Obéissance

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Le Grand Robert de la langue française : Fait d’obéir, action de celui qui obéit.
Se conformer, se plier à ce qui est imposé par autrui, ou par soi-même.

Trésor de la langue française : Disposition à obéir, habitude d’obéir.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : La soumission à un pouvoir légitime, ou qu’on juge comme tel. Il n’en est pas moins parfois nécessaire de désobéir.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : (Obéir) C’est se soumettre à la volonté d’un autre. Celui qui commande est censé supérieur, & celui qui obéit subalterne. On obéit à Dieu, en suivant sa loi, aux rois en remplissant leurs lois ; à la nécessité, aux passions, &c.

Synonymes : Acceptation. Allégeance. Assujettissement. Céder. Dépendance. Docilité. Exécuter. Obtempérer. Se soumettre. S’incliner. Soumission.   

Contraires : Désobéir. Indiscipline. Indoscilité. Infraction. Insoumission. Insubordination. Malléabilité. Mutinerie. Passer outre. Opposition. Rébellion. Refus. Résistance. Révolte.  

Par analogie : Autorité.   Chef. Contrainte. Coutume. Directives. Discipline. Domestique. Domination. Conformiste. Electron libre. Esclave. Hiérarchie. Humilité. Imposer. Inféodé. Insoumis. Joug. Maître. Mollir.  Mutinerie. Obédience. Objecteur de conscience. Ordre. Plier. Rebellion. Réfractaire. Résister. Ruade. S’aplatir. Se cabrer. Se conformer. S’écraser. S’incliner. Se plier.  Servilité. Servitude. Subalterne. Subordination. Subordonné. Suiviste. Sujétion. Supérieur. Tête de mule. Transgresser. Usages. Volonté.

Expressions : Baisser pavillon. Courber: la tête/l’échine/le dos.Être à la botte de. Être à la merci. Être aux ordres. Être sous la férule. Être sous le joug de. Filer doux. Mettre les pouces; Obéir au doigt et à l’œil. Passer par les fourches caudines. Subir la loi. Suivre les ordres.

Voir sur ce même dictionnaire l’article : Désobéissance.

L’obéissance a ses limites; obéir à un ordre illégal est illégal.

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 « La désobéissance civique. L’admiration de toute l’Europe pour les révolutionnaires de 1789 indique à la fois que les hommes peuvent faire appel à l’injustice, et qu’une telle tentative réveille chez les autres témoins, enthousiastes, l’idée de liberté ».(Henri Pena Ruiz)

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 « C’est-à-dire que moins on sait commander, plus on désire de manière pressante quelqu’un qui commande, qui commande avec autorité, un dieu, un prince, un état, un médecin, un confesseur, un dogme, une conscience de parti….. »   (Nietzsche. Le gai savoir)

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« Dans la mesure où de tout temps, depuis aussi longtemps qu’il y a des hommes, il y a eu aussi des troupeaux humains  (des groupes familiaux, des lignées, des peuples, des Etats, des Eglises) et toujours une très grande quantité d’hommes qui commandent, – eu égard donc, au fait que c’est jusqu’ici l’obéissance qui a été le mieux et le plus longtemps exercée et élevée, on peut raisonnablement présupposer qu’en moyenne, le besoin est désormais inné chez tout un chacun… ? et accepte tout ce qui hurle dans les oreilles la première source de commandement venue – parents, professeurs, lois, préjugés de classe, opinion publique ». (Nietzsche. Le gai savoir)

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 « La discipline faisant la force principales des armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants, que les ordres soit exécutés littéralement, sans hésitation, ni murmure ; l’autorité qui les donne en est responsable, et la réclamation n’est permise au subordonné que lorsqu’il a obéit » (Manuel de l’infanterie. Discipline)

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« La Tâ’a, obéissance au mari, est considéré par l’Islam comme un devoir religieux. Celles de qui vous craignez l’insoumission, faites leur la morale, désertez leur couche, corrigez-les » (Coran. Sourate IV, Verser 34)

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  Obéir : est un mot qui  nous agresse, si c’est : se conformer, écouter, si c’est : se soumettre, se plier, obtempérer, être contraint, accepter la subordination, l’autorité …, toutes ces connotations contenues dans l’obéissance nous mettent sur la défensive, on peut y voir le rapport de force entre le fort et le faible, entre le dominant et le dominé.
Nous sommes dans l’obéissance, nous nous plaçons dans l’obéissance, de plein gré, (parce qu’on n’a pas le choix ?).  » L’homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d’autres individus, a besoin d’un maitre » (Kant) De fait nous devons considérer toutes les formes d’obéissance : obéir par prudence, obéir par devoir, obéir par crainte, obéir à la loi, obéir à sa voix intérieure, a sa conscience, obéir par nécessité
Il y a des personnes pour qui il est plus facile, plus confortable d’obéir que de dire non. L’obéissance servile peut être une aliénation où certains trouveraient du plaisir ; «  Je me demandais » écrit Alfred de Vigny dans, Servitude et Grandeur militaires ; « si l’abnégation de soi-même n’était pas un sentiment né avec nous ; ce que c’était que ce besoin d’obéir et de se remettre sa volonté en d’autres mains, comme une chose lourde et importune ; d’où venait le bonheur secret d’être débarrassé de ce fardeau, et comment l’orgueil humain n’en était jamais révolté » c’est la propension à la « servitude volontaire » ce qui faisait dire à  La Boëtie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux…., telle est portant la faiblesse des hommes contraints à l’obéissance ».
Désobéir c’est une prise de risque, le risque de se tromper, puis d’avoir à répondre de ses actes devant soi, devant les autres.
L’obéissance peut être quelque chose de différent que la soumission. L’individu obéit à des règles auxquelles il croit ne pas pouvoir échapper, il est prisonnier, des usages, de la coutume, il ne peut se dégager de l’instinct grégaire, il obéit comme le groupe, c’est aussi  l’obéissance moutonnière. Mais cela peut être obéir à une loi naturelle, à une nécessité incontournable. 
Comment obéir aux règles, aux lois, aux usages communs, sans pour autant renier sa liberté de choix, refuser de se créer sa propre personnalité ; La société humaine telle la ruche, ou la fourmilière ne serait-elle basée que sur ce principe d’obéissance ?
L’obéissance peut être ressentie comme une entrave à notre liberté. Alors quand nous faut-il obéir ? Quand nous faut-il désobéir, ou, transgresser ?  (Luis) 

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L’obéissance est un des fondements du respect des règles religieuses, pour le moins de trois religions du Livre ; obéissance et nous soumission me disait une personne croyante.  Dans un ouvrage de 1878- « De la politesse et du bon ton, ou du devoir de la femme chrétienne », on pouvait lire ceci : « En sacrifiant votre volonté, ne prétendez rien sur celle de votre époux….Ils sont (les hommes) naturellement tyranniques. Ils veulent du plaisir et de la liberté, et, exigent que les femmes y renoncent. N’examinez pas si leurs droits sont fondés. Qu’il vous suffise qu’ils soient établis, ils sont les maîtres, il n’y a qu’à souffrir et obéir de bonne grâce »  (Comtesse Antoinette Joséphine Drohojowska)

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 « Monsieur le président  / Je vous fais une lettre  / Que vous lirez peut-être  / Si vous avez le temps. / Je viens de recevoir  / Mes papiers militaires / Pour partir à la guerre / Avant mercredi soir.  / Monsieur le président  / Je ne veux pas la faire  /Je ne suis pas sur terre / Pour tuer des pauvres gens. / C’est pas pour vous fâcher,  / Il faut que je vous dise,  /Ma décision est prise, / Je m’en vais déserter ».  (Boris Vian. Le déserteur)

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Aristide de Sousa Mendès, diplomate portugais en poste à Bordeaux, va en 1940 désobéir aux ordres du dictateur Salazar., mais en même temps obéir à ce que lui dicte sa raison, son cœur, sa croyance en Dieu  Il va délivrer près de 30.000 visas à des personnes qui fuient l’invasion allemande, dont la plupart sont juifs, ces personnes à partir de l’Espagne ou du Portugal pourront émigrer. On retient de ses propos : « Désormais je donnerai des visas à tout le monde, il n’y a plus de nationalités, il n’y a plus de race, ni de religion », ou aussi : « S’il me faut désobéir, je préfère désobéir à un ordre des hommes qu’à un ordre de Dieu ».

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