Parole

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Périclès prononçant un discours funèbre Philippe von Foltz. 1877.

Le Grand Robert de la langue française : Elément du langage parlé. Elément simple du langage articulé.
Expression verbale de la pensée. Faculté d’exprimer, de transmettre la pensée par un système de sons articulés

Trésor de la langue française : Facult2 d’exprimer et de communiquer la pensée au moyen du système des sons du langage articulé émis par les organes phonateurs…
Usage de cette faculté, expression verbale de la pensée.

Synonymes : Discours. Propos. Déclaration. Bavardage. Mot. Promesse. Langage. Verbe.

Contraires : Silence. Mutisme. Gros mot. Grossièreté. Ecrit.

Par analogie : Ambages. Aphasie, (perte de la parole). Babil. Babélisme. (Vieilli). Bavard. Bla Bla. Blasphème. Billevesée. Cancaner. Catachrèse. Chevroter.Circonlocution. Compliment. Coquecigrue. Débagouler. Déblatérer. Déclaration. Dialectique. Diatribe.  Dire. Dispute. Echolalie. Elocution. Eloquence. Embabouiner, (Vieux français). Emberlificoter. Embobiner. Embobeliner. Galimatias. Flatterie. Gloubi-Boulga. Harangue. Hypocrisie. Incantation. Juron. La parlote. Logos. Loquace. Marmonner. Oralité.  Palabre. Paralalie, (ne plus trouver ses mots).  Parlerie (vieux français). Parolier. Patenôtre. Rabâcher. Radoter. Rhétorique. Sentence. S’Exprimer. Tchatche. Zézayer. Zozoter.

Expressions : Avoir la langue bien pendue. Avoir le verbe haut. Couper la parole. Croire sur parole. Donner sa parole. Être en verve. Être fort en gueule. Les paroles s’envolent, les écrits restent.  Manquer de parole. Moulin à parole. Na pas dire piau. Parler pour ne rien dire. Parole d’honneur. Parole divine. Parole d’évangile. Porte parole. Prendre la parole. Tenir parole.

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« Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer ;
Avant donc que d’écrire apprenez à penser ;

Selon que votre idée est plus ou moins obscure,
l’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ;
Et les mots pour le dire arrivent aisément ;

Surtout qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée ;
En vain vous me frappez d’un ton mélodieux,
Si ce terme est impropre ou le tour vicieux ;

mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,
ni d’un vers ampoulé, l’orgueilleux solécisme
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours quoi qu’il fasse un méchant écrivain »
Nicolas Boileau. Art  poétique, (1674

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Montaigne qui a voyagé de par l’Italie en rapporte cette expression, pour dire qu’il faut savoir tenir sa langue, ne pas trop en dire, pour ne pas choquer, pour ne pas paraître pédants. Il emploie l’expression italienne : « parler sur la pointe de la fourchette »

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« Le monde n’est que babil »  (Montaigne)

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« Des philosophes ont demandé si la pensée peut exister sans la parole, ou sans quelqu’autre signe : non sans doute […] l’idée simple a d’abord nécessité le signe,  et bientôt le signe a fécondé l’idée : chaque mot a fixé la sienne, et telle est leur association, que, si la parole est une pensée qui se manifeste, il faut que la pensée soit une parole intérieure et cachée » (Rivarol. Littérature)

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« On ne peut ni parler ni se taire, sans un certain danger »  (Erasme)

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Le premier personnage qui parle dans la Bible, est le serpent, ainsi peut-on dire : «  Au début, était le verbe » mentir ! (Luis)     

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 « – C’est joli, c’est vous qui me racontez de belles histoires,
Cela revient au même : comme je vous l’ai déjà dit, c’est l’interlocuteur qui suscite la conversation »  (Amélie Nothomb. Mercure. Albin Michel. 1998)

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« La parole émancipe. C’est curieux n’est-ce pas ? – Dans certains cas c’est le contraire. Il y a des gens qui vous envahissent avec leur logorrhée : on a la pénible impression d’être prisonnière de leurs mots. – Vous j’aime vous écouter vos récits sont des voyages. Si c’est le cas, tout le mérite vous en revient. C’est l’auditeur qui force la confidence. Si votre oreille ne me paraissait pas amie, elle ne m’inspirerait rien. Vous avez un talent rare, celui d’écouter » (Amélie Nothomb. Mercure. Page 40/41)

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« La parole est subjective, c’est la première des libertés ». (Simone de Beauvoir)

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« La parole est une grande puissance, elle qui, à partir de l’être physique le plus petit et le moins perceptible, exerce l’action la plus divine. Elle peut faire cesser la crainte, ôter l’affliction, susciter le joie, développer la pitié » (Gorgias. L’Eloge d’Hélène. 480/375, av. notre ère)

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Parfois le grand tribun  Mirabeau commençait un discours sans savoir exactement ce qu’il allait dire, et c’est au court du discours qu’il trouvait le thème qu’il allait développer… Il y a comme cela des personnes qui semble être une encyclopédie où les pages s’ouvriraient toutes seuls avec le discours, c’est par exemple, dans le domaine de la philosophie Raphaël Einthoven, et, à un niveau différent Fabrice Lucchini ; avec lequel disent des présentateurs lorsqu’il est interviewé, vous pouvez aller boire un café, quand vous revenez il parle toujours, ceci n’enlève rien à la qualité de leur propos.
Mais il y aura toujours ceux qui plein d’emphase s’engagent  dans un grand discours,  sans savoir quelle chute ils vont trouver, ainsi que nous les peint, (décrits) Montaigne : «  Et c’est chose difficile de fermer son propos et de le coupper, depuis que l’on s’est arrouté. (Mis en route)  Et n’est rien où la force d’un cheval se cogoisse plus qu’à faire un arrest rond et net. Entre les pertinens mesmes j’en voy qui veulent et ne peuvent deffaire de leur course. Cependant qu’ils cherchent le point de clorre le pas, ils s’en vont balivernant… » (Montaigne. Essais. L I. § IX. Des menteurs)

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On parle à son chien en allemand.
On parle d’argent en anglais
On parle à Dieu en espagnol
On parle d’art en Italien
On parle d’amour en français

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« Pour lutter contre la parole, on a que la parole » ( ?)

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« La nécessité de parler, l’embarras de n’avoir rien à dire et l’envie d’avoir de l’esprit sont trois choses capables de rendre ridicule même le plus grand homme : ne pouvant trouver de pensées nouvelles, ils ont cherché des tours nouveaux, et ont parlé sans penser, comme des gens qui mâcheraient à vide…. ». (Voltaire. Lettres philosophiques.24)

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« L’homme a reçu la parole pour pouvoir cacher sa pensée » (Talleyrand)

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« L’éloquence faict injure aux choses, qui nous détourne à soi. Comme aux acoustrements, c’est pusillanimité de se vouloir marqué par quelque façon particulière et inusitée ; de mesmes, au langage, la recherche de phrases nouvelles et de mots peu cogneuz vient d’une ambition puérile et pédantesque. Peusse-je ne me servir que de ceux qui servent aux hales à Paris ! »  (Montaigne. Essais. Livre 1. § XXVI)

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C’est un « ….homme très fameux en science de parlerie »   (Essais. Livre I § 9. Des menteurs)

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 « La parole a plus de force que l’écrit pour persuader » (Descartes). Mais l’écrit a plus de force que la parole pour susciter la réflexion ; on ne peut pas mettre à l’arrêt un interlocuteur pour réfléchir un instant à ce qu’il vient de dire.  (Luis) 

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Ce qu’on a à dire est plus important que la façon de le dire. (Luis)

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– Célimène : C’est un parleur étrange,
 et qui trouve toujours
l’art de ne rien dire avec des grannds discours
Dans les propos qu’il tient, on n’y voit jamais goutte,
et ce n’est que du bruit que tout ce qu’on écoute.
(Molière. La Misanthrope. Acte II, scène 4, vers de 579 à 582)

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« C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire » (La bruyère)

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« Notre parler à ses faiblesses et ses défauts, comme tout le reste. La plupart des occasions de troubles du monde sont grammaticales » (Montaigne)

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Un lecteur à l’écrivain sociologue Jean Claude Guillebaud : « Vous avez cher Monsieur le don de m’énerver, car très souvent vous dîtes, vous écrivez clairement les choses que je ressens confusément »

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Dans une conversation un mot, ou des mots amènent chez les interlocuteurs des remarques, lesquelles vont inévitablement orienter différemment la conversation, ce qui fait qu’au bout de quelques minutes, de digression en digression, le sujet est tout autre.  Peut-être Cicéron avait-il toute raison de dire en son temps: « Les sujets entraînent les mots », ce qui n’est plus aussi vrai aujourd’hui. Ceux qui se trouvent charge d’orienter les idées dans les différents moyens d’information connaissent bien ce processus. Un mot, quelques mots souvent repris  par diverses personnes,  et ceci dans un plan concerté, vont modifier, déplacer les pôles d’intérêt, modifiant le concept et la corrélation, l’information reçue et la formation d’une idée, ce que nous explique déjà le philosophe anglais John Locke (1672. 1704)  

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« Paroles et paroles et paroles et parole. Et encore des mots que tu sèmes au vent » (Dalida)

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    Souvent la parole a été comparée à une arme, une arme pour convaincre, pour manipuler, pour soumettre.  C’est en voyant un  reportage des jeunes des banlieues dites « difficiles », que l’on peut s’interroger quant à la parole ; nous voyons là des enfants qui ne maîtrisent pas la parole, et qui s’en trouvent désarmés. La réaction est souvent dans la parole, et, c’est alors la violence verbale agressive, ou, peut-être défensive. (Luis)  

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« S’il y a un art de bien parler, il y a aussi un art de bien entendre » (Epictète)

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«  …c’est aux paroles à servir et à suyvre, et que le Gascon y arrive, si le François ne peut y aller ! Je veux que les choses surmontent et qu’elles remplissent de façon l’imagination de celuy qui escoute, qu’il n’ay aucune souvenance des mots. Le parler que j’ayme et un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné …. » (Montaigne.  Essais)

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La parole à son patrimoine, l’oralité. Le conte est dit-on « le fil homérique ». Il y a peu, au Monténégro on a retrouvé des aèdes qui une ont mémoire orale impressionnante.

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« L’on sait combien le radoteur s’entend à épaissir la soupe, à allonger les sauces en d’autres termes à faire beaucoup de volume avec des idées à quatre sous… » (La sottise. Vingt-huit siècles qu’on en perle. Lucien Jerphagnon)

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Ce n’est pas évident, nous ne sommes pas tous des Fabrice Luchini, (Qui lui, ferait plutôt dans ce domaine de l’auto-allumage). Souvent ce que nous voulons dire est bien clair dans notre esprit, mais pour le dire, il faut structurer sa pensée, construire sa phrase, choisir ses mots pour être compris de tous.  Ah ! Si je savais dire comme je sais penser !  (Luis)    

« La parole appartient à moitié à celui qui la dit, à moitié à celui qui l’écoute »  (Montaigne)                               

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