Pauvre/pauvreté

< Retour au dictionnaire

Le Grand Robert de la langue française : Etat d’une personne, d’une collectivité qui manque de moyens matériels, d’argent, insuffisance de ressources.

Trésor de la langue française : Condition d’une personne qui manque de ressources, de moyens matériel pour mener une vie décente ;

Encyclopédie de la philosophie. Livre de poche. Condition de carence des biens et des services indispensables pour assurer à un individu, ou un groupe d’individus, la satisfaction des besoins élémentaires…

Dictionnaire historique de langue française d’Alain Rey : ..la forme qui résulte d’une titution étymologique de la graphie a supplanté « povre » […] L’emploi de pauvre comme nom, est attesté dans les premiers textes (1050) pour signer une personne dans le besoin. Au XIX ème siècle il a changé de connotation et évoque, plus que la pauvreté, une idée forte  de « misère », le pauvre ne vivant que de charité […] le concept de pauvreté est passé de l’individuel au collectif et aux statistiques. L’emploi de « pauvre » au sens de « sans moyen d’existence » comme celui de misérable, son intensif, et plus encore que gueux, de mendiant a considérablement reculé alors même, que la pauvreté et paupérisation sont des caractéristiques de plus en plus dénoncées dans les sociétés contemporaines. L’usage résiste cependant dans des expressions collectives du type de « nouveaux pauvres » reprise sur le modèle des « nouveaux riches » […] Pauvre est employé au figuré dans l’expression biblique « pauvre d’esprit » (au pluriel)  ou « pauvre en esprit » qui a un esprit de pauvreté, méprise les richesses matérielles, passé dans l’usage commun et mal interprété pour désigner un imbécile qui manque de jugement

Synonymes : Carence. Dèche. Dénuement. Gêne. Indigence. Impécuniosité. Mouise. Nécessité. Panade. Paupérisme.

Contraires : Abondance. Richesse. Aisance. Opulence. Magnificence. Bien-être. Fortune. Luxe. Richesse.

Par analogie : Besoin. Charité Débine. Détresse. Disette. Embarras. Famine. Mouscaille. Pénurie. Malthusianisme. Manque. Misère. Panade. Purée. Pétrin.. Ruine.

Expressions : Bourse plate. Crève la faim.  Crier famine. Donner aux pauvres. Être à court. Être dans la panade. Être sans le sou. Manger de la vache enragée. Meurt de faim. N’avoir pas un sou vaillant. Ne pas joindre les deux bouts. Pleurer misère. Pauvre comme Job. Pauvre de moi. Pauvre type, pauvre C.. sans le sou. Tirer le diable par la queue. Un pauvre diable.  

*

Un planteur de coton du Burkina Faso (En 2018)  vit avec un revenu annuel de 250 dollars, soit 0,60 centimes  d’euros par  jour, alors qu’une vache élevée dans la communauté européenne reçoit une subvention moyenne de deux dollars par jour, ce qui est considéré par la Banque mondial comme le seuil de pauvreté pour un humain. Mieux vaut être vache en Europe que Paysan au Burkina Faso. (Luis)

*

« Les inégalités se creusent, mais les pauvres sont moins pauvres qu’avant et les riches plus riches qu’avant la mondialisation, globalement, c’est positif ». (Luc Ferry France Inter 19 06 07). Ce  « globalement positif » de l’économie libérale, nous rappelle quelque chose. Luc Ferry est trop érudit pour l’employer par hasard. Provocation? humour? arrogance?

*

« Il faut que le pauvre manque du nécessaire, pour que le riche puisse jouir du superflu ? ». (Georges Bernanos. La France contre les robots. 1945)

*

« Il ne faut pas parler de pauvreté pour l’Afrique mais de paupérisation, l’Afrique est malade, l’Afrique est pauvre  de ses richesses », (Extrait du film « Bamako)

*

« Nous vivons dans le coin le plus civilisé parce que nous ne possédons rien » (Albert Cossery. Une ambition dans le désert)

*

« Salauds de pauvres ! » disait Jean Gabin, dans la traversée de Paris.

*

 « Un peu avant la grande famine qui ravagea l’Irlande en 1847, Nassau senior…avait expliqué que le meilleur moyen de réduire le nombre des indigents était de ne jamais les secourir : « Si les pauvres savent qu’il leur faudra travailler pour ne pas mourir de faim, ils travaillent. Si des hommes jeunes savent qu’ils n’auront pas de secours dans leur vieillesse, ils économisent … ». (Malthus)

*

  L’écrivain Thomas Carlyle complète l’analyse : »Quand les pauvres sont rendus misérables, leur nombre diminue. Le secret est connu de tous les tueurs de rats. Une méthode plus rapide encore consisterait à employer l’arsenic ».  (Article. Quand  le libre-échangisme affamait l’Irlande. Monde diplomatique, Juin 1996)

*

Le philosophe Alain Renaut dans une émission sur France culture*, dit : « …qui sont les pauvres ? Pas forcement ceux qui ont le moins de moyens monétaires, mais ceux qui sont le plus empêchés… » Ce qui en contrepoint nous dit que la richesse, est aussi et d’abord disposer de soi, disposer de son libre arbitre, de pouvoir accéder aux nécessités premières. *Les nouveaux chemins de la connaissance. 11/12/2015. (Luis)

*

« …Le véritable ébranlement de ma vision du monde, c’est au Népal que je l’ai ressenti. Dans mes livres j’ai beaucoup parlé de pauvreté intérieure, j’ai prétendu qu’il fallait arriver à un certain dépouillement. Mais au Népal, j’ai rencontré une fillette de quatorze ans qui travaillait du matin au soir, immergée dans une rivière, pour se payer de quoi manger. J’ai mesuré l’ampleur de la pauvreté réelle et je me trouvé indigne. La pauvreté intérieure est une idée de riches. J’ai vécu ce voyage comme une conversion à l’autre… »  (Alexandre Jollien)

*

En 2004 près de 12% du France (Sept millions de personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté.  (Fr3 Pièces à conviction. Evelyne Lucet. 16 12 04)

*

La moitié des pauvres du monde vivent dans des pays riches. (Luis)

*

Le problème social

Visage froid dans ce petit matin blême.
Ce jeune crocodile en chemise Cardin
Qui se dirige vers sa voiture d’un pas décidé
Semble insensible à la vie comme à la mort.
Pour survivre ne serait-ce que moralement
Dans cette ville où les règles changent
Selon la tête du client
Le riche doit éviter de croiser
Le regard du pauvre
….
Même si l’argent se concentre
Dans les mêmes mains.
Que signifie pareille agitation financière
Sur une île que les oiseaux ont déjà fuie ?
……………..
(Extrait de : L’énigme du retour. Dany Laferrière)

*

Mélilla « Le rideau de fer » de la pauvreté.
Fuyant les mégapoles d’Afrique,  où s’entassent des millions de pauvres, dans des bidons villes où chaque jour s’élèvent des collines d’ordures non traitées, des milliers d’Africains se jettent désespérément sur le « nouveau rideau de fer »de Melilla, (enclave espagnole au Maroc), lequel est censé protéger le monde européen  de toute la misère de l’Afrique de l’Ouest.
Lorsque les États d’Afrique sont économiquement pillés par « l’occident », avec la participation d’une voyoucratie recyclée en chefs d’États et Ministres, avec l’appui de maintes «diplomaties » du monde occidental que reste-t-il à ces peuples ? Lorsque les populations sont affamées, parquées dans des conditions honteuses, alors que ces pays possèdent des richesses, qui, exportées vont enrichir des multinationales étrangères et les « crapules » au pouvoir, il ne leur reste  que la misère ou le rêve d’une société meilleure. « Le rêve européen », celui d’être à leur tour des consommateurs de biens même inutiles (suprême luxe). Mais la seule exportation qu’il leur reste est d’exporter leur main d’œuvre, de s’exporter eux-mêmes.
S’exporter, s’expatrier au risque de leur vie, nous le voyons chaque jour avec les bateaux « pateras » traversant le détroit de Gibraltar, ou ceux qui risquent leur vie en passant par  l’enclave de Melilla. Mais que vaut une vie vouée à cette misère, ne sommes-nous pas devant une émigration du désespoir ? (Luis)

*

« Même si nous parvenons à éradiquer la pauvreté matérielle »  déclara Kennedy pendant la campagne présidentielle en 1968 « nous resterons confrontés à une tâche plus grande encore : combattre la pauvreté des aspirations […] qui nous affligent Notre produit intérieur brut dépasse désormais les 800 milliards de dollars par an. Mais avec ce produit intérieur brut ;, viennent aussi la pollution de l’air et la publicité pour le tabac ; les ambulances qui sillonnent nos autoroutes  pour faire place nette après le carnage ; les verrous que nous mettons à nos portes et aux prisons pour ceux qui les forcent, l’abattage des séquoias tous et la destruction des merveilles de la nature sur l’autel de l’expansion urbaine.[….] les programmes de télévision qui, pour vendre des jouets à nos enfants, glorifient la violence. Ce même produit intérieur brut ne contribue pas à la santé des nos enfants, à la qualité de leur éducation, ni à la joie qu’ils prennent leur jeu. [….] Il ne mesure ni l’esprit ni le courage dont nous savons faire preuve, ni notre sagesse ou nos connaissances, pas davantage de notre compassion ou notre dévouement au pays. Bref, il mesure tout, excepté ce qui donne à la vie de la valeur ».  (Cité dans Justice. Michael J. Sandel)

*

Alors qu’elle nous est montrée en exemple, en tant que réussite économique, l’Allemagne, apprend t-on par les médias, (septembre 2017) voit son taux de pauvreté augmenter de 54%. Plus d’un million de retraités doivent occuper des petits boulots pour survivre, et les chiffres inquiétants s’annonce, des journaux évoque un risque de tsunami de pauvreté chez les seniors dans les années à venir. (Luis)  

*

« La vie des pauvres, c’est une « vie sans », le pire n’étant pas de manquer de biens matériels, ici n’est pas la vraie pauvreté, mais manquer de dignité dans le regard de ceux qui ne sont pas pauvres, de ceux qui sont parce qu’ils ont » (Michel Onfray. La gauche réfractaire. Editions Bouquins. 2022)                                                                                               

< Retour au dictionnaire