Livres, Lire

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Le Grand Robert de la langue Française : Assemblage d’un assez grand nombre de feuilles portant des signes destinés à être lus.
Ensemble des signes contenus dans un livre et leur signification, teste imprimé reproduit dans un certain nombre d’exemplaires.

Par analogie : Alinéa. Auteur (e) Bouquin. Bréviaire. Chapitre. Compendium. Dictionnaire. Encyclopédie. Essai. Journal intime. Lecteur. Lectrice. Manuel. Manuscrit. Mémento. Missel. Ouvrage. Paragraphe. Publication. Recueil. Roman. Sommaire.

Livre : Livre de chevet. Livre blanx. Livre de bord. Livre de comptes. Livre de poche. Livre de raison . Livre d’or. Livre de messe. Livre rouge. Livre sacré. Livre scolaire. etc…

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 « « J’en jouis (des livres) comme les avaricieux des trésors. Je ne voyage jamais sans livres, ni en paix, ni en guerre…C’est la meilleure munition que j’ai trouvé »  (Montaigne)

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« Si les livres apportent la paix aux pacifiques, ils troublent les âmes inquiètes….Voyez ce qu’il advint à don Quijotte pour avoir dévoré tous les volumes d’Amadis de gaule et une douzaine d’autres bons romans. Ayant lu des récits enchanteurs, il cru que la vie était aussi belle que dans les contes, et il fit mille folies qu’il n’aurait point faites, s’il n’avait pas eu l’esprit de lire »  (Anatole France. La vie littéraire)

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«  Le livre propose un monde ; l’écran fluidifie le monde ; lire un livre, c’est suivre un chemin ; la lecture sur écran est un sport de glisse. Le livre déploie un temps où il est interdit au présent de pénétrer… »  (L’identité malheureuse. Alain Finkielkraut)

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Si dans le futur, les livres cessent d’être « imprimés », si tous les livres sont  numérisés, stockés par quelques grandes bibliothèques privées, genre Google, le risque est que la pérennité des écrits ne soit pas assurée, qu’un système totalitaire prenne le pouvoir, et tout un tas d’œuvres pourront être éliminées, le risque d’autodafé électronique n’est pas à écarter, alors que tant que des personnes achèteront des livres, ils les garderont chez eux et il sera plus difficile en cas d’autodafé, qu’il n’en subsiste quelques uns de chacun. Même si l’on peut se dire que des œuvres pourront subsister dans des ordinateurs de particuliers ; compte tenu de la connaissance de toutes nos données informatiques, cela ne protège pas du grand effacement. Grand effacement qu’auraient fait sans hésiter les dictatures du siècle passé.  Effacement que feraient les fanatiques d’une religion parvenus au pouvoir. (Luis)

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« Et quand personne ne me lira, ai-je perdu mon temps de m’être entretenu tant d’heures oisives à pensements si utiles et si agréables… »  (Montaigne. Essais. L II. § 18)

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Lire un livre papier, ou lire un livre numérique. A ce jour (nous étions en 2002) les concepteurs de tablettes, de liseuses, disent que l’offre finira par créer la demande. Même si à ce jour les personnes qui achètent le plus de livres ne sont pas la génération Ipad, il  semblerait logique de penser qu’à moyen terme disons, dans vingt à trente ans le livre numérique aura largement dépassé les ventes de livres papier. Nous sommes en 2022 et la lecture sur tablette n’a pas remplacé à ce jour la lecture sur livre papier. Les livres se vendent toujours aussi bien. Seul le circuit de vente a beaucoup changé. Des plates-formes tel Amazone,  ont eu raison de milliers de librairies. Lorsque les premiers livres arrivent dans le public, le roi veut mettre là un interdit, nombreux sont ceux qui sont alors de cet avis. Les livres contiennent du savoir, et le savoir est considéré comme pouvoir, alors les gens avec les livres vont acquérir  du pouvoir, et le pouvoir fut toujours la chose qui ne fut pas spontanément partagé, de plus si le savoir est dans les mémoires, (tradition orale) alors le savoir restera dans les livres et en dehors des livres les gens n’auront plus de savoir personnel. Dans les décennies qui suivront la première impression par Gutenberg, des érudits vont pouvoir lire des livres autres que la Bible, des commentaires sur Platon et Aristote, Montaigne un siècle après a déjà plus de 1000 livres dans sa librairie. Les encyclopédistes diront que la mutation des idées due aux livres est à l’origine de la révolution intellectuelle que seront les Lumières. (Luis)

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Une table ronde qui réuni surtout des libraires montre que pour eux le danger, le concurrent le plus dangereux a ce jour reste Amazone. « Des personnes « dit un libraire, « regardent les livres dans ma boutique, notent les titres, puis rentrés chez eux ils les commandent sur Amazone ».

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«  On utilise pas les mêmes neurones en lisant un livre que devant un écran »  (Michel Serres. Dossier : Apprendre à l’ère d’Internet. Philosophie magazine, n° 62. Septembre 2013)

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« Il n’existe aucun livre qu’on puisse appeler moral ou immoral. Les livres sont bien écrits ou mal écrits, c’est tout »  (Oscar Wilde. Le Portrait de Dorian Gray)
Cette idée se retrouve dans cette citation d’Henri Janson : « on ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments », et il ajoutait : « ainsi la Bible ».

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 Je ne puis imaginer une vie sans livre, sans lecture. De Homère à Agatha Christie, tous ces mondes, ces fictions, ces fresques, tous ces témoignages, ces personnages constituent non seulement les bases essentielles de notre culture, mais sont aussi, une grande part de notre monde intérieur, la « tour d’ivoire », ou encore, « le grenier » où se réfugie l’enfant avec son monde de mystère, son monde imaginaire. C’est le besoin d’évasion, « Raconte-moi une histoire » disent les enfants…Un livre que l’on ouvre commence à nous raconter une histoire qui n’est pas « pour de vrai », qu’importe, il nous faut des histoires qui nous étonnent, qui nous charment, qui nous transportent vers un ailleurs, avec des personnages parfois hors du commun, des personnages qui ne seront plus jamais totalement fictifs.                                     Lire c’est voir d’autres mondes, c’est voir d’autres soi. (Luis)  

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« Je définirais le livre comme une œuvre de sorcellerie d’où s’échappent toutes sortes d’images qui troublent les esprits et changent les cœurs. Je dirai mieux encore : le livre est un petit appareil magique qui nous transporte au milieu des images du passé ou parmi des ombres surnaturelles. Ceux qui lisent beaucoup de livres sont comme les mangeurs de hachisch. Ils vivent dans un rêve. Le poison subtil pénètre leur cerveau les rend insensibles au monde réel et les jette en proie à des fantômes terribles ou charmants. Le livre est l’opium de l’occident. Il nous dévore.. »  (Anatole France. La vie littéraire. 1ère série. A Monsieur Adrien Hébrard)

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«  Donc, revenons aux livres…Je n’ai fait aucune étude, et pourtant ce sont les livres qui ont le plus compté. Ce sont eux qui m’ont sauvée. La lecture fut pour moi une vraie expérience. Ce que Péguy appelle « un renforcement d’être » c’est dans la lecture que je l’ai trouvé.    
[…..] Pourquoi dis-tu : « – La philosophie n’a aucune importance. Les romans n’ont aucune importance ? Je ne te crois pas. Retirerais-tu aujourd’hui au livre cette force, cette vérité, ce bouleversement qu’il peut provoquer ?
Un livre, dit Kafka, dans son journal, doit être la hache qui brise en nous la mer gelée […..] Ces livres, dans ma bibliothèque bien rangée, comme tu dis, ce sont autant de petits cailloux, de repères qui ont jalonné ma vie. Ce sont des rencontres. Certaines ont changé mon existence. Complètement. Il n’y pas seulement la réflexion, mais aussi le rêve, le délire, l’élan. Partir…, Passer une soirée avec Lautréamont n’est pas si mal… » (Judith Brouste dans entretien avec André Comte-Sponville dans : L’Amour la solitude)

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« Eh, depuis quand un livre est-il autre chose que le rêve d’un jour qu’on raconte un instant, un oiseau qui gazouille et qui s’envole, une rose qu’on respire et puis qu’on jette,  et qui meurt en tombant. Un ami qu’on aborde, avec lequel on cause, moitié lui répondant, moitié l’écoutant » Alfred de Musset. Namouna)

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 «  …par ce qu’une bibliothèque personnelle, comme chacun le sait, n’est pas qu’un endroit où l’on range des livres, sinon un territoire dans lequel on vit entouré d’immédiateté et de possibilités. Il y a  des livres qui sont là et qu’on a pas encore lus, et d’autres déjà lus, dont les pages nous reviennent en mémoire, par utilité, ou même, par consolation. Au fur et à mesure que je vieilli, le nombre de cette seconde catégorie de livres, et ces amis connus, augmente, même si toujours existera la mélancolie, que pour autant que je vive, jamais je n’arriverai à les lire tous…Cela paraît triste, en réalité, cela ne l’est pas… D’une certaine façon, plus qu’une vie de lecture, une bibliothèque est un projet de vie qui jamais n’atteindra son point culminant. C’est tout à la fois triste et fascinant… » (Traduit de l’article de Pérez-Reverte dans le N° 1407 de la revue Semanal, le 12 octobre de 2014)

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« Elle avait pu vérifier que ce qui était plus qu’un objet inerte d’encre et de papier donnait de la vie jusqu’à travers les pages et les lignes, que l’on y projetait son existence, ses affections, ses goûts, ses vertus, ses vices…Elle avait maintenant la certitude de quelque chose entrevu depuis le début : qu’il n’y a pas deux livres identiques, et que chaque livre est comme un Être humain, un livre singulier, une histoire unique, un monde à part.. » (La Reine du sud. Arthuro Pérez-Reverte)

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« Le livre ouvre l’espace imaginaire… Les livres peuvent être dangereux mais c’est la lecture surtout, qui présente tous les dangers. Lire est une expérience qui transforme de fond en comble ceux qui vouent leur âme à la lecture…Celui qui lit vit seul dans son « autre monde », dans son « coin », dans l’angle de son mur. Et c’est ainsi, que seul dans la cité le lecteur affronte physiquement, solitairement dans le livre, l’abîme de la solitude antérieure où il vécut…dans la littérature quelque chose résonne de l’autre monde. Quelque chose se transmet du secret. »    (Pascal Guignard. La barque silencieuse)

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« Geneviève ne lisait rien d’autre que des ouvrages scientifiques. Elle n’appréciait pas les romans car elle ne saisissait pas l’intérêt des histoires fictives. Elle n’aimait pas non plus la poésie, celle-ci ne présentait aucune utilité. A ses yeux les livres devaient être pratiques – il fallaient qu’ils apportent un enseignement sur l’homme, du moins sur sa nature et le monde.
Elle n’ignorait pas néanmoins le rôle déterminant que certains livres pouvaient jouer sur les individus. Elle l’avait non seulement constaté chez elle et sa soeur, mais aussi chez les aliénées, qui parlaient de romans avec une passion étonnante.
Elle avait vu des folles réciter des poèmes et pleurer, d’autres évoquer des héroïnes littéraires avec une familiarité joyeuse.
Là résidait la différence entre le factuel et la fiction ; avec le premier l’émotion était impossible. On se contentait de données, de constatations.
La fiction au contraire, suscitait des passions, créait des débordements, bouleversait les esprits, elle n’appelait pas au raisonnement ni à la réflexion, mais entraînait les lecteurs – les lectrices surtout, vers le désastre sentimental. Non seulement Geneviève n’y voyait aucun intérêt intellectuel, mis elle s’en méfiait… » (Victoria Mas. Le bal des folles. Livre de poche 2019)

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