Littérature

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Une vocation. W.A. Bouguereau. 1896. Cleveland Museum of Atys.

Le Grand Robert de la langue française : Ensemble des connaissances, culturelles, générales, en particulier en ce qui concerne les lettres.
Ensemble des œuvres écrites, dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques reconnues pour telles dans le milieu social où elles circulent : les connaissances, les activités qui s’y rapporte.
Ensemble des œuvres, des textes littéraires
Ensemble des connaissances concernant les oeuvres littéraires

Synonymes : Belles lettres

Contraires : Oralité.

Par analogie : Auteur (e) . Bibliothèque. Bouquin. Conte. Culture. Essai. Ecrits. Écriture. Écrivain. Fiction. Héros. Héroïne. Histoire. Homme de lettre. Intrigue. Lecteur. Lectrice. Lecture. Légende. Livre. Mots. Mythologie. Nouvelles. Oeuvres. Personnages. Prix littéraires. Roman. Romancier. Roman policier. Récit. Romantisme. Rythme. Style. Syntaxe. Textes.

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Anatole France évoquant Guy de Maupassant « Il est le grand peintre de la grimace humaine. Il peint sans haine et sans amour, sans colère et sans pitié, les paysans avares, les matelots ivres, les filles perdues, les petits employés abêtis par le bureau et tous les humbles en qui l’humilité est sans beauté comme sans vertu. Tous ces grotesques et tous ces malheureux, il nous les montre si distinctement que nous croyons les voir devant nos yeux et que nous les trouvons plus réels que la réalité même » (Anatole France. La vie littéraire, 1ère série. Article : Monsieur Guy de Maupassant)

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«  Mais le plus diabolique de tous, le Lucifer de la littérature, c’est Balzac. Il a imaginé tout un monde infernal, que nous réalisons aujourd’hui. C’est sur ses plans que nous jaloux cupides, violents, injurieux et que nous ruons les uns sur les autres, avec une furie homicide et ridicule, à la conquête de l’or, à l’assaut des honneurs…. Le romancier bien inspiré prend pour ses héros les inconnus que l’histoire dédaigne, qui ne sont personne et qui sont tout le monde, et dont le poète composes des types immortels »  (Anatole France. La vie littéraire, 1ère série. Article : Balzac. Cercle du bibliophile. 1970)

« Si il n’y a pas d’écriture dangereuse, il n’y a plus d’écriture » (Douglas Kennedy. La grande liobrairie 18. 05 2023)
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Débat :                                 « A quoi sert la littérature ? »
Nous ne pouvons aborder  l’écrit, sans évoquer toute la tradition orale qui fut sa base. Quand les œuvres écrites deviennent accessibles à un plus grand nombre, elles fixent les légendes, les mythes, les histoires véhiculées par des conteurs, des troubadours, Aèdes chez les grecs …
Déjà les conteurs suscitent par de simples évocations, des peurs, des enthousiasmes. Toute notre littérature de base reprend les écrits les plus anciens, tel le Véda en vieux Sanskrit qui va influencer «le Livre» et la mythologie grecque que nous transmettrons Homère, Sophocle…
Se pose alors aujourd’hui la question quand à la façon d’amener les enfants à la lecture : ou en partant du centre de ce cercle, où sont les références indispensables, pour savoir ce que signifient  : « Le cheval de Troie », « Aller de Charybde en scylla », « Se battre contre les moulins à vent », « La peau de chagrin»…ou, les amener à la lecture par des écrits plus légers, plus ludiques, en périphérie, pour les entraîner peu à peu, vers ces connaissances de bases qui nous permettent d’appréhender toute la littérature.                                                          
« La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes des gens des siècles passés, » qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que le meilleur de leurs pensées». Mais est-ce bien la démarche d’un lecteur de chercher à connaître l’auteur du livre qu’il lit ? Certains auteurs ne sont en rien définissables au regard de leurs œuvres. Comment imaginer l’auteur d’un livre de science fiction ? Des livres policiers sont écrits par des dames bien sages, très anonymes parfois. Une auteure comme Régine Desforges, écrivain éclectique, est difficilement cernable; ses oeuvres vont du conte pour enfants, au livre sur la broderie, sur la cuisine, livres érotiques, romans. Même si on adore les œuvres de Sacha Guitry, le théâtre de Jean Anouilh, on préfère ne pas trop en savoir sur leur complaisance avec l’occupation allemande ; et même si l’on est obligé de reconnaître parfois du talent à Barrès, à Céline, a-t-on intérêt à connaître ces hommes. Paul Claudel dans une opinion tranchée, dit que les écrivains peuvent difficilement être saisis à travers leurs œuvres, car écrire peut créer une personnalité qui échappe pour partie à l’auteur lui-même : «La plupart des hommes de lettres ont été des monstres d’égoïsme et de vanité. Lalittérature dessèche le cœur, elle nous habitue à nous regarder, à nous servir de nos sentiments comme des matériaux à les exagérer et les fausser, à les exposer devant le public en vue d’un effet à produire. Un auteur est un acteur toujours en scène et toujours préparé à utiliser ce qu’il sent ». Peut-être se décrivait-il? Vouloir connaître un auteur à travers son œuvre ne peut qu’enrichir. Attention toutefois que ce ne soit pas regarder le doigt  quand on vous montre la lune.. La littérature est devenue un tel marché qu’elle se doit d’obéir aux lois marchandes. Ce qui nous donne des battages publicitaires sur les nouveaux livres, les livres de rentrée, mes prix qui parfois ne nous enchantent pas. (Luis)

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« La littérure est un champ d’expérience existentielles » (Monique Canto Sperber. La grande librairie. 18.05.2023)

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 «  Apprendre à déchiffrer les mots, pouvoir les utiliser soi-même, cela donne forme au pouvoir entre les hommes. La littérature  vous guérit ainsi de l’isolement et du désespoir » (Kenzaburo Ôé. Ecrivain japonais)

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« …mieux que n’importe quelle technique de management de modèles rationnels, la littérature offre une incomparable approche de la complexité humaine. Le grain de l’analyse est assurément plus fin quand on ne se laisse pas abuser par des algorithmes (………) Force est de conclure que la littérature, parce qu’elle résiste à la simplification requise par toute modélisation, serait un judicieux recours pour sauvegarder en l’homme la dimension de l’humain que lui contestent ses machines. Mais, quelles oreilles peuvent encore entendre pareille conclusion ? Une conclusion a laquelle Georges Steiner prêta jadis sa plume dans ces termes : « Il y a, indéniablement, une vision plus aiguë de l’homme dans Homère, Shakespeare ou Dostoïevski que dans mble des statistiques ou de la neurologie. On a rien découvert en génétique qui contredise ou surpasse ce que Proust savait de la fatalité et du poids de l’hérédité ; chaque fois qu’Othello nous remet en mémoire la rouille qu’apporte la rosée au brillant de la lame, la réalité éphémère et charnelle dont nos vies sont pétries s’impose à nous ave une intensité à laquelle les démonstrations ou les projets de la physique ne peuvent atteindre. Aucune évaluation sociométrique de l’ambition ou des manœuvres politiques ne tient devant Stendhal » (L’homme simplifié. Jean-Marie Besnier. Fayard 2012)

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   Tout au long d’une vie de lecteur, qui, n’a pas rencontré, au hasard de ses lectures, des textes, des passages qui nous interpellent, qui allument une petite émotion, qui font qu’un instant où, plongé dans la réflexion on suspend la lecture, le livre toujours à la main, on se repasse cette phrase, ce passage.  De ces petits passages, voire, petits bouts de textes qui  restent en mémoire bien longtemps après ces lectures ? Ce sont de belles figures de style, des envolées, voire de lignes de belle impertinence, des lignes qui retiennent notre attention, ce qu’on appelle de la « belle écriture ». (Luis)

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 « Elle a appris à lire à l’âge de seize ans. Elle a eu la sensation de naître quand elle a touché l’alphabet  (Braille), d’apprendre à respirer. Ensuite sont venus les mots, puis les phrases [….] Chaque mot est une gorgée de chaleur qui l’enivre joyeusement. Avant la lecture, Hélène ressemblait à Jeanne, l’héroïne de Maupassant, enfermée dans un couvent. (Avant elle) avait toujours le sentiment de rester à la surface des choses, des gens. En lisant, elle croque dans un fruit qu’elle a convoité pendant des années… Avant, la lecture se résumait à des gestes quotidiens, habituels, qui la plongeait dans un profond sommeil à la fin de la journée, comme un cheval de trait abruti de fatigue. Maintenant ses nuits sont peuplées de rêves, des personnages, de musique, de paysages de sensations »    (Les oubliés du dimanche. Valérie Perrin)

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Au détour d’un roman, on trouve des textes d’évasion de l’esprit. Dans un roman lu récemment, un homme loin de chez lui a la nostalgie de son pays, Séville ; il raconte à un ami, et c’est déjà une image : « A Séville, le ciel est si clair qu’on voit jusqu’à l’océan et même, certains jours, j’ai vu les femmes de l’Atlantide qui allaient acheter des petits rougets au marché. »  (No es elegante matar a una mujer descalzada ». Raúl del Pozo. Planeta. 1999)

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« Dans le silence de mes cahiers, un monde a germé qui ressemble plus au moins au nôtre, un monde fait de bric et de broc, notre héroïne s’y niche entre les lignes…Amalgame de mots et de matières, Lola, devenue personnage, se lèvera dans l’esprit des lecteurs à l’image de ce qu’il voudra, de sa sœur, de son amie, de sa cousine. … Nous faisons notre choix en lisant, Lola sera un bouquet composé à partir de quelques mots écrits et de vos propres souvenirs, de vos matériaux intimes. Elle sera notre œuvre commune, notre enfant, conçue dans le mitan du livre où nous dormons ensemble, lecteur et auteure, mêles dans un même nid de ronces »  (Les roses fauves. Carole Martinez.)

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« Même quand je lisais l’un des romans dont la bibliothèque était riche […] – il me semblait éprouver en moi le frémissement des dames qui l’avait choisi : leurs yeux avaient parcouru les mêmes lignes, s’étaient hâtés de tourner les pages aux mêmes péripéties, elles avaient ri aux mêmes reparties, quelque chose d’elles s’était glissé dans ces mêmes phrases….) (La lanterne d’Aristote. Thierry Laget)

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 «  Voyez, par exemple, ce qu’il advint à Don Quichotte pour avoir dévoré les quatre volumes d’Amadis de Gaule et une douzaine d’autres beaux romans. Ayant lu des récits enchanteurs, il crut aux enchantements. Il crut que la vie était aussi belles que les comtes, et il fit mille folies qu’il n’aurait point faites, s’il n’avait pas eu l’esprit de lire »  (La vie littéraire. 1ère série. A Monsieur Adrien Hébrard. Anatole France)

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Le roman contient des segments, des représentations de notre monde actuel. Le roman et ses fictions, souvent  nous met de plain-pied dans cet univers qui nous entoure et ceci dans ces aspects qui ne sont pas de notre ordinaire, de notre environnement. Le roman nous parle de la société. C’est pourquoi souvent j’arrête la lecture d’essais, pour aller ce monde, ce monde qui se fait, ce monde comme il va, et de là, m’ouvrir à ce monde. « Nous sommes  » écrit Delphine Horvilleur, » pour toujours les enfants de nos parents , mais aussi et pour toujours, les enfants de ce que nous avons lu« [….] mais nous Luis)

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Le moi est inconnaissable pourrait être, et est pour des philosophes  un postulat, (On pense à David Hume, bien sûr)
Alors connaissable, pas connaissable, Qui peut en juger ? « Au dessus de moi » dit Max Stirner « il n’y a que moi », et de plus comment connaître tous ces moi, ces moi que m’attribuent les autres.
J’opte plutôt pour un moi qui « existe », il n’est pas un spectre, il est tangible même si s’il se transforme sans cesse dans sa relation au monde, il est sans cesse en devenir.
Même si je suis héraclitéen, je dois faire avec ces deux éléments contradictoires : celui qui reste le même, et celui qui change sans cesse, c’est le paradoxe de son identité.
De fait « je suis moi et mes circonstances ». (Ortega y Gasset) c’est un récit inachevé, un récit en cours d’écriture
De fait, je suis consubstantiel  à ce moi qui ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.
Revenu parmi nous, comment David Hume pourrait-il prolonger son propos, dans lequel il nous dit que nous ne erions au départ, tel, la tabula rasa, comme un « animal machine » et que notre moi, notre individuation, n’est que la somme, le résultat, d’informations reçues et acquises, somme toute rien de plus, ou guère plus, qu’une intelligence artificielle. (Luis)

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