Ostracisme
Le Grand Robert de la langue française : Bannissement de dix prononcé à l’issue d’un jugement d’un peuple à Athènes et dans d’autres cités grecques.
(Sociologie) Décision, acte d’exlure ou d’écarter du pouvoir, une personne, ou, un groupement politique.
Dictionnaire historique de la langue française (Alain Rey): Est un emprunt du grec « ostrakismos » qui désigne le bannisement de dix ans pronocé par jugement du peuple d’Athènes, puis dans quelques autres cité à l’égard d’un citoyen devenu suspect par son ambition ou sa puissance. C’est un dérivé de « ostrakizein » ( frapper de banissement) lui-même dérivé de « ostrakon » coquille (huitre). Par analogie de formele mot désignait divers objets en terre cuite employé pour voter, sur lesquels les Grecs écivaient le nom de celui qu’ils voulaient bannir.
Synonymes : Banissement. Ecarter. Exclusion. Proscription.
Contraires : Reconnaissance.Appartenance.
Par analogie: Bête noire. Bouc émissaire. Discrimination. Dissident. Exil. Haine. Hostilité. Isolement social. Juif errant. Mouton noir. Ostraciser. Ostrakon. Quarantaine. Péchés. Pharmakos. Préjugés. Punition. Rejet. Responsable. Souffre douleur. Tête de Turc. Tyrans. Victime expiatoire.
Expressions: Exposer à la vindicte. Montrer du doigt.
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Rite athénien : La société ayant besoin d’expulser la souillure pendant une année, choisissait un « Pharmakos »*, habituellement quelqu’un des bas fonds, ou d’une personnalité dont la réputation était jugée excessivement dangereuse, on le mettait à mort après une cérémonie expiatoire…lors d’une réunion, aucun nom n’était prononcé, les membres de l’assemblée inscrivaient un nom sur un coquillage, « l’Ostrakon » *, d’où le mot ostracisme.
Aristote compare ce rite de l’ostracisme à une chorale, où l’on exclut une trop belle voix, pour que les autres ne soient pas ternes. (La proscription du génie)
* Pharmakos : En grec Remède, poison…
* Ostrakon : En grec, coquillage.
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Nous voyons aujourd’hui comme dans le passé, les hommes chercher des responsables à leurs propres errements, à leur incurie. Cela peut concerner parfois des hommes ou femmes politiques gouvernants, sur ce qui à bien sûr une cause, une cause, une raison dans laquelle ils ne sauraient y avoir de responsabilité. Les responsables souvent cités sont : « Les fonctionnaires » cette catégorie aussi dénommée, privilégiés, nantis, tenants des archaïsmes, Nous voyons là, les nouvelles victimes expiatoires. On retrouve la méthode exploitée par les fascistes, ce fut l’étranger, puis le Juif, puis l’Arabe…On pense aux déclarations de Barrès (1934) militant anti-Dreyfusard, « La haine n’est pas un bas sentiment, puisque, si l’on veut bien y réfléchir, elle ramasse notre plus grande énergie, elle nous offre d’autres points d’admirables désintéressement »
De nos jours encore il est politiquement utile d’ostraciser un peuple, une nation, maintenir un guerre, fut-elle guerre froide. De tout temps cela unit une peule dans la haine d’un autre peuple, c’est un moyen entre autre de créer l’ennemi, l’ennemi qui fera une cohésion. (Luis)
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Le terme ostracisme et son verbe, ostraciser, ont aujourd’hui une connotation négative. De tout temps des individus se sont vu « montés du doigt » « exposés à la vindicte » « mis en quarantaine » ; ce phénomène se retrouve encore de nos jours dans les écoles, les réseaux sociaux où l’on exclut, où l’on harcèle parfois des victimes, désignés comme « moutons noirs », par des petits tyrans qui désigne leur « souffre douleur » leur « tête de turc », et les plus faibles, déjà un peu suivistes, se range du côté des petits tyrans, ceci souvent de crainte de se trouvé à leur tour ostracisés
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Brassens dans la chanson « la mauvaise réputation » nous dit : « Non , les bonnes gens n’aiment que, l’on suive une autre route qu’eux, tout le monde me jetait des pierres, sauf les manchots, ça va de soi » ! . Ce qui est dit également de belle manière par Voltaire : « Notre misérable espèce est tellement faite, que ceux qui marchent dans le chemin battu jettent des pierres à ceux qui enseignent un autre chemin, un chemin nouveau ».
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Dans une œuvre très populaire d’Eugène Sue, son personnage principal est le Juif qui a osé cracher sur le Christ alors que celui-ci portait sa croix (fiction, bien sûr). Pour cela le personnage sera condamner à l’exil permanent, condamner à errer tout au long des siècles, se sera le « Juif Errant », (titre du livre). Ce type d’écrit mettra, laissera dans les esprits un ressentiment, voire une haine, tout comme nous le voyons aujourd’hui avec le « racisme ordinaire », c’est travailler sur l’inconscient collectif, ce n’est jamais innocent : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » (Bertold Bretch) (Luis)
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Ostracisme politique, ostracisme envers un peuple : Le 12 mars 1996 le Congés des Etats Unis a adopté une loi qui sanctionne tous ceux qui, dans le monde ont des relations commerciales avec Cuba.
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« Aristote soulève lui-même le problème de l’ostracisme. L’ostracisme est cette mesure dont disposait la cité athénienne et qui permettait au peuple d’exiler un individu, non pas tellement à cause d’une faute, d’un crime qu’il aurait commis, mais uniquement parce que son prestige, son excellence, les qualités particulières dont il faisait preuve le mettait au-dessus des autres citoyens. Cette mesure d’ostracisme, dont un certain nombre d’Athéniens célèbres et de haut mérite avaient été victimes, bien sûr posait tout un tas de problèmes. Il était assez difficile de justifier l’ostracisme, et Aristote soulève la question : L’ostracisme, c’est-à-dire la décision qui permet à un peuple de se débarrasser de quelqu’un simplement parce qu’il l’emporte un peu trop sur les autres, est-il une mesure justifiable ? A cette question il dit ceci : Bien sûr qu’il y a beaucoup d’objections contre l’ostracisme, et pourtant, il est justifiable. Il est justifiable non seulement contre les citoyens ambitieux, à qui leur supériorité donne l’occasion, la tentation et l’envie d’exercer un pouvoir absolu, tyrannique, mais même contre des citoyens qui, par leurs qualités, l’emporteraient sur les autres » ( Le courage de la vérité. Michel Foucault. 1984)
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« La signification de bouc émissaire.
La polysémie de l’expression. L’expression « bouc émissaire » a trois significations {…]
La première, la pus ancienne, traduit le terme hébreu qui, dans le chapitre XVI du Lévitique, désigne la victime d’un rite très ancien, le rite du bouc émissaire. Tous les ans, à Yom Kippour, le grand prêtre posait les mains sur la tête d’un bouc. Ce geste était sensé transférer à celui-ci tous les péchés de la communauté. Pour se débarrasser de ceux-ci, il ne restait plus qu’à chasser l’animal dans le désert […]
La seconde signification désigne tous les rites analogues à celui du Lévitique dans toutes les communautés humaines. Ce sont partout les mêmes efforts pour se défaire des désordres et des violences à ‘intérieur des communautés, par l’intermédiaire de victimes animales ou humaines violemment expulsées ou massacrées. [….]
La troisième signification de « bouc émissaire » (est) le plus souvent la victime d’une hostilité qui affecte une communauté entière, comme d’individus innocents […] Plus une communauté est perturbée, plus elle tend à décharger son angoisse contre des boucs émissaires.
[….] il faut les relier sans les confondre […] Bien que privés désormais de sanction religieuse, les phénomènes de violence collective se perpétuent parmi nous sous une forme plus ou moins clandestine, souvent affaiblie mais susceptible de retrouver parfois une virulence démentielle, dans le nazisme par exemple ». (René Girard)