le budget des cultes, c’était transférer à l’Etat des moyens pour mieux assumer son rôle social. Pensons aussi à la santé pour tous. Un citoyen de confession musulmane hospitalisé dix jours, au prix moyen de six cents euros la journée, économise six mille euros si le service public de santé existe. Dans le meilleur des mondes ultralibéraux, il doit les payer, s’il peut, mais l’Etat lui fournit une mosquée. Quand on sait que seulement 18% des citoyens musulmans fréquentent une mosquée, on voit bien qui perd au change !
Il va de soi qu’il faut mettre un terme aux pratiques discriminatoires de certaines municipalités qui empêchent l’acquisition de terrains destinés à des lieux de culte musulmans. La république laïque n’a pas à financer de lieux de culte mais elle doit garantir juridiquement la possibilité d’en construire. Certains agitent l’épouvantail de l’intégrisme et disent : Marianne «Payons, ainsi nous contrôlerons.» Où est l’erreur ? Dans la prétention humiliante d’un tel chantage : voici un lieu de culte, mais attention à ce que vous allez y dire. Où est la faute ? Dans l’oubli de ce qu’est l’état de droit. En république, ce sont les lois qui règlent la liberté de parole. Un prêche qui incite à battre une femme est un délit : incitation à la violence. Peu importe alors que le lieu de culte soit privé ou public, la sanction sera la même. La république laïque ne fonde aucune norme sur un particularisme. Seule compte l’autorité de lois qu’inspire le droit (intégrité physique, égalité des sexes).
Marianne ne s’est pas séparée du Dieu qui la dominait pour le dominer à son tour, mais pour faire disparaître toute domination et tout privilège. Ne sacrifions pas l’universel sur l’autel du particulier. Préservons la laïcité. (Henri Pena Ruiz Qu’est-ce que la laïcité ?)
La Laïcité s’est établie sur le principe qui défini : le singulier, le particulier, et l’universel. Chaque individu est « singulier », et nous formons des groupes de « particuliers », la Laïcité ne connaissant, ne reconnaissant que l’Universel. Ce qui n’exclut pas la richesse de la différence, et n’oublions pas ce que nous disait Nelson Mandela « Les Hommes se ressemble, avant que de différer ». (Henri Pena Ruiz. La laïcité. Flammarion 1998)
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« L’Etat laïque n’est pas l’arbitre des croyances » (Henri Pena-Ruiz)
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Le sempiternel thème du « désenchantement du monde » impute d’une façon paradoxale, à la laïcité, pour tenter de disqualifier, cette autre rengaine sémantique, « de naufrage du sens ». (Luis)
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« Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïc. Il faut une laïcité saine »…… « Une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. (…) Une critique que j’ai envers la France est que la laïcité résulte parfois trop de la philosophie des Lumières….. » (Journal « La vie » : Conversation politique avec le peuple français. (Déclaration du pape François) Le 02/03/2016)
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La 12 décembre 2018 à l’Assemblée nationale un député du groupe politique « Agir » (Antoine Herth) parle de l’Alsace, « terre de laïcité tolérante ». Il y a là quelque chose d’insidieux, car si l’Alsace est terre de « laïcité tolérante », cela laisse à penser que la laïcité n’est pas toujours tolérante. On sent dans ces insidieux propos un refus de principe de la laïcité. La laïcité n’a pas être tolérante ou non intolérante, ce n’est qu’un principe, une valeur, elle est « non adjectivable ».
« Le gouvernement Français est faible dès lors qu’il s’agit de Laïcité. Les enseignants sont seuls face à l’obscurantisme de certains parents et la ministre de l’Education laisse le choix aux enseignants en ce qui concerne les accompagnatrices de sorties scolaires voilées ou pas. L’état a peur. Il serait temps de réagir. Appelons les choses par leur nom. Ce n’est pas parce que l’on est contre le port du voile que l’on est islamophobe. Les victimes doivent rester les victimes et les assassins doivent être punis en conséquence de leurs actes. Et n’oublions pas comme c’est trop souvent le cas que la laïcité est le droit de pratiquer n’importe quelle religion mais c’est également le droit de ne pas croire sans passer pour un mécréant ». (Courrier de François Moureaux. 2017)
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« On tente de nous vendre depuis vingt ans une laïcité adjectivée : « aménagée », « inclusive », « multiple », ou « apaisée ». Une laïcité à géométrie variable. Autant de dérobades et des défaites. Toute adjectivation est une abdication. [….] il en est de la laïcité comme du « je t’aime », toute modification de l’énoncé le démantèle, « je t’aime bien », « je t’aime beaucoup » dévalue le sentiment… » (J.P. Brighelli. Article: Laïcité aménagée, laïcité dépecée. Marianne hors série. Mars 2021)
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Laïque ça veut dire quoi ? « D’abord soulignons que le mot renvoie à deux écritures : laïc et laïque. Comprenons pourquoi: l’origine de ce mot est le terme grec (laos) qui désigne la multitude du peuple devant le temple (fanum): la communauté pro-fane par distinction de la communauté des clerikoï, les clercs qui, dans le temple sont les intermédiaires entre les humains et les dieux. Le pouvoir clérical est le pouvoir d’organiser les rites et les dogmes (opinions) du culte des dieux au sein de l’église (ecclesia- assemblée). Le laos n’est pas le démos (peuple assemblé pour discuter ensemble comment légiférer et gouverner) qui est la communauté politique (de la cité) qui a le pouvoir (démo-cratie). Il y a ainsi les laïcs qui appartiennent à la vie civile, au monde profane et les clercs qui sont les ecclésiastiques. Et puis il y a le mot laïque qui désigne une personne ou une institution ou une idée favorable à la laïcité: ce dernier terme est apparu en France au 19ème siècle (1871 Supplément du dictionnaire de la langue française Littré): « une conception politique et sociale impliquant la séparation de la religion et de la société civile». La laïcité est la neutralité confessionnelle: ni religieux – croyant, (et donc soit athée, soit agnostique, soit sceptique) sceptique ni clerc ayant un pouvoir au sein d’une église). Alors laïque ou pas laïque? est la question de comprendre quelles sont les raisons de s’affirmer laïque? Rendons ici hommage à Michel Serres qui m’a fait comprendre – ainsi qu’à mes élèves – qu’il n’est pas productif (et même contre productif) d’être anti (anti raciste…) car cela divise le groupe en deux qui s’opposent et se font la guerre. La question à se poser n’est pas contre quoi ou qui tu es, mais quel est ton projet pour vivre avec l’autre; ni raciste ni antiraciste mais pour une société métissée? (Le tiers instruit).
Pour la laïcité = non à la tolérance et la bienveillance.
1) La laïcité c’est le respect de la liberté de conscience et de l’autonomie de jugement dit Kant du roi de Prusse Frédéric
2 ) qu’il est un bon gouvernant parce qu’il garantit la liberté de culte dans son royaume (il n’impose aucune religion et, protestant, il garantit aux catholiques le droit de pratiquer leur culte) au nom du principe « ose penser par toi-même » – sapere aude – (liberté de conscience). Kant souligne que ce respect de ce qui fait l’homme en l’homme ( a liberté de conscience) n’est pas la tolérance du roi de France qui, dans son royaume catholique, a promu l’édit de tolérance envers les protestants avec une attitude paternaliste, et une intention d’utilité politique. Comme l’écrivait Voltaire, dans l’article Tolérance de l’Encyclopédie « la tolérance est un moyen de gouvernement pour apaiser les conflits ». La tolérance c’est pour « éviter la guerre de chacun contre chacun » (Hobbes), la guerre civile .De même Mirabeau, en 1789 « Je ne viens pas prêcher la tolérance : la liberté la plus illimitée de religion est à mes yeux un droit si sacré que le mot de tolérance qui voudrait l’exprimer me parait en quelque sorte tyrannique lui-même puisque l’autorité qui tolère pourrait ne pas tolérer ». Il s’agit d’une concession de sa majesté. Alors aujourd’hui quand j’entends « il faut être tolérant », de la part de gouvernants, ou de candidats à la gouvernance en campagne électorale, ou d’ecclésiastiques de religions dominantes dans un pays, ou de voisins ou d’amis inquiets face à des comportements de haine ou de violence à l’égard d’autrui, comportements dits d’intolérance, je suis énervée. Car, d’une part, il y a pour moi, de l’intolérable: tous les comportements qui ne respectent pas l’humanité de l’autre que moi. Sur le plan juridique en 1945 cela a été désigné (tribunal de Nuremberg) crime contre l’humanité, soit quatre registres: viol, esclavage, génocide, déportation. Et, d’autre part, la haine, et le comportement violent qui l’exprime viendrait de la peur. D’ailleurs phobie : peur et haine, xénophobie: de l’étranger, judéophobie: du juif, islamophobie: de l’islam … Alors aujourd’hui sont nombreux les intellectuels (philosophes, sociologues, historiens, scientifiques, écrivains) et les idéologues qui demandent « pourquoi sommes- nous devenus intolérants ? ». Un essai d’une professeure de littérature du 18ème siècle à la Sorbonne, Claude Habib, « Comment peut-on être tolérant ? » suggère que les notions de tolérance et de démocratie sont liées dans l’inconscient collectif. La tolérance c’est soutenir la multiplicité des points de vue. C’est la valeur d’un régime démocratique qui tire sa force du débat et de l’agir. Mais cet acquis démocratique est devenu une norme sociale et alimente le « narcissisme de la bien pensance ». Tolérance tous azimuts, sans rivages. Un philosophe Yves Michaud a écrit en 2016, Contre la bienveillance (disposition favorable à l’égard de quelqu’un). Il analyse ainsi le logiciel de la bienveillance: « assume ta fragilité, ouvre- toi à la dimension sensible de ton être, connecte toi à tous les êtres vulnérables (animaux, enfants, malades apporte leur soin, et bienveillance pour former avec eux une communauté sensible ». Et il souligne que ce logiciel nous place en porte à faux par rapport aux problèmes du moment c’est-à-dire : le terrorisme fanatique, les populismes, les fractures sociales et identitaires, renvoyant aux philosophes du 18ème siècle du Contrat social conscients, eux, qu’on ne fonde pas une politique humaniste sur de bons sentiments mais sur des principes de justice …. Ainsi il souligne que les morales du soin bienveillant n’humanisent pas la politique mais la dissout. Tous les blessés de la vie deviennent des victimes et des assurés qui se plaignent au guichet de l’Etat démocratique pour qu’il prenne soin d’eux. Et les fanatiques (de quelque religion qu’ils soient) les excitent en ce sens.
Pourla laïcité =le respect des religions et non aux fanatismes.
Laïcité = liberté de conscience = cela n’indique pas s’il faut être athée, agnostique, ou religieux et a fortiori pas pour ou contre telle ou telle religion. La laïcité c’est la paix entre les religions. La guerre de religion c’est la guerre entre les cléricalismes et entre les fanatismes théologiens. Lacan avait l’habitude de dire que les théologiens sont des athées: ils prennent Dieu pour un objet ou une personne qu’on cultive et vénère. Ils ne sont pas dans une relation spirituelle avec le divin, le transcendant, mais dans une relation commerciale avec lui. D’où la compétition entre les théologiens, d’où le fanatisme, d’où la guerre.
Je suis impressionnée par les recherches contemporaines d’exégèse et d’herméneutique des textes dits sacrés, (des 3trois monothéismes) par des philosophes et des historiens qui valorisent et une religion et la laïcité de l’Etat …. Ainsi Rémi Brague, spécialiste de philosophie médiévale arabe et juive, professeur à la Sorbonne et à l’institut de théologie orthodoxe, auteur de « La Sagesse du monde » (1999) et « De la Religion » (2018). Bertrand Vergely, spécialiste de Saint Anselme et de Saint Thomas, philosophe chrétien, professeur IEP, se référant à l’existentialisme chrétien de Gabriel Marcel et qui vient d’écrire « Notre vie a un sens » (2019). Catherine Chalier professeure de philosophie à l’Université de Nanterre, convertie au judaïsme, spécialiste de Levinas et qui vient d’écrire « La trace de l’infini » (2018). Frédéric Lenoir (Unesco parrain des ateliers philo avec les enfants): « Socrate, Jésus, Bouddha » (2011). Et avant eux, avec le même engagement théorique pour la laïcité de l’Etat en même temps que pour une philosophie religieuse, Paul Ricœur (dans les revues Esprit, Terre Nouvelle, spécialiste de l’existentialisme chrétien- Gabriel Marcel – et des philosophes protestants –Karl Barth- Jaspers-) et qui a écrit « Soi- même comme un autre » (1990) : mon identité n’est pas une identité originelle ou autochtone mais une identité plurielle .Simone Weil , professeure de philosophie engagée puis ouvrière chez Renault puis partie en Espagne avec les Brigades Internationales… juive convertie au christianisme mystique dont le testament est « Note sur la suppression des partis politiques (1950) » « L’esprit partisan c’est l’obligation de prendre parti, de raisonner selon la loi du pour ou contre qui se substitue à l’exercice de la pensée. Il n’y a pas grande différence entre l’attachement à un parti et l’attachement à une Eglise ». Et Marcel Gauchet, rédacteur en chef de la revue Le Débat qui reprend l’analyse du sociologue Max Weber sur «le désenchantement du monde » dû au recul des conceptions religieuses qui a fait advenir l’individualisme (c’est mon droit; moi je me construis moi-même …) éprouvant pour l’individu (la « fatigue de soi ») qui, alors, cherche à nouveau l’adhésion à une théologie, un grand récit qui le fanatise.
Pour la laïcité =s’opposer à l’oppression cléricale religieuse et aux fanatismes idéologiques Religion a une double racine: religare = relier. Une religion relie les humains entre eux et à une puissance transcendante qui les unit en une communauté de fidèles .Le sociologue Durkheim insistait sur la nécessité de la religion pour solidifier une société divisée par la division – nécessaire- du travail. Et religion c’est relegere : relire : relire les textes dits sacrés et les répéter sans vouloir les interpréter. Les gardiens du temple sont ceux qui ressassent et qui refusent qu’il y ait plusieurs interprétations. Les clercs condamnent les sacrilèges et les fanatiques et se sentent autorisés à tuer les apostats qui changent de religion qui renient..), les mécréants (qui ne croient pas) et les blasphémateurs (qui rient des textes dits sacrés). Et aujourd’hui je suis impressionnée par les recherches et les études théologales pour enseigner une religion et non un fondamentalisme. Delphine Horvilleur rabbin : « En tenue d’Eve » (Grasset 2013) sur la pudeur féminine dans la Bible. « Comment les rabbins font les enfants » (sur la transmission et l’identité juive) (2017). Réflexions sur la question antisémite (Grasset 2019). Et avec l’islamologue Rachid Benzine « Les 1000 et une façons d’être juif ou musulman ». Ce dernier explique «Tout dépend comment on entre dans le texte sacré » L’important c’est de ne pas être idolâtre. Et aussi les études historiennes des croyants qui insistent sur la nécessité d’historiciser et d’anthropologiser les textes sacrés et notamment le Coran. Ainsi Hela Ouardi, musulmane: « Les Califes maudits » (2019), Jacqueline Chabbi, chrétienne, « Lire le Coran autrement » (2019). Ces recherches sont très critiquées par les clercs musulmans (imams, avocats) qui opposent à l’histoire du califat ou du voyage de Mahomet à Médine, le « message divin que Dieu demande à Mahomet de proclamer « (Assif Arif avocat). Et aussi des romanciers Kamel Daoud, Leila Slimani, Amin Malouf … à ma connaissance. « La croyance religieuse est là pour nous protéger de la réalité absurde » (Sartre – La nausée) terrifique et lourde à porter. Mais le religieux radical veut, parce qu’il a l’angoisse du vide- que sa croyance soit la vérité. Alors la croyance devient terreur et violence par rapport à la croyance de l’autre. Le pari pascalien islamiste est : je crois et vous devez croire avec moi et comme moi. « Car si je gagne nous gagnons tous et si je perds je ne perdrai pas tout seul », (Kamel Daoud). Etre laïque ce n’est pas être incroyant c’est vouloir que chacun puisse aller vers sa croyance.
Pour la laïcité= non au communautarisme ni à l’identitarisme =oui au projet d’universalité L’observatoire de la laïcité (crée en 2015) a, pour membre, un philosophe Abdennour Bidar, qui a écrit Une « Lettre ouverte au monde musulman » qui porte sur la place dans la société, d’une religion que le djihadisme voudrait totalitaire « Il y a une urgence aujourd’hui: celle d’une discussion sans concession entre l’islam et l’occident qui lui, non plus, n’est pas très clair sur ce que nous voulons considérer comme sacré : les droits de l’homme ou les droits de Dieu ? ; la liberté d’expression ou la soumission à la loi de Dieu ?. C’est devenu, au niveau mondial un enjeu crucial. Pour l’heure entre un Occident désenchanté et un islam profondément divisé contre lui-même il faut créer sur le sujet un universel partagé ».
La laïcité s’oppose au multiculturalisme qui est multi conflictuel (Georges Bensoussan) – « Les Territoires perdus de la République » (2002) et Bernard Rabet Principal de collège ou imam de l’école laïque ? (2017). Enseigner l’Inquisition, la Saint Barthélemy, les génocides du 20ème siècle, les sciences et leur histoire pour ne plus entendre que la Terre est plate ,et que Dieu a crée l’homme puis la femme en lui prenant une côte, enseigner que les peuples ont des coutumes, des mœurs et des habitudes différentes mais que les uns ne sont pas des sauvages ni des barbares, et que chacun peut exercer sa faculté de jugement, pour savoir qu’il y a des coutumes contraires à l’humanité: esclavage, excision …. Un enseignement laïque est un enseignement qui incite à réfléchir et à questionner, un enseignement qui n’est pas inféodé à une quelconque idéologie.
En 1975 le MRAP (mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix) né en 1950, a changé de nom (validé par l’Unesco) pour s’accorder au multiculturalisme réellement existant (la pluralité des cultures). Il s’est alors nommé mouvement contre le racisme et pour amitié entre les peuples. Il a ainsi accepté que l’antisémitisme – supprimé dans le titre- soit considéré comme un racisme et le sémite comme une race ! Et aujourd’hui les « militants » MRAP mettent sur le même plan antisémitisme, racisme et Islamophobie, alors que « mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus). La laïcité c’est refuser tous les identitarismes. Identité = idem = le même. Alors identité d’origine ? (De terroir ? rural ou citadin ?) de ressemblance ? (noir ou jaune?, pauvre ou riche ?) de religion ? de genre ? de victime ? (colonisé ? racisé ? violé ? déporté ? ou / et fils et fille de ….). En France (après les Etats unis …) se développe ce mouvement identitaire = nous, contre eux. Alors que dans les mouvements revendicatifs passés (il ne s’agit pas d’être nostalgique ni de comparer ce qui n’a pas lieu d’être comparé. Il s’agit de préciser le sens des mots utilisés), nous = tous et toutes = l’humanité commune. Et encore aujourd’hui il y a ceux et celles qui disent « nous » pour parler de l’humain et il y a ceux qui disent nous et eux pour dire « pas de chez nous ».
En 1972 il y a eu le « mouvement des 343 salopes » (avec Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Jeanne Moreau, Marguerite Duras…) disait : « Nous sommes toutes des salopes. Nous avons toutes avorté. Nous voulons le droit à l’avortement pour toutes. » C’était au cours du procès de Bobigny qui a condamné à une peine de prison Marie Claire une lycéenne violée par un garçon de son lycée qui a avorté, aidée par sa mère …En 1968 nous avons défilé en criant « Nous sommes tous des juifs allemands » pour exiger l’annulation de l’expulsion de Cohn Bendit nommé ainsi parce que perturbateur de l’ordre public comme dirigeant du mouvement du 22 mars. Aujourd’hui des manifestants contre l’antisémitisme portent l’étoile jaune des juifs ghettoïques, contre l’homophobie portent le triangle rose des homosexuels déportés, pour affirmer leur refus d’exclure ou de tuer des hommes et des femmes à cause de leur identité. Cela est possible dans une société qui se veut laïque. Franz Fanon proposait en revendiquant « La négritude », que tous ensemble nous criions « nous sommes tous des négros ». Le tous ensemble n’est pas une revendication identitaire (de genre, de religion, de terroir, d’origine, indigène, personnelle). A Grenoble en mars dernier les manifestantes du mouvement décolonial défilaient avec « Touche pas à mon hijab » = tout le contraire de « Touche pas à mon pote » ! De même les réunions « non mixtes » pour élaborer un programme de revendications identitaires contre l’oppression et les dominations. Et les manifestations « décolonisons les arts, les sciences,… », Refusent tout universel partagé laïque
Pour la laïcité : quelles lois ? La laïcité « à la française » n’est pas une religion laïciste ! La loi de 1905. Loi de « séparation des Eglises et de l’Etat » affirme en ses 1° articles : « La République assure la liberté de conscience. La République ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne, aucun culte ». Cette loi ne comporte pas la mot « laïcité » ni le mot « religion » Mais la laïcité (à la française) est celle de la Constitution républicaine: « La République est indivisible, démocratique, laïque, sociale » Ce que ne sont pas les républiques fédérales comme l’Allemagne ou les Etats Unis. C’est ce que souligne Régis Debray dans une conférence au Collège de France en juillet 2016. « L’exception française n’est pas la République. Il n’y a pas que des monarchies et des ploutocraties dans le monde. L’exception française est que la France est le seul pays d’Europe qui fait figurer la laïcité au sommet de la hiérarchie des normes et où le blasphème ne fait l’objet d’aucune disposition pénale. C’est un pays où le sacré n’est pas synonyme de religieux au sens où on n’évoque aucun être ou événement surnaturel (Dieu ou le grand Etre) ou une révélation quelconque ». C’est un pays de l’interdiction des signes religieux à l’Ecole et dans les services publics, (l’interdiction du voile intégral dans l’espace public obéit au motif d’ordre et de sécurité). C’est là le « pari laïque ». Le pari qu’une société sans dogme ni prophète ni messie n’est pas condamnée à l’angoisse du vide ni à l’anorexie. Qu’il incombe au libre arbitre de chacun de faire le plein d’imaginaire, de fin ultime, de sens, de transcendance … Pari optimiste sur l’aptitude des individus à inventer leur Contrat social fraternel et solidaire avec la transcendance de la fraternité et de la solidarité humaines ».
Ainsi dans une République laïque il faut distinguer service public et espace public. Les services au public sont une fonction de l’Etat laïque doivent être rendus sans négligence et avec conformité au contrat passé entre l’individu et l’Etat. Un fonctionnaire (individu en fonction) de service public est « tenu à un devoir de réserve pas d’ostentation identitaire) lié au principe de neutralité (pas de signes d’appartenance, ni d’adhésion à …). Quand j’étais professeure il m’était interdit d’entrer au lycée avec un logo – faucille et marteau ou foulard palestinien, ou la pile Wonder ne sert que si l’on s’en sert ….. ni même avec un journal sous le bras. Et je trouvais cela légitime – et pas seulement légal – parce que je pensais (instruite par Sartre !) que je n’avais pas à afficher ni dans le service public ni même dans l’espace public une identité religieuse ou politique – qui évolue. « L’enfer c’est les autres » qui vous figent : Estelle la coquette, Garcin le lâche, Inès l’ambitieuse. Car vous êtes morts alors que « l’existence précède l’essence ».
Les fonctionnaires des services publics montrent l’engagement de l’Etat pour les usagers (Ecole, Hôpital, Police, Armée ….). Ils sont donc responsables devant tous les usagers des valeurs républicaines (res publica) qu’ils pratiquent. Encore Sartre : quand je me marie j’affiche le mariage comme une valeur universelle. Responsable de moi et de l’humanité en termes de valeurs.
Ce pourquoi la loi du 15 mars 2004 interdit les signes religieux ostensibles à l’école, et, pour les fonctionnaires, et, pour les mineurs- qui sont là pour être éduqués à la laïcité. Ce pourquoi la loi de décembre 2019 sur les parents accompagnant des sorties scolaires a mobilisé les indigènes de la République, les décoloniaux, les gauches tolérantes, les droites bienveillants, les « mamans toutes égales » et les contre l’islamophobie = racisme, utilisant l’argument de l’anti discrimination et celui de la confusion entre fonctionnaires et usagers des services publics pour revenir sur la loi de 2004.
Autres cas : les cantines scolaires avec les discussions violentes sur « les menus de substitution » ! Ici à Ivry les doubles menus = la paix sociale entre carnivores et végétariens et religieux et athées ….A l’hôpital a été annulée en 2018 une décision de la cour d’appel de Versailles prise en décembre 20017de résilier la convention de stage d’un étudiant en médecine qui portait « une barbe imposante , manquement à ses obligations au regard du respect de la laïcité et du principe de neutralité du service public SI elle est perçue par les membres du personnel comme un signe ostensible d’appartenance religieuse , même si elle ne s’accompagne pas d’actes de prosélytisme ou d’observations de la part des usagers » .Décision annulée car un médecin peut porter la barbe mais ne peut refuser de soigner une femme en fonction de ses idées religieuses ou autres .. ; Le règles sont les mêmes pour tous les personnels de santé et sont autres pour les aumôniers et les usagers.
A l’assemblée Nationale : une erreur de droit en décembre 2017: François Ruffin député France Insoumise a été condamné à une sanction financière pour avoir porté un maillot de foot en défendant une proposition de loi visant à mieux financer le sport amateur, ceci au nom de la neutralité des fonctionnaires de service public. Or un député n’est pas un fonctionnaire de service public mais un représentant de la nation. Par contre, inversement en juillet 2017 la députée LREM de Mayotte Ramlati Ali a été la cible (et de l’extrême droite et des identitaires de gauche) pour atteinte à la laïcité sur les réseaux sociaux parce qu’elle porte un châle mahorais à l’Assemblée nationale et partout….
Pour les lois laïques à l’Ecole et par rapport aux associations culturelles. Jules Ferry, en 1881, au Sénat : « Nous disons que l’instituteur …. Dans l’intimité quotidienne du maître et de l’élève, dans les plus simples devoirs, dans les conversations qui se tiennent à l’école, dans les récréations scientifiques, dans les promenades géologiques, dans tous ces petits exercices à la fois tyranniques pour le corps et salutaires pour l’esprit que nous cherchons à développer, à faire entrer dans la pratique des écoles primaires, nous disons que l’instituteur enseignera …. Quoi ? une théorie sur le fondement de la morale ? Jamais Messieurs … Mais la bonne vieille morale de nos pères, la vôtre, car nous n’en avons qu’une…. Laquelle ? celle de respect de l’ordre social et de la propriété, de la reconnaissance du mérite, de l’amour de la patrie ». Alors je l’ai beaucoup critiqué : morale de classe ! Et en 1974 j’ai écrit avec d’autres, un petit livre « L’Ecole de Jules Ferry est morte », non pas elle doit mourir, mais elle est morte ; parce qu’elle a failli à sa mission, qui était: réduire les inégalités sociales, réaliser l’égalité culturelle de tous les enfants de France. Et nous disions : « Nous voulons Une école sans curés, une école sans patrons, une école émancipée ». Mais si la critique était juste – je pense du point de vue sociologique – elle ne l’était pas sur la question de la laïcité. Une école laïque doit contribuer à émanciper les enfants des préjugés idéologiques cultuels et fanatiques voire totalitaires (Hannah Arendt) qui confortent les dominations.
En 2019 a été mis en place un Conseil des Sages pour « intervenir sur des problèmes liés à la laïcité rencontrés par des professeurs. Ceux- là devront s’adresser d’abord à leur chef d’établissement qui pourra lui-même se tourner vers « l’unité laïcité » de l’Académie. Ce Conseil comporte des juristes, plus des personnalités. Catherine Kintzler, professeure de philosophie, Patrick Kessel historien. Des questions: laïcité ouverte ? fermée ? Libre ? Radicale ? Des juges de la laïcité au sein de l’Education nationale ? devant lesquels les enseignants devront se soumettre ou auxquels ils devront recourir ? Quel rôle par rapport au Conseil d’Etat juridique ? et par rapport à l’Observatoire de la laïcité ? « Oser penser par soi- même » Au Sénat le 16 mai 2019: approbation des lois votées par rapport à l’Ecole :1) Instruction obligatoire (scolarisation) dés trois ans. 2). Pas de signe religieux ostentatoire pour les parents accompagnant les élèves en voyage ou sortie scolaire. 3). Suppression de l’allocation familiale pour non assiduité scolaire. Questions: 1). Subvention aux écoles privées et confessionnelles qui ne l’ont pas encore réalisé 2). Islamophobie ? 3). Difficultés d’autorité ou de gestion dans les familles pauvres ?
Pour la laïcité = distinguer culte et culture.
Distinguer association culturelle et association cultuelle : une politique culturelle – municipale ou nationale- soutient les associations culturelles mais non les construction des mosquées. Cela a toujours été la ruse des Eglises qui combinent les deux pour être subventionnées par la commune ou / et par l’Etat
Le facteur culturel devient le cheval de Troie de l’idéologie identitaire indigéniste et de l’islamisme = parler de mœurs, de culture, pour transférer vers le culturel et l’anthropologique ce qui relève du culte religieux. L’excision est une pratique culturelle ….Le voile idem ….les menus halal…: il s’agit de faire passer l’observance de règles religieuses comme des règles coutumières et donc l’appartenance à cette communauté religieuse comme une identité. Ainsi le problème des crèches culturelles et festives dans les mairies …le problème des jours d’examen dans les facultés …et aussi des jours fériés ou des jours chômés …. Je suis favorable à toutes les fêtes pour tous …
Conclusion : on n’en fait jamais assez pour la laïcité. Une histoire personnelle: J’ai connu en classe prépa hypo khâgne au lycée Paul Valéry, un très bon élève qui a décidé de partir travailler un mémoire de philosophie sur Babel et l’histoire de la pluralité des langues. A l’Université hébraïque de Jérusalem, il y a été victime d’un attentat palestinien en juillet 2002 En septembre j’ai proposé que la salle de classe des Hypo khâgneux soit nommée, David Gritz, en hommage. Ce fut la guerre des religions parmi les enseignants (et les palestiniens disaient certains …. ? pas d’amalgames disaient d’autres de la hiérarchie)…..Echec …..Mais je reste « optimiste de combat » (Michel Serres) » (Edith Deléage-Perstunski. Professeure de philosophie. 06/06/2019)