Mort, mourir

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Illustrant la fable de Jean de la Fontaine, La mort et le mourant. Gravure de Louis le Mire, d’après Jean B. Oudry. 1759. Document BNF.

Le Grand Robert de la langue française : Cessation définitive de la vie (d’un être humain, d’un animal, et par extension de tout organisme biologique) Cessation de la vie, considérée comme un phénomène inhérent à la condition humaine ou animale. Biologie : Arrêt complet et irréversible des fonctions vitales (d’un organisme, d’une cellule

Encyclopédie de la philosophie. Pochothèque : La langue française distingue la mort du décès, cette dernière expression est utilisée en français dans le contexte juridique, désigne en général la mort d’un être humain on ne dira pas qu’un animal est décédé)

Trésor de la langue française : Cessation de vie. Biologie : Arrêt complet et définitif des fonctions d’un organisme vivant, avec disparition de sa cohérence fonctionnelle et destruction progressive de ses unités tissulaires et cellulaires.

Synonymes : Anéantissement. Décès. Dernier jours. Fin. Finitude. Départ. Grand voyage. La grande faucheuse. S’éteindre. Trépas. (Populaire : La gueuse)

Contraires : Existence. Immortalité. Naissance. Vie

Par analogie : Agonie. Bière. Cadavre. Camarde. Charon. Cercueil. Cérémonie. Cimetière. Crémation. Décéder. Défunt. Dépouille. Dernière heure. Dernier jour. Dernier souffle. Derniers sacrements. Deuil. Disparaître. Epitaphe. Enterrement. Erinyes.  Euthanasie. Extrême onction. Feu/feue. Faucheuse. Funerailles. Létal. Linceul. Honneurs posthumes. Le Tartare. Le Styx. Linceul. Mânes. Mortel. Mortalité. Morgue. Mourant. Néant. Parques. Périr. Pompes funèbres. Obsèques. Râle. Rituel. Suicide. Stèle. Succomber. Thanatos. Tombe. Tombeau. Trépas. Trapassé. Veuf/Veuve. Urne funéraire.

(Populaire : Clamser. Crever. Mortibus)

Expressions: Avaler son bulletin de naissance. Belle mort. Être à l’article de la mort. Faire le grand, le dernier voyage. Faire le mort. Hurler à la mort. La dame à la faux. Passer de vie à trépas. Passer l’arme à gauche. Rendre l’âme. Rendre son dernier souffle. Tomber raide mort. Voire la mort de près.

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Aux créneaux de la pluie

… Pitié pour cette terre
J’ai vu venir la mort
Qui s’arrêtait aux portes.
Vous parlez de la mort
Comme d’une aventure.
Elle est dans votre corps
Elle épie vos blessures
Elle est dans votre main,
Comme un chien qui vous lèche,
Et vous mordra demain.. !

(Maurice Fombeure)

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«  …au moment de la mort, les jeux sont faits, il ne reste plus une carte à jouer ». (Jean-Paul Sartre. L’être et le néant)

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« Ce matin je comprends ce que mourir veut dire : à l’heure de disparaître, ce sont les autres qui meurent pour nous.., je ne reverrai plus ceux que j’aime, et si mourir c’est cela, c’est bien la tragédie que l’on dit ». (L’élégance du hérisson)

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« Je veux que la mort me trouve plantant mes choux  nonchalant d’elle (ne me souciant pas)  et de mon jardin inachevé»  (Montaigne)

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« L’homme sage ne pense rien de moins qu’à la mort »  (Spinoza)

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« Dans la mythologie grecque ? Charon le passeur qui transportait les morts dans sa barque, pour faire traverser le Styx jusqu’aux Enfers, leur dernier séjour, devaient selon les rites lui avoir versé le prix du passage (une obole placée dans la bouche du défunt ». (Dictionnaire de l’antiquité. Université d’Oxford)

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« On ne meurt qu’une fois, mais c’est pour si longtemps » (Molière)

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« Et puis mourir n’est rien, c’est achever de naître »  (Savinien Cyrano de Bergerac. La mort d’Agrippine. Tragédie)

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« …prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal réside dans la sensation ; or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capable de jouir de cette vie mortelle, non en y ajoutant la perspective d’une durée indéfinie, mais en enlevant le doute de l’immortalité ». (Sénèque. Lettre à Ménécée)

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« Tu demandes où tu sera après la mort ? Où sont les êtres qui ne sont pas nés? (Sénèque)

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« Quand l’heure sera venuë, je mourray comme doit mourir un homme qui ne fait que rendre ce qu’on lui a prêté » (Épictète. Nouveau manuel. L I. § 6)

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« Il y a deux raisons de troubler vos idées, de vous faire peur à vous-même ; la Mort, les Dieux. Mais vous pouvez vivre en paix avec les deux. Les Dieux existent. Rassurez-vous, ils n’entretiennent aucun rapport avec vous. Ce sont des êtres immortels, parfaits, qui ne s’occupent pas de l’humanité rampante. Quant à la mort : quand nous sommes là, la mort n’est pas là. Quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes plus là. Elle ne concerne ni les vivants, ni les trépassés, étant donné que pour les uns elle n’est point, et que les autres ne sont plus »  (Epicure. Lettre à Ménécée)

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 « On choisit pas sa mort, et encore moins son heure
une chose est sûre un jour tu vis
un jour tu meurs
Un jour tu ries
Un jour tu pleure
Un jour tu prie parce que t’as peur !
Un jour tu pètes les plombs
Parce que t’apprends que t’as perdu ta soeur 
Ou ton frère, ton père, ta mère,
ta femme, ou ton homme,
ta fille ou ton fils.
On a tous perdu des prochains,
Qui sera le prochain ?
Quand la mort m’appelle, jamais j’décroche, hein !
Ce serait quand même trop bête de partir si jeune.
…….
(Layone. Rappeur, parolier)

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Sénèque conseillait de considérer chaque jour nouveau comme notre dernier jour. Essayez au réveil, vous vous dîtes : bon ! Aujourd’hui c’est le dernier jour ! Vous allez voir ça vous donne une pêche terrible (Luis)

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« Il faut s’accepter mortel, et faire son deuil de soi de son vivant »
« Moi seul suis mortel, et ma mort est l’unique scandale » . (André Comte-Sponville.)

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« On ne meurt vraiment que lorsqu’on a oublié les gens qu’on a aimé » (Primo Levy)

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Epitaphe à Régnier.

J’ai vécu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loi naturelle.
Et je m’étonne fort, la Mort daigna songer à moi,
Moi qui ne songeait jamais à elle.
(Mathurin Régnier)

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 » La mort est moins terrible que l’attente de la mort  » (Ovide)

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« Le trépas vient tout guérir ;
mais ne bougeons pas d’où nous sommes,
plutôt souffrir que mourir,
c’est la devise des hommes.. »
(La mort du bûcheron.  Jean de la Fontaine

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Le bouffon de François premier avait manqué de respect à une dame de la cour. Le roi  lui signifia qu’il était pour cela condamner à mort, mais qu’il pouvait choir quelle mort: Je choisis de mourir de vieillesse, avait-il répondu. Alors, avec un bon mot il avait sauvé sa tête.

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 » Les Tibétains affirmaient tenir par méditation la connaissance de la vie après la mort, ils disaient qu’il s’agissait d’une connaissance empirique, et enseignaient les techniques pour passer de cette vie à l’autre vie, pour aller à la renaissance. Ils enseignaient aussi la façon de choisir pour cela le ventre de la femme, le ventre maternel de sa renaissance.
Une autre parabole bouddhiste enseigne à affronter la mort avec sérénité. Un moine avait toujours une tasse près de son lit. Le soir, avant de se coucher, il la renversait, et le matin, il la retournait. Lorsqu’un novice l’interrogeait, perplexe quand à cette habitude, le moine lui expliquait que chaque nuit vidait symboliquement la tasse de la vie, comme acceptation de sa condition de mortel. Ce rituel lui rappelait ce qu’il devait à ce jour passé, et que, pour autant, il était préparé au cas où le surprendrait la mort. Et chaque matin, il remettait la tasse à l’endroit en acceptation du présent d’un nouveau jour. Le moine vivait jour après jour, reconnaissant que chaque matin, était un cadeau merveilleux, mais, aussi, qu’il était prêt de quitter ce monde à la fin de chaque journée.
 »  (Lou Marinoff). Platon, not prozac !)

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« Avant d’apprendre à mourir, les philosophes nous aident à vivre » (Éric Fottorino. Directeur de l’hebdomadaire, le 1)

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La crainte de la mort est la crainte de se séparer de soi. Déjà on se voit pleurer sur sa propre dépouille, et plus on s’aime soi-même, plus grande est notre tristesse. A cette seule pensée de cette perte irrémédiable de Moi, nous sommes « inconsolables ». Il y a là des manifestations du Narcissisme, et de l’égocentrisme, qui n’arrangent rien à l’affaire. (Luis)

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« Vaís de la vida a la muerte
de la nada a la nada »
Vous allez de la vie à la mort
Du néant au néant
(Miguel de Hernandez)

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« Que no nos separe la vida
y !vaya al diablo la muerte ! »
Qu’on ne nous sépare pas de la vie
Et que la mort s’en aille au diable !
(Pablo Neruda)

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« La vie n’est que l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort » (Xavier Bichat)

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« Rends-toi mon cœur
nous avons assez lutté.
Et que ma vie s’arrête.
On n’a pas été lâches,
on a fait ce qu’on a pu »
(Henri Michaux)

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« Mourir n’est rien, commence donc par vivre, c’est moins drôle, et c’est plus long ». (Jean Anouilh. Théâtre, Roméo et Juliette)

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« La philosophie n’est pas une méditation sur la mort, mais une augmentation de la vie, le sage est l’homme libéré de la pensée de la mort et également du fait de ne prendre aux superstitions du vulgaire » (Spinoza)

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César : – « Les poltrons meurent plusieurs fois avant de mourir. Le vaillant ne tâte qu’une fois de la mort. Il me semble étrange que les hommes puissent avoir peur de la mort, sachant que la mort est une fin nécessaire, venant quand elle doit venir »  (Shakespeare. César. Acte II, Scène II)

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Les expériences comme celles qui on mené à la naissance d’un clone (enfin à ce jour seulement naissance annoncée) excite beaucoup l’attrait de ce vieux mythe  de l’immortalité. Nous voulons Etre, et Paraître jeune le plus longtemps possible. Des tonnes de DHEA se vendent sur le NET… et alors, pourquoi pas l’immortalité ? et conjurer à tout jamais cette peur de la mort, ce qui est le point de mire de notre condition. Aux USA les pompes funèbres disposent de locaux où des personnes qui ont cessé de vivre, sont conservées à des températures adaptées ; de ce fait il n’y a pas vraiment de mort, pas d’enterrement, pas de deuil ; on attend que le progrès, la science permette le retour à la vie. En fait, ce n’est pas le défunt qui aura échappé à la mort, c’est ses proches, qui par ce geste, écartent la mort des autres, car la mort des autres c’est aussi notre mort ; c’est le refus de la mort, une forme de lâcheté… » (Luis)   

*                                                                                   

La mort et le mourant.

« La mort ne surprend point le sage,
il est toujours prêt à partir
s’étant su lui-même avertir
du temps où l’on doit se résoudre à ce passage…
Se plaignant à la mort :
Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle !
Vieillard, lui dit la mort, je ne t’ai point surpris.
la mort avait raison. Je voudrais qu’à cet âge
On sorti de la vie, ainsi que d’un banquet,
Remerciant son hôte, et qu’on fit son paquet… »
(Jean de la Fontaine)

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La mort a civilisé l’homme. Les animaux n’ayant pas l’idée de la mort vivent en totale inconscience d’être et de devoir mourir. Les hommes sont la race supérieure, mais imaginons un instant que l’homme puisse être immortel, imaginons que tous les biens qu’il acquiert, qu’ilspossède, il en jouirai pour l’éternité, alors l’égoïsme deviendrait démesuré ; en cela la mort nous apprend à vivre. (Luis)

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«  Nous périssons chaque jour, et plusieurs fois au cours de notre vie nous avons enseveli celui que nous avons été : à quatorze ans, l’enfant de sept ans n’est plus, et dans le jeune homme de vingt et un ans qui, se croyant éternel, ignorait qu’il serait anéanti à vingt huit ans, le garçon de quatorze ans n’est déjà plus qu’une poignée de cendres. Nous mourrons et renaissons tant que le fil n’a pas été tranché – non pas le fil de notre vie, mais celui de notre mémoire »  (Thierry Laget. La lanterne d’Aristote)

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 » Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive » (Montaigne)

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 « Je connais la torture des morts lentes […] l’agonie est un calvaire pour ceux qui y sont contraints d’y assister et surtout quand l’amour s’y même. Devenir un poids pour ceux que j’ai porté dans ma chair, dans mes bras, dans mon cœur, serait la pire des fins. Oui, mieux vaut partir avant, mieux vaut ne pas durer trop longtemps »  (Caroline Martinez. Du domaine des murmures)

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Il fera si beau de mourir quand ce sera
Le soir d’enfin mourir…
Un soir d’aubépines en fleurs aux confins des parfums et de la nuit
Un soir si beau que je vais croire jusqu’au bout
Dormir du sommeil de tes bras
Dans le pays sans nom sans éveil et sans rêves
Le lieu de nous où toutes choses se dénouent
C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent les voix
C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont chez eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre…
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
(Aragon)

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« Quand on réfléchi que  la mort est la fin de tout, il n’y a rien de pire que la vie » (Tolstoï)
Dans les nouvelles de Tolstoï comme « La mort d’Ivan Illich » et « Maître et serviteur » l’homme ne découvrir la vie que lorsqu’il va mourir, ainsi, mourir serait apprendre à vivre. (Luis)   

*                                                                  

Débat :                      « Mourir est-il plus difficile que vivre ? »

La question malgré la gravité de son objet peut prêter à sourire. Qui peut prétendre pouvoir y répondre ?
Que sait-on du mourir ? Qui peut se prévaloir en avoir fait l’expérience? Tout au plus, certains diront familièrement, fort justement d’ailleurs, avoir vu la mort de près. Un de mes amis, chrétien, après une grave maladie me disait « avoir frôlé les ailes de Saint Pierre ! »
Cyniques et/ou humoristes se feront un plaisir de répondre à cette interrogation. Mourir serait facile puisque on y réussit toujours très bien la première fois ! (On ne meurt en effet qu’une fois)
Certains objecteront que cette affirmation est fausse, pour preuve des personnes ratent leur suicide. Ils doivent s’y reprendre, parfois à plusieurs fois.
Nous n’avons pas là une expérience signifiante de la difficulté du mourir, puisque mort il n’y a pas quand le suicide est manqué.
En matière de justice, la mort était le châtiment suprême. La dureté de la sentence résidait-elle dans la mort elle-même où dans le temps qui restait à vivre au condamné avec en pensée l’inévitable échéance ? Le difficile pour lui n’était-il pas de continuer à vivre ? Continuer à vivre ne lui était-il pas insupportable ?. (Luis)

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« Viens, mais ne viens pas quand je serai seule, choisis plutôt un soir de gala.., ma vie a brûler sous trop de lumière je ne veux pas partir dans l’ombre »  (Mourir sur scène. Dalida)

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Admète avait obtenu d’Apollon que le jour où il allait mourir, qu’il puisse rester sur cette terre, continuer à vivre à condition de trouver un mortel qui prenne sa place.
Alors qu’il est encore jeune, le jour de ses noces soudain il sent la mort venir. Il demande à ses vieux parents si l’un d’eux veut bien prendre sa place, mais bien que très âgés, ils veulent vivre encore, chez ses plus proches amis et serviteurs nul ne se propose, même ceux qui sont condamnés, mourants, ne veulent abréger leurs jours. Lorsqu’il va rejoindre sa jeune épouse Alceste dans la chambre nuptiale, celle-ci a pris du poisson et a donné sa vie pour son époux.  Héraclès qui était invité à cette noce, ira la rechercher aux enfers. (Alceste. Tragédie d’Euripide) 

*

 « Quand mon fils… est mort.., les gens qui me présentaient leurs condoléances ajoutaient souvent : « Le vie continue », pour me réconforter. Quelle bêtise, me disais-je. Bien sûr que non, elle ne continue pas. C’est la mort qui continue. Mon fils est mort et il le sera encore demain, l’année prochaine, à jamais. Le mort est sans fin. Mais peut-être y aura-t-il une fin à la tristesse » (Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates)

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Un pas de plus

A chaque seconde qui passe
Qui me lasse ou qui me délasse
Je compte 1 vers l’infini
Je retire 1 de ma vie

Un peu de ma vie qui s’écoule
Qui glisse, avance, s’enroule
Laissant l’empreinte d’une trace
A chaque seconde qui passe.

Chaque pas est un pas de plus
Vers l’infini, vers l’inconnu…
Comme une vague sur l’océan
J’approche des rives calmement

A la dérive doucement portée
Par le vent qui va m’emporter
Je voyage sur les îles
Je baigne dans des lieux tranquilles

Où tout se colore de bleu
Un jour je fermerai les yeux…
Apprécierais-je ce répit
Après la vie ? Vierge Marie

Donne-moi la foi, le courage
La force d’avancer en âge,
D’avancer pas après pas,
D’un pas de plus vers l’au-delà.
 (Blog. Regards sadéens. Jean Carassus)

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« Le jeune Aristote dans « l’Eudème », avait accentué les conceptions pessimistes du « Phédon » de Platon, jusqu’à comparer le sort de l’âme contrainte de rester ici bas liée au corps qu’on assimilait souvent à une prison , voire le tombeau, à l’horrible supplice qui consistait à enlacer de force un prisonnier et un cadavre » (Geneviève Rosis-Lewis. Epicure et son école)

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 « La mort cellulaire chez les embryons tue des tissus qui par exemple vont faire apparaître des doigts. Cette mort cellulaire  a longtemps posé problème. C’est ce que le scientifique ont appelé la structure de la forme. Ce sera le principe de la formation des organes génitaux [….] lorsque nous sommes encore qu’embryon apparaît la queue propre à tous les mammifères, puis ces cellules vont mourir… » (Sur les épaules des géants. Jean-Claude Ameisen. La mort participe à la vie)

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« Mais ce n’est pas ce qui préoccupait Paul. Cela le hantait jour et nuit. Ce qu’il avait fini par rejeter était le principe même de l’immortalité. Ce n’est pas qu’il souhaitait mourir, mais l’idée même de voir se succéder des générations sans pouvoir en partager le destin temporel l’horrifiait. Ne pas avoir de terme, d’échéance, ne plus être exposé au passage entre les âges de la vie, lui était progressivement apparu comme le pire cauchemar qu’on pouvait imposer à un être humain. Il avait la prescience que l’immortalité si elle devait se généraliser, ne pouvait conduire qu’au chaos et à la guerre. Car si le bénéfice d’être immortel était dispensé par des machines, sur quels critères seraient sélectionnés les prétendants ? L’argent, le degré d’éducation, le lieu de résidence, la proximité avec le monde des machines.., le QI ?[…..] Surtout il craignait que seuls les plus riches, les plus violents, les plus puissants détournent à leur profit exclusif la possibilité d’être immortels… » (La chute de l’empire humain. Mémoires d’un robot. Charles-Edouard Bouée)

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A la mort, Tôt ou tard tu viendras- pourquoi pas maintenant ?
Je suis en grand malheur et je t’appelle.
ma lumière est éteinte, mon portrait est béant –
Pour toi si simple et si belle.
Tu peux prendre la forme qui te convient :
flèche empoisonnée, trouant le vide,
bandit, assomme-moi sur le chemin.
Emporte-moi fièvre typhoïde.
Ou bien encore – ta belle invention,
pour tous, à en vomir, banale ;
Qu’un képi bleu entre dans ma maison,
guidé par le concierge pâle.
Tout m’est égal. Ienisseï bouillonnant,
L’étoile polaire brille sur moi.
Et l’éclat bleu des yeux que j’aime tant
se voile d’un ultime effroi.
(Anna Akmatova.
19 août 1939 Leningrad)

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« Dans cette situation, le fait de pouvoir adresser un Libre Adieu est très étonnant. Une fois la date fixée pour passer de l’autre côté du miroir, le sens de chacun des jours restants est une boule de cristal d’une richesse infinie.  Cette date de dernier jour de vie décidée en amont est impossible pour la très grande majorité des humains. Néanmoins, un équilibre Ying et Yang, Eros et Thanatos, Vie et Mort, rassérène. Il n’est pas nécessaire d’être angoissé par l’idée de la mort. Il faut l’accepter car c’est un passage inéluctable vers l’au-delà. Aucun de nous n’est immortel. Aussi faut-il vivre avec plaisir, partage, solidarité, porter attention et secours, entre autres, aux démunis et aux migrants.
Alors, ADIEU, chers vivants !Avant notre naissance, tout au long de notre vie et après notre
mort, nos cellules, nos molécules, notre esprit, nos rêves, nos souvenirs, appartiennent au système Solaire, à la Voie Lactée, à notre Galaxie et à l’Univers dont nous ignorons les limites. Je vous embrasse avec tous les espoirs de paix et d’amour que nous portons dans nos cœurs » (Lettre d’adieu d’Adel Hakim, metteur en scène, co-directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry s/Seine)

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Le grand pan est Mort.

Et quand fatale sonnait l’heure
De prendre un linceul pour costume
Un tas de génies l’?il en pleurs
Vous offraient des honneurs posthumes.
Et pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C’était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l’âme était accordée,
Et le moindre mortel avait l’éternité.

Aujourd’hui ça et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.
La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.

(Georges Brassens)

*

« Si l’aspect effrayant sous lequel nous apparaît la mort était due à l’idée de non être, nous devrions ressentir ce même effroi à,la pensée du temps où nous n’étions pas encore »  (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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«  Vivrais-tu plus longtemps, vivrais-tu plusieurs siècles,
Tu n’en mourrais pas moins d’une mort éternelle.
….

Ne sais –tu que la mort ne laisse un autre toi
Qui puisse survivant pleurer sur ton décès,
Debout auprès de ton cadavre.. »
(Lucrèce. De rerum natura)

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  « Allons vers l’autre monde en flânant en chemin, car à forcer l’allure, il arrive qu’on meurt.. » (Georges Brassens. Mourir pour des idées)

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