Moi

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Le Grand Robert de la langue française : Ce qui constitue l’individualité, la personnalité d’un être humain..
La personnalité dans sa tendance à ne considérer que soi, à ne parler que de soi.   

Littré : La personne humaine en tant qu’elle a conscience d’elle-même, et qu’elle est à la fois le sujet et l’objet de la pensée.

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande : La conscience individuelle en tant qu’elle est attentive à ses intérêts et partiale en sa faveur..
Sujet pensant, en tant que son unité et son identité sont les conditions nécessaires…

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : Le sujet, mais en tant qu’objet : c’est le nom commun ou français de l’ego. C’est aussi, et par là même, un objet (ou un processus) qui se prend pour un sujet. Le moi n’est pas une substance, ni un être, il n’est «  ni dans un corps, ni dans l’âme ». (Pascal). Il n’est que l’ensemble des qualités qu’on lui prête ou des illusions qu’il se fait sur lui-même.

Dictionnaire de la psychologie. Pochothèque : Terme général désignant une hypothétique « intériorité », le « noyau » ou la « structure » de la personnalité. Cette hypothèse peut concerner la totalité de ce dont un individu est « conscient » à propos de lui-même, étant admis qu’il existe un ordre précis des «contenus » et des « points de référence » individuels.

En psychanalyse une des trois instances de la personnalité avec le « ça », et le « surmoi » qui se constitue à travers les expériences sociales et exerce une fonction de contrôle sur le comportement. On considère qu’une grande partie du fonctionnement du moi est inconsciente.

Encyclopédie de la philosophie, Pochothèque : En philosophie, concept qu’il faut distinguer de celui de conscience dans la mesure où ce dernier, déjà présent dans la tradition platonicienne, se défini par les aspects moraux qu’il exprime, tandis que le moi a fait l’objet d’une réflexion essentiellement théorique. Le moi prend une importance fondamentale en philosophie quand Descartes {…] affirme que la première connaissance sûre qui se présente à celui qui conduit de façon ordonnée ses propres pensées ne concerne pas les sujets extérieurs, mais l’existence d’un sujet pensant, à savoir un moi (Cogito, ergo sum)

Synonymes : Esprit. Individu. Je.  Soi-même.

Contraires :

Par analogie : Alter ego. Altruisme. Âme. Authenticité. Ça. Conscience. Egocentrisme. Egoïsme. Identité. Individualité. Individuation. Instance. Intériorité. Nombrilisme. Pascal. Pensées. Personne. Personnalité. Petit juge. Préconscient. Sigularité. Self. Solipsisme. Sujet. Surmoi. Topique. (Unicité. Argot : bibi, ma pomme, mézigue…)

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« Le moi est haïssable mais il s’agit de celui des autres »  (Paul Valery)  

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 « Qu’est ce que le moi ? » Pascal est sans doute le premier auteur qui a parlé du moi, faisant du pronom un substantif. N’est-ce pas parce qu’il a d’abord voulu identifier la racine du mal, dans l’homme, par un terme qui mette en évidence la dissociation entre la personne de chacun et l’amour qu’il se porte à lui-même, par lequel « chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres ». Voilà  pourquoi « le moi est haïssable » : ce jugement célèbre ne veut pas dire qu’il faut haïr tous les hommes, comme le misanthrope, mais qu’il faut haïr en nous-mêmes ce qui nous rend méprisables auprès des  autres – justement notre moi, qui constitue une d’abréviation de la tendance, à l’origine de toute injustice, à se préférer à tous les autres et à vouloir être aimé de tous. On peut, à la limite fonder une société sur la recherche  par chacun de son intérêt propre, mais aucune société, pas même celle du couple, n’est possible si chacun veut être aimé et regardé non seulement plus que les autres, mais au détriment des autres. L’amour propre (dont l’envers est la haine des autres) rend donc impossible toute société humaine authentique, toute relation symétrique avec l’autre. Pascal peut alors mettre à nu les ressorts imaginaires des institutions humaines, tous ces artifices, leurres, ruses,  et tromperies qui entretiennent et font marcher la machine sociale, en donnant l’image illusoire d’une société : « On s’est servi comme on a pu de la concupiscence pour la faire servir au bien public. Mais ce n’est que feindre, et une fausse image de la charité, car au fond ce n’est que haine ». En vérité, à moins de tuer en en soi ce moi qui se fait « centre de tout », il ne peut y avoir sur terre de communauté humaine véritable. (Pierre Guenancia. Misères et grandeurs des hommes. Philosophie magazine N° 37)

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Le Moi « est injuste en soi, en ce qu’il se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce qu’il veut asservir ; car chaque Moi est l’ennemi, et voudrait être le tyran de tous les autres » (Pascal)

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« …il convient d’abandonner résolument nos habitudes de pensée et de sentiment, de faire table rase de toutes les informations que nous transmettent nos sens maladroits et d’envelopper de méfiance la personne même que nous sommes, ce très vieil ami né avec nous, qui s’use chaque jour en notre compagnie et qui constitue notre « moi » personnel. C’est lui qui est à cet égard le plus grand fauteur de désordre ; campé au plein centre des informations, il fait un choix fantaisiste entre ces dernières, distinguant celles qui lui agréent et celles qui lui déplaisent, coupant, taillant, et recousant à sa guise, se désintéressant de ce qu’il croit inutile à ses besoins et ne retenant que les particularités qui lui assure quelque avantage par l’exercice d’une domination facile. La déformation constante qu’il inflige à toutes connaissances est l’expression de son égoïsme foncier qui déforme la vérité et le contraint à vivre dans une perpétuelle erreur. Et, non seulement cette puissance, établie au cœur de nous même, dérobe à notre attention l’exacte contour des choses, mais encore sa position centrale lui interdit la conception d’une Unicité plus vaste au sein de laquelle il conviendrait qu’elle s’absorbât »  (A la recherche de l’Unité. Docteur Techoueyres. Page 22)

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Schopenhauer fortement inspiré par les Vedas, nous propose de sortir de notre moi, pour aller vers cette multiplicité, aller vers tous les humains, être en partage. Les autres nous dit-il en substance, sont une part de moi, je suis un part des autres, ce sentiment d’appartenance qui n’est pas lié à une religion, un dogme, va créer un contrepoids indispensable à ce moi n’éclairant que ce qui va vers ses désirs.  (Luis)       

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« J’ai fait quelque chose au service de la communauté. Donc j’ai été utile à moi-même ». (Marc Aurèle. Pensées)

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 « La première réaction, spontanée, à l’égard [de l’Autre] est de l’imaginer inférieur, puisque différent de nous : ce n’est même pas un homme, ou s’il l’est, c’est un barbare inférieur […] » Il ajoute : « Peut-on vraiment aimer quelqu’un si on ignore son identité, si on voit, à la place de cette identité, une projection de soi [ou du Moi] ou de son idéal ? » (Tzvetan Todorov)  

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Débat :                              Le moi est-il haïssable ?

Qui s’examine, qui consulte son moi profond, et y trouve une blanche colombe, à celui-là, à celle- là, je lui tends son auréole. Je connais la part noire qui est en moi, j’en connais la part de bonté, et d’amour des autres : « Être humain, c’est savoir pardonner aux hommes de n’être que ce qu’ils sont »  (Montaigne. Essais § 13). Depuis longtemps je fais mienne cette généreuse maxime. J’ai, avec les années appris à mieux me connaître, comme à connaître les autres, et cela m’amène tant à leur pardonner de ne pas être parfaits, que me pardonner d’être loin d’être parfait. [……..]
Dans le propos du moi haïssable (cité dans l’introduction)  lequel est un dialogue,  Pascal parle du Moi qui n’est nécessairement lui (son Moi, en quelque sorte) et il parle du Moi de chacun, et ceci avant Freud et les trois instances du « Moi ».
Bien sûr qu’il se veut parfois être dominateur, ce « moi », et alors vouloir asservir les autres, en être le tyran,  alors oui, celui-là est haïssable.  Mais c’est bien là dans l’esprit de Pascal qui ne voit que l’homme mauvais. Pour un religieux illuminé, un croyant d’une religion qui prône l’amour de l’autre, Pascal est une sorte de terroriste de sa religion.
Et sur ce thème du « moi haïssable », on peut retenir (du même Pascal) quelques pensées toujours dans ce sens (pensées pour moi, haïssables) : « La vraie et unique vertu est de se haïr. » (Fragment 485/564) Ou : « Il faut n’aimer que Dieu et ne haïr que soi. » (Fragment 373) … Et enfin, cette autre pensée : « Nous naissons si contraires à cet amour de Dieu, il est nécessaire que nous naissions coupables, ou Dieu serait injuste. » (Fragment 429/205).
Tous ces prêcheurs de vertu ont fait le malheur du monde.
La haine de soi pour être aimé d’un dieu, me semble être une grosse névrose. Cela nous a donné le port du cilice, ceinture autour des reins en poils de chèvre, ainsi que les flagellations, des actes d’auto-mutilation, les mortifications, mot qui vient du latin « mortificare » (faire mourir). « Si vous vivez suivant la chair, vous mourrez » dit saint Paul,  c’est pour lui, faites mourir les besoins, les désirs du corps et vous vivrez. 
Je conclus cette première intervention avec cette formule : « Il n’est de pire haine, que la haine de soi, car elle vous interdit d’aimer les autres » (Jean-Michel Goldberg)  (Luis)

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Débat :                                   « Le moi est-il haïssable »               24 mars 2019

Introduction : : Cette question, très pascalienne, a été tournée et retournée dans tous les sens depuis plusieurs siècles et ce, par les plus grands penseurs. Alors, le Moi est-il vraiment haïssable ? Cette question traduit-elle une obligation ou une possibilité ? Le Moi peut-il ou doit-il se haïr en lui-même ou dans son rapport à l’autre ?
Ainsi, comme nous le rappelle Paul Valery avec sa pertinence coutumière, « Le moi est haïssable mais il s’agit de celui des autres » Mais le Moi, qu’est-ce à dire ? Un cogito ? Autrement dit une conscience unique, multiple et pensante sur fond de subjectivité. Nonobstant, le Moi peut tout à la fois être individuel ou collectif sans pour autant concerner le « tout ». La singularité du Moi constitue ainsi une « denrée pléthorique » pour reprendre la belle expression de l’écrivain Matt Ridley. En outre, le Moi ne peut-être séparé de l’Autre, son alter ego, lui-même se définissant comme Moi à part entière. Et Pascal de nous rappeler que le Moi « est injuste en soi, en ce qu’il se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce qu’il veut asservir ; car chaque Moi est l’ennemi, et voudrait être le tyran de tous les autres » et la rencontre avec l’Autre est toujours inévitable, parfois violente et riche en préjugés, comme nous le rappelle l’essayiste Tzvetan Todorov : « La première réaction, spontanée, à l’égard [de l’Autre] est de l’imaginer inférieur, puisque différent de nous : ce n’est même pas un homme, ou s’il l’est, c’est un barbare inférieur […] » Il ajoute : « Peut-on vraiment aimer quelqu’un si on ignore son identité, si on voit, à la place de cette identité, une projection de soi [ou du Moi] ou de son idéal ? »
Notre thèse principale étant de considérer le Moi et son Autre pour eux-mêmes et non en vertu de propriétés qui, à la manière d’un chausse-pied, les font entrer de force dans des catégories préétablies et dont les valeurs sont jaugées à l’aune de nos propres références mentales ou autres biais cognitifs rassurants.    
En outre, ne devons-nous pas définir le Moi par ce qu’il fait et non par ce qu’il est ? Ne dit-on pas, à l’instar de Sartre que « l’existence précède l’essence ? » Nous ne pouvons que faire la triste constatation que l’idée même d’essentialisme implique de verrouiller définitivement la porte à toute idée de variation, donnée pourtant fondamentale à qui veut comprendre la réalité du monde tel qu’il se présente à nous. Si essence il y a, le désordre en constitue la véritable incarnation et il préexiste à l’ « arrangement » socratique et au cosmos harmonieux et clos sur lui-même des penseurs grecs de l’antiquité. « Le monde est sans bout, le centre est partout », ce n’est qu’un gigantesque mouvement brownien sans dessein et l’évolution en constitue la substantifique moelle. Les régularités ne peuvent s’expliquer par des considérations transcendantes issues du monde platonicien des Idées. Nous souhaitons à n’importe quel prix projeter sur l’écran de nos inconscients (dont le mur de la caverne constitue à mon sens une analogie) des images parfaites, inaltérables et rassurantes, en lieu et place de ces flammèches qui naissent, se tortillent, et finissent par mourir comme pour nous rappeler toute la précarité de nos existences. Les publicitaires et les annonceurs l’ont bien compris en mettant en scène dans des spots pour gogos et avec pour espoir de vendre des crèmes de « beautés » qui ne servent à rien, des êtres déifiés et éternellement jeunes. Que penser également de ces gens, qui font appellent aux tous derniers résultats des neurosciences afin de s’introduire par effraction dans le cerveau du consommateur pour lui promettre monts et merveilles ? Consommez et vous serez heureux ! En réalité, ce sont les gens heureux qui ne consomment pas.
Que penser également de ces mises en scène pathétiques où l’on assène avec brutalité aux jeunes adolescent(e)s de ressembler à telle ou telle « star » décérébrée de la téléréalité qui devient, ipso facto, le modèle, l’icône, le moule ? Le Moi individuel à son acmé ! Peut-on vraiment se réaliser en tant qu’individu face à ce matraquage permanent ? Que devient alors notre unicité ? Le Moi n’est-il pas phagocyté par lui-même ? Le Moi devenant Narcisse n’est-il pas comme ce batracien se prenant pour un bœuf qui ne cesse d’enfler comme pour masquer sa petitesse, son imposture. Le Moi devient de fait sa propre idole, il se déguise derrière un pseudo et contamine les réseaux sociaux déclarant vrai ce qu’il aime plutôt que d’aimer ce qui est vrai.
Le Moi n’est-il alors pas haïssable du simple fait de se refuser à lui-même ? N’est-il pas plus commode de paraître que d’être ? N’est-il pas plus aisé et moins dispendieux d’être aveuglé que lucide ? Le Moi ne doit-il pas penser à rebours de lui-même, là où se cache la pensée critique ? Finalement, ne pêchons-nous pas par paresse ? Paresse psychologique et intellectuelle encouragée par la publicité et les médias et faisant de nous des êtres ne pouvant se réaliser qu’à travers la possession. Claude Lévi-Strauss, un de nos grands penseurs du XXème siècle, avait vu juste dans « La pensée sauvage » quand il affirme que « chaque civilisation [chaque individu] a tendance à surestimer l’orientation objective de sa pensée ».
En outre, comme il nous l’explique, l’humanisme le plus pertinent consiste à voir et à appréhender le monde dans son ensemble pour finir par se considérer soi-même et non l’inverse, travers que nous empruntons bien trop souvent.
Pourtant, nous devons tous être conscients que « l’observation des autres implique le décentrement de soi », comme Claude Lévi-Strauss, nous le rappelle encore, notamment dans son ouvrage essentiel « Race et histoire » que je me permets de citer : « Une première constatation s’impose : la diversité des cultures humaines est, en fait dans le présent, en fait et aussi en droit dans le passé, beaucoup plus grande et plus riche que tout ce que nous sommes destinés à en connaître jamais […] La notion de la diversité des cultures humaines ne doit pas être conçue d’une manière statique. […] » Ainsi, toute culture est le résultat de nombreuses hybridations faites d’emprunts, d’ajouts, de mélanges. Pourtant, bien que ces échanges, qu’ils soient culturels ou biologiques, soient constatés et avérés, nous tendons naturellement vers l’ethnocentrisme, piège gravitationnel déformant notre « espace-temps humain » qui nous pousse à déclarer presque d’une seule voix « le barbare c’est l’autre ! »
Ainsi certains peuples ont voulu imposer les lumières de leur civilisation aux autres peuples, ont voulu combattre « pour la perfection d’autrui, plutôt que de soi ». Comme le précisait Gaston Bachelard, « la lumière projette toujours des ombres » et c’est toujours au nom du bien que l’on fait le mal. Quand le « Moi collectif » et politique impose la liberté, n’y a-t-il pas contradiction dans les termes ?
Pour autant, malgré des heures sombres qui ponctuent notre histoire, il est utile voire indispensable de ne pas tomber dans une sorte « d’identité malheureuse ». Le devoir de mémoire, si tant est que la mémoire est un devoir, ne doit pas nous conduire à une auto flagellation permanente. Mais enfin, le Moi n’est-il pas un roi nu, invisible à lui-même, acteur principal d’une farce ubuesque et réclamant force bienveillance pour lui-même et envers lui-même ? Rappelez-vous la métaphore de la poutre et de la paille de l’évangile selon Matthieu. Pourtant « dans les rapports humains, la bienveillance a, bien évidemment sa place. Mais la bienveillance, érigée comme principe peut s’avérer extrêmement nuisible. Elle peut ainsi conduire à prendre en compte toutes les différences individuelles, les singularités de chacun et ainsi, par ce truchement, pulvériser les notions de communauté et d’égalité. A chacun alors, selon ses plaintes, ses besoins, ses victimisations. » , ainsi que le souligne le philosophe Yves Michaud. Elle est ainsi une manière de nous aveugler à la réalité du monde et d’acheter à un prix exorbitant la paix sociale en éloignant l’individu de ses responsabilités et en poussant la communauté à, systématiquement, réparer et assumer ses erreurs. Elle engendre des individus mués par un narcissisme exacerbé et ne supportant plus la frustration. Cette bienveillance totalitaire s’est muée en complaisance qui garantit la susceptibilité du Moi, devenu extrêmement chatouilleux à la moindre critique, et ne supportant plus le débat d’idées.    
Enfin, si l’on en croit le physicien Albert Einstein « l’authentique valeur d’un homme [se mesure] d’après une seule règle : à quel degré et dans quel but l’homme s’est libéré de son Moi ? »
Dans ces conditions, peut-être viendra le temps de la grande réconciliation… Celle des autres et du Moi et du Moi envers lui-même. Mais le penser n’est-ce pas là plutôt la grande utopie ? (Edith Deléage-Perstunski. Professeure de philosophie)

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Freud nous donne une définition du Moi dans les trois instances du ça, du moi, et du surmoi.
Le ça serait le siège de l’inconscient, ils à l’origine de nos pulsions, de la libido, à la recherche des plaisirs, et, ignorant des valeurs morales , des interdits, ou usages, il est le tyran de la volonté voulante selon Schopenhauer.
Le moi, est la conscience en tant qu’élément régulateur, qui tempère, qui considère la réalité, il est l’arbitre entre le ça et le surmoi qui sont souvent en conflt. On dit parfois que « le moi n’est pas toujours maître dans sa propre maison »
Le surmoi dicte ce qui correspond au bien, au mal, au bon, au mauvais soit faire respecter les interdit moraux, et les interdits éthiques. On l’appele souvent « le petit juge » , celui qui parfois censure, le « il ne faut pas. (Luis)

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 » Le moi est-il bien une illusion? est-ce que chaque individu normalement constitué croit être, n’a d’autre valeur que celle produite par un tour de passe-passe? Les philosophes de l’Occident se sont-ils racontés des histoires pendant deux mille ans, en partant, sans se poser de question, d’un moi se colletant avec plus ou moins de succès aux choses de ce monde? Notre moi, n’est-il pas tout simplement notre caboche où viennent se loger tous nos actes intellectuels, émotionnels ou volontaires? la forteresse qui resiste à tous les aléas de la vie? Le film sans coupures qui garantit que je me sens bien le même durant toutes les années de ma vie?
Libérons donc une fois encore le moi de l’emprise d’étranges physiciens et de juristes ratés, et interrogeons des gens du métier comme les psychologues pour savoir ce qu’il en est du moi. Les psychologues secouent la tête. Ils froncent les sourcils. Ils se regardent et échangent quelques mots:  » Bon, vous savez dit l’un, on ne va quand même pas rayer le moi d’un simple trait de plume. [……………] Là encore nous ne sommes sûrs de rien. Beaucoup de nos collègues évient ce terme et préfère parler du « self », ou du « soi ». Le self est un peu la centrale de notre volonté et de notre jugement. Et nous faisons ici une différence entre concept de soi et sentiment de soi. Le concept de soi nous dit comment nous nous percevons nous-memes. Pour pouvoir le faire, nous sommes obligés de réintroduire « le je », mais simplement comme une petite construction pour le mettre en face du « moi ». Les deux se partagent la tâche, le « je » agit et le « moi » juge. Et l’image de soi est l’évaluation tout à fait subjective que le « moi » se fait du « je »….
(Richard David Precht. Qui suis-je? Et si je suis, combien? Belfond. 2010)

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