oubli

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La désintégration de la mémoire. Salvador Dali. 1952. Salvador Dali Museum. Saint Petersbourg.

Le Grand Robert de la langue française : Défaillance temporaire ou définitive de la mémoire, portant soit sur des connaissances ou aptitudes acquises, soit sur les souvenirs.
Etat caractérisé par l’absence ou la disparition de souvenirs dans la mémoire individuel ou collective.

Encyclopédie de la philosophie. Pochothèque : Défaillance de la mémoire, l’oubli n’est cependant pas nécessairement synonyme d’absence, de lacune ou de trou de mémoire, car il signifier une disparition des souvenirs dans la mémoire (et non simplement une absence momentanée, comme dans le cas de l’oubli passager d’un nom). En outre, l’oubli peut être plus ou moins volontaire ; en ce cas il n’est pas une absence, mais un abandon, une négligence, ou au contraire une forme de pardon….

Synonymes : Absence. Etourderie. Lacune. Omission.

Contraires : Amnésie. Mémoire. Souvenance.

Par analogie : Abnégation. Alzheimer. Deuil. Etourderie. Lacune. Laisser tomber. Léthé. Mnémosyne. Mnémotechnique. Neurone. Reminiscence.  Retenir. Souvenir.

Expressions : Avoir des absences. Avoir la mémoire courte. Avoir un trou de mémoire. Perdre la mémoire. Quelque chose tombé dans l’oubli. Savoir par coeur. Se perdre dans la nuit des temps.

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«  L’oubli est une vertu qui permet d’effacer les évènements. L’oubli va permettre de réinitialiser le processus de quête de bonheur »  (Nietzsche)

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« Les souvenirs embellissent la vie, mais seul l’oubli la rend supportable » (Qui suis-je, et si je suis combien ? Richard David Precht)

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01 11 2018: La télé nous parle d’un programme créé par une start-up ; a partir d’éléments récupérées d’un être cher disparu, des lettres, des enregistrement de parole, des idées, des SMS, l’I.A. va vous adresser des message qui sont à s’y méprendre comme venant de l’être disparu.
Cela pose la question du deuil. Comment progresser dans le processus de deuil si l’être cher, perdu, continue à vous parler. La science fiction dont une série télé, Black Miror,  va s’emparer de ce sujet.  

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 » Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur. La possibilité d’oublier, ou, pour le dire en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique.
L’homme qui est incapable de s’asseoir au seuil de l’instant en oubliant tous les événements du passé, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant debout, comme une victoire,ne saura jamais ce qu’est un bonheur, et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres?
Imaginez l’exemple extrême: un homme qui serait incapable de ne rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu’un devenir; celui-ci ne croira pas à sa propre existence, il ne croira pas en soi, Il verra tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finira par se perdre dans ce torrent du devenir;
Finalement en vrai disciple d’Héraclite, il n’osera même plus bouger un doigt. Toute action exige l’oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l’obscurité.
Un homme qui ne voudrait sentir les choses qu’historiquement serait pareil à celui qu’on forcerait à s’abstenir du sommeil ou à l’animal qui ne devrait vive que de ruminer sans fin.
Donc il est possible vivre presque sans souvenir, et de vivre heureux, comme le démontre l’animal, mais il reste encore de vivre sans oubli. Ou, plus simplement encore, il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu’il s’agisse d’un homme, ou d’un peuple, ou d’une civilsation » (Tout texte exige l’oubli. Nietzsche)

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Le subconscient balaie, ou plutôt, cache certains souvenirsd. Les psychanalistes connaissent bien ce phénomème de censure.  » Souvenirs attention danger! » dit la chanson de Serge Lama.
L,e subconscient a son programme, nous dirions aujourd’hui avec la langage informatique qu’il a son « antivirus » et que le souvenir toxique, traulmatisant, tel un « malveillant » est mis « en quarantaine » pour ne pas perturber notre programme.

La censure est une notion reprise par Freud, lequel explique que les agents pschychiques établissent une barrière qui empêche certains souvenirs de revenir à la conscience; ils sont profondément enfouis, et une des instances de notre conscience, le  » moi » le refoule. Le refoule car il est issu d’un traumatis qui inconsciemment continue de nous perturber, et il peutêtre cad’une névrose. La thérapie sera de le faire revenir du passé, l’affronter, avec l’aide du thérapeute, pour pouvoir enfin, entamer une résilience, une possible guérison. Ce serait alors le retrouver pour le balyer. (Luis. Extrait du débat: Peut-on balayer les souvenirs? ». https://cafes-philo.org/)

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«  Buvons, buvons mes amis. Il faut oublier tout cela. Si les hommes se donnaient pour oublier le centième du mal qu’ils e donnent pour se souvenir, je suis certain Que le monde serait depuis longtemps en paix » (Pauvre Bitos, ou le dîner de têtes. Acte deux. Jean Anouilh)

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«  Je voudrais décrire l’oubli, n’importe comment, mais l’oubli. Il n’y a rien dans ce monde autant dont je n’aie peur que de l’oubli. Ne plus savoir son chemin. Ne plus avoir où l’on allait. Ne plus savoir qui on voulait voir. Ne plus savoir son propre nom, qui on était, qui l’on est. Une machine à vide tournant pour rien. Des pas pour rien. Le sentiment éveillé du rêve. Où suis-je… ? » (Aragon. Extrait de Blanche ou l’oubli)

 

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