Optimisme

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Optmiste et pessimiste. Vladimir Makovski. 1883.
Delarussian National Arts Miseum. Minsk.

Le Grand Robert de la langue française : Doctrine selon laquelle le monde est le meilleur et le plus heureux possible.
Tournure d’esprit qui dispose à prendre les choses du bon côté, en négligeant leurs aspects fâcheux.
Impression, sentiment de confiance heureuse dans l’issue, le dénouement favorable  d’une situation particulière.

Trésor de la langue française : Disposition d’esprit qui consiste à voir le bon côté des choses, à trouver que tout est pour le mieux, à ne pas s’inquiéter des embarras présents et à bien augurer de l’avenir

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : Optimus, en latin, est le superlatif de bonus. Le mot signifie,  « le meilleur », et cette étymologie pourrait presque faire une définition suffisante. Être optimiste, au sens philosophique du terme, c’est penser, avec Leibniz, que tout va pour le meilleur des mondes possibles.

Synonymes : Confiance. Enthousiaste. Espoir.

Contraires : Bilieux. Cafardeux. Découragement. Désespéré. Pessimisme.

Par analogie : Candide. Élan vital. Emotion. Euphorie. Impression. Insouciance. Le ravi de la crèche. Meilleur. Meilleur des mondes. Monde Bisounours. Optimiser. Pire. Positiver. Sentiment de confiance.

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« Dans ce monde où Dieu a fait le meilleur des mondes, disait Leibniz et le péché originel en fait partie. Alors être chassé d’un lieu de délices, où l’on aurait vécu à tout jamais si on n’avait pas mangé la pomme. Avoir des enfants dans la douleur, pour la misère, qui souffriront, qui feront souffrir les autres. Eprouver toutes les maladies, sentir tous les chagrins, mourir dans les douleurs, pour finir, peut-être en enfer et brûler pour l’éternité, tout cela serait le meilleur des mondes pour l’homme, et en quoi cela serait-il bon pour Dieu ? A cela Leibniz n’avait pas grand-chose à répondre, aussi écrivait-il de gros, de très gros livres, dans les quels il n’en dit pas plus ». (Voltaire)

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« Un optimiste rencontre un pessimiste : tout va mal, s’exclame ce dernier. ça ne pourrait pas être pire.. ! Et l’optimiste de lui répondre, Mais si, mais si !»

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« « Le pessimisme est d’humeur » disait Alain, «  l’optimisme est de volonté ; tout homme qui se laisse aller est triste » .

Ce que l’on retrouve dans la formule si souvent citée de Gramsci : « Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté »

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Schopenhauerle pessimiste par excellence de la philosophie, écrit : « Vivre, en règle générale, c’est essuyer une série de malheurs, grands ou petits ». Pour lui l’optimisme « quand il n’est pas un verbiage dénué de sens que tiennent nombre de têtes plates, est une opinion impie, une odieuse moquerie en face des ineffables douleurs de l’humanité »

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« L’optimisme c’est le viagra des possibles » (Luis)

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« Le fondateur de la théorie opposée, de l’optimisme systématique, est Leibniz, dont je n’ai pas l’intention de nier les mérites de sa philosophie, quoique je n’ai jamais réussi à pénétrer le vrai sens de la Monadologie [….] Aujourd’hui des professeurs s’efforcent de tous côtés de remettre sur ses pieds Leibniz avec ses bêtise, bien plus le glorifier [….] Pour en revenir à c e dernier, je ne puis reconnaître à la Théodicée, en tant que large et méthodique exposé de l’optimisme, d’autre mérite que d’avoir fourni au grand Voltaire l’occasion de son immortel Candide, vérification bien inattendue, pour Leibniz, de cette excuse boiteuse, si souvent évoquée par lui en faveur des maux du monde, à savoir que le mal engendre parfois le bien.
Par le seul nom de son héros, Voltaire a indiqué qu’il suffit d’être sincère pour convenir du contraire de l’optimisme. En vérité, sur ce théâtre de pêché, de la souffrance et de la mort, l’optimisme fait une bien étrange figure,  et c’est pour une ironie qu’il faudrait le prendre, si la source secrète de cette tendance, si plaisamment découverte par Hume [….]  c’est-à-dire une flatterie hypocrite… » (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation. Tome III)

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Dans la question : l’optimiste est-il raisonnable, il faut entendre tout à la fois : est-ce bien raisonnable d’être optimiste ? Peut-on raisonner l’optimisme ? Et, Optimisme et raison peuvent-ils aller de pair ? La même question se posant pour le pessimisme.

Chez les philosophes deux doctrines s’opposent, celles de deux philosophes allemands : le premier, Leibniz l’optimiste qui dit, que «  puisque Dieu existe, qu’il a créé ce monde, celui-ci est tel qu’il l’a voulu, donc,  tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles ». Le pessimiste est Schopenhauer pour qui, je cite : « La perpétuité des souffrances est l’essentiel même de la vie…La vie est une mer d’écueils et de gouffres, l’homme à force de prudence et de soins les évitent, et pourtant il sait qu’il ne fait que s’avancer vers l’inévitable naufrage de sa mort.. ! »

Nous sommes devant ces deux extrêmes, le pessimisme du désespoir, et d’autre part, l’optimisme béat, lequel sera tourné en ridicule dans l’œuvre de Voltaire qui nous parle beaucoup de l’optimisme dans Candide. « Il faudra bien qu’à la fin je renonce à l’optimisme » dit Candide. « Mais qu’est-ce que l’optimisme ? » lui demande son compagnon Cacambo. « Hélas ! », répond Candide, « c’est la rage de soutenir que tout est bien quand tout va mal ». (luis)                 

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Un philosophe optimiste disait : « Le pire n’est jamais sûr », et voilà qu’il est mort !

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Epicure nous dit que deux idées nous poussent au pessimisme, la mort et les Dieux. Mais il nous explique que, « si les Dieux existent, ils n’ont que faire des humains, quant à la mort, elle n’existe pas et ne nous concerne pas ». Tout comme le Bouddhisme il nous enseigne à nous libérer de tout pessimisme, il nous enseigne à gérer la douleur, il nous invite à jouir de la vie.

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L’optimiste est un imbécile heureux. Le pessimiste est un imbécile malheureux

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« La bonne santé est un état qui ne présage rien de bon »  (Louis Jouvet. Dr Knock)

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Pangloss, le professeur de philosophie de Candide lui explique : « Si Christophe Colomb n’avait pas attrapé cette maladie, la vérole, et même infesté toute l’Europe, nous n’aurions jamais connu le chocolat ».

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Le pessimiste est un optimiste bien informé !

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« Combien de croyants n’on cru qu’au bonheur dans l’au-delà, combien d’athées ont su avec optimisme profiter de la vie, ici et maintenant » ( ?)

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« Le pessimisme est tempéré par l’humour ».   (Georges Bernard Shaw)

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« O sancta simplicitas ! Dans quelle étrange simplification vit l’homme ! On en finit pas de s’émerveiller, pourvu qu’on se soit fait d’abord les yeux qui permettent de voir cette merveille ! Comme nous avons rendu tout ce qui nous entoure clair, libre, facile et simple. Comme nous avons su octroyer à nos sens un passeport pour tout ce qui est superficiel…, »  (Nietzsche. Par delà le bien et le mal. Page 491)

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« Démocrite et Héraclite ont été deux philosophes, desquels le premier, trouvant vaine et ridicule l’humaine condition, ne sortait en public qu’avec un visage moqueur et riant ;Héraclite, ayant pitié et compassion de cette même condition nôtre, en portait le visage continuellement attristé, et les yeux chargés de larmes. J’aime mieux la première humeur, non pas parce qu’il est plus plaisant de rire que de pleurer, mais parce qu’elle est plus dédaigneuse, et qu’elle nous condamne plus que l’autre……….. »,  

On attribue à Gramsci la phrase : – «  Il faut allier le pessimisme de l’intelligence,-  à l’optimisme de la volonté ». – La traduction littéral – à partir de l’italien est précisément : – «  Je suis pessimiste par l’intelligence,  – et optimiste par la volonté »

Autrement dit, – c’est par ma capacité d’analyser ce monde,-  que je vois comme n’étant pas « le meilleur des mondes possibles » de Leibniz, – ni l’irrémédiable-  « mer d’écueil » de Schopenhauer,   – qu’il nous faut éveiller l’optimisme du possible,-  et nous faire devoir d’apporter changement, – et  amélioration.

Dans ce même sens, –  face au constat de ce monde, – il peut y avoir révolte nous dit Camus dans « l’homme révolté », –  mais ayant fait ce constat, – il ajoute,  je le cite, l’homme révolté, – « c’est un homme qui dit non,-  mais  s’il refuse,-  c’est aussi un homme qui renonce pas, -c’est un homme qui dit oui dès son premier mouvement » –  Soit le constat-  qui le met en action,-  et déclenche, –  cet optimisme de la volonté de Gramsci.

Et j’ai entendu aussi : – «  Pessimisme de l’intelligence,-  et,-  optimisme de l’imagination ». De fait, –  le pessimisme tue toute imagination, – c’est  la fatalisme : – « y a rien faire, – c’est foutu… » (Luis)

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«  Au reste, je ne puis ici dissimuler mon avis ; c’est que l’optimisme, quand il n’est pas un pur verbiage dénué de sens, comme il arrive chez ces têtes plates, où, pour tous hôtes logent les mots, est pire que de penser d’une façon absurde ; c’est une opinion réellement impie, une odieuse moquerie, en face des inexprimables douleurs de l’humanité…. »  (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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L’optimisme peut bien sûr être déraisonnable, – c’est le sur optimisme,- ou biais d’optimisme,-  qui va mettre en danger, le fumeur « qui ne risque rien » , celui qui pense que « les accidents n’arrivent qu’aux autres » , celui qui a des rapports sexuels sans se protéger, etc
Ce,  « sur optimisme »  s’auto engendre chez le joueur invétéré, – joueur compulsif – chez qui, – cette surestimation de leur chance-  va les mener- parfois à la ruine, et à la rue.
A l’inverse, –  on rencontre le pessimisme extrême, –  celui qui vous cloue les bras, qui vous faire voir tout ne noir, – qui vous empêche d’être acteur de votre vie. L’optimisme – vous ouvre des portes. Le pessimiste – ne voit  – que des portes fermées.
Pour le philosophe Emil Cioran,  « se suicider,  c’est le geste de l’optimiste » ;
Avec lui ce n’est pas la cure d’optimisme !  la vie, est,  je le cite : « une agonie durable », ou,  « nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance »  ou « l’espoir est une vertu d’esclave » .
Parmi ses œuvres,  on trouve  entre autres : « De l‘inconvénient d’être né » puis « Sur les cimes du désespoir »   « Précis de décomposition »  « Fenêtre sur rien »
Si vous lisez les œuvres de Cioran, vous n’en sortirez pas indemnes, d’ailleurs ses oeuvres sont vendues (si vous le souhaitez) avec le tube de barbituriques. (Luis)

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 Jean Perrin, prix Nobel de physique écrivait en 1930 : « Rapidement, peut-être dans quelques décade, si nous consentons au léger sacrifice nécessaire, les hommes seront libérés par la science et vivrons joyeux et sains, développés jusqu’aux limites que peut donner leur cerveau…, Ce sera un Eden qu’il faut situer dans l’avenir au lieu de l’imaginer dans un passé qui fut misérable » hum !

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 « La vie de chacun de nous, à l’embrasser dans son ensemble d’un coup d’œil, à n’en considérer que les traits marquants, est une véritable tragédie ; mais quand il faut, pas à pas, l’épuiser en détails, elle prend la tournure d’une comédie. Chaque jour apporte son travail, son souci ; chaque instant sa duperie nouvelle ; chaque semaine, son désir, sa crainte ; chaque heure, ses désappointements, car le hasard est là, toujours aux aguets pour faire quelque malice ; pures scènes comique que tout cela. Mais les souhaits jamais exaucés, la peine toujours dépensée en vain, les espérances brisées par un destin impitoyable, les mécomptes cruels qui composent la vie entière, la souffrance qui va grandissant, et, à l’extrémité de tout, la mort,. En voilà assez pour faire une tragédie. On dirait que la fatalité veut, dans toute notre existence, compléter la torture par la dérision ; elle y met toutes les douleurs de la tragédie ; mais, pour ne pas nous laisser au moins la dignité du personnage tragique, elle nous réduit, dans les détails de la vie, au rôle de bouffon » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Tome 1)

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« Je crois que ce qui importe c’est d’être un joyeux pessimiste » avec cette expression Jean Giono nous dit que bien conscient d’une certaine absurdité de la vie, de tous les écueils qui nous y attendent,  qu’il faut savoir vivre les moments heureux que la vie peut nous donner, soit dépasser la vision pessimiste, la vision schopenhauerienne. Il faut se vouloir, ou vouloir être un « optimisateur », expression de Michel Serres, car c’est bien le vouloir, la volonté qui fait ou l’optimiste ou les pessimiste. Si ce même Schopenhauer nous dit que la volonté est seule à décider, que nous ne sommes pas maître en notre maison, j’irais peut-être à l’encontre de tout son raisonnement en situant l’usage de notre volonté, comme la source essentielle de notre volonté d’être, de cette aptitude à surmonter ces écueils de la vie, que cette force de vie qui est en nous, cet élan vital, nous le faisions nôtre,  afin être, plus fort que l’adversité. « Être plus fort »,  résilience  qui nous grandi, ce qui nous sauve ; ce que résume bien en quelques vers le poète Aragon dans « la vie en vaut la peine »

… Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que la vie un instant nous ait paru si belle ?
…..
Mais pourtant malgré tout
Malgré les temps farouches
…….
Malgré tout je vous dit, que cette vie fut belle
(Luis)

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La cueillette du poète

* L’optimisme, Versus Le pessimismeraisonnable,

Entre L’optimisme béat, béni-oui-oui, et Le pessimisme du désespoir, enfoui,
Ledit réalisme _ Ledit juste – milieu, plutôt dans Les centres – Ville, que dans Les banlieues,
des ombres _ de La Caverne _ pessimisme plaidable,
À La Lumière de L’optimisme, raisonnable,
de L’humour noir, politesse du désespoir, À L’humour Lumineux, rayonnant, raisonnable,

* L’optimisme _ raisonnablement _ passionné,
L’optimisme _ passionnément _ raisonnable _

pour ce qui Vient, qui naît, tenable _ soutenable,
Le pessimisme, Lucide, douloureux, et, souffrant,
« La Lucidité est La blessure La plus rapprochée du soleil »,
René Char, sous ton toi ouvrant, ton toi offrant,
de sommeil en réveil, en Veille,
et puis L’éveil, qui découvre, invente _ crée,
hors cadre _ institution _ ton tableau, À La craie …

* de passions tristes _ raisons tristes _ optimistes _
en un « Sisyphe heureux »« inconsolable et gai », Guy Bedos, Lucide _ pessimiste,
et, ma Vieille _ mon Vieux, optimiste Lucide _ sois radieux,
ne te prends jamais Au sérieux !,
de L’optimiste finitude _ certitude,
en Lucide finalité _ incertitude, et, L’empreinte _ La trace,
Edgar Morin, La grâce !, « Par-delà Le bien et Le mal »,F N, par-delà Le bonhomme, Le mâle,

OptimismeOptimum, « Le meilleur, des mondes possibles »,
Leibniz, un optimum,« Le moindre mal, pour Le maximum de bien », pour cible,
optimisme raisonnable, Les biens dépassent Les maux, Leibniz /
Versus Voltaire, Candide ou L’Optimismecandide et optimiste, est-ce bien raisonnable ?, qui critique L’optimisme métaphysique,
mais, défend Le progrès technique, et, politique _ soutenable,
Améliorant L’existence, Au profit de La Vie,
« car Le plus Lourd fardeau, c’est d’exister, sans Vivre »,
Victor Hugo, Alter Hugode – Vie … En – vie … de Vivre, … /

Cas-fée _Philo’s, À L’ Entrepot’s,

Thème du débat: « L’optimisme est-il raisonnable ? » Animateur Guy Pannetier

13. novembre 2021, en frimaire

Gilles Roca, éternel éphémère

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