Misanthrope

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Le Misanthrope. Alceste et Philinthe.

Le Grand Robert de la langue française : Personne qui manifeste de la haine, de l’aversion  pour le genre humain.

Trésor de la langue française : Personne qui  hait du genre humain, qui a une opinion défavorable, pessimiste de l’humanité ou de la nvie

Synonymes : Ours. Sauvage.

Contraires : Débonnaire. Philanthrope. Social.

Par analogie : Asocial. Atrabilaire. Bourru. Chagrin. Farouche. Ours mal léché. Sauvage. Solitaire. Taciturne.

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«  Misanthrope ! ….. Ne hait les hommes que celui qui les aime. Ne fustige ses semblables que celui qui en attends le meilleur »  (ÉrIc- Emmanuel Schmitt. Paradis perdus. Albin Michel 2021)

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Alceste : Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur,

On ne lâche aucun mot qui ne vienne du cœur.

(Acte 1, Scène 1. Vers 35/36)

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Alceste : Je veux qu’on me distingue, et pour le trancher net,

L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait

Philinthe : Mais quand on est du monde, il faut bien que l’on rende,

Quelques dehors civil, que l’usage demande.

Alceste : Non vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié

Ce commerce honteux de semblant d’amitié.

Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre,

Le fond du cœur, dans nos discours alors se montre ;

Que ce soit lui qui parle et que nos sentiments

Ne se masquent jamais sous de vains compliments

Philinthe : Il est bien des endroits, ou la pleine franchise

Deviendrait ridicule et serait peu permise ;

Et parfois n’en déplaise à votre austère honneur,

Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur.  

Serait-il à propos et de la bienséance

De dire à mille gens tout ce que d’eux on pense ?

Et quand on a quelqu’un qu’on hait, ou qui déplait

Lui dont-on déclarer la chose comme elle est ?

(Acte 1, scène I, vers 63 à 80)

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« La misanthropie est la conséquence d’un amour de l’homme…… »   (Nietzsche. Le gai savoir)  

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L’inaccessible idéal ne rend t-il pas l’homme misanthrope ?

Alceste : J’entre en une humeur noire, et en chagrin profond,

Quand je vois vivre en entre-eux les hommes comme ils font ;

Je ne trouve partout que lâche flatterie,

Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie;

Je n’y puis plus tenir, j’enrage et mon dessein

Ets de rompre en viscère à tout le genre humain.

(Acte 1, scène1, vers 90 à 96)

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Philinthe : non, tout de bon, quittez ces incartades,

Le monde, par vos soins, ne se changera pas ;

Et puisque la franchise, a pour tant d’appâs,

Je vous dirai tout franc que cette maladie,

Partout où vous allez donne la comédie;

Et d’un si grand courroux contre les mœurs du temps,

Vous tourne en ridicule auprès de bien des gens

(Acte 1, scène1, vers de 104 à 108)

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Philinthe : Et c’est une folie à nulle autre seconde

De vouloir se mêler de corriger le monde.

J’observe comme vous, cent choses, tous les jours

Qui pourraient aller mieux prenant un autre cours ;

(Acte 1, scène 1, vers de 155 à 163)

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Victime de son amour pour Célimène, Alceste, qui par bien des côtés, réagit en « père la rigueur » reconnaît ses faiblesses dans ce domaine. Autant il est sévère à l’égard du comportement des hommes, autant il est prêt à s’aveugler au sujet de Célimène, l’amour le rend aveugle.

Alceste : non, l’amour que je sens pour cette pauvre veuve,

Ne ferme point mes yeux aux défauts qu’on lui trouve ;

Et je suis, quelque ardeur qu’elle m’ait pu donner,

Le premier à les voir, et à les condamner.

Mais, avec tout cela, quoi que je puisse faire,

Je confesse mon faible, elle a l’art de me plaire:

J’ai beau voir ses défaut, et j’ai beau l’en blâmer

En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer.

(Acte 1, scène2, vers de 225 à 32)

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Sur les démangeaisons d’écrire

Alceste : Monsieur, cette matière est toujours délicate,

Et, sur le bel esprit, nous aimons qu’on nous flatte ;

Mais un jour, à quelqu’un, dont je tairai le nom,

Qu’il faut qu’un galant homme ait toujours grande emprise,

Sur les démangeaisons qui nous prennent d’écrire.

(Acte 1, scène 2, vers de 541 à 546)

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Célimène : C’est un parleur étrange, et qui trouve toujours,

L’art de ne rien dire, avec de grands discours.

Dans les propos qu’il tient, on n’y voit jamais goutte,

et ce n’est que du bruit que tout ce qu’on écoute.

‘Acte II, scène 4, vers de 579 à 582)

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Elinante (Cousine de Célimène):

L’amour pour l’ordinaire est peu fait à nos lois

Et l’on voit des amants toujours vanter leurs choix,

Jamais, leurs pesions n’y voient rien de blâmables,

Et dans l’objet aimé, tout leur devient aimable,

Ils comptent des défauts, pour des perfections

(Acte II, scène 4 vers de 711 à 714)

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Célimène : Madame, on peut, je crois, louer et blâmer tout,

Et chacun a raison, suivant l’âge, ou le goût,

Il est une saison pour la galanterie,

Il en est une aussi, propre à la pruderie ;

On peut par politique, en prendre le parti,

Quand, de nos jeunes ans, l’éclat s’est amorti ;

Cela sert à couvrir de fâcheuses disgrâces

Je ne dis qu’un jour, je ne suive vos traces,

L’âge amènera tout, et ce n’est pas le temps

Madame, comme on sait, d’être prude à vingt ans.

(Acte III, scène 4, vers de 975 à 984)

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Philinthe : Tous ces défauts humains, nous donnent dans la vei,

Des moyens d’exercer notre philosophie

(Acte 5, scène 1, vers de 1560 à 1561)

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Alceste : Il est vrai, ma raison me le dit chaque jour,

Que la raison n’est pas ce qui règle l’amour.

(Acte 1, scène 1, vers de 247 à 248)

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« Ne vouloir faire société qu’avec ceux que l’on approuve en tout, c’est chimérique, et le fanatisme même »  (Alain)

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Schopenhauer se sert d’une parabole pour illustrer sa misanthropie : Alors qu’il fait très froid des hérissons veulent se blottir les uns contre les autres pour se réchauffer, mais voilà, ils sont tous plein d’épines, les piquants font qu’ils n’ont d’autre choix que de s’écarter des autres. Il nouds dit par là qu’il faut savoir trouver la bonne distance, celle qui va créer une chaleur, un courant entre les Êtres, une distance acceptable.   

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