Pessimisme

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Arthur Schopenhauer

Le Grand Robert de la langue française : Disposition de l’esprit  qui porte à négliger les aspects favorables, positifs, à tenir pour assurer que les événements tourneront mal. Doctrine d’après laquelle le mal l’emporte pour le bien dans un monde qui est l’œuvre d’une volonté indifférente au bien et au ma

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande :
 A) Doctrine d’après laquelle le mal l’emporte sur le bien, de sorte que de ne pas être vaut mieux que d’être.
B) Doctrine d’après laquelle dans la vie, la douleur l’emporte sur le plaisir, ou même est seule réelle, le plaisir n’étant que la cessation momentanée de celle-ci.
C) Doctrine d’après laquelle la nature est indifférente au bien et au mal moral, ainsi qu’au bonheur ou au malheur des créatures.
D) Disposition d’esprit à voir le mauvais côté des choses. Etat d’un esprit qui s’attend (soit en général, soit dans un cas particulier), à ce que les événements tournent d’une façon défavorable.

Trésor de la langue française : Disposition d’esprit qui consiste à ne voir que le mauvais côté des choses, à trouver que tout va ou va aller mal..
– Croyance à l’issue, au dénouement défavorable d’une situation inquiétante, embarrassante – Pessimisme radical : Doctrine selon laquelle dans le monde le mal l’emporte sur le bien, la souffrance sur le plaisir

Synonymes : Défaitisme.

Contraires : Bon côté. Insouciance. Meilleur. Optimiste.

Par analogie : Absurde. Acrimonieux. Alarmiste. Bileux. Cafardeux. Candide.  Cassandre. Catastrophisme. Comédie. Décliniste. Destin.Épouvante. Extrémité. Futur. Héraclite. Inquiétude. Fatalité. Leibniz. Mauvais. Maussade. Maya. Mélancolique. Millénarisme. Le pire. Pangloss. Panique. Pessimisme radical. Souffrance. Tragédie.

Expressions : Aller de mal en pis. Broyer du moir. Le pessimiste a : une ceinture, et des bretelles.

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 « La perpétuité des souffrances est l’essentiel même de la vie La vie est une mer d’écueils et de gouffres, l’homme à force de prudence et de soins les évite, et pourtant il sait qu’il ne fait que s’avancer vers l’inévitable naufrage, sa mort… ! »  (Arthur Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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Le pire n’est jamais sûr disait un philosophe, et voilà qu’il est mort.( ?)

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« La vie de chacun de nous, à l’embrasser dans son ensemble d’un coup d’œil, à n’en considérer que les traits marquants, est une véritable tragédie ; mais quand il faut, pas à pas, l’épuiser en détails, elle prend la tournure d’une comédie. Chaque jour apporte son travail, son souci ; chaque instant sa duperie nouvelle ; chaque semaine, son désir, sa crainte ; chaque heure, ses désappointements, car le hasard est là, toujours aux aguets pour faire quelque malice ; pures scènes comique que tout cela. Mais les souhaits jamais exaucés, la peine toujours dépensée en vain, les espérances brisées par un destin impitoyable, les mécomptes cruels qui composent la vie entière, la souffrance qui va grandissant, et, à l’extrémité de tout, la mort,. En voilà assez pour faire une tragédie. On dirait que la fatalité veut, dans toute notre existence, compléter la torture par la dérision ; elle y met toutes les douleurs de la tragédie ; mais, pour ne pas nous laisser au moins la dignité du personnage tragique, elle nous réduit, dans les détails de la vie, au rôle de bouffon » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Tome 1)

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« Le pessimisme face au futur ne doit pas être un argument supplémentaire pour l’inaction dans le présent » (Jean-Luc Mélenchon. L’ère du peuple)

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« Si l’on nous mettait sous les yeux à chacun les douleurs, les souffrances horribles auxquelles nous expose la vie, l’épouvante nous saisirait ; prenez le plus endurci des optimistes, promenez le à travers les hôpitaux, les lazarets, les cabinets où les chirurgiens font des martyrs ; à travers les prisons, les chambres de torture, les hangars à esclaves ; sur les champs de bataille, et les lieux d’exécution, ouvrez-lui toutes les noires retraites où se cache la misère, fuyants les regards des curieux indifférents.., il verra bien alors ce que c’est que son meilleur des mondes possibles,[…..] l’optimiste, quand il n’est pas un pur verbiage dénué de sens, comme il arrive chez ces têtes plates, où pour tous hôtes logent les mots, est pire qu’une façon de penser absurde ; c’est une opinion réellement impie, une odieuse moquerie, en face des inexprimables douleurs de l’humanité. Mais il ne faut pas croire que la foi chrétienne soit favorable à l’optimisme ; bien au contraire, dans les Evangiles le monde et le mal sont pris quasi comme synonymes » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Tome 1)

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Un pessimiste dialoguant avec un optimiste, dit :

  • Les choses vont très mal, ça ne peut pas être pire.
  • -Si, si, dit l’optimiste.

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 « La santé est un état précaire qui ne présage rien de bon ». (Jules Romain. Knock ou le triomphe de la médecine)

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« Tous les jours en sortant de table.., Schopenhauer, tout pessimiste qu’il était, jouait véritablement de la flûte….Et pour le demander en passant : un pessimiste, niant Dieu et le monde…est-ce véritablement un pessimiste ? » (Nietzsche. Par delà le bien et le mal)

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« Pour le plupart, la vie n’est qu’un combat perpétuel pour l’existence même, avec la certitude d’être enfin vaincu. Et ce qui leur fait endurer cette lutte avec ses angoisses, ce n’est pas tant l’amour de la vie, que la peur de la mort, qui pourtant est là, quelque part cachée, prête à tout instant. La vie elle-même est une mer pleine d’écueils et de gouffres ; l’homme, à force de prudence et de soins, les évite, et pourtant que, vont-il à bout par son énergie et son art, de se glisser entre eux, il ne fait ainsi que s’avancer peu à peu vers le grand, le total, l’inévitable et l’irrémédiable naufrage ; qu’il a le cap sur le line de sa perte, sur sa mort ; voilà le terme dernier de ce pénible voyage…. » (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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– Sais tu quelle différence  il y a entre un optimiste et un pessimiste ?

  • ?
  • Le pessimiste est un optimiste bien informé.

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« Nous sommes optimistes nos dit Schopenhauer parce que nous ne voyons pas les faits réels, ils nous sont cachés, ou nous les  cachons par ce voile qu’il  nomme voile de Maya,* (Maya les illusions)

Maya en sanscrit, pouvoir des dieux de créer l’illusion ;: «  C’est la Maya, le voile  d’illusion, qui recouvre les yeux des mortels, leur fait voir un monde dont on ne peut dire s’il est où s’il n’est pas, un monde qui ressemble ai rêve, au rayonnement du soleil sur le sable, ou de loin le voyageur croit apercevoir une nappe d’eau, ou bien encore à une corde jetée par terre qu’i prend pour un serpent » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer)

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“Tout désir naît d’un manque, d’un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance, tant qu’il n’est pas satisfait. Or, nulle satisfaction n’est de durée ; tant qu’il n’est pas satisfait. Or, nulle satisfaction n’est de durée ; elle n’est que le point de départ d’un désir nouveau. Nous voyons le désir partout arrêté, partout en lutte, donc toujours à l’état de souffrance, pas de terme dernier à l’effort ; donc pas de mesure, pas de terme à la souffrance » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer)

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« Il n’y a pas de plus grande folie que de vouloir transformer ce théâtre de misère en un lieu de plaisance, et ce, de poursuivre des jouissances et des joies au lieu de chercher à éviter la plus grande somme possible de douleurs ». Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer)

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Le déclinisme est souvent apparenté à un pessimisme: “Je vois surgir une nouvelle population dans notre pays, de nouveaux experts: les “déclinologies”; de grâce, il y a viingt siècles d’histoire dans notre pays pour nous rappeler qui nous sommes et où nous allons; Alors, ce n’est pas en levant le doigt pour savoir dans quel sens va le vet que nous devons chercher à comprendre, quel est  le destin de la France»  (Dominique de Villepin. 2006)

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« …notre marche est, comme on le sait, qu’une chute incessamment arrêtée, une mort  d’instant en instant repoussée ; enfin, l’activité même de notre esprit n’est qu’un ennui que de moment en moment l’on chasse. A chaque gorgée d’air que nous rejetons, c’est la mort qui allait nous pénétrer, et que nous cassons, ainsi nous lui livrons bataille à chaque seconde, et de même, quoique à de plus longs intervalles, quand nous prenons un repas, quand nous dormons, quand nous nous réchauffons, etc. Enfin il faudra qu’elle triomphe ; car il suffit d’être né pour lui échoir en partage ; et si un moment elle joue avec sa proie, c’est en attendant de la dévorer. Nous n’en conservons pas moins notre vie, y prenant intérêt, la soignant, autant quelle peut durer ; quand on souffle une bulle de savon, on y met tout le temps et les soins nécessaires, pourtant elle crèvera, on le sait bien » (Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation)

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