Liberté

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La statue de la liberté

Le Grand Robert de la langue Française : Etat d’indépendance, d’autonomie, par rapport aux causes extérieures ; absence, suppression ou affaiblissement d’une contrainte. Etat, situation de la personne qui n’est pas sous la dépendance absolue de quelqu’un …. Absence ou suppression de toute contrainte…

Vocabulaire technique et philosophique de la philosophie, Lalande : (Sens primitif) L’homme libre est l’homme qui n’est pas esclave ou prisonnier. La liberté est l’état de celui qui fait ce qu’il vaut et non ce que veut un autre que lui ; elle est l’absence de contrainte étrangère. (Voir article)

Encyclopédie de la philosophie (Pochothèque) : Etat permettant à un sujet d’agir sans contraintes ou empêchements, en possédant la capacité de se déterminer selon un choix autonome des fins et des moyens les plus appropriés pour les obtenir. (Voir article)

Dictionnaire philosophique. André Comte-Sponville : Etre libre c’est ce que l’on veut. De là trois principaux  du mot, selon le faire dont il s’agit : liberté d’action (si faire c’est agir),  liberté de la volonté (si faire c’est vouloir), enfin liberté de l’esprit ou de raison (quand faire c’est penser)

Trésor de la langue Française : – Condition de celui qui n’est pas retenu prisonnier..
– Etat d’un animal qui ne vit pas en captivité.
– Etat de la nature en tant qu’elle ne porte la marque de l’homme.
Pouvoir que le citoyen a le droit de faire ce qu’il veut, sous la protection des lois et dans les limites de celles-ci. –
La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui… – Etat d’une nation qui reconnaît aux citoyens leurs droits civiles et politiques ou dont les actes et les déterminations sont le fait de citoyens…

Synonymes : Emancipation. Indépendance. Autonomie. Permission. Pouvoir.

Contraires : Assujettissement.  Contrainte. Oppression. Dépendance. Destin. Domination. Esclavage.  Interdiction. Servitude.

Par analogie : Aisance. Autonomie. Dictature. Droit naruel. Elargissement. Franchise. Indépendance. Licence. Latitude. Faculté. Privauté. Indépendance. Libre arbitre. Libre penseur. Relaxe. Statue de la liberté.

Expressions: Avoir le champ libre. Avoir les coudées franches. Briser ses chaînes. Etre libre comme l’air. Liberté de parole. Liberté de penser. Se faire la belle. Souveraineté du peuple;

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« Sauvez la liberté pour qui luttaient vos pères » (Victor Hugo)

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« Voici désormais la raison de ma liberté profonde. Je prendrai ici deux comparaisons. Les mystiques d’abord trouvent une liberté à se donner. A s’abîmer dans leur dieu, à consentir à ses règles ils deviennent secrètement libres à leur tour. C’est dans l’esclavage spontanément consenti qu’ils retrouvent une indépendance profonde. Mais que signifie cette liberté ? On peut dire surtout qu’ils se sentent libres vis-à-vis d’eux-mêmes et moins libres que surtout libérés. … De la même façon (c’est ma deuxième comparaison), les esclaves de l’Antiquité ne s’appartenaient pas. Mais ils connaissaient cette liberté qui consiste à ne point se sentir responsable » (Albert Camus. Le mythe de Sisyphe)

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  • Jupiter : …Egisthe, nous sommes entre rois, et je te parlerai franchement : le premier crime c’est moi qui l’ai commis en créant les hommes mortels.
  • Egisthe : Je n’ai pas de secret…
  • Jupiter : Si. Le même que moi. Le secret douloureux des Dieux et des rois, c’est que les hommes sont libres, Egisthe. Tu le sais, et ils ne le savent pas.
  • Jupiter : …car nous avons la même passion, tu aimes l’ordre, Egisthe !
  • Egisthe : L’ordre, c’est vrai. C’est pour l’ordre que j’ai séduit Clytemnestre, pour l’ordre que j’ai tué mon roi ; je voulais que l’ordre règne, et qu’il règne par moi. J’ai vécu sans amour, sans désir, sans espoir : j’ai fait de l’ordre. Ô terrible et divine passion
  • Jupiter : Oreste sait-il qu’il est libre ?
  • Egisthe :(vivement) : Il sait qu’il est libre. Alors ce n’est pas assez de le jeter dans les fers. Un homme libre dans une ville, c’est comme une brebis galeuse dans un troupeau. Il va contaminer tout mon royaume, et ruiner mon œuvre. Dieu tout puissant, qu’attends-tu pour le foudroyer ?
  • Jupiter : Dans un quart d’heure tu peux être libre, hors d’ici.
  • Electre : Qu’exigeras-tu de moi en retour ?
  • Jupiter : Presque rien. Ce que tu peux me donner le plus aisément : un peu de repentir.
  • Oreste : Prends garde, Electre : ce rien pèsera sur ton âme, comme une montagne (Les Mouches. Jean Paul Sartre)

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« Doit-on respecter la liberté de ceux qui ne respectent pas la liberté » (Albert Jacquard)

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« Nous avons seulement atteint la liberté d’être libres […] car être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».  (Nelson Mandela)

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«  L’homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d’autres individus de son espèce, a besoin d’un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l’égard e ses semblables  [….] il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valables, grâce à laquelle chacun puisse être »  (Kant. Opuscule sur l’histoire. § 2)

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« Liberté signifie que les instincts virils qui s’épanouissent dans la guerre et la victoire prédominent sur d’autres instincts. L’homme qui a acquis sa liberté, bien plus encore l’esprit qui a acquis la liberté, foule aux pieds l’espèce méprisable de bien-être, dont rêvent les épiciers, les chrétiens, les vaches, les femmes, les Anglais et autres démocrates » (Nietzsche. Crépuscule des idoles)

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« La liberté d’un peuple oriente tous les peuples, un innocent aux fers enchaîne tous les hommes… »  (Paul Eluard)

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« A vrai dire, il est bien utile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien au monde plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est donc naturelle ; c’est pourquoi à mon avis nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre » (Etienne de la Boëtie. Discours de la servitude volontaire).

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« Je connais tous les lieux où la colombe loge, et le plus naturel est la tête de l’homme » (Paul Eluard)

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« Nous n’avons pas de liberté » dit Hannah Arendt, et en substance elle nous dit qu’exercer totalement cette liberté contient de nombreux risques que nous ne souhaitons pas affronter. (Emission « Un certain regard » ORTF 1974)

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« A vrai dire, il est bien utile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tord : il n’y a rien de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est donc naturelle ; c’est pourquoi, à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec passion pour la défendre »
« Les hommes nés sous le joug, puisque nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvé ; ils prennent pour leur état de nature, leur état de naissance »
« …On ne regrette jamais ce qu’on a jamais eu. Le chagrin ne vient qu’avec le plaisir et toujours, à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne »  (Discours de la servitude volontaire. Etienne de La Boétie)

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« Plus on prendra de soin pour ravir aux hommes la liberté de parole, plus obstinément ils résisteront »  (Spinoza)

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« Il n’y a pas de liberté absolue, on est obligé de se compromettre »  (Merleau Ponty) 

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« Dès lors j’affirme qu’à tout être raisonnable qui a une volonté, nous devons accorder nécessairement aussi l’idée de la liberté, sous laquelle seulement il agit ». (Kant. Fondation de la métaphysique des mœurs)

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« Les hommes furent pensés comme libres, pour pouvoir être jugés et châtiés »  (Nietzsche. Crépuscule des idoles)

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« la liberté humaine a donc besoin d’être protégée : voilà le grand mot. « La condition de la liberté humaine étant telle, il lui fallait une protection; il lui fallait des aides et des secours capables de diriger tous ses mouvements vers le bien et de les détourner du mal : sans cela le libre arbitre eût été pour l’homme une chose très nuisible. » (J Maritan. Primauté du spirituel. 1927)

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« En période de confusion – politique, économique, ou les deux à la fois comme actuellement – on dénote toujours une tendance naturelle à se tourner vers tout ce qui peut contribuer à se réserver un terrain solide sous les pieds. Et si l’on mettait les gens en mesure de choisir entre  la sécurité et la liberté, la plupart choisiraient la sécurité. Cette circonstance, illustrée dans les faits par un ensemble de promesses décevantes…, contribue très largement à l’extension du communisme »   (Les sources de la morale occidentale. Georgia Harkness.1954)

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« On apprécie davantage le goût d’être libre quand on est jeune, parce que c’est exceptionnel et tellement rare qu’on en profite. En fait on devient vieux lorsqu’on s’habitue à cette liberté » (Interview. Article : Dans la tête des ados. Philosophie magazine N° 148)

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« L’Être libre choisit ses contraintes » ( ?)

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« Il y a de plus en plus de gens qui préfèrent vivre en liberté dans un zoo, que libres dans la jungle »   (Réplique dans le film : et de l’herbe et des fleurs. Films d’Argile 2021) Si Socrate n’avait pas bu la ciguë le monde d’aujourd’hui serait en tout points ce qu’il est. Mais, on peut aussi penser, que si nous avons connu un grand  progrès de nos libertés, cela est dû au fait qu’il y eu des « Socrate »        (Luis) 

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« Il y a de plus en plus de gens qui préfèrent vivre en liberté dans un zoo, que libres dans la jungle »  (Réplique dans le film : et de l’herbe et des fleurs. Films d’Argile 2021)

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Liberté naturelle : droit que la nature donne à tous les hommes de disposer de leurs personnes & de leurs biens, de la manière qu’ils jugent la plus convenable à  ,leur bonheur, sous la restriction qu’ils le fassent dans les termes de la loi naturelle, & qu’ils n’en abusent pas au préjudice des autres hommes.
Les lois naturelles sont donc la regle  & la mesure de cette liberté ; car quoique les hommes dans l’état primitif de nature, soient dans l’indépendance les uns à l’égard des autres, ils sont tous sous la dépendance des lois naturelles, d’après lesquelles ils doivent diriger leurs actions. Le premier état que l’homme acquiert par la nature, & qu’on estime le plus précieux de tus les biens qu’il puisse posséder, est l’état de liberté ; il ne peut ni se changer contre un autre, ni se vendre, ni se perdre ; car naturellement tous les hommes naissent libres, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas soumis à la puissance d’un maître, & que personne n’a sur eux un droit de propriété. En vertu de cet état, tous les hommes tiennent de la nature même, le pouvoir de faire ce que bon leur semble, & de disposer à leur gré de leurs actions & de leurs biens, pourvu qu’ils n’agissent pas contre les lois du gouvernement auquel ils sont soumis.
Chez les romains un homme perdoit sa liberté naturelle, lorsqu’il étoit pris par l’ennemi dans une guerre ouverte, ou que pour le punir de quelque crime, on le réduisoit à la condition d’esclave. Mais les chrétiens ont aboli la servitude en paix & en guerre, jusqu-là, que les prisonniers qu’ils font à la guerre sur les infidèles, sont censés des homme libres ; de manière que celui qui tueroit un de ces prisonniers, seroit regardé & puni comme un homicide. De plus, toutes les puissances chrétiennes ont jugé qu’une servitude qui donneroit au maître un droit de vie & de mort sur ses esclaves, étoit incompatible avec la perfection avec la religion chrétienne appelle les hommes.
Mais comment les puissances chrétiennes n’ont-elles pas jugé que cette même religion indépendamment du droit naturel, reclamoit contre l’esclavage des nègres ? C’est qu’elles en ont besoin pour leurs colonies, leurs plantations & leurs mines. Auri sacra fames ! (Excecrable soif de l’or. Virgile). (Liberté,  Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)

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« Renoncer  sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. [….] une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, et c’est ôter toute responsabilité à sa volonté » (J.J.Rousseau)

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Débat :               «  Qu’est ce que la liberté ?  »                   21 janvier 2022
1° Plusieurs façons de traiter la question Qu’est ce que …Parle t’on  de liberté essentielle ou  de liberté existentielle ? liberté d’exister comme ci ou comme ça …. Définir la liberté (son essence) : question philosophique. Raconter la liberté (son existence = ses manifestations concrètes) : question littéraire.
Sartre s’est interrogé sur « Les chemins de la liberté » et amontré dans ses pièces de théâtre dit théâtre de situation (Huis clos 1943, Les Mouches 1944, La Putain respectueuse1946 ….) que la liberté n’est jamais totale, qu’elle est toujours en situation « Nous avons nos problèmes, celui de la fin et des moyens, de la légitimité de la violence, celui des conséquences de l’action, celui des rapports de la personne et de la collectivité, de l’entreprise individuelle avec les constantes historiques et autres choses encore ». Et dans « l’Être et le Néant », il argumente   que la liberté, si elle est radicale  (à la racine de tout être humain), elle  est toujours en situation (jamais totale) et même temps qu’une situation n’est jamais absolument déterminante, qu’elle est assumée d’une certaine façon par une liberté, d’une autre façon par une autre liberté. Et mieux encore qu’au cours d’une vie ma liberté peut assumer des situations semblables de plusieurs manières.
Cela correspond à mon histoire concrète individuelle et à mes façons de me relier à l’Histoire collective : je suis libre et j’assume différemment cette liberté  en de multiples situations existentielles.
2° S’agit-il de liberté ou de libération ?
La liberté n’est pas un état de fait, elle résulte d’un mouvement, d’un  processus de libération par rapport à  tout  ce qui l’entrave (à toutes les chaînes). « On ne naît pas libre, on le devient » en retournant la formule de Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme on le devient ».  Par exemple la devise  de la République française « Liberté, Egalité, Fraternité, »  n’est pas apparue par hasard; elle est déterminée en ce sens qu’elle est issue de la Révolution française, mais elle n’est pas le résultat d’un déterminisme. En effet elle apparaît dans le débat public dès 1790, avant la proclamation de la première République, et  si Maximilien Robespierre est le premier à avoir formulé cette devise, on la retrouve également dans la bouche de Camille Desmoulins, au club des cordeliers  en mai1791, et, elle est mise en avant lors de la fête de la liberté en 1792, puis le maire de Paris fera peindre sur les murs de la mairie en 1793 la formule « La république est Une et indivisible. Liberté, Egalité, Fraternité, ou la mort  Donc, (et là je m’appuie sur le travail de l’historienne Mona Ozouf (Dictionnaire critique de la Révolution française 1988), ces hommes ont choisi, l’un après l’autre, de nommer ce qui constitue la première République par cette devise qui, elle, est apparue dans le processus révolutionnaire de l’époque. Ils ont choisi, au cours du même processus de briser les chaînes que la royauté impose au peuple (c’est, entre autres l’abolition des privilèges), et ils choisissent de tisser entre eux et avec ce peuple les chaînes de la liberté», de l’égalité de la fraternité celles qui constituent pour la première fois la République La liberté c’est  la chaîne de solidarités que je réalise avec ce qui m’entoure  et qui me permet non seulement de vivre, d’être un vivant, mais aussi d’exister en tant qu’être humain. Alors la liberté  ce n’est pas le libre arbitre (c’est à dire le seul  pouvoir de choisir  comme si je pouvais être indépendant des chaînes qui m’aliènent), mais c’est  le fait de choisir de briser certaines chaînes et d’en nouer d’autres, celles qui me relient aux autres ; à tous les autres,  et aujourd’hui d’une part,  aux autres vivants, d’autre part aux autres humains.
3° Y a t-il des aides (des aidants?) à la libération ?
La liberté concrètement  n’est pas la même pour tous car les chaînes ne sont pas les mêmes pour tous, selon l’âge, le genre, la situation économique, le statut social, l’histoire  personnelle… Ce que je retiens de la formule de Sartre : « nous sommes condamnés à être libres …mais en situation »  Si la liberté n’est pas l’indépendance par rapport à toutes les chaînes, mais l’autonomie dans les initiatives que nous prenons , alors le choix des chaînes que nous faisons exprime notre « projet ». En plus cela doit sans cesse être réaffirmé car nous sommes sans cesse figés par « les autres », (l’enfer c’est les autres écrit Sartre),  les autres  qui donnent de nous une image définitive, alors que tant que la vie est là, « les jeux ne sont pas faits » et nous pouvons toujours projeter ce que nous voulons pour exister Alors, toutes les réflexions  et discussions sur les modes de vie différents, (sobriété ou consommation abusive), sur la tolérance vis à vis de mœurs et coutumes différentes, sur ce qui relève de la vie privée et ce qui concerne la vie publique, sur la laïcité, sont des réflexions philosophiques sur les choix  de chaînes (de chaînes  à briser pour les unes, à  tisser pour les autres), choix   que chacun fait, que nous faisons  les uns et les autres. Aujourd’hui en tant que « Sénior »  et en tant que « retraitée » (car je suis ainsi cataloguée dans ces catégories), j’ai à choisir quelles chaînes je privilégie pour ne pas être en retrait de l’existence   humaine,  et ce, en fonction de ma situation dans la société:  moi je  n’erre pas  et  je ne galère pas parce que je ne suis pas  suis : « sans emploi, sans toit, sans papiers,  etc. …pour subvenir à mes besoins .Je peux écouter mes désirs … Travailler plus longtemps ? Continuer  des  activités liées à ma formation, à mon métier ?  Réaliser des projets anciens ? Projeter d’autres activités? …….. Or Nous voyons autour de nous et en nous -même combien il est difficile de se libérer des chaînes qui nous enferment et nous étranglent On a déjà réfléchi et discuté sur le processus de « soumission «volontaire », selon la formule de La Boétie: les hommes et les femmes acceptent d’obéir à un maître qui peut être un tyran : ils se soumettent à une autorité qu’ils pensent légitime (soit par habitude  soit par paresse soit par lâcheté soit par crainte de la mort). Alors ?qui m’aide à choisir de me libérer de telles ou telles chaînes ? De telle ou telle aliénation ?  De telle ou telle oppression ?  De telle ou telle exploitation ? Spinoza   parle de « l’effort de la tendance  à persévérer dans son être » (le conatus), non un raisonnement abstrait mais une intuition  cela est l’irrationnel: il s’agit de se laisser porter par l’énergie vitale. Ce qui en plus, dit Spinoza donne de la Joie. C’est vrai, et c’est une vérité d’expérience : se libérer individuellement (et collectivement) procure de l’enthousiasme pour vivre. Mais  ce n’est pas évident pour tous, comme l’écrit Rousseau dans le Contrat Social». Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie pas autre chose sinon qu’on le forcera à être libre. On le forcera à renoncer à son  indépendance (naturelle) pour gagner la liberté (civile : en société).
Alors qui ou quoi peut aider à se libérer ? n modèle? Un éducateur? Un gourou?, un prophète? L’appel à la raison ?  « ose penser par toi-même » (Kant)
L’appel  aux sentiments ? «  Indignez vous « (Stéphane Hessel (2010) : l’indignation est le mobile de toute résistance (au nazisme, à l’occupation, à l’apartheid, aux totalitarismes. Mais, indignation est sélective et fonction de la culture de chacun (préjugés sucés avec le lait maternel ou le biberon) ….
4° Aujourd’hui les limites à la liberté sont nombreuses.
A la liberté de penser : les censures  violentes  par des étudiants de profs de l’IEP de Grenoble (Kintzler)  d’interroger, en cours, le terme « islamophobie ». Et de même l’éviction hors la Sorbonne d’Elizabeth Badinter  venue pour une conférence  pour interroger le terme « féminisme universaliste ». A la liberté pédagogique : les manifestations d’hostilité bruyante à l’égard d’enseignants ( collèges et lycées ) qui abordent dans le cadre de leur programme d’enseignement d’Histoire les relations Palestine – Israël , dans le cadre de leur programme d’enseignement de philosophie le problème de la liberté ( de conscience, intérieure, religieuse( de culte) spirituelle ETC.. cf Rapport OBIN Le rapport Obin, officiellement titré « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », est remis au gouvernement français en juin 2004 par Jean-Pierre Obin, inspecteur général de l’Éducation nationale. Renouvelé  en 2020 le 14 juin) sur la formation des personnels de l’Education Nationale à la laïcité .Après la décapitation de Samuel Paty, prof d’histoire qui a montré les caricatures de Charlie Hebdo dans le cadre de son cours d’instruction civique (au programme de son enseignement)

A la liberté de ton : les assassinats des journalistes de Charlie Hebdo (7 janvier 2015) pour délit de blasphème.

A la liberté artistique : les autocensures de  Présidents d’Université (Lille en 2016) qui refusent le spectacle de  la lettre de Charb «  Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » écrite deux jours avant son assassinat. Et de nombreux directeurs de théâtre … (hommage au théâtre Aleph à Ivry) ; les manifestations violentes pour interdire le spectacle Kanata sur l’histoire des Iroquois  mis en scène par un canadien   du Québec et joué par des  non autochtones .Idem au théâtre du Soleil  lorsqu’il a été repris par Ariane Mnouchkine et joué par sa troupe multiculturelle mais sans indigènes. Idem  lorsqu’à la Sorbonne  en 2019 le spectacle Les suppliantes d’Eschyle  a été annulé par des groupes d’anti racistes  qui ont refusé que les comédiens portent des masques noirs (comme en Grèce…).
A la liberté de parler (cf le harcèlement et les menaces de mort  de Mila, homosexuelle  musulmane qui  crie – sur les réseaux sociaux – son horreur  des partisans d’Allah qui lui reprochent vivement son choix d’identité .
Que faire par rapport à ces comportements liberticides ?
l y a le recours au droit  pour l’égalité réelle des libertés individuelles et pour la responsabilité collective de la paix civile… le recours à la police «  gardienne de la paix civile »  et … le projet de chacun de savoir s’il veut  s’opposer aux crimes contre l’humanité et avec qui il pense pouvoir le faire. (Edith Deléage-Perstunski. Professeure de philosophie)

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Débat :         « La liberté fille de son temps »   (veritas filia temporis).   5 mars 2022
(Extrait) On trouve pour la première fois cette expression chez le grammairien romain Aullu-Gelle (2ème siècle de notre ère), elle sera reprise par Giordano Bruno (Rome 16ème sicle), puis par Francis Bacon dans le Nuevum organum, et celui-ci, à « veritas filia temporis » ajoutera  « non authoritas »
Le philosophe Bergson nous ouvre une piste de réflexion pour une vérité qui dans le temps est vérité dans la réalité d’une époque. «  Toute vérité est une route tracée à travers la réalité »  Ou, si je tente d’interpréter,  elle reste vérité éternelle, en étant vérité d’un temps et de ses réalités.
La vérité qui était au ciel des idées platoniciennes, nous est tombée sur la tête, elle n’était plus alors fille de son temps, elle était stoppée sur « la route tracée » de Bergson, elle était vérité révélée. Elle sera réveillée par les Lumières, elle reprenait son aspect d’éternité (sub specie aeternitas).
Une deuxième piste de réflexion serait de se demander, si elle n’est fille que de son temps, d’usages et traditions, «  Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà » (Montaigne), d’une société donnée, et peut-être quelque peu relative 
Pour Nietzsche, qui a son mot à dire dans l’affaire,  elle est fille libre, non authoritas, elle est « fille de discussion » : « L’évidence la mieux partagée est bien que la vérité, si elle est possible, ne peut être ni le don de la révélation, ni le fruit de l’autorité de la tradition. La vérité est fille de discussion, et non point de la sympathie à l’égard des héritages des mots et des idées ».
Donc là voilà, et, fille de son temps, fille de tout temps, fille de son environnement, et fille de discussion. […]
Elle est concept et valeur intemporelle, et la rendons présente dans notre vie lorsque la vérité nous sert à dénoncer le mensonge, quand elle va réhabiliter la vérité d’un fait, d’une injustice.
Ainsi lorsque fin du 19 ème Dreyfus est accusé de trahison, avec pour juges et proviseurs l’armée et l’Eglise. Un peintre va, par une œuvre allégorique mettre en accusation l’Eglise et l’armée ; c’est le tableau de « La vérité sortant du puits » (Tableau en illustration de cet article) ;
On voit une jeune femme (la vérité) sortant d’un puits, et deux personnages voulant l’en empêcher. L’un des deux personnages porte une épée, un spadassin (l’armée), le second porte une collerette (L’Église). La vérité tient haut un miroir  qui symbolise la vérité éclairant le peuple pour le sortir de l’obscurantisme.
D’autre artistes, intellectuels, oeuvrerons pour la vérité : Delacroix suite aux violentes répressions des événements de 1831, va peindre le célèbre tableau « La liberté guidant le peuple » puis Picasso avec « Guernica, » des intellectuels comme Voltaire, (Affaire Callas) Zola (Affaire Dreyfus) mettrons leur talent au service la vérité, confirmant ainsi qu’elle reste fille de son temps, et de tout temps. (Luis)

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