Mensonge

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Pinocchio par Enrico Mazanti .Florence 1883.

Le Grand Robert de la Langue Française : Assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l’intention de tromper. Ce qui est trompeur ou peut passer pour une vérité sans être vrai.

Le Grand Robert de la Langue Française : Assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l’intention de tromper.

Trésor de la langue française : Affirmation contraire à la vérité dans l’intention de tromper.

Encyclopédie de la philosophie. Livre de poche. Puf.  ….le mensonge est fertile en contradictions. Une première contradiction  évidente, est soulevée par sa présence (pourtant classique) dans le domaine  moral. Avant de se demander, en effet, si le mensonge pourrait être une mauvaise, voire une bonne action, il faudrait se demander dans que  sens il peut être considéré…

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : C’est dire dans l’intention de tromper, ce qu’on sait être faux. Tout mensonge suppose un savoir, et au moins l’idée de vérité.

Synonymes : Menterie. Bobard.

Contraires : Vérité. Réalité. Véracité. Franchise. Exactitude. Fidélité

Par analogie : Balivernes. Baratin. Bidonner. Boniment. Bourrage de crâne. Calembredaine. Canard. Canular. Charlatan. Contrevérité. Craque. (Vieilli) Embabouiner. Exagération. Fabulation. Fake new. Falsifier. Faux.  Fourberie. Gasconnade. Histoire. Hyperbole. Imposture. Invention. Jésuitisme. Langue de bois. Manipulation. Mauvaise foi. Mentir. Mirage. Mystification. Paradoxe du menteur. Pinocchio. Pipeau. Piper. Propos fallacieux. Salade. Simulacre. Sophisme. Sornettes. Tromperies.

Expressions : Menteur comme un arracheur de dents. Promettre monts et merveilles. Raconter des craques.

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: « Nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariété. Nous cachons, et nous déguisons à nous-mêmes »  (Pascal. Pensées)

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« L’art et rien que l’art ! C’est lui qui nous permet de vivre », « C’est le beau mensonge qui nous permet de vivre. «  L’art nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité » (Nietzsche. La volonté de puissance. § IV)

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« Il n’y a rien de meilleur que l’imagination, surtout le mensonge par plaisir »  (Sacha Guitry. Mon père avait raison)

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Ces déclarations qui illustrent le désaccord entre Benjamin Constant et Kant.
« Je ne puis vouloir faire du mensonge une loi, parce qu’on ne me croirait plus ou qu’on me paierait aussitôt de la même monnaie ».  (Kant)
« Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible ».  (Benjamin Constant)
« Dire la vérité, n’est un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul home n’a droit à une vérité qui nuit à autrui »  (Benjamin Constant)

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« Avec les prostituées, le faux est un moment vrai. Tu es enfin toi-même. En compagnie d’une jeune femme dite, « normale », il faut faire des efforts, se vanter, s’améliorer, donc mentir : c’est l’homme qui fait la pute. Tandis qu’au bordel ! L’homme se laisse aller, ne cherche pas à plaire, à se montrer meilleur qu’il est. C’est le seul endroit faux, où il est enfin vrai, faible, beau, et fragile ».(Biegbeder. 99 F. Grasset)

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« En principe personne n’aime découvrir qu’on lui a menti (même dans la meilleure intention). « Tu as bien fait de me mentir »  est un énoncé paradoxal ou en tout cas curieux… »  (Article, Mensonge. Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale. PUF)

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 «  Il n’y a point d’utilité pour laquelle je me permette de leur mentir »  (Montaigne. Essais II, 17)

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«……iI n’y a encore jamais eu rien d’aussi menteur que les saints, – la vérité parle par ma bouche. Mais terrible est ma vérité : car jusqu’ici c’est le seul mensonge qui a reçu ce nom » (Nietzsche. Ecce homo)

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: « Ce n’est pas girouette qui fait tourner le vent ».(Edgar Faure. Homme politique sous 4 ème République )

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« Nous autres les être humains, nous mentons avec autant de naturel que nous respirons. Nous mentons pour cacher notre manque d’assurance, pour mettre les autres à l’aise, pour être plus à l’aise nous-mêmes, pour être aimés des gens, pour protéger nos enfants, pour nous libérer du danger, pour couvrir nos forfaits ou par pur divertissement. Le mensonge est un authentique ‘’universel’’, il se pratique avec habileté dans le monde entier » (Fernando Savater. La vie éternelle)

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« L’essence du mensonge implique, en effet, que le menteur soit complètement au fait de la vérité qu’il déguise. On ne ment pas sur ce qu’on ignore, on ne ment pas lorsqu’on répand une erreur dont on est soi-même dupe, on ne ment pas, on se trompe. L’idéal du menteur serait donc une conscience cynique, affirmant en soi la vérité, la niant dans ses paroles… » (Jean-paul Sartre. L’être et le néant)

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«  Comme tous les hommes tu ne dsais pas mentir. Comme toutes les femmes, je sais faire aux hommes qu’ils mentent bien » (Jacques Attali. Le livre de Raison. Fayard. 2022)

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« Je me fais plus de tord en mentant, que je n’en fais à celui à qui je mens » (Montaigne. Essais. § XIII)

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 «  Le mensonge d’une femme aimée est le plus doux des bienfaits, tant qu’on y croit. Mais on n’y croit pas longtemps. Il y a dans tout mensonge, même le plus subtil, de secrètes impossibilités qui le font bientôt s’évanouir. Les paroles fausses crèvent comme des bulles de savon. Malgré toute sa science (elle) ne savait pas une chose, c’est qu’on ne peut pas tromper ceux qui aiment vraiment. Ils le voudraient, ils le demandent et, quand celle qu’ils aiment, soit dédain, soit cruauté, ne daigne plus feindre, ils lui mendient bassement l’aumône d’un dernier mensonge. Ils disent : « par pitié, trompez-moi, mentez-moi, que j’espère encore ! Mais les malheureux gardent jusque dans leur délire leur funeste clairvoyance » (Anatole France. La vie littéraire, 1ère série)

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 « Peut-être est-ce à cause de ma vocation d’éducateur, mais je considère comme une véritable offense à l’esprit que de profiter du désir de savoir de quelqu’un  – un des plus nobles désirs, et des plus humains – pour lui inculquer des mensonges…. » (Fernando Savater. La vie éternelle)

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Comment définir le mensonge par rapport à la mauvaise foi ?
«  Comment peut-on croire de mauvaise foi aux concepts qu’on forge tout exprès pour se persuader ? »  (Jean-paul Sartre. L’être et le néant)
Quand on demanda à Bill Clinton s’il avait déjà dans sa vie consommer de la drogue, il répondra qu’il n’avait jamais enfreint les lois anti-drogue de son pays. En vérité il avait fumé de la marijuana en Angleterre à Oxford.
De même, lorsqu’il dira n’avait jamais eu de rapport avec Monica Lewinski, il s’en tient à la définition du dictionnaire quand au rapport sexuel entre un homme et une femme.
A force de rabâcher des mensonges on fini par les imposer comme vérités.
Tous les Crétois sont des menteurs, je suis crétois et je vous dis la vérité…. Attribuons à Epiménide le Crétois le propos « Tous les Crétois sont des menteurs.» Épinémide étant Crétois lui-même, si cette affirmation est vraie, alors Épiménide est un menteur, donc son affirmation est fausse : contradiction ! En fait, il n’y a pas vraiment de paradoxe : tout ce qu’on peut déduire de la citation d’Épiménide, c’est qu’elle est fausse ; en particulier tous les Crétois ne sont pas des menteurs, mais Épiménide, lui, en est un. On résout ainsi le paradoxe en l’étalant dans l’espace.

En fait la négation de « Tous les Crétois sont des menteurs. » n’est pas : « Tous les Crétois disent la vérité », mais : « Il existe au moins un Crétois qui dit la vérité » (et il faudrait même dire, dans le sens où menteur est utilisé jusqu’ici, « Il existe au moins un Crétois qui dit parfois la vérité »). Donc, il peut exister un ou plusieurs menteurs Crétois.

« Méfiez-vous des faux prophètes, ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups rapaces » (Evangile selon Mathieu. 7.15.16) Texte cité dans la nuit du chasseur, par Shelley Winters, film américain de 1955.                                                       

De manière analogue, la phrase paradoxale : « Je mens toujours » cesse de l’être lorsqu’on l’étale dans le temps : au moment où je dis « Je mens toujours », je mens nécessairement (sinon, on a le même problème qu’avec Épiménide), ce qui implique que je ne mens pas toujours. Il n’y a pas de contradiction : il m’arrive de mentir, mais pas toujours ! Le paradoxe du menteur devient plus intéressant lorsqu’on en considère la version suivante : « Je mens en ce moment même ». Si la phrase est vraie, alors c’est qu’elle est fausse. Mais si elle est fausse, alors elle devient vraie ! Cela indique que quand une phrase peut se prendre elle-même pour énoncé, cela peut conduire à une situation instable. (Voir pangramme autodescriptif)   (Luis)

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« Mentir, mais nous aimons tous mentir, par intérêt, par bonté, pour le plaisir ; mais il arrive le moment où quelqu’un vient vous mentir…. »  (Mon Père avait raison. Sacha Guitry)

« Il y a maintenant six mois j’ai arrêté de mentir. L’idée d’appliquer à la lettre l’interdiction kantienne du mensonge d’un extrémisme presque ridicule m’amusait beaucoup. Au bout du compte cela n’a pas été sans mal. Mais ce que j’ai appris au bout de cette expérience  me permet désormais de voir clairement les vertus et les vices cachés d’un monde où personne ne ment.
Au début, on croira que dire la vérité, c’est être honnête, dire tout ce qui vous passe par la tête, avec une préférence maligne pour tout ce qui est désagréable, bien évidemment. Il en résultera un état d’anarchie honnête, absolument abominable. Contraints de dire ce qu’ils pensent, les hommes politiques perdront leurs principaux moyens d’action, la dissimulation et la diplomatie. Les familles commenceront à se désagréger ; les maris avoueront à leurs épouses qu’ils en aiment une autre depuis toujours, et elles leur rendront bien, les parents seront obligés de trahir le grand secret du père Noël. Dans le monde du travail, la guerre sera déclarée entre patrons et salariés, entre collègues et concurrents ; l’économie toute entière sera affectée. Complètement détraquée, la vie sociale apparaîtra pour ce qu’elle est effectivement : une machine qui ne fonctionne qu’au prix de conventions, d’hypocrisie, de tabous et de renoncements » (Cathal Morrow. Et si plus personne ne mentait. Article paru dans Philosophie magazine N° 28)

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 « Ce qui m’a ébranlé, ce n’est pas que tu m’aies menti, mais que je ne te croie plus » ; (Nietzsche. Par delà le bien et le mal)

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« … je puis aussi, lorsque la force me fait défaut ou lorsque (cela) m’apparaît plus commode user un droit au mensonge ; par exemple contre les brigands, contre les gens qui m’imposent une contrainte injuste de quelque façon que ce soit : je puis les attirer trompeusement dans un piège. Voilà pour quoi on n’est point lié par une promesse arrachée de force.- Mais le droit au mensonge va en réalité plus loin encore ; je possède ce droit en présence de toute personne qui n’ont pas qualité pour me questionner…le mensonge est ici un cas de légitime défense contre une curiosité illégitime et dont les motifs ne sont pas le plus souvent bienveillants » (Fondement de la philosophie. Schopenhauer)
« Ask me no questions, and I’ll tell you no lies »
« Ne me posez pas de questions, et je ne vous dirais pas de mensonges »  (Fondement de la morale. Schopenhauer. 1841)

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 « Bello è il mentir, se a fare gran ben’ si trova »
« Le mensonge est beau s’il en résulte un grand bien »  (Campanelle. Poésies philosophiques. Madrig. 9)

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« L’homme a reçu la parole pour pouvoir cacher sa pensée »  (Talleyrand)

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« Faut-il faire le bonheur des hommes au prix d’un mensonge ? cela même se peut-il ? Est-il de bonnes erreurs, et les hommes sont-ils plus heureux quand ils sont trompés ? …Enfin si l’erreur est bienfaisante, ne vaut-il pas mieux la laisser enseigner par les prophètes qui se trompent eux-mêmes ? (Article Bernard Lazare/ L’ineffable mensonge. Anatole France « La vie littéraire » 6ème  série)

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Rousseau émet cette théorie dans son œuvre « La nouvelle Héloïse », que la société seule corrompt, ainsi pour lui les enfants ne mentent pas naturellement : je le cite : « Sûrs de n’être jamais ni grondés ni punis, ils ne savent ni mentir, ni se cacher, et dans tout ce qu’ils disent soit entre eux soit à nous, ils laissent voir sans contrainte tout ce qu’ils ont au fond de l’âme »

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« Notre intelligence se conduisant par la seule voye de la parolle, celuy qui la fauce, trahit la société publique. C’est le seul util par le moien duquel se communiquent nos volontez et nos pensées […] s’il nous faut (si l’on nous ment) nous ne nous entreconnoisons plus. S’il nous trompe, il rompt tout nostre commerce et dissoult toutes les liaisons de notre police »   (Montaigne. L. II. § XVIII),

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« L’art est un mensonge » (Picasso)
Le mensonge est un art.

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«  Je mentirai quand il faudra, et je ne méprise personne. Le mensonge ce n’est pas moi qui l’ai inventé. Il est né d’une société divisée en classes et chacun de nous l’a hérité en naissant. Ce n’est pas en refusant de mentir que nous abolirons le mensonge »  (Jean-Paul Sartre. Les mains sales)

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