Plaisir

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Le baiser. Klimt. 1908. Österreichische Galerie Belvédère. Vienne.

Le Grand Robert de la Langue Française : Ce qui plait à quelqu’un de faire, d’ordonner; ce qu’il juge bon, ce qu’il veut
Etat affectif fondamental (affect) un des deux pôles  de la vie affective ; sensation ou émotion liée à la satisfaction d’une tendance, d’un besoin, à l’exercice harmonieux des activités vitales.

Trésor de la langue Française : État affectif agréable, durable, que procure la satisfaction d’un besoin, d’un désir ou l’accomplissement d’une activité gratifiante

Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville : L’un des affects fondamentaux, comme tel à peu près indéfinissable. Disons que l’affect qui s’oppose à la douleur, celui qui nous plaît, qui nous réjouit, qui nnous fait du bien : c’est la satisfaction agréable d’un désir.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Le plaisir est un sentiment de l’ame qui nous rend heureux du-moins pendant tout le tems que nous le goûtons ; nous ne saurions trop admirer combien la nature est attentive à remplir nos desirs par le seul mouvement elle conduit  la matiere, ce n’est aussi que par le plaisir qu’elle conduit les humains ; elle a pris soin d’attacher  de l’agrément à ce qui exerce les organes du corps sans les affoibli, à toutes les occupations de l’esprit  qui ne s’épuisent pas par une trop vive é trop longue contention, à tous les mouvemens du cœur  que la haine & la contrainte n’empoisonnent  pas…..

Synonymes : Amusement. Bien-être. Contentement. Délectation. Euphorie. Agrément.  

Contraires : Affliction. Chagrin. Douleur. Fâcherie. Peine. Tristesse. Désagrément. Ennui.

Par analogie : Appétit .Badiner. Batifoler. Béatitude. Bien vivre. Bonheur. Bout entrain. Câlin. Caresse. Concupiscence. Délassement. Délices. Dévergondage. Distraction. Divertissement. Douceur. Entrain. Epicurisme.  Folâtrer. Joie. Hédonisme. Fredaine. Mondanités. Pied. Panard. Plaisirs charnels. Raffinements. Régal. Réjouissances. S’égayer. Sensualité. Se régaler. Viveur. Volupté. Sybarite.

Expressions : A votre bon plaisir. Faire la fête, la noce, la nouba, la java, des folies, … Faire bonne chère. Être en liesse. Faire bombance. Faire plaisir. Plaisir d’Aphrodite. Ivre de plaisir. Prendre du bon temps. Prendre du plaisir. S’en donner à cœur joie.

Hédonisme : Doctrine qui voit dans le plaisir (grec, hédoné) le souverain Bien et fait de sa recherche le fondement de la morale. (Encyclopédie de la philosophie Pochothèque)

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« Tirons de chaque objet ce qu’il y a de meilleur, la chaleur de la flamme. Le vin du raisin mûr, le parfum de la fleur, et l’amour de la femme ! » (Victor Hugo)

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« Quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux, inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent les gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combatte et la prenne en mauvais sens. »

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 « C’était une imprudence. Mais il est  des plaisirs auxquels on se laisse entraîner parce que les refuser serait un crime contre soi-même » (Rouge Brésil. Jean-Christophe Rufin. Edition Gallimard).

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Epicure. Le sensoriel avant le pur plaisir de l’esprit, en opposition avec Platon. Il ne condamne  le plaisir sexuel que dans ses excès et ses fâcheuses conséquences, il désigne l’acte d’amour « plaisir d’Aphrodite »…. « Ce plaisir de Vénus est le guide de la vie ».

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Je veux donc….apprendre cecy aux maris, s’il s’en trouve encore qui y soient trop acharnez : c’est que les plaisirs mêsmes qu’ils ont à ‘accointance de leurs femmes sont reprouvez, si la modération n’y est observez ; et qu’il y a dequoy faillir en licence de desbordement… »  (Montaigne. Essais. Livre 1. § XXX)

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« Ainsi le plaisir sensuel tient l’âme en suspend à tel point qu’elle s’y repose comme dans un bien ; par là même elle est absolument empêchée de penser à une autre chose ; mais après la jouissance s’en suit une extrême tristesse qui, si elle ne suspend pas l’esprit, la trouble cependant et l’affaiblit »  (Spinoza. Traité sur la réforme de l’entendement)

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« …Nous avons en effet besoin du plaisirquand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; et quand nous n’éprouvons pas de douleur nous n’avons plus besoin du plaisir. C’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. En effet, d’une part, le plaisir est reconnu par nous comme le bien primitif et conforme à notre nature, et c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il  et ce qu’il faut éviter ; d’autre part, c’est toujours à lui que nous aboutissons, puisque ce sont nos affections qui nous servent de règles pour mesurer et apprécier tout bien quelconque si complexe qu’il soit. Mais, précisément parce que le plaisir est bien primitif et conforme à notre nature, nous ne recherchons pas tout  plaisir, et il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils avoir pour suite des peines qui les surpassent ; et, d’autre part, il ya des douleurs que nous estimons valoir mieux que les plaisirs, savoir lorsque, après avoir longtemps supporté les douleurs, il doit rester de là pour nous un plaisir qui les surpasse.
Tout plaisir, pris en lui-même et dans sa nature propre, est donc un bien, et cependant tout plaisir n’est pas à rechercher ; pareillement toute douleur est un mal, et pourtant toute douleur ne doit pas être évitée.
En tout cas, chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre. Car le plaisir est toujours le bien, et la douleur le mal ; seulement il y a des cas où nous traitons le bien comme le, mal, et le mal, à son tour, comme un bien. C’est un grand bien à mon avis que de suffir à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nouds sachions nous contenter du  peu que nous aurons, bien persuadés que ceux-là jouissent le plus vivement de l’opulence qui ont le moins besoin d’elle, et que tout ce qui est naturel est malaisé à se procurer. En effet des mets simples donnent égal à celui d’un régime somptueux si toute la douleur causée par le besoin est supprimée, et d’autre par, du pain d’orge et de l’eau procurent le plus vif plaisir qui les porte à sa bouche après en avoir senti la privation. L’habitude d’une nourriture simple et non pas celle d’une nourriture luxueuse, convient donc pour donner la pleine santé, pour laisser à l’homme toute liberté  de se consacrer aux devoirs nécessaires de la vie, pour nous disposer à mieux goûter les repas luxueux, lorsque nous les faisons après des intervalles de vie frugale, enfin pour nous mettre en état ne pas craindre la mauvaise fortune.
Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs de voluptueux inquiets, ni ceux qui consistent dans des jouissances déréglées,  ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens.
Le plaisir dont nous parlons et celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. Car ce n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n’est pas les jouissances des jeu,es garçons et des femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres que porte une table somptueuse, ce n’est pas ce qui engendre la vie heureuse, mais c’est le raisonnement vigilant, capable de trouver en toute circonstance les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter…….. » (Epicure. Lettre à Ménélas)

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« Le plaisir est le souverain bien …, les trois besoins du corps : n’avoir, ni faim, ni soif, ni froid…, bases de plaisirs, l’exclusion de la douleur » (Epicure)

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