Nécessité

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Le Grand Robert de la langue française : Caractère de ce qui est nécessaire, de ce dont on ne peut se passer (pour obtenir un résultat, satisfaire un besoin)
Chose, événement inéluctable, inévitable qui exerce une contrainte sur l’homme ; caractère de ce qui est inéluctable et contraignant ; la contrainte.
La force qui contraint l’homme à agir, à se comporter de telle ou telle façon.
Enchaînement nécessaire des causes et des effets, des principes et des circonstances.

Trésor de la langue française : Caractère nécessaire, indispensable de quelque chose; action, fait, état, condition qui doivent obligatoirement être réalisés (pour atteindre une fin, répondre à un besoin, à une situation.
Fait, événement, phénomène se produisant d’une manière inéluctable et exerçant une action contraignante sur un être, une collectivité, un système.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : Le contraire de la contingence : est nécessaire ce qui ne peut pas être autrement.

Synonymes : Obligation. Exigence.

Contraires : Contingence

Par analogie : Absolu. Circonstances. Besoin. Destin. Déterminisme. Devoir. Essentiel. Falloir. Fatalité. Gène. Inéluctable. Raison. Vital.

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« Dans la nécessité tous les biens sont communs, il n’y a donc pas de péché si quelqu’un prend le bien d’autrui » » (St Thomas d’Aquin. Somme théologique) «  La nécessité dont certains font la maîtresse absolue, n’est pas ; il est quelques choses fortuites, d’autres dépendent de notre arbitraire. …C’est un malheur de vivre dans la nécessité, pais vivre dans la nécessité, n’est pas une nécessité. Partout sont ouvertes les voies qui mènent à la liberté, nombreuses, courtes, aisées. Dompter la nécessité elle-même est chose permise » (Epicure)

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« Tout arrive selon la fatalité qui est identique à la nécessité » (Héraclite)

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« L’évènement dont l’opposé est possible est contingent. L’évènement dont l’opposé est impossible, est nécessaire » (Nécessite. Leibniz) « La nécessité est le guide qui conduit l’homme et trouve en lui un élève naturellement doué, puisqu’il dispose de ses mains, du langage, et de l’intelligence naturelle » (Histoire de la philosophie occidentale. Jean-François Revel)

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« Dites-moi que je suis nécessaire et je vous soulève des montagnes » (Yannick Grannec. La déesse des petites victoires)

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 « Gardons-nous de déclarer qu’il y a des lois dans la nature. Il n’y a que des nécessités : là, nul ne commande, nul n’obéit, nul ne transgresse »   (Nietzsche. Le gai savoir)

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Dans un naufrage un homme est accroché à une planche qui le soutient. Un deuxième naufragé vient s’accrocher à cette planche ; mais la planche ne peut supporter deux hommes. C’est nécessité de veiller à la sauvegarde de sa propre vie. Va-t-il se sacrifier au nom de l’humanisme ou obéir à une loi de survie. Cicéron cite cet exemple emprunté au Grec Carnéade. C’est tuer un innocent pour sauver sa vie. Ce cas peut intéresser les juristes (Luis)

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 « L’homme n’apprend rien que par nécessité. La nécessité est le guide qui conduit l’homme et trouve en lui un élève naturellement doué… » (Histoire de la philosophie occidentale. Jean-François Revel)

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«  Il est de la nature de la raison de considérer les choses comme contingentes et nécessaires » (Spinoza. Ethique. Proposition XLVI. 2ème partie)
On peut comprendre que pour Spinoza les choses qui vont arriver vont arriver diversement, mais que néanmoins quel que soit ce qui arrive c’est dans un but précis. Cela peut sembler être  un curieux mariage du hasard et du déterminisme. (Luis)

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Souvent dans les débats une polémique s’élève quant à Hiroshima. L’un dira que ce fut après Hiroshima que l’on a pris réellement conscience du grand danger d’une guerre nucléaire, ce que certains pourraient entendre ou traduire que « grâce » à Hiroshima nous n’avons pas eu de guerre nucléaire, ce qui sous entend qu’Hiroshima fut en ce sens une nécessité. (Luis)

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« Rien ne se produit vraiment, mais tout se produit à partir d’une raison, et en vertu d’une nécessité » (Les penseurs grecs avant Socrate. Garnier Flammarion. 1964)

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Il n’y a pas de nécessitéhistorique.  « Nous ne connaissons pas l’avenir. Tout le monde agit en pensant au futur, et personne ne sait ce qu’il fait, parce que l’avenir se fait ; L’action est faite par « nous » et non par « moi. Ce n’est que lorsque j’agis seul que je pourrais prédire ce qui va se passer à la suite de mes actes. Il semble donc que ce qui s’est passé soit essentiellement …… »  (Emission. « Un certain regard » ORTF 1974. INA 1975)

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Spinoza qui pourtant aime jouer aux échecs, maintient que tout est nécessité que ce qui arrive était inscrit dans l’ordre des choses dès l’éternité. Mais il a bien du voir que le déplacement suivant son libre choix allait partiellement, infiniment influer sur les possibilités dans la poursuite de la partie, il n’en reste pas moins qu’à chaque coup joué on détermine la suite, sauf à se mettre en impasse.      (Luis)  

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 Je ne me sens pas apte à atteindre l’ascétisme épicurien, c’est-à-dire : me débarrasser de toutes les nécessités superflues ; et il est des plaisirs dont je ne veux pas faire abstraction, même et surtout si ce sont ce qu’on appelle les petits plaisirs. Un sourire, une parole amicale, un regard de sympathie, un bon dîner entre amis, …et la liste est longue, de tout ce qui est aussi une nécessité. Mais s’il est une nécessité pour bénéficier de ces petits plaisirs qui viennent des autres: c’est d’être soi-même capable, d’un sourire spontané, d’une parole amicale, d’un regard sympathique…, et toutes ces petites choses nécessaires pour un art de bien vivre ensemble. Nécessité et plaisir sont comme en écho.  (Luis)                                            

   Il n’est pas de vie humaine qui ne soit que vie physique, toute vie comporte sa part de vie intellectuelle. Là aussi les nécessités ne sont les mêmes pour tous : « J’ai vécu la vie sans nul pensement, me laissant aller doucement à la bonne loi naturelle ». (Epitaphe à Régnier. 1573/1613). Pouvoir passer la vie sans penser est tel « Une vie sans examen ne vaut la peine d’être vécue » nous dit Socrate, et là il met la barre de la nécessité très haut. C’est aussi ce qu’on lit dans le « Phèdre de Platon : « Eh bien ! l’être qui est sans couleur, sans figure, intangible, qui est réellement, l’être qui ne peut être contemplé que par l’intellect –le pilote de l’âme – l’être qui est l’objet de la connaissance vraie, c’est lui qui occupe ce lieu…. ». Celui qui occupe ce lieu, autrement dit, que ma part animale. La nécessité du lien social crée, entraîne, tous les plaisirs  du vivre ensemble. (Luis)

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La liberté de penser, la liberté à l’égard des dogmes, fut et reste pour beaucoup une nécessité, laquelle est « mon bon plaisir », et ce qui s’oppose à toute servitude intellectuelle volontaire. Lorsque je demandais à mon grand père, « – Pourquoi tu ne viens pas me voir servir la messe » ? « – Parce que je suis un libre penseur » me répondait-il. Rien que le mot « libre penseur » m’en bouchait un coin. Il m’expliquait alors la nécessité pour la plupart d’avoir des réponses à leurs questions.  La nécessité nous enferme si souvent, que c’est pour certains acte de liberté, acte de plaisir de s’en libérer, plaisir en en soi partagé qu’avec soi, et ne pas céder à une nécessité qui ne nous concerne pas. Mais si le besoin, le désir de réponse métaphysique est source de plaisir, de sérénité  pour d’autres, alors elle est nécessaire. (Luis)

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